Texte intégral
MICHEL JEROME
L’invitée de France Bleu et France 3 Normandie. Ils ne pourront plus être payés plus de 1 390 € brut, maximum, pour 24 heures de garde : le tarif des médecins internes intérimaires, plafonné à partir d’aujourd’hui, application de la loi RIST, des médecins souvent indispensables pour maintenir des services ouverts. La ministre havraise, déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, répond à vos questions, Marianne.
MARIANNE NAQUET
Bonjour Agnès FIRMIN-LE BODO.
AGNES FIRMIN-LE BODO
Bonjour.
MARIANNE NAQUET Le syndicat des intérimaires, le SNMRH, appelle les médecins intérimaires à faire grève. Vous leur dites quoi ce matin ?
AGNES FIRMIN-LE BODO
Je leur dis qu’à partir d’aujourd’hui, l’intérim va se voir appliquer les deux lois qui le régissent, tout d’abord la loi de 2016, qui fixait des plafonds de rémunération, qui à l’époque étaient de 1 170 € brut, que nous proposons de réévaluer à 1 390 € brut. Et la loi qui permet de faire ces contrôles, la loi dite RIST, de 2021. Je veux être très claire, il ne s’agit pas d’interdire l’intérim, il s’agit de lutter contre les dérives. L’intérim est nécessaire pour des remplacements, par exemple à l’hôpital il s’agit de lutter contre des dérives qui sont inacceptables, pour l’hôpital, inacceptables pour les soignants qui travaillent dans ces mêmes services. Comment comprenez-vous que certains vont jusqu’à demander 6 000 € par jour. Ça n’est plus acceptable. C’est ce que nous souhaitons mettre en place aujourd’hui. Lutter contre les dérives.
MARIANNE NAQUET
Ils sont trop gourmands, ces médecins intérimaires, en fait, ils sont juste accaparés par l’argent, vous diriez ?
AGNES FIRMIN-LE BODO
Ils sont accaparés, à la fois par leur travail, mais profitant d’une situation de manque de professionnels, aller jusqu’à demander 6 000 € par jour, alors que d’abord la loi dit que c'est 1 570 €. Mais quand dans les mêmes services vous avez des praticiens qui ne gagnent même pas ça par mois, ça n’est plus acceptable. Et en plus pour l’hôpital ça représente un coût estimé à 1,5 milliard au total, cet argent pourrait servir à embaucher d'autres professionnels ou à faire d'autres investissements dans l'hôpital.
MARIANNE NAQUET
Alors, le syndicat des intérimaires a publié une liste de 300 services menacés selon lui de fermeture, suite à la mise en place de cette loi. Pour en citer quelques-uns : les urgences du centre hospitalier d'Evreux ou encore la chirurgie maxillo-faciale au CHU de Rouen. Les patients sont-ils en danger ce matin avec l’application de cette loi Madame la Ministre ?
AGNES FIRMIN-LE BODO
Depuis fin décembre, nous avons demandé aux ARS de regarder au cas par cas, hôpital par hôpital, service par service, les situations qui pourraient, les hôpitaux ou les services qui pourraient être en difficulté dès aujourd'hui, à partir de l'application de cette loi. Tout d'abord je veux saluer le travail et le travail des directeurs d'hôpitaux, des directeurs d'ARS, qui ont permis d'apporter des réponses, service par service. Je veux saluer la s solidarité entre les hôpitaux, mais aussi comme c'est le cas par exemple à Neuchâtel, saluer les médecins de ville qui pendant quelques jours vont venir apporter leur aide au service des urgences, par exemple, pour que l'hôpital de Neuchâtel puisse continuer à fonctionner.
MARIANNE NAQUET
Et pour les autres, pour ces services qui sont apparemment menacés de fermeture ?
AGNES FIRMIN-LE BODO
Vous avez bien fait de dire « apparemment ». A l'heure où je vous parle, ils ne le sont pas, mais aujourd'hui, c'est aujourd'hui que rentre en application la loi, moi je crois en la responsabilité des praticiens qui s'ils ont dit qu'ils allaient prendre le service, vont le prendre, l'idée c'est bien d'avoir, d'apporter des réponses service par service, hôpital par hôpital, en lien avec les directeurs d'hôpitaux et je veux le redire vraiment très sincèrement, saluer la solidarité entre les hôpitaux et entre la médecine de ville et la médecine d'hôpital.
MARIANNE NAQUET
Madame la Ministre, comment faire si certains médecins intérimaires, on a entendu notamment des anesthésistes parisiens qui ne vont pas aller travailler aujourd'hui, comment on fait s’ils annulent leur venue, on fait quoi pour remplacer ces médecins ?
AGNES FIRMIN-LE BODO
Eh bien il a été travaillé des solutions pour pouvoir répondre en urgence à ces situations difficiles. Mais je veux vous le redire, quand on est praticien hospitalier, je sais aussi la responsabilité qu’ont ces professionnels. Il n'est pas acceptable de mettre en difficulté un service, de ne pas avoir déclaré qu'on ne viendrait pas travailler. Je le redis, il ne s'agit pas d'interdire l'intérim, il s'agit juste de la réguler, parce que ces sommes qui sont maintenant demandées, ne sont pas acceptables. Et que je le redis, possibilité aussi a été donnée aux directeurs d'ARS et aux directeurs d'hôpitaux, outre cette rémunération de 1 390 € brut, de pouvoir aussi… pouvoir permettre aux directeurs d'hôpitaux de donner des primes, par exemple de solidarité territoriale, des primes de garde. Tout ça existe. Je le redis, il s'agit simplement de réguler, de ne pas interdire.
MARIANNE NAQUET
Est-ce que le vrai problème, et c'est ce que pointent certains professionnels du monde hospitalier notamment, est-ce que le vrai problème ce n'est pas les salaires des médecins de l'hôpital ? C'est-à-dire qu’en fait le service public ne rémunère pas assez ses médecins, d’où ce recours massif aux intérimaires.
AGNES FIRMIN-LE BODO
Non, ce recours massif aux intérimaires il est simplement dû à un manque de personnel. Il est dû à un manque de personnel et comme il n’y a pas…
MARIANNE NAQUET
Et ce n’est pas lié au salaire, ça ?
AGNES FIRMIN-LE BODO
Je ne vais pas vous dire que l'enjeu de certains… de salaire des praticiens hospitaliers n'est pas une question, mais si vous pensez que 6 000 € par jour c'est la juste rémunération…
MARIANNE NAQUET
C'est assez rare, selon les syndicats, Agnès FIRMIN-LE BODO.
AGNES FIRMIN-LE BODO
Non, si je vous donne ce chiffre, c’est que ça existe, c'est qu'il existe, parce que certains hôpitaux sont en vraie difficulté est que le directeur, pour assurer la continuité de ses services, a bien sûr cédé à cette tentation. Il ne faut pas aller au-delà, je le répète. L'hôpital public c'est d'abord l'argent des Français qui financent l'hôpital public, je crois qu'il est bon parfois de le redire, et qu'il nous faut aller bien sûr rendre les métiers de la santé attractifs, c'est l’enjeu qui est le nôtre actuellement, mais aussi permettre de payer correctement, c'est l'enjeu qui a été fait notamment à travers le Ségur, qui a permis de d'opter pour un rattrapage des salaires, mais nous devons continuer et assurer la permanence des soins, nous devons rendre les métiers de la santé attractifs, mais nous nous devons aussi de réguler contre des dérives éthiques et financières qui ne sont pas acceptables pour l'hôpital public.
MARIANNE NAQUET
Merci beaucoup Agnès FIRMIN-LE BODO, ministre havraise déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, conseillère départementale de la Seine-Maritime. Bonne journée à vous.
AGNES FIRMIN-LE BODO
Bonne journée.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 4 avril 2023