Texte intégral
JULES DE KISS
Un an d'une guerre en Ukraine qui a jeté sur les routes de l'exode un Ukrainien sur cinq. Ils sont plus de 8 millions à avoir quitté leur patrie pour un autre pays d'Europe, d'après les Nations Unies. La moitié d'entre eux se sont mis sous la protection de l'Union européenne, et certains ont trouvé refuge en France. Bonjour Sonia BACKES.
SONIA BACKES
Bonjour.
JULES DE KISS
Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la Citoyenneté. Nous n'avions jusqu'à maintenant que des estimations sur le nombre de réfugiés ukrainiens en France, on dispose à présent de chiffres précis, combien la France a-t-elle accueilli d'Ukrainiens depuis un an ?
SONIA BACKES
Alors, en fait les chiffres ne sont jamais vraiment précis, parce qu'en fait ces personnes-là ont le droit de circuler au sein de l'Union européenne. Donc on a un chiffre, une estimation assez précise d'environ 115 000 personnes, 115 000 Ukrainiens, principalement des Ukrainiennes, 80 % de femmes dans les personnes qui sont déplacées d'Ukraine. 115 000 personnes sur le territoire français qui bénéficient aujourd'hui d'un hébergement et d’une allocation.
JULES DE KISS
Des femmes et des enfants, et très peu d'hommes ukrainiens.
SONIA BACKES
Oui, bien sûr, principalement je l'ai dit 80% de femmes, 20 000 enfants qui sont scolarisés aujourd'hui, et toutes ces personnes-là sont soit pris en charge par un hébergement citoyen, je voudrais saluer l'investissement, la solidarité dont les Français ont fait preuve, parce qu’il y a eu énormément de dons aux associations, il y a eu un accueil citoyen, un hébergement citoyen très fort, et donc… et les collectivités locales qui ont toutes été extrêmement présentes également.
JULES DE KISS
Et cet accueil citoyen, comme vous l'appelez, c'est vraiment loin d'être négligeable dans la part de l'hébergement des familles ukrainiennes, sur ces 115 000 Ukrainiens, Ukrainiennes surtout, donc, près de 30 000 ont été accueillis chez l'habitant ?
SONIA BACKES
C'est ça, près de 30 000 ont été accueillis chez l'habitant. Alors, c'est vrai que les choses ont vocation sans doute à évoluer, parce que l'hébergement chez l'habitant, les gens je pense, ne pensaient pas accueillir les Ukrainiennes et les enfants aussi longtemps, aujourd'hui ça fait un an, donc on va devoir sans doute faire évoluer également nos perspectives d'accueil, puisque ce sont, on voit bien que c'est sans doute une situation qui a vocation à durer dans le temps, et donc il va falloir qu'on pérennise l'hébergement de ces personnes-là.
JULES DE KISS
Des Ukrainiennes, qui malgré les difficultés, la barrière de la langue par exemple, pour certaines, s'intègrent notamment dans le marché de l'emploi, ont trouvé un travail aujourd'hui en France ?
SONIA BACKES
Oui, effectivement on a à peu près 150 00 personnes qui ont trouvé un travail en France. Le plus difficile c'est évidemment la barrière de la langue, parce que leur langue est assez éloignée de la langue française, donc quand ils ont aucune notion au départ…
JULES DE KISS
Et peu de Français la parlent.
SONIA BACKES
Et peu de Français la parlent, donc c'est très compliqué. Mais il y a un effort majeur d'abord qui est fait, de l'état, des associations, pour avoir cette formation linguistique. Les enfants aussi aident énormément, parce que les enfants apprennent eux très vite le français à l'école, ils l'apprennent finalement, ils le parlent à leurs mamans, et ça permet petit à petit la langue soit le mieux comprise possible.
JULES DE KISS
Donc environ 115 000 réfugiés ukrainiens en France, c'est sept fois moins que nos voisins allemands, c'est moins aussi qu'en Grande-Bretagne, qu'en Espagne, c'est moins qu'en Italie, beaucoup moins évidemment que dans les pays frontaliers de l'Ukraine. Comment est-ce que vous expliquez cela ?
SONIA BACKES
Tout simplement parce qu'en fait les Ukrainiens ont fait le choix d'aller là où il y avait une déjà une communauté. C'est vrai que la communauté ukrainienne en France était bien moins importante qu'en Allemagne, en Espagne ou ailleurs, c'était 17 000 Ukrainiens avant la guerre, c'était 17 000 Ukrainiens présents en France. Donc forcément on a eu assez peu de de fixations. On a fait quand même un accueil de qualité pour tous ceux qui ont souhaité venir, avec des hubs qui ont été mis en place, on a accueilli à la porte de Versailles jusqu’à 1 000 personnes…
JULES DE KISS
Des centres d'accueil.
SONIA BACKES
Oui, c’est ça. Des centres d’accueil où en fait les Ukrainiens ont pu avoir les réponses à tous leurs besoins immédiats, hébergement, couverture sociale, allocations.
JULES DE KISS
Donc, ça veut dire que la France n'a pas été plus stricte et plus dure que ses voisins quant à l'accueil des Ukrainiens…
SONIA BACKES
Absolument pas.
JULES DE KISS
Elle a accueilli tous toutes celles et ceux qui ont demandé à venir en France.
SONIA BACKES
Exactement. Toutes celles et ceux qui ont souhaité venir ont pu venir, et sont accueillis aujourd'hui, et on continue à avoir de l'ordre de 2 000 personnes par mois qui arrivent.
JULES DE KISS
Sonia BACKES, vous dévoilez ce matin le coût de cet accueil des réfugiés en France, est-ce que ça a coûté cher à notre pays ?
SONIA BACKES
Alors, ça a coûté… Après, la question, enfin, ça a coûté 500 millions d'euros. C'est 500 millions d'euros, mais vous savez, je crois que les Français l'ont compris tout de suite, avec l'énorme élan de solidarité qui a eu lieu, on ne pouvait pas passer à côté de cette aide française. Vous savez, la France a été à l'origine de la protection temporaire qui a été mise en place à l'échelle de l'Europe. C'était la présidence française de l'Union européenne, à l'initiative de Gérald DARMANIN. Au bout de quelques jours, l'invasion a eu lieu le 24 février, le 3 mars à la présidence française a demandé cette protection temporaire, qui était mise en place le 9 mars, donc la France a été vraiment en soutien à cette protection temporaire, et effectivement ça a un coût, mais je crois que les Français le comprennent, parce que c'est bien la démocratie et finalement nos valeurs de liberté qui sont en cause.
JULES DE KISS
Protection temporaire, pour combien de temps ? Est-ce que beaucoup d'Ukrainiens qui témoignent de leur désir de rentrer dans leur pays, vous ont déjà témoigné ce souhait, est-ce que vous les aider dans ces démarches-là de retour en Ukraine ?
SONIA BACKES
Alors, aujourd'hui elles ne souhaitent pas rentrer tant que la guerre n'est pas terminée. La grande majorité aujourd'hui nous dit qu’elle souhaite rentrer une fois la guerre terminée. Certains disent qu'ils souhaitent rentrer, dans ce cas-là ils rentreront dans les démarches de droit commun pour rester sur le sol français, mais la très grande majorité a vocation à repartir. Pour l'instant le dispositif de protection temporaire, de toute façon les couvre tant que la situation n'est pas réglée, donc ils peuvent rester et ils resteront sur le sol français tant qu'ils le souhaitent.
JULES DE KISS
Pour ce qui est de l'accueil des Ukrainiens, c'est donc une démarche bien précise, sous l'égide de l'Union européenne. Les demandes d'asile en France ont bondi l'an dernier, le nombre de réponses favorables, beaucoup moins que ce nombre de demandes d'asile, est-ce que ça veut dire qu'on a accueilli, qu'on a été moins généreux dans l'accueil de réfugiés afghans, turcs, bangladais, parce qu'on a accueilli beaucoup d'Ukrainiens ?
SONIA BACKES
Absolument pas. C'est vrai que le choix qu'on a fait, c'est que l'accueil des Ukrainiens n'ait aucune conséquence sur les autres types d'accueil, donc notamment sur les demandeurs d'asile. On a souhaité ne pas remettre en cause l'hébergement des demandeurs d'asile, donc il n’y a eu aucune…
JULES DE KISS
Il y a eu de la place pour tout le monde.
SONIA BACKES
Il y a eu de la place pour tout le monde, il n’y a eu aucune conséquence, c'est aussi grâce à l'investissement des citoyens français et des collectivités locales, qu'on a pu continuer à accueillir. Maintenant évidemment toutes les demandes d'asile ne sont pas acceptées, alors que clairement pour les Ukrainiens et compte tenu de la situation la protection temporaire a été acceptée pour tout le monde.
JULES DE KISS
Autour de 30 % de demandes d'asile supplémentaires, par rapport à 2021, 8 % de taux de de réponse supplémentaire.
SONIA BACKES
Oui, parce que la demande d'asile, tout le monde n’y a pas droit.
JULES DE KISS
L'accueil des réfugiés ukrainien, la livraison d'armes, ce n'est pas la seule manière dont la France aide l'Ukraine, il y a notamment en Ukraine la présence d'enquêteurs qui travaillent sur les crimes de guerre commis par l'armée russe, on se souvient qu'ils étaient arrivés assez tôt dans le conflit notamment autour d’Irpin et Boutcha. Est-ce que ces enquêteurs sont toujours en Ukraine aujourd'hui, ces enquêteurs français ?
SONIA BACKES
Oui, donc on a 18 personnes qui sont qui sont investies dans les enquêtes en fait qui permettent d'établir les preuves de crimes de guerre. Il y a aussi 4 experts qui sont mis à disposition de la Cour pénale internationale, sur différentes expertises scientifiques qui peuvent aider à ces différentes enquêtes. Donc c'est vrai que la France s'est impliquée sur beaucoup de sujets, on a aussi aidé à la sécurisation d'un certain nombre d'ambassades, l'ambassade de France évidemment, mais aussi celle de Belgique et du Japon. On a apporté 1 000 tonnes de matériel au niveau humanitaire, bref la France s'implique beaucoup aux côtés de l'Ukraine.
JULES DE KISS
Merci à vous Sonia BACKES, secrétaire d'Etat en charge de la Citoyenneté, invitée d'actu de France Info. Plus de 115 000 réfugiés ukrainiens en France en un an, près de 500 millions d'euros dépensés pour cet accueil. Merci à vous d'avoir apporté ces chiffres ce matin sur France Info.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 28 février 2023