Interview de M. Roland Lescure, ministre chargé de l'industrie, à Sud Radio le 13 mars 2023, sur la réforme des retraites, les fermetures d'entreprise dans la région de Cambrai, la politique industrielle et la voiture électrique.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

PATRICK ROGER
Bonjour Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Bonjour.

PATRICK ROGER
La semaine décisive, sans doute pour les retraites, les deux camps face à face. Nous allons également voir avec vous si la France est vraiment en train de se réindustrialiser, si la réindustrialisation est-elle en cours, ou pas. Commençons par la dernière ligne droite sur les retraites. Tout le monde est sur le pont au Gouvernement, j’ai cru comprendre, pour faire adopter, cette semaine à l’Assemblée, son 49.3. Alors, c’est le mot d’ordre.

ROLAND LESCURE
C‘est ce qu’on souhaite, évidemment. Il y a eu une première étape importante qui est le vote au Sénat. On a ensuite ce qu’on appelle la Commission mixte paritaire où sept députés et sept sénateurs, plus des suppléants, vont se mettre d’accord sur un texte. On espère que ça va être le cas, on le pense. Et ensuite, une fois que la CMP, comme on dit, a adopté un texte ; ce texte revient dans les mêmes termes à l’Assemblée et au Sénat. Ça, ce sera sans doute jeudi. Moi, je m’attends effectivement que le Sénat, jeudi matin, et l’Assemblée, jeudi après-midi, votent ce texte et qu’on en ait fini avec les réformes des retraites, qu’il faudrait ensuite mettre en œuvre.

PATRICK ROGER
Et là, vous lancez l’appel de nouveau aux Républicains, aux LR. Sans les Républicains, ça ne passe pas.

ROLAND LESCURE
Sans les Républicains, ça ne passe pas. Et avec un certain nombre de Républicains qui, je pense, adhèrent à cette réforme et adhèrent aux amendements qui ont été adoptés et à ceux qui vont être mis en œuvre dans le cadre de la CMP, je pense que ça va passer. En tout cas on va tout faire pour.

PATRICK ROGER
Oui, c’est ça, parce que le 49.3, ce serait un passage en force et donc, mal perçu par les Français qui sont contre majoritairement.

ROLAND LESCURE
49.3, il fait partie de la constitution, c’est l’article 49-3. Cela dit, cette réforme, nous, nous souhaitons l'adopter sans 49.3 avec une majorité absolue à l'Assemblée et au Sénat. Et on va tout faire pour. Il reste trois jours pour négocier, faire avancer le texte encore par rapport aux avancées déjà engrangées au Sénat. Et moi, je suis confiant là-dessus, je pense qu'on va y arriver. Mais ça va demander un peu de travail et malin pour trois-quatre jours.

PATRICK ROGER
Et quel appel vous lancez aux syndicats qui continuent de se mobiliser ?

ROLAND LESCURE
Non, mais la mobilisation, elle est respectable. Ils sont opposés au projet de loi, donc ils s'y opposent. Et ils s’y opposent avec leurs moyens qui sont des manifestations. Après, moi, je pense que les blocages qu'on voit aujourd'hui, ou les poubelles qu'on voit en arrivant dans votre studio, un peu partout dans Paris ; ça, ça va trop loin ; voilà. Maintenant, je pense qu'on va arriver avec un processus démocratique qui, j'espère, va atteindre son but d'ici jeudi et que tous les démocrates, évidemment syndicalistes, politiques et autres, reconnaîtront que la démocratie a parlé. Mais ça, ce sera pour la semaine prochaine.

PATRICK ROGER
Vous êtes dans l’Industrie ; est-ce que vous voyez des salariés travailler jusqu'à 64 ans ?

ROLAND LESCURE
Alors, d'abord Industrie, elle est concernée par la réforme des retraites et notamment pour tout ce qu'on fait sur la pénibilité. Vous savez que, souvent dans l'industrie, on fait les trois-huit. Souvent dans l'industrie, on travaille le week-end. Et moi, quand je vais dans les usines, j'y vais deux à trois fois par semaine. Je passe ma vie dans les territoires à rencontrer des salariés de l'industrie. Ils reconnaissent, effectivement, que la pénibilité va être davantage prise en compte dans cette réforme et que donc, très probablement, très peu d'entre eux iront jusqu'à 64 ans. Il y aura des requalifications ; les gens qui sont aujourd'hui dans les ateliers qui iront vers d'autres métiers. On a, par ailleurs, une industrie qui est en train d'évoluer en profondeur. Donc, je ne vais pas vous dire que l'industrie n'est pas pénible, mais il y a toutes sortes de métiers aujourd'hui, dans l'industrie, qui ne sont pas pénibles et qui permettent, effectivement, d'envisager de travailler jusqu'à 64 ans pour certains d'entre eux. Donc, ce que cette réforme montre, d'abord : un, c'est que notre système est extrêmement compliqué. Les gens ont du mal à comprendre déjà le système de retraite actuel. Et que deux, ce n'est pas un système qui est à unique. Il y a un certain nombre de paramètres qui concerne tout le monde, mais ensuite, l'adaptation de ces paramètres à vous, à moi et à chacun, elle est différente en fonction des parcours de vie. La vie, c'est ça. Le travail fait partie de la vie.

PATRICK ROGER
C‘est la raison pour laquelle on se demande si, finalement, les choses n'ont pas été faites à l'envers. Est-ce qu'il n'aurait pas fallu voir avant le travail, la pénibilité, les seniors etc… avant cette réforme sur la réforme des retraites ? Il n’y a pas un peu de regret, là, quand même ?

ROLAND LESCURE
Non, la pénibilité et les seniors sont intégrés dans cette réforme.

PATRICK ROGER
Attendez, ils sont intégrés parce qu'il y a de grosses discussions etc.

ROLAND LESCURE
Exactement.

PATRICK ROGER
Mais ce n'était pas dans le projet au début quand même.

ROLAND LESCURE
Non mais qu'une discussion sur une réforme des retraites ou à l'occasion d'avoir une discussion sur notre modèle de société, très bien. On ne va pas tout régler avec une réforme des retraites et on le sait. Il y a encore des réformes à passer, notamment sur le rapport au travail qui est en train d'évoluer, qui doit faire l'objet de discussions, dès le printemps. Mais la réforme des retraites, on s'y était engagé pendant la campagne. On l'a présentée et on l’a, quand même, pas mal édulcorée par rapport à ce qu'on avait présenté par la campagne. J'espère qu'on va la voter. Ensuite, on pourra passer à autre chose, c'est vrai.

PATRICK ROGER
Venons-en à l’Industrie. Vous avez une visite dans la région de Cambrai aujourd'hui, avec deux usines : l'usine BUITONI et l'usine TEREOS. Les deux menacées de fermeture. Quel va être le message que vous allez faire passer ce matin ? Aux deux directions, dans de deux cas un peu différents. BUITONI, c'est parce qu'il y avait eu un scandale sanitaire.

ROLAND LESCURE
A Caudry, donc BUITONI, fermeture pour un scandale sanitaire, il y a un an avec nos victimes : deux enfants et un certain nombre d'intoxications alimentaires. On fait les travaux de rénovation ; l'usine peut rouvrir. Et là, ils annoncent qu'ils suspendent l'activité. Un : moi, je vais rencontrer les élus. Deux, évidemment, je vais rencontrer les salariés et les représentants des organisations syndicales qui sont inquiets. Et trois, la direction pour les entendre sur quel est leur plan pour cette usine. Moi, je souhaite que cette usine reste ouverte. Il n’y a pas de raison que les salariés soient les victimes collatérales d'un scandale sanitaire qui a eu lieu il y a un an. Les salariés, ils n’ont rien pour ça. Au contraire d'ailleurs, ils ont tenu le coup ; ils ont continué à bosser, ils sont attachés à leur outil de travail. Donc je vais attendre de la direction qu’elle fasse des propositions.

PATRICK ROGER
Est-ce que NESTLE en profite pour finalement fermer, de scandale sanitaire parce que l'usine a été mise aux normes ?

ROLAND LESCURE
Non, je ne veux pas dire ça. Pour l'instant, moi, mes équipes ont échangé avec la direction de NESTLE, vendredi. Je n’ai pas eu les réponses suffisantes que j'attends, d'engagement de la part de NESTLE pour continuer à faire fonctionner ce site. Donc, je les vois aujourd'hui sur site et je vais attendre deux des réponses. Mais à ce stade, je ne veux pas y voir ni malice ni objectif caché.

PATRICK ROGER
On a du mal à comprendre.

ROLAND LESCURE
Ecoutez, ce n'est pas un secret, évidemment, les pizzas qui ont été affectées par le scandale sanitaire, aujourd'hui, elles n’entrent pas très bien. Donc, je comprends qu’évidemment, la ligne de production historique, elle soit affectée. Mais NESTLE, c’est un grand groupe. NESTLE a des dizaines et des dizaines de produits. NESTLE est un groupe qui est capable d'investir et qui investit en France d'ailleurs, qui a des employés en France. Donc, moi, je souhaite qu'il continue à investir en France et notamment à Caudry. Vous savez, le nord, c'est un département emblématique de… c’est ce qui est en train de se passer. A une heure de Caudry, il y a une mégafactory de batterie qui est en train d'émerger du sol. L'industrie du futur, elle est en train de se développer dans le nord.

PATRICK ROGER
On va y revenir dans un instant.

ROLAND LESCURE
Il ne faut pas oublier, je dirais, l'industrie d'aujourd'hui qui, elle, souffre, notamment la crise énergétique qu’on doit accompagner et pour laquelle, moi, je m'attends à ce que les directions, les actionnaires fassent aussi leur partie du boulot.

PATRICK ROGER
L'usine TEREOS par exemple du groupe Béghin-Say, quelle est la raison de la fermeture ?

ROLAND LESCURE
J'aimerais bien le savoir, entre nous. Ça, c’était à Escaudœuvres, c’était à 15 kilomètres de Caudry. Autant, j'ai bien compris les raisons pour lesquelles NESTLE suspend sa production. Moi, je souhaite qu'il la reprenne, quitte à ce que ce soit sur d'autres produits. A ce stade, je n’ai pas bien compris.

PATRICK ROGER
Parce que c'est rentable.

ROLAND LESCURE
Ça gagne de l'argent. TEREOS a doublé ses bénéfices l'année dernière quand même. Donc on le remercie, ça va. Le sucre a un prix qui est au plus haut. Ce qu’ils nous disent, c'est qu’ils s'attendent à ce que la production de betteraves se diminue dans les deux ans qui viennent et que pour cela, ils comptent reconsolider leur production dans trois usines sur quatre. Moi, j'ai envie de voir sur pièces, j'ai envie de comprendre les chiffres. Parce que, à ce stade, une entreprise qui gagne de l'argent qui ferme une usine, je pense que ce n'est pas normal.

PATRICK ROGER
Oui, mais c'est peut-être parce que, justement, il y a eu une interdiction dans la production de betteraves sur l'utilisation de pesticides. Et ils anticipent, non ?

ROLAND LESCURE
Oui, alors, moi, je suis le président de la Commission des affaires économiques qui, dans le mandat précédent, avait voté une exemption là-dessus. Donc je regrette, évidemment, que cette exemption ne soit pas prolongée. Mais pour l'instant, la production de betteraves, elle n'a pas baissé. Pour l'instant, le fameux puceron, il n'a pas frappé. En plus, Marc FESNEAU s'y est engagé, on va dédommager si besoin les producteurs de betteraves qui sont affectés. Mais pour l'instant, je dirais qu’on crie au feu alors qu'on n'a pas vu une étincelle. Donc, je trouve que c'est un peu précoce comme décision. Maintenant, ils ont peut-être leur raison ; c'est aussi pour ça que je souhaite, là encore, rencontrer les élus, rencontrer les salariés et les organisations syndicales qui, à ce stade, je le comprends, sont furieux, et la direction, pour entendre leurs explications. Je ne me laisserai pas faire.

PATRICK ROGER
Selon vous, ces fermetures dans l'état actuel sont inacceptables ?

ROLAND LESCURE
Alors, celle de BUITONI, pour l'instant, on ne parle pas de fermeture, mais de suspension d’activité, c'est important. Moi, je m'attends, du coup, à ce que l'activité reprenne et je veux savoir dans quelles conditions. La fermeture de TEREOS, moi, je ne la comprends pas. Donc j'ai besoin qu'on m'explique. Evidemment, ma priorité absolue, ce sont les salariés. On va accompagner, j'allais dire, quoi qu'il arrive. Si TEREOS maintient sa décision, on devra se focaliser sur une priorité : les 130 salariés concernés par cette fermeture ; il y en a un certain nombre qui seront gardés dans le cadre du stockage du sucre, si j'ai bien compris. Mais voilà, je veux avoir de la clarté sur tout ça et vraiment donner un message très clair aux salariés. L'Industrie aujourd'hui c'est ma priorité ; l'industrie qui va bien, mais aussi l'industrie qui va moins bien.

PATRICK ROGER
Alors, justement, Roland LESCURE, hier vous avez publié une tribune dans le JDD pour dire que la France est une nation industrielle. Mais est-ce qu'elle est capable de se réindustrialiser véritablement ?

ROLAND LESCURE
Moi, j'en suis convaincu. On a commencé le boulot depuis cinq ans. Grâce au Président de la République à ses Gouvernements, on a créé de l'emploi dans l'industrie : 90 000 emplois. Ça faisait des décennies qu'on en perdait. On a créé des usines. On parle d'usines qui ferment. En 2021, on a ouvert trois fois plus d'usines en France qu'on en a fermé. En 2022, on a ouvert deux fois plus d'usines en France qu'on en a fermé. Donc, au total, en net, à la fin 2022, il y a 80 usines de plus qu’il n’y en avait début 2022. Donc, oui, on est en train de réindustrialiser la France. Et pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, il y a une révolution industrielle, une nouvelle qui est celle de la décarbonation, qui est celle de la transition écologique, qu’il faut accompagner. On va tous conduire des véhicules électriques d'ici 2035. Il faut que ces véhicules électriques soient produits en France. On a eu des problèmes d'approvisionnement de paracétamol. Il faut qu'on produise des médicaments en France.

PATRICK ROGER
Alors, on en est où d'ailleurs pour la relocalisation des médicaments ?

ROLAND LESCURE
Ça avance. On a une usine de paracétamol, de principes actifs, qui va ouvrir d'ici deux-trois ans, il faut la construire évidemment dans la banlieue de Grenoble.

PATRICK ROGER
Oui, il faut du temps.

ROLAND LESCURE
Les véhicules électriques, RENAULT et STELLANTIS se sont engagés à en produire un million, dès maintenant, et deux millions d'ici 2030. On va les accompagner pour ça. On produit des batteries électriques. On va même commencer à creuser des mines en France pour aller chercher du lithium. On va le faire de manière responsable.

PATRICK ROGER
Oui. Là, vous allez avoir des soucis avec les écologistes.

ROLAND LESCURE
Les écologistes, il va falloir qu'ils choisissent. Soit on fait de la transition écologique avec des véhicules électriques qui viennent de Chine, soit on accompagne cette révolution industrielle de manière à ce qu'elles créent de la prospérité de l’emploi.

PATRICK ROGER
Au passage, est-ce que vous êtes confiant sur le texte sur le nucléaire qui est étudié en ce début de semaine à l'Assemblée nationale, pour le faire adopter ?

ROLAND LESCURE
Oui, extrêmement confiant. Pourquoi ? Parce que si on souhaite décarboner l'industrie, il va falloir beaucoup beaucoup beaucoup d'électricité décarbonée ; donc du renouvelable, ça on a voté pour accélérer, et du nucléaire. C'est un choix stratégique de la France qu'on fait. Même le Japon, aujourd'hui, on se souvient de Fukushima, est en train de relancer le nucléaire. Il faut que la France le fasse. On sait faire, on va créer de l'emploi, on va créer de l'électricité et ça va permettre de décarboner toute notre industrie.

PATRICK ROGER
Tout de même, il nous reste deux minutes, Roland LESCURE. Un mot sur le monde automobile. Vous avez dit qu’on est en train de mettre en place des gigafactories, des grandes usines autour des batteries électriques ; sauf que l'Allemagne a remis en cause, vous avez vu, la fin du moteur à essence en 2035 devant l'Europe cette semaine. Elle ne veut pas du tout électrique. Quel est votre regard et votre position par rapport à ce dossier ?

ROLAND LESCURE
Non, ce n’est pas qu’elle ne veut pas du tout électrique, c’est qu'ils ont une coalition…

PATRICK ROGER
Non, je ne dis pas qu'elle ne veut pas du tout électrique, elle ne veut du tout électrique ; nuance.

ROLAND LESCURE
Ils ont une coalition dans laquelle un des trois partis, les partis libéraux, souhaitent avoir des exemptions à un règlement européen qui a été négocié et adopté à l'unanimité en juin dernier qui est : en 2035, on arrête de vendre des véhicules thermiques en Europe. Evidemment qu'il faut le faire. D'abord, c'est le sens de l'histoire. Aux enfants, nous le demandent, nos petit-enfants nous le demandent, nos arrière-petits-enfants nous le demandent, si on veut sauver la planète, il faut passer à l’électrique. Deux, je le disais, ça va permettre de créer de l'emploi. Et trois, les constructeurs, aujourd'hui, sont prêts à le faire.

PATRICK ROGER
Les constructeurs, c'est parce qu'on leur a forcé la main, évidemment.

ROLAND LESCURE
Oui, mais une fois que c’est fait…

PATRICK ROGER
Ils n’étaient pas d’accord.
STELLANTIS, il vous disait, TAVARES, non, mais il ne faut pas faire.

ROLAND LESCURE
Et maintenant, vous savez ce qu’ils nous disent ? Maintenant que la décision a été prise, allons-y. Ne tergiversons pas, allons-y.

PATRICK ROGER
Oui, sauf qu’évidemment, l'Allemagne ne veut pas y aller. Parce qu'il y a des carburants de synthèse, il y a des biocarburants.

ROLAND LESCURE
Des carburants de synthèse qui ne décarbonent pas, il faut le savoir. Les carburants de synthèse, c'est une fausse formule magique. La vraie formule magique, mais ça, l'Allemagne a un peu de mal, je dirais, à l'admettre, c'est le nucléaire et l'éolien qui vont nous permettre de bénéficier d'électricité en masse qui, eux-mêmes, vont nous permettre de bénéficier de véhicules électriques en masse. C'est ça le sens de l'histoire. Il faut y aller et arrêtons les tergiversations.

PATRICK ROGER
Merci Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Merci à vous.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 14 mars 2023