Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Apolline de MALHERBE.
APOLLINE DE MALHERBE
Et merci d'être dans ce studio ce matin pour répondre à mes questions. Vous êtes la ministre de la Transition énergétique. On va parler du prix de l'électricité, des factures, les boulangers qui d'ailleurs se plaignaient encore hier, qui n’ont pas tout à fait obtenu gain de cause, enfin vous allez nous le dire dans un instant, mais on va aussi parler coupures de courant. D’abord des coupures dues au froid peut-être on l'entendait à l'instant dans la météo, le froid qui s'est abattu sur la France, est-ce que vous pouvez nous dire malgré tout ce matin que la menace, l'angoisse de coupure de courant due au froid est écartée ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors vous vous avez pu le constater nous avons eu un pic de froid en décembre et nous sommes restés dans une situation de stabilité de notre système énergétique, c'est-à-dire la fameuse météo de l'énergie. Nous étions signale verte, pourquoi ? parce que EDF a fait le travail et je veux vraiment remercier les salariés d'EDF de reconnecter des réacteurs nucléaires qui étaient arrêtés au mois d'août et qui sont aujourd'hui sur notre réseau et parce que d'autre part le plan sobriété que nous avons lancé avec la Première ministre en octobre, a porté ses fruits, les grandes entreprises, les grandes administrations, les grandes collectivités locales et chacun d'entre nous ont permis d'économiser jusqu'à 10% de l'électricité et du gaz et ça, ça a un impact sur notre système énergétique.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors il y a deux points vous dites, Agnès PANNIER-RUNACHER d'abord sur les réacteurs, vous dites EDF a fait un très gros travail, il y a 56 réacteurs nucléaires en France, combien sont encore à l'arrêt au moment où on se parle ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il y en a aujourd'hui une vingtaine qui sont à l'arrêt, mais ça veut dire qu'on en a reconnecté à une grande partie.
APOLLINE DE MALHERBE
Une vingtaine sont à l'arrêt.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pardon 14 qui sont à l'arrêt.
APOLLINE DE MALHERBE
Ah oui parce que j’étais un peu surprise, dans les derniers…
AGNES PANNIER-RUNACHER
14 qui est à l'arrêt, on en a reconnecté près d »’une vingtaine.
APOLLINE DE MALHERBE
Il n’y en avait que 12 qui étaient à l’arrêt il y a deux jours, donc ça veut dire qu’il y en a deux qui sont retombés en panne.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, ils ne retombent pas en panne, on peut avoir des situations, ce qu'on appelle de fortuit, c'est-à-dire d’arrêt mais de quelques heures ou de quelques jours, ils sont immédiatement reconnectés. On peut être aussi dans des situations d'économies combustible, économie combustible c'est qu'on n'en a pas besoin et donc on s'économise pour pouvoir gérer au mieux, optimiser la production d'électricité, c'est pour ça que depuis maintenant quelques semaines on est en variations entre 12 et 14.
APOLLINE DE MALHERBE
Par rapport à ce que vous aviez…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais en fait on a stabilisé les 45 gigawatts connectés sur le réseau, ce qui était l'objectif qu'on s'était donné en septembre.
APOLLINE DE MALHERBE
On n’est pas un peu en deçà de l'objectif ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
On varie aujourd'hui mais on est vraiment sur la trajectoire qu'on s'était donnée. Deuxième chose que je veux indiquer, c'est qu'on va commencer à déconnecter nos réacteurs pour les maintenances à venir, c'est-à-dire que vous avez des réacteurs qui étaient arrêtés et qui sont reconnecter sur le réseau, mais des réacteurs qui fonctionnaient et qui vont progressivement sortir du réseau pour réparer leur maintenance.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc il va y en avoir à nouveau qui vont être à l’arrêt.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait mais ça c'est normal, c'est-à-dire que la gestion de notre parc nucléaire, c'est de préparer les maintenances et de faire en sorte de préparer l'année d'après. Ça va se faire très lentement mais au mois de février il y aura des arrêts, au mois de mars il y aura des arrêts précisément pour faire toutes les maintenances. Vous savez que des réacteurs, il y a les maintenances pour les combustibles, vous avez des maintenances pour l'année, vous avez aussi des visites décennales tous les 10 ans et ce programme-là, il est d’ores et déjà communiqué.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui mais Agnès PANNIER-RUNACHER, je voudrais comprendre, on peut vraiment se dire ce matin que les risques de délestage, le risque de délestage est écarté ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce que je vous ai dit à l’instant c'est que nous avons passé des pointes de froid très importantes où nous étions largement en dessous des normales saisonnières et nous n'avons pas eu besoin d'activer les mesures de baisse de tension sur le réseau.
APOLLINE DE MALHERBE
Dois-je donc en déduire puisque vous ne le dites pas précisément, mais je dois en déduire qu’on a testé la résistance de notre système et que, il n'y a donc pas de risque à l'avenir de délestage ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce que je vous dis Apolline de Malherbe c'est que si effectivement nous rentrons dans une nouvelle période de froid et si nous continuons, si nous continuons et j'insiste sur ça à faire ces efforts de sobriété alors oui nous sommes en situation de finir l'hiver tranquillement. Et je ne veux ajouter…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous mettez des petits " si " quand même.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce sont des efforts, les efforts de sobriété….
APOLLINE DE MALHERBE
En gros si les Français font des efforts, c’est bon on ne leur coupera pas…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais les efforts de sobriété Apolline de MALHERBE, pour être très concrète, c'est l'équivalent de 7 réacteurs sur le réseau. 7 réacteurs c'est énorme, c'est le plus de 10% de notre production d'électricité nucléaire, c'est pour ça que cette sobriété elle est importante, c'est pour ça qu'il faut continuer à faire des efforts et je veux insister sur un point, il ne s'agit pas juste de passer l'hiver avec la sobriété, il s'agit de prépare, d'atteindre nos objectifs de baisse de gaz à effet de serre. Aujourd’hui ce que nous disent les experts, c'est que si nous voulons passer la planète dans des conditions correctes à nos enfants, il faut baisser notre consommation d’énergie.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce que vous voulez dire que les 10%, vous nous confirmez ce matin ce chiffre, 10% d'énergie économisée par des entreprises, par les particuliers qui ont baissé leur consommation.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà gaz plus électricité en moyenne, c'est un peu plus de 10% pour le gaz, un peu moins de 10% pour l'électricité, je vous confirme ce chiffre.
APOLLINE DE MALHERBE
Et c'est à la fois les entreprises et les particuliers.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Les entreprises et les particuliers, les collectivités locales qui ont fait un gros effort je veux le souligner et les saluer et les administrations publiques, les ministères et leur administration.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais ce que vous nous dites aussi c'est que ce n’est pas juste un effort qu'on doit faire pendant 2, 3 mois parce qu'il y a une tension, c'est qu'il ne faudra pas remonter, c'est-à-dire que, il faut rester à ce niveau-là, il ne faudra pas reprendre une consommation comme avant où on ne comptait pas en quelque sorte, où on comptait moins.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Apolline de MALHERBE effectivement si nous voulons être au rendez-vous de nos objectifs climatiques, si nous voulons baisser nos gaz à effet de serre, ce que nous disent les experts c'est qu'il va falloir baisser de 40 % notre consommation d'énergie. 40%…
APOLLINE DE MALHERBE
40%, c’est-à-dire 30% de plus là.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. Alors ça ne va pas être que de la sobriété, ça va être aussi des nouvelles technologies.
APOLLINE DE MALHERBE
Là vous dites ça aux Français qui ont déjà l'impression d'avoir fait un effort et d'avoir mis le chauffage à 19, vous leur dites il va falloir faire 30% de plus ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien je leur dis qu'on va collectivement baisser notre consommation d'énergie de 40%, mais laissez-moi aller jusqu'au bout si vous changez votre éclairage classique par des Led, vous faites une économie de 60% donc vous voyez que la technologie va nous assister aussi. C’est à la fois du comportement, éteindre la lumière, ne pas utiliser les réseaux numériques de manière je dirais trop large, faire attention au chauffage, faire attention à tous ces gaspillages d'énergie mais c'est également la technologie qui va nous permettre de baisser drastiquement notre consommation d'énergie.
APOLLINE DE MALHERBE
Il y a un mot que vous avez usé et réusé depuis le début de cette interview, c'est le mot sobriété et il y en a un qui vous a pris au mot, il s'agit de Sébastien MENESPLIER, il est secrétaire général de la fédération CGT des mines et de l'énergie, il était sur BFM TV hier.
(Extrait Sébastien MENESTRIER)
APOLLINE DE MALHERBE
Il se paie votre figure quand même ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C’est de l’intimidation et ce n’est pas acceptable et ce n’est pas légal. je veux le dire ici et puis ça peut être dangereux, vous savez comme moi que si on arrête par exemple certaines installations industrielles, eh bien vous pouvez casser l'outil de production et vous pouvez mettre sur le carreau des salariés, c'est de ça qu'il est question.
APOLLINE DE MALHERBE
Vous porterez plainte ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ce sera les entreprises arrêtées qui porteront plainte. Ce sont à elles de le faire, nous ne pouvons pas nous substituer à elles, mais je crois important de dire que la loi doit être respectée.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais ils ont l’air assez déterminé parce qu'ils l'ont déjà fait la semaine dernière lors de la journée de mobilisation. Il y a certains départements en Essonne notamment où l'électricité a été volontairement coupée pendant parfois 20 minutes, une demi-heure pour montrer disent-ils qu'ils sont bien aux manettes et qu'ils ont le pouvoir de couper l'électricité.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien moi je vous le dis très clairement j'invite effectivement tout à chacun faire respecter la loi et nous dans notre rôle nous ferons respecter la loi.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais cette manière de se mobiliser contre la réforme des retraites en utilisant au fond en vous prenant à votre propre rhétorique ou à votre propre piège, comment vous le vivez ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce n’est pas une rhétorique la sobriété et je trouve justement qu'il y a une forme d'irresponsabilité à en plus utiliser de manière moqueuse ce terme alors qu'aujourd'hui nous sommes engagés dans un combat contre le réchauffement climatique, qu'il en va de la survie des générations futures et que ces efforts que nous faisons nous administrations, que nous demandons aux grandes entreprises sont absolument nécessaires.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous n'avez pas les moyens de les empêcher de le faire, c'est-à-dire que vous pourrez certes encourager les entreprises à porter plainte a posteriori mais dans la perspective de la journée du 31 qui est une journée de mobilisation, vous n'avez pas les moyens d'empêcher les personnels CGT d'EDF ou d’ENEDIS de couper le courant.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi ce que je souhaite dire, c'est que j'appelle chacun à la responsabilité. On peut être contre un projet de loi, on peut manifester, on peut en parler vivement sur les plateaux de télévision, mais l'intimidation est inacceptable et le fait de couper l'électricité comme ça est illégal, donc je reviens sur ces 2 fondamentaux, nous sommes l'Etat, nous devons faire respecter la loi.
APOLLINE DE MALHERBE
et vous avez dit d'ailleurs que ça n'était pas légal, certains ajoute qu'il y a d'autres moyens d'action qui sont certes illégaux mais qui pour eux sont moraux, j'en veux pour preuve les propos de Renaud HENRI, c'est le secrétaire général de la branche locale donc du syndicat CGT qui lui dit, concrètement, il est à Marseille, il dit concrètement notre objectif c'est de faire une manipulation sur le compteur pour que les boulangers puissent avoir un tarif soit de 50%, soit de 60% gratuit, c'est complètement illégal dit-il mais c'est aussi complètement morale.
AGNES PANNIER-RUNACHER
En réalité ça sera in fine le contribuable qui va payer, donc je ne sais pas si c'est illégal, c'est certainement illégal, je ne sais pas si c'est moral, mais ce qui est la conséquence de ce type de coupures c'est que c'est le contribuable qui paye puisque aujourd'hui nous sommes l'actionnaire dominant dans EDF, que l'on parle de couper des compteurs sur EDF ou de changer le tarif des compteurs sur EDF et que c’est l'Etat qui paye voilà.
APOLLINE DE MALHERBE
Sauf que les boulangers…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il faut juste dire les choses de manière très claire.
APOLLINE DE MALHERBE
…cette solidarité avec les boulangers, les boulangers qu'hier me semble-t-il n'ont pas été entendus. Ils sont venus à Bercy, ils réclamaient un bouclier tarifaire pour tous, c'est-à-dire le bouclier qui s'applique aux factures des particuliers, ils disent en fait le système d'aide tel qu’il nous a été proposé est trop complexe et pas suffisant, ils veulent le même bouclier tarifaire pour les particuliers et pour les professionnels.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors deux choses d'abord le président de la Confédération des boulangers nous a remercié de son écoute et je veux redire encore une fois à quel point nous sommes attentifs à la situation des boulangers, le président de la République lui-même les a reçus le 5 janvier dernier et a annoncé des mesures très fortes qui n'ont aucun équivalent dans les autres pays européens aucun équivalent et ce que nous mettons en place c'est un plafonnement du prix de l'électricité. Un plafonnement du prix de l'électricité qui sera visible sur la facture de janvier qui sera reçue au mois de février. Mais il y a une chose qui est nécessaire pour avoir ce plafonnement du prix de l'électricité, c'est de cocher la case qui vous permet d'en bénéficier et aujourd'hui seul…
APOLLINE DE MALHERBE
C’est quoi cette case, je n’ai pas compris.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vais y venir, aujourd'hui pour bénéficier de toutes les mesures d'aides de l'Etat, vous devez aller sur votre espace client de votre fournisseur d'électricité, vous devez cocher la case, je suis une TPE, j'ai droit aux mesures, je suis une PME, j’ai le droit aux mesures PME, seuls 20% des entreprises ont fait cet effort.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce que vous êtes en train de nous dire c'est que 80% de ces entreprises vont donc recevoir une facture qui ne sera pas réduite parce qu’ils n’ont pas coché la case.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non ce que je suis en train de vous dire c'est que toutes ces entreprises ont reçu ces 3 dernières semaines un message leur demandant de s'inscrire.
APOLLINE DE MALHERBE
Ils ne se sont pas inscrits, il n'y aura pas de réduction.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Si elles ne le font pas alors qu'elles ont reçu pour le moment 2 à 3 messages en ce sens, effectivement on ne peut pas savoir, on ne peut pas savoir Apolline de MALHERBE, laissez-moi aller jusqu’au bout s’il vous plaît…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais pardon Agnès PANNIER-RUNACHER, s’ils ont reçu tous ces courriers et qu’ils ne l’ont pas fait, c’est peut-être qu’il y a un truc qui ne marche pas ou c’est peut-être que c’est trop compliqué. Enfin je veux dire, c’est quand même, s’il y en a 80% qui ont reçu une relance, une deuxième relance et qui ne l’ont pas fait.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C’est pour ça que je me permets d'utiliser pour vous dire, c'est une case à cocher, c’est une case à cocher. C’est plus simple…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais alors pourquoi ils ne le font pas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce que je pense que vous n'en parlez pas assez, je pense qu'il faut en parler plus.
APOLLINE DE MALHERBE
On en parle tous les jours des boulangers.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et vous me posez la question de cette case qu’il faut cocher, donc je vous le dis…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous me dites, vous qu’ils reçoivent eux-mêmes des relances.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vous le dis très clairement tout le monde ne regarde pas ses mails nécessairement, tout le monde ne peut pas penser nécessairement que c'est important, donc je le dis très nettement, j'invite toutes les très petites entreprises toutes les petites et moyennes entreprises à aller sur leur espace client et à cocher cette case, c'est important pour elles, elles peuvent bénéficier des mesures, toutes les fédérations le disent, toutes les chambres de commerce et d'industrie le disent, il faut faire cette opération. C’est comme quand vous voulez bénéficier de l'assurance maladie, le remboursement de la sécurité sociale…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais il est encore temps ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bien sûr qu'il est encore temps.
APOLLINE DE MALHERBE
Pour la facture de janvier ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pour la facture de janvier, il encore temps puisque nous nous avons demandé aux fournisseurs d'électricité que nous avons réunis hier de légèrement décaler l'envoi des factures d'électricité pour protéger les entreprises. Et puis je veux quand même rappeler une chose les très petites entreprises aujourd'hui ce sont celles qui payent le prix de l'électricité le plus bas d'Europe, le plus bas d'Europe Apolline de MALHERBE mais il faut qu'elles puissent en bénéficier et nous nous battons pour qu'elles puissent en bénéficier.
APOLLINE DE MALHERBE
Sauf que la concurrence effectivement de toute façon n’est pas exactement, c'est-à-dire qu'on n'est pas en concurrence avec les boulangers allemands, c’est-à-dire que le système n'est pas une concurrence…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Est-ce une raison, précisément c'est la raison pour laquelle les boulangers allemands n'ont pas des prix bas, c'est la raison pour laquelle les boulangers belges n'ont pas des prix bas parce qu'on dit aux boulangers débrouillez-vous vous pouvez augmenter le prix de la baguette, en France on a fait un autre choix, on a fait le choix de protéger les consommateurs, on a fait le choix de protéger les très petites entreprises.
APOLLINE DE MALHERBE
Et donc vous dites aux boulangers d'aller sur le site de leurs fournisseurs d'électricité et donc de cocher cette case.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Aux boulangers et à tous les artisans, à tous les commerçants, à toutes les petites et moyennes entreprises.
APOLLINE DE MALHERBE
Les fournisseurs d'énergie vous ont bien confirmé hier lorsque vous les avez reçus qu'ils vont accepter de casser les contrats pour ceux qui auraient souscrit des contrats d'électricité au prix fort, tous ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tous et ce n’est pas casser les contrats, c'est proposer un avenant, ce qui est beaucoup plus rapide et beaucoup plus sécure juridiquement, c'est de dire voilà Monsieur votre nouveau contrat basé sur le prix plafonné de 280 euros pour les TPE qui ne sont pas sous le bouclier énergétique.
APOLLINE DE MALHERBE
On est d’accord que là, c’est encore aux boulangers... enfin, aux boulangers, ou aux TPE, de faire la démarche ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non…
APOLLINE DE MALHERBE
Ou ça va être automatique ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ils ont juste à répondre et à remplir et à cocher cette case, je le redis, il faut cocher une case, ce n'est pas plus difficile que ça, vous cochez la case, c'est automatique derrière, c’est sur la facture de janvier qui arrivera en février, et je veux préciser une chose, c'est que si par hasard, vous êtes tête en l'air et vous n'avez pas coché dans les temps la facture, ce sera sur la facture de février pour le mois de mars, et c'est rétroactif, c'est un droit que vous avez, il faut vous signaler.
APOLLINE DE MALHERBE
C'est rétroactif, ça veut dire que même si la facture de janvier est encore au prix initial, la réduction, la déduction s'appliquera ensuite...
2023
17
AGNES PANNIER-RUNACHER
S’appliquera y compris en prenant janvier, exactement…
APOLLINE DE MALHERBE
Il y a une question quand même qui revient comme un serpent de mer, c'est la question du prix de l'électricité et du prix européen, c'est-à-dire le marché de l'électricité qui nous impose un système assez ubuesque, j'avoue, qui est de calculer le prix de l'électricité sur la dernière centrale utilisée, et aujourd'hui, c'est souvent des centrales charbon ou gaz, donc la dernière utilisée, dans toute la chaîne européenne, est celle qui fixe le prix, ça fait 2 ans que Bruno LE MAIRE, vous-même, vous dites que c'est insupportable, j'ai sous les yeux Bruno LE MAIRE, le 25 septembre 2021 qui dit que ce système est aberrant et obsolète, un an plus tard, le 21 septembre 2022, le même Bruno LE MAIRE dit : les prix de l'énergie sur le marché européen sont anormaux, délirants, c'est dangereux pour notre économie. Et c'est toujours le cas.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je vais peut-être faire quelques précisions, le prix de l'électricité en septembre dernier était aberrant et dangereux pour notre économie, et pourquoi il était aberrant et dangereux pour notre économie, parce que nous sommes dépendants des énergies fossiles, parce que nous ne sommes pas capables collectivement de produire une électricité à bas prix, bas carbone, et de passer ce prix à nos consommateurs, et comme nous sommes dépendants du fossile, eh bien, les prix du fossile vont influencer le prix de l'électricité, ça, c'est la situation. Nous n'avons pas attendu de faire face à cette situation pour agir, je l'ai dit à l’instant, aujourd'hui, et ça date de 2021, au moment où Bruno LE MAIRE s'exprime, c'est au même moment où nous prenons au niveau du gouvernement des décisions pour protéger les ménages français et les très petites entreprises contre l'augmentation des prix…
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais vous vous rendez compte…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vais jusqu’au bout…
APOLLINE DE MALHERBE
C’est : on est obligé de mettre des sparadraps sur une jambe de bois…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non…
APOLLINE DE MALHERBE
C’est-à-dire que le système au départ, on constate qu'il est, et ce n'est pas moi qui le dis, aberrant et obsolète, voire dangereux, c'est le ministre de l'Economie français qui le dit, et pendant 2 ans, il n’arrive pas à mettre fin à ce système…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, je vais jusqu'au bout, si vous le permettez, aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe, nous prenons l'initiative de baisser les prix de l'électricité pour les ménages et les très petites entreprises, et nous compensons ça en allant chercher les surprofits sur les producteurs d'énergie.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais ça aurait été plus simple de faire baisser le prix à l’origine, à la source…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Certainement, mais ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, nous avons fait le travail pour permettre de corriger cet effet de marché, et par ailleurs, nous avançons dans la négociation, qu'est-ce qui s'est passé ces derniers mois, vous avez la Commission européenne qui, le 19 décembre dernier, a mis un papier sur la table du Conseil des ministres européens de l'énergie…
APOLLINE DE MALHERBE
Eh bien, il était temps !
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pour la réforme du marché de l'électricité, elle a hier envoyé une consultation de l'ensemble des Etats membres sur ce même sujet…
APOLLINE DE MALHERBE
Et on n’en est que là, à consulter maintenant, ça fait deux ans qu’on dit que c’est obsolète... !
AGNES PANNIER-RUNACHER
Si je puis me permettre d’aller jusqu’au bout, Apolline de MALHERBE…
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, non, mais parce que c’est désespérant…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce que vous me coupez beaucoup. Au mois de mars, elle présentera un projet de texte de réforme du marché de l'électricité, donc nous, nous ne sommes pas restés les bras croisés, non seulement, nous avons corrigé les prix, le système de prix européen, mais par ailleurs, nous avons travaillé à une réforme approfondie, et je veux insister sur un point, ce n'est pas une réforme qu'on fait comme ça du jour au lendemain, c'est une réforme qui est en profondeur de notre système du marché de l'électricité. Enfin, dernière chose, ceux qui vous disent qu'on peut sortir du marché européen sont des plaisantins, aujourd'hui, quand vous êtes dépendant de la production électrique d'un autre pays, vous l'achetez au prix de l'autre pays, c'est : rien de nouveau sous le soleil, c'est la même chose pour le pétrole c'est la même chose du gaz importé…
APOLLINE DE MALHERBE
Et ça, c’est à la direction notamment du Rassemblement national qui souhaite sortir de ce marché commun…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et qui ne dit pas la vérité aux Français, puisque les ménages espagnols payent plus cher l'électricité en 2022, et parce que les ménages espagnols ont une taxe, une taxe, pour financer ce fameux mécanisme ibérique. Donc ce n’est certainement pas la martingale qu’on nous présente…
APOLLINE DE MALHERBE
Agnès PANNIER-RUNACHER, je vous aurais bien posé quand même une dernière question sur les femmes et les retraites, on nous avait dit que c’était juste, on vient de découvrir, notamment via le journal Les Echos et dans les prévisions du gouvernement, qu'en fait, ce n'est pas juste pour les femmes.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien, je ne suis pas d'accord avec vous…
APOLLINE DE MALHERBE
Elles vont devoir travailler plus longtemps, proportionnellement beaucoup plus longtemps ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Elles vont surtout gagner plus, c'est ça l'essentiel de cette réforme, c'est que leur pension…
APOLLINE DE MALHERBE
Donc travailler plus longtemps...
AGNES PANNIER-RUNACHER
Leur pension va remonter beaucoup plus significativement que les hommes parce qu'aujourd'hui, nous sommes face à une injustice…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous avez gardé la deuxième partie de la phrase, c’est-à-dire, gagner plus, mais vous aviez oublié de dire qu’il faudrait travailler beaucoup plus longtemps…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, non, non, je ne peux pas vous laisser dire ça, il y a une injustice criante, personne ne s'y est attaqué, aujourd'hui, les retraites sont 42% inférieures pour les femmes par rapport aux hommes, sur la génération qui arrive à la retraite, c'est 30% d'écart, est-ce que c'est acceptable ? Je ne le crois pas, et le minimum, le minimum que nous proposons de retraite, c'est pour les femmes, c'est pour celles qui ont trimé toute leur vie, qui ont élevé des enfants, et je crois que c'est le minimum qu'on leur doit.
APOLLINE DE MALHERBE
Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition énergétique.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 25 janvier 2023