Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
" L’invitée du jour ", c'est vous, Agnès PANNIER-RUNACHER. Bonjour. Vous êtes donc ministre de la Transition énergétique. On va parler retraites, grève dans les raffineries, nucléaire, inflation. Je ne vous interroge pas sur le 49.3, vous allez me dire la même chose qu’Olivier VERAN, Gabriel ATTAL, que vous espérez, que vous pensez, que vous allez peut-être vous en passer, mais qu’au cas où vous le dégainerez. C’est ça, non, j’ai bon ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien, surtout on est confiant sur notre capacité à réunir une majorité. La Première ministre y travaille avec Olivier DUSSOPT, avec les députés de la majorité, et s’agissant des Républicains, je crois qu’ils ont fait un vote de cohérence au Sénat, c’est un vote qui a été fait samedi et qui montre qu’il y a un soutien côté Sénat à ce projet de loi, et donc nous allons agir…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous n’allez pas jusqu’à vous engager à ne pas utiliser le 49.3.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, je vous dis, notre objectif c'est précisément de se passer du 49.3. Et je crois que depuis le début de cette mandature, on nous a toujours dit qu’on ne saurait pas réunir des majorités sur les textes, et pour le moment tous nos textes ont été votés.
APOLLINE DE MALHERBE
On va parler du Chèque énergie, l’inflation d’abord. Les prix du gaz et de l’électricité baissent, ils baissent enfin, sur les marchés, mais pas sur les factures, puisqu’on voit encore + 14% sur un an, en février, sur l’énergie. Pourquoi il y a ce décalage ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce qu’en fait, le passage de l’augmentation du prix, il est fait au 1e février et au 1e janvier, s’agissant de l’électricité et du gaz, mais ce prix il augmente par rapport à un prix qui est régulé, c’est-à-dire que les Français ne paient pas le prix du marché. Il faut le répéter. Les ménages français aujourd’hui paient le prix, l’un des prix les plus bas de tout…
APOLLINE DE MALHERBE
Nous, en l’occurrence, c’est dommage, on aimerait bien payer le prix du marché, si le marché est faible.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, le marché est toujours plus élevé que le prix que vous payez sur votre facture en matière d’électricité.
APOLLINE DE MALHERBE
Même avec les baisse des derniers jours, des dernières semaines.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Même avec la baisse, et ça c'est important de le dire, parce qu’on laisse un petit peut, je dirais, dire des choses qui ne sont pas exactes…
APOLLINE DE MALHERBE
Alors, allez-y, prenez le temps de l’expliquer.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc, je le dis, nous avons un tarif réglementé pour les ménages, pour les très petites entreprises, et ce tarif réglementé a augmenté de 4% l’année dernière, là où les factures étaient en train de s’envoler, il augmente de 15% cette année, là où le prix a effectivement diminué, mais par rapport à une multiplication par deux, par trois, et donc nous restons toujours dans des tarifs qui sont compétitifs. Je parle évidemment des ménages et des très petites entreprises, les plus grosses entreprises sont plus exposées aux prix du marché, et elles, ces prix dépendent du contrat qu’elles auront conclu. Je veux également préciser que nous avons mis en place beaucoup de mécanismes, nous sommes le pays qui avons mis en place le plus de mécanismes d’amortissement des factures pour les entreprises qui sont exposées aux prix du marché…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça marche ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc, ça fonctionne aujourd’hui, depuis le mois de janvier. Alors, je parle des consommations réalisées depuis janvier, c’est donc les factures qui arrivent en février. Les entreprises bénéficient d’un amortisseur, ça fait baisser la facture d’à peu près 20% en moyenne, et les PME, effectivement.
APOLLINE DE MALHERBE
Mais justement, on se souvient évidemment de la question des hausses d'énergie auxquels font face notamment les boulangers, qui sont devenus un peu le symbole de cette hausse des factures. Vous aviez promis des aides, est-ce que ces aides sont entrées en action, est-ce que ceux qui peuvent prétendre à ces aides ont tous fait la demande ? On se souvient que vous nous aviez dit : " C'est hyper simple, il suffit de cocher une case ", est-ce que c'était aussi simple que ça et est-ce que du coup tout le monde a pu avoir accès à ces aides ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, aujourd'hui les factures sont envoyées, et ces factures comportent le plafonnement. Donc je veux parler d'un amortisseur, mais il a aussi un plafonnement du prix de l'électricité, qui est appliqué directement sur les factures, donc ce n’est pas une aide qu'on demande, c'est un signalement pour dire : je remplis bien, je suis bien la très petite entreprise qui peut bénéficier de l’aide.
APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais c’était pour ça qu'il fallait quand même…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il fallait quand même poser un acte, il fallait quand même faire cette croix…
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous avez une corrélation entre le nombre de personnes qui l'ont demandée, qui ont donc coché cette case et le nombre de personnes dont vous savez qu’effectivement elles peuvent y prétendre ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce que nous savons c'est que, à peu près 60% des entreprises peuvent y prétendre, et que 60% des entreprises ont coché la case, et nous sommes en train de vérifier que ça correspond bien, et surtout je le redis aux entreprises : même si elles n'ont pas fait cette démarche d’aller sur leur compte client, sur le site de leur fournisseur d'énergie, elles peuvent faire maintenant, et sur leur facture de février, elles récupéreront non seulement février mais également janvier, c'est-à-dire elles bénéficieront d’une baisse du prix…
APOLLINE DE MALHERBE
A posteriori de cette baisse.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà. C’est valable à partir du 1e janvier, même si on se déclare avec un peu de retard, ce n'est pas un problème…
APOLLINE DE MALHERBE
Il n'est pas trop tard.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et il faut le faire, il n’est pas trop tard, c'est le message que je veux leur passer.
APOLLINE DE MALHERBE
Agnès PANNIER-RUNACHER, le Chèque énergie 2023, il sera versé quand ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vous annonce sur ce plateau que le Chèque énergie sera versée à partir du 21 avril, il bénéficie à 5,8 millions de ménages, et il porte sur un montant qui va de 48 à à peu près 200 €, suivant votre niveau de revenus.
APOLLINE DE MALHERBE
Et il sera donc versé…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il est automatique, et on peut l'utiliser pour payer sa facture d'électricité, de gaz, de bois, enfin toutes les énergies qui vous servent à vous chauffer.
APOLLINE DE MALHERBE
Et qui donc seront versés le 21 avril, vous nous le dites ce matin. Nucléaire, ça c'est votre dossier aussi, EDF doit vérifier les soudures de 56 réacteurs nucléaires français ? Est-ce qu'il faut s'inquiéter et est-ce que ça aura un impact sur l'efficacité ou non, l'opérationnel de ces fameux réacteurs dont on sait qu'il y en a déjà qui sont à l'arrêt ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, le fait de vérifier s'il y a des fissures sur des tuyauteries, puisque c'est de de ça qu'il est question, c'est un processus normal qui est engagé durant chaque maintenance de chaque réacteur. C'est même ce qui témoigne je dirais de la qualité de notre sûreté nucléaire. Tout est contrôlé et de manière extrêmement rigoureuse. Et chaque fissure qui est retrouvée, fait l'objet d'une publicité et éventuellement d'un ajustement du programme de maintenance. C'est très exactement ce qui se passe aujourd'hui.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc ce n’est rien de plus. Quand on a l'Autorité de sûreté nucléaire qui dit : attention, vendredi, qui alerte EDF, qui lui demande d'inspecter 200 soudures sur les 56 réacteurs de son parc nucléaire, pour vous ça n’est que de la routine.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est une extension du programme de contrôle, mais ce n'est pas un fait nouveau, puisque les fissures en question ce sont des fissures de fatigue thermique, c'est que des fissures assez classiques sur des tuyauteries, et je rappelle que les tuyauteries ce n’est pas la cuve, il faut bien séparer les équipements qui sont stratégiques, des équipements qui peuvent être remplacés.
APOLLINE DE MALHERBE
Sur les 56 réacteurs, ils sont tous fonctionnels au moment où on se parle, ou toujours pas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, alors vous savez que notre système électrique nucléaire, vous avez des réacteurs qui font l'objet de maintenances, et ce sont des maintenances tournantes, c'est-à-dire que nous faisons en sorte de concentrer le programme de maintenance sur la période du printemps et de l'été, nous avons reconnecter une majorité de réacteurs on est monté jusqu'à plus de 40 réacteurs en fonctionnement…
APOLLINE DE MALHERBE
On est redescendu.
AGNES PANNIER-RUNACHER
… et là on recommence à les déconnecter, puisqu'on en a moins besoin, il fait moins froid dehors, on en a moins besoin pour l'hiver et on se prépare à l'hiver prochain, donc on réalise les maintenances maintenant.
APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que les grèves ont un impact sur le fonctionnement de ces réacteurs ? Est-ce qu'il y a des réacteurs qui sont à l'arrêt, parce qu’il y a des grévistes chez EDF ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, les grèves vont avoir un impact sur le productible, c'est-à-dire que…
APOLLINE DE MALHERBE
C’est quoi le productible ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le productible, c'est-à-dire c'est la quantité d'électricité produite chaque jour. Il y a des réacteurs dont la puissance est diminuée, mais…
APOLLINE DE MALHERBE
Par les grévistes.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Par les grévistes, tout à fait. Le droit de grève, je le redis, il est constitutionnel, donc voilà, c'est quelque chose qui est légal, et nous intervenons lorsqu'il y a une tension, plutôt c’est RTE qui gère le réseau électrique, qui intervient lorsqu'il y a une tension électrique, pour demander de remonter la puissance.
APOLLINE DE MALHERBE
Et les opérations … comme ils disent, et les coupures d'électricité, est-ce que vous redoutez que ça se poursuivre encore cette semaine ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ça, ça n'a rien à voir, c'est-à-dire que les coupures elles sont illégales, elles sont potentiellement dangereuses…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous distinguez et ce qui est de l'ordre de la grève, qui est constitutionnel, et ce qui est de l’ordre des coupures.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement. Les coupures elles sont illégales, elles sont potentiellement dangereuses, on a vu qu'il y a eu des coupures sur un centre de dialyse, c'est absolument inadmissible, et les coupures elles sont également de l'intimidation lorsqu'elles visent des élus qui sont amenés à voter un texte.
APOLLINE DE MALHERBE
Un dernier mot sur les raffineries…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc elles feront l’objet, donc ENEDIS systématiquement portera plainte.
APOLLINE DE MALHERBE
Agnès PANNIER-RUNACHER, un dernier mot sur les raffineries : il y en a combien qui sont touchées par des mouvements de grève au moment où on se parle ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Aujourd'hui il y a 5 raffineries qui sont touchées par les mouvements de grève, mais je veux dire ici que je suis en contact étroit avec la profession, qui me confirme que nos stations-service sont bien approvisionnées en carburant, et que pour le moment il n'y a pas de rupture particulière, on est dans un état classique.
APOLLINE DE MALHERBE
Pas d’inquiétude à court terme.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est ce que nous confirment les professionnels qui gèrent les stations-service, et qui vous le savez, ont tiré des enseignements de la précédente grève, de manière à augmenter leurs stocks et être plus efficaces dans le transport de carburant vers les stations-service.
APOLLINE DE MALHERBE
Merci Agnès PANNIER-RUNACHER d'avoir donné toutes ces précisions ce matin sur RMC. Vous êtes la ministre de la Transition énergétique. Et donc je vous rappelle que si vous êtes bénéficiaire du Chèque énergie, il sera donc versé…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Le 21 avril.
APOLLINE DE MALHERBE
Le 21 avril prochain sur vos comptes…
AGNES PANNIER-RUNACHER
A partir du 21 avril.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 14 mars 2023