Texte intégral
Merci, Monsieur le Ministre, cher Bogdan,
Monsieur le Ministre, cher Wopke,
Mesdames et messieurs, merci de votre présence.
Quelques mots en complément de ce qu'a dit le ministre, notre hôte, pour vous dire que c'est une belle journée et, je crois, une utile journée. Ce matin, nous nous sommes rendus ensemble au camp de Cincu pour rencontrer les soldats français et néerlandais qui constituent, avec la Belgique, le Groupement tactique de présence avancée de l'OTAN, accueilli par la Roumanie.
Je voudrais rappeler que cet engagement français au soutien de la Roumanie est une décision qui a été prise par le Président de la République, il y a tout juste un an, avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Décision juste, décision nécessaire, qui évidemment a pris une autre dimension encore avec l'agression de la Russie contre l'Ukraine. Une agression dont l'impact se fait sentir sur l'ensemble du continent européen, y compris, bien sûr, en Roumanie, et même au-delà de ce continent. Nous sommes là, je veux vous le dire, Monsieur le Ministre, cher Bogdan, nous sommes là, et nous sommes là pour de bon.
Nous marquons cette année un autre anniversaire, celui des 15 ans du Partenariat stratégique franco-roumain. C'était pour moi une autre raison d'aller saluer nos soldats ; nos soldats qui s'entraînent chaque jour avec leurs alliés roumains pour consolider la défense de votre pays et de notre Alliance atlantique.
Puis, cet après-midi, nous avons eu des échanges nourris à deux, à trois, sur les principaux enjeux, auxquels fait face notre continent européen, et auxquels nous sommes déterminés à faire face ensemble.
Lors de nos entretiens, nous avons réaffirmé la détermination de nos trois pays à poursuivre, et je devrais dire même à poursuivre et à intensifier leur soutien à l'Ukraine, qui fait face à la brutale agression de la Russie.
Pour ce qui la concerne, la France agit à titre national et au sein de l'Union européenne, sur les plans humanitaire, politique, diplomatique, économique, financier, juridique et militaire ; je l'ai rappelé hier encore, lors de ma visite à Odessa. Pour permettre aux Ukrainiens de résister, alors que les bombardements russes visent les infrastructures civiles, avec l'objectif avoué, criminel, de transformer l'hiver en arme de guerre, la France a organisé conjointement avec l'Ukraine une conférence internationale de soutien au peuple ukrainien à Paris, le 13 décembre, qui a permis de lever plus d'un milliard d'euros en aide d'urgence, avec 47 pays participants et 24 organisations internationales. Je dois rappeler que ce sont des aides d'urgence qui ont été données, des dons ou du matériel qui est en train d'arriver et qui arrivera avant la fin de l'hiver ; une bonne partie est déjà partie et une autre partie est déjà arrivée, ce qui est encore mieux. La France poursuit également son aide militaire pour aider l'Ukraine à défendre sa liberté, sa souveraineté, son intégrité territoriale. La décision que nous avons prise, au début de ce mois de janvier, de livrer des chars légers a engagé, je crois, une dynamique positive de l'ensemble des pays qui soutiennent l'Ukraine. Nous saluons cette dynamique, nous l'encourageons, nous la poursuivrons, de même que nous poursuivrons nos propres efforts en la matière, dans le domaine, en particulier, de l'artillerie et de la défense antiaérienne, qui, aujourd'hui encore, constituent pour l'Ukraine les priorités les plus urgentes. L'engagement de la France au soutien de l'Ukraine est déterminé et je le redis aujourd'hui, comme je l'ai dit hier, il durera aussi longtemps que nécessaire.
Nous menons cet engagement avec l'ensemble de nos partenaires européens et de nos alliés, notamment avec la Roumanie et les Pays-Bas. Je crois qu'il était important de marquer par notre réunion conjointe, notre visite conjointe, que nous sommes présents sur le flanc Est et sur cette partie de notre continent européen. Je veux aussi saluer le rôle que joue la Roumanie, un rôle clé, pour oeuvrer aux corridors de solidarité ouverts par l'Union européenne qui permettent à l'Ukraine d'exporter le blé, les céréales et les autres denrées alimentaires dont le monde a besoin. Corridors qui ont d'ailleurs permis, à ce jour, de sortir d'Ukraine davantage de céréales que par les - très utiles, par ailleurs - voies qui ont été ouvertes par la mer Noire.
Tout à l'heure, pour poursuivre cette bonne journée, je serai heureuse d'inaugurer le hub créé par RFI Roumanie pour accueillir ici, en Roumanie, à Bucarest, des journalistes ukrainiens, et contribuer ainsi à une information libre, indépendante et intègre.
Comme le ministre vous l'a dit, nous avons aussi confirmé notre appui à la République de Moldavie, où je me suis rendue hier et où j'ai eu l'honneur d'être reçue par la présidente Sandu. Nous avons accueilli à Paris, en novembre dernier, la troisième réunion de la Plateforme pour la Moldavie, co-présidée par la Roumanie, l'Allemagne et la France, et nous nous retrouverons prochainement en Moldavie. La France est déterminée à poursuivre sa mobilisation pour aider la Moldavie à faire face aux déstabilisations causées par la guerre en Ukraine. J'ai été heureuse, hier, de pouvoir constater qu'elle y fait face avec succès, malgré les difficultés.
Un dernier mot peut-être pour redire qu'aujourd'hui, encore plus qu'hier, face aux multiples crises qui nous affectent collectivement, nous avons plus que jamais besoin d'Europe. J'ai rappelé à Bogdan Aurescu le soutien de la France, en effet, à l'adhésion de la Roumanie à l'espace Schengen. Nous avons besoin d'unité, et c'est un des moyens de cette unité. C'est important pour la Roumanie, il vous l'a dit, mais c'est aussi important pour la France, parce que cela permet de mieux assurer le contrôle de nos frontières extérieures. Je voyais d'ailleurs, hier, ayant dû m'arrêter sur la route entre Chisinau et Odessa, en raison d'un évènement inattendu, je voyais une équipe de Frontex avec, en très grande majorité, des personnels roumains. Merci de cela. Nous avons constaté, vous le savez bien, de derniers blocages, qui n'ont pas permis d'avancer définitivement, mais ils ne nous doivent rien, je dois le préciser, et au contraire, nous oeuvrons ensemble pour trouver une solution. Je suis convaincue que la déclaration conjointe que nous avons signée aujourd'hui, la déclaration trilatérale, y aidera.
Un dernier mot, parce que vous avez rappelé, Monsieur le Ministre, cher Bogdan, l'importance et la signification de cette journée, en souvenir d'événements tragiques qui ont failli détruire l'humain en nous. Je voudrais, comme l'a dit le ministre, dire notre attachement à ce que nous n'oubliions jamais, pour qu'en n'oubliant pas, ceci ne puisse pas recommencer. Mais je voudrais dire aussi, ayant lu quelques déclarations en provenance de Moscou, combien elles sont consternantes, choquantes, une provocation indigne, un jour comme aujourd'hui.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 février 2023