Interview de M. Sébastien Lecornu, ministre des armées, à RTL le 4 avril 2023, sur le projet de loi de programmation militaire 2024-2030.

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Média : RTL

Texte intégral

AMANDINE BEGOT
Bonjour Sébastien LECORNU.

SEBASTIEN LECORNU
Bonjour.

AMANDINE BEGOT
Et bienvenue sur RTL. Vous présentez tout à l’heure en Conseil des ministres la loi de programmation militaire, c’est en gros le budget de nos armées pour les 7 ans à venir, budget en nette hausse, plus 30%. Mais pour certains experts, c’est encore trop peu. On en parle dans un instant.

Sébastien LECORNU, je le disais, vous présentez ce matin en Conseil des ministres le détail de la loi de programmation militaire, le budget de l’armée pour les 7 ans à venir, 2024-2030. Un budget qui est en nette hausse, 413 milliards d’euros, pour donner une idée à nos auditeurs, on était à 295 milliards d’euros sur la période précédente. C’est quoi l’objectif : rattraper le retard pris au cours de ces dernières années, reconstituer les stocks ?

SEBASTIEN LECORNU
Alors, je pense qu’il y a plusieurs objectifs, pour retenir quelques chiffres tout simples, quand le président de la République a été élu en 2017, le budget annuel des armées était de 32 milliards d’euros, en 2030, il sera par année de 69 milliards d’euros, donc…

AMANDINE BEGOT
Deux fois plus…

SEBASTIEN LECORNU
Ça donne la marge de progression, et c’est évidemment quelque chose d’historique, assez comparable au fond à ce que les Gaullistes ont fait dans les années 60. Au fond, il y a plusieurs objectifs avec cette enveloppe budgétaire inédite, 1°) : c’est de continuer à réparer, alors pourquoi réparer, ça veut donc dire que ça a été abîmé, oui, il y a eu un certain nombre de décisions de baisses de budgets dans le passé, qui ont infecté notre modèle d’armée ; alors, ces décisions d’ailleurs, elles n’étaient pas forcément sans sens, parce qu’on a un modèle qui s’est aussi construit adossé à la guerre froide, dissolution du pacte de Varsovie, au début des années 90, plein de décisions d’ailleurs ont été prises assez logiquement, disparition…

AMANDINE BEGOT
On ne faisait plus la guerre, pour être très clair…

SEBASTIEN LECORNU
Et puis, on n’avait plus besoin de dissuader, donc la disparition du service, suspension du service national, disparition du plateau d’Albion, pour donner des exemples un peu grand public et un peu connues, et puis d’ailleurs, un OTAN, une Europe, qui s’est évidemment tournée vers d’autres défis, et c’est évidemment le 11 septembre 2001 avec les Etats-Unis, et c’est la lutte contre le terrorisme. Et là, on est dans un moment qui est tout à fait invraisemblable, d’ailleurs, à certains égards, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, dans lequel on a une succession de menaces qui s’additionnent entre elles, le terrorisme n’a pas disparu, on n’en parle malheureusement trop peu, il suffit de regarder l’actualité en Afrique pour voir qu’il galope de nouveau. On le voit bien, la guerre en Ukraine est quelque chose qui réhabilite des enjeux de sécurité, y compris en matière de dissuasion nucléaire, puisque Vladimir POUTINE mène cette agression sous voûte nucléaire, des besoins évidemment de se défendre et de protéger et de dissuader l’Europe. Et puis, enfin, et c'est peut-être aussi ce qui explique ce pour quoi – j’en termine par-là – ça coûte cher, parce qu'il y a des sauts technologiques importants et des espaces nouveaux qui se militarisent, l'espace, il y a 20 ans, n'était pas militarisé, dans 20 ans, ça sera un espace complètement militarisé, pareil pour les fonds sous-marins, et peut-être encore de manière plus évidente pour nos auditeurs, la question du cyber, on a bien vu récemment des attaques importantes sur nos hôpitaux. C’est un des exemples parmi d’autres, et ce sont autant de champs sur lesquels au fond il y a une question un peu historique, c’est : est-ce que la France saisit cette opportunité et qu’on reste parmi les quelques nations en capacité de se protéger seules, de manière autonome, ou est-ce qu’au contraire, on décroche et on se met dans la main d’autres capitales, c’est un peu comme si les Gaullistes dans les années 60 avaient dit l’atome, pour la dissuasion nucléaire, ce n’est pas pour la France, et là, le choix que le président de la République a fait, c’est de nous dire à la hauteur de nos moyens, et par définition, il faut faire attention à l’argent public, comment rester dans le club des nations capable de se protéger.

AMANDINE BEGOT
Et on va reparler dans un instant des moyens et de la guerre en Ukraine, mais vous évoquiez ces différentes menaces, il y a aussi la question de l’état de nos armées, on entend beaucoup de choses depuis plusieurs mois, je vous cite juste un exemple, le sénateur LR, Christian CAMBON, qui préside la commission sénatoriale des affaires étrangères et de la défense, il assure qu’en cas de conflit de haute intensité, la France n’aurait que quelques jours de munitions, deux semaines au mieux, dit-il, ça, c’est vrai ou c’est faux, Sébastien LECORNU ?

SEBASTIEN LECORNU
Quand Christian CAMBON dit ça, il précise dans un format expéditionnaire, ça veut dire quoi, c’est dans un format dans lequel il y aurait une guerre de haute intensité ailleurs que sur le territoire national et que les armées françaises seraient engagées, et là, il a raison. Nous avons trop peu de stocks de munitions, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai annoncé il y quelques jours que j’ai demandé au président de la République, qui l’a accepté, et à la Première ministre, une somme de 1,5 milliard d’euros, un peu en urgence en quelque sorte, pour procéder au recomplètement de nos stocks. Mais là aussi, je me suis souvent insurgé, je vais le refaire une nouvelle fois à votre micro ce matin, celles et ceux qui comparent la France à l’Ukraine, en clair, s’il nous arrivait la même chose qu’en Ukraine, on pourrait tenir seulement 15 jours, mais ça, c’est une hérésie, c’est faire…

AMANDINE BEGOT
Parce que…

SEBASTIEN LECORNU
Mais nous sommes dans une puissance dotée avec une dissuasion nucléaire…

AMANDINE BEGOT
Il ne peut pas nous arriver ce qui arrive à l’Ukraine…

SEBASTIEN LECORNU
Pardon, mais nous sommes membres de l’OTAN, l’OTAN qui a fait couler beaucoup d’encre pendant la campagne présidentielle dont on voit bien quand même que cette alliance crée une sécurité collective, ça ne sera d’ailleurs pas consensuel au Parlement sur ce point, et ça sera intéressant d’y revenir…

AMANDINE BEGOT
Et ça, ça vous inquiète ?

SEBASTIEN LECORNU
Pardon aussi de cette annonce incroyable, mais nous sommes à l’Ouest de l‘Europe et pas à l’Est, donc par définition, on voit mal nos voisins immédiats vouloir nous envahir. Pardon de rappeler cette vérité, le sujet aussi du format des armées pour réparer, c’est aussi notre capacité à protéger des intérêts qui sont parfois loin de l’hexagone, soit, parce que ce sont nos Outre-mer, et là, il y a un rattrapage, une réparation importante à faire, soit parce qu’en coalition, on a besoin de nous protéger.

AMANDINE BEGOT
On parlait de ces chiffres, 413 milliards d’euros, ce sont des sommes colossales, vous le disiez, c’est du jamais vu, quand certains Français entendent ces chiffres, ils peuvent peut-être s’étonner, on parle de restriction budgétaire, de rigueur, vous leur répondez quoi, on n’a pas le choix ?

SEBASTIEN LECORNU
Je pense que déjà, le fait de s’étonner est sain et que c’est après le boulot des ministres, des politiques de venir faire cela…

AMANDINE BEGOT
D’expliquer…

SEBASTIEN LECORNU
Comme d’ailleurs dans les années 60, les Gaullistes ont expliqué aussi ce que ça coûterait. Je pense qu’il y a plusieurs choses, on oppose un peu en ce moment, de manière assez étonnante, notre modèle social à notre modèle de sécurité.

AMANDINE BEGOT
Et on parle de 13 milliards d’euros pour les retraites, et on est à 413 milliards pour les armées. Bien sûr rien n’est comparable, mais…

SEBASTIEN LECORNU
Je crois que la guerre en Ukraine rappelle quand même que la paix n'est jamais complètement acquise, même si une fois de plus notre modèle de sécurité est très différent, et je ne vois pas bien comment on aurait un modèle social qui fonctionnerait, qui serait généreux et vertueux, dans un univers sécuritaire complètement dégradé. Donc je pense qu’au bout d'un moment il faut arrêter avec cette démagogie que certains manipulent, en quelque sorte, en plus les chiffres ne sont pas là pour dire cela, parce que notre modèle social globalement c'est 30% de notre PIB, notre défense nationale c'est 1,9% du PIB.

AMANDINE BEGOT
L'objectif c'est d'arriver à 2%. Ceux qui disent " il faudrait 3, 4 " on n'a pas les moyens de ça ?

SEBASTIEN LECORNU
Non mais de toute façon ça sera toujours plus si on en va là, et je peux l'entendre. L'enjeu c'est que ce soit soutenable aussi pour les finances publiques. Vous savez par le passé, il y a eu des lois de programmation militaire avec des chiffres alléchants, et derrière l'exécution comme on dit si bien, c'est-à-dire en clair l'argent réellement voté par le Parlement pour le gouvernement n'était pas au rendez-vous. Ce que le président de la République m'a demandé, c'est de faire une programmation qui soit soutenable et tenable…

AMANDINE BEGOT
Réaliste.

SEBASTIEN LECORNU
Réaliste à l'euro près, comme Florence PARLY l’avait fait d'ailleurs avant moi, entre 2017 et ce jour.

AMANDINE BEGOT
On parlait Sébastien LECORNU de l'Ukraine. L’aide justement à l'Ukraine on en est où ? Combien de chars promis sont arrivés sur place ? Ils y sont d'ailleurs ?

SEBASTIEN LECORNU
Les AMX-10 RC sont arrivés, ils sont même sur la ligne de front. Ce sont des chars sur roues pour rappeler pour nos auditeurs.

AMANDINE BEGOT
Les chars Leclerc, il n’en est toujours pas question ?

SEBASTIEN LECORNU
Non, parce qu'on en a trop peu, et que ça ne serait pas levier à l'export et que l'entretien de ces chars est relativement complexe.

AMANDINE BEGOT
Pas de question non plus pour les avions ? Emmanuel MACRON avait dit il y a quelques semaines « rien n'est exclu ». C'est toujours le cas ou…

SEBASTIEN LECORNU
Oui, rien n’est exclu, pas de tabou, mais au moment où nous parlons ça ne fait pas l'objet des discussions avec les Ukrainiens. Les Ukrainiens nous attendent sur deux segments pour être très clair. Le premier c'est le segment terrestre, en clair la capacité à les aider à mener des contre-offensives efficaces dans les semaines qui viendront, l'artillerie, les canons CAESAR désormais connus, mais il n’y a pas que ça, il y aussi les VAB, les AMX-10 RC dont je viens de vous parler. Et puis bien sûr la défense sol-air, qui est un point important parce qu'il y est autant militaire que civil. Protéger le champ de bataille, protéger les grandes agglomérations civiles ukrainiennes, sur toutes les couches, petites couches, lutte anti drones, jusque les couches les plus importantes le fameux SAMP T que nous allons livrer avec nos amis italiens, ce sont les deux segments sur lesquels on a choisi de se spécialiser avec le troisième qui est la formation.

AMANDINE BEGOT
Sur le terrain on en est où vraiment ? On entend beaucoup de choses, c'est aussi bien sûr une guerre de communication de part et d'autre, la situation est figée, le président ZELENSKI parle de contre-offensive mais elle ne semble pas arriver. Qu'est-ce qu'il attend ? Il attend justement tous ces moyens qui ont été promis par les Occidentaux ?

SEBASTIEN LECORNU
Alors, les commentaires sont toujours difficiles. Je note que ceux qui s’y sont risqué trop rapidement, il y a plus d'un an, se sont globalement tous trompés, et donc on voit bien que l'Ukraine donne une leçon à tout le monde. Qu'est-ce que l'on voit dans cet hiver dont le climat je rappelle est un des paramètres importants aussi de l'analyse de la situation sur le terrain, c'est que de fait le front est relativement figé. Ça veut dire quoi, c’est que les Russes avancent, mais ils avancent de manière modérée, au prix de pertes humaines absolument invraisemblables, c'est-à-dire en clair pour avancer Vladimir POUTINE et ses chefs d'état-major ont accepté une forte létalité sur le terrain. Bakhmout, par exemple, là où en lus la milice paramilitaires Wagner est employée on parle de plusieurs centaines de morts par jour du côté russe. Les chiffres sont difficiles…

AMANDINE BEGOT
Bakhmout, c’est aux mains des Russes aujourd’hui ?

SEBASTIEN LECORNU
Ah, la situation est très…

AMANDINE BEGOT
C’est compliqué, on ne sait pas bien quoi…

SEBASTIEN LECORNU
On sent que les Ukrainiens, je ne veux pas faire trop de commentaires publics, vous le comprendrez…

AMANDINE BEGOT
Bien sûr…

SEBASTIEN LECORNU
Mais on sent que les Ukrainiens tiennent et régulent justement la ligne à Bakhmout, ce qui leur permet aussi de régénérer leurs forces en arrière.

AMANDINE BEGOT
Vous croyez toujours à une victoire de l'Ukraine ?

SEBASTIEN LECORNU
Il le faut.

AMANDINE BEGOT
Ça sera long ? Combien de temps ?

SEBASTIEN LECORNU
Ça peut durer, c'est pour ça que, moi, je prépare aussi nos organisations…

AMANDINE BEGOT
Des années donc ?

SEBASTIEN LECORNU
Ah, ça, je ne sais pas, mais une fois de plus, personne, ayons l’humilité de considérer qu'on ne sait pas répondre à cette question, en tout cas, moi, je prépare nos industriels de défense, je prépare notre système, y compris sur le terrain budgétaire… à la soutenabilité, à tenir dans la durée, parce que c'est l’honneur de la France que d’être fiable.

AMANDINE BEGOT
Sébastien LECORNU, je reviens à cette loi de programmation militaire, vous avez annoncé la construction d'un nouveau porte-avions nucléaire confirmé, celui qui succédera au Charles de Gaulle, là encore, c'est une nécessité, on n'a pas le choix ?

SEBASTIEN LECORNU
Eh bien, en tout cas, oui, parce que nous faisons partie de ce club des nations très fermé, qui peuvent en disposer, et on le voit bien aujourd'hui, des routes qui permettent de faire circuler les hydrocarbures à Ormuz, à Bab el Mandeb, à Suez, ce sont des routes qu’il va falloir sécuriser à l'avenir, et le porte-avions va nous y aider.

AMANDINE BEGOT
Il va s'appeler comment ce porte-avions, je sais que c'est Emmanuel MACRON qui doit choisir, mais j'imagine que vous avez une petite idée, ce n'est pas rien de succéder au Charles-de-Gaulle quand même ?

SEBASTIEN LECORNU
J’ai des idées, mais dont je n’ai même pas encore parlé au président de la République.

AMANDINE BEGOT
Bon, et vous ne pouvez pas nous en donner au moins une ?

SEBASTIEN LECORNU
Non, je crois…

AMANDINE BEGOT
Non, mais il faut un nom de quelqu’un, enfin, un nom de personnalité…

SEBASTIEN LECORNU
Il faut que ça corresponde à notre histoire, je crois, on n'est pas une armée comme les autres, on a des racines profondes, et je pense que c'est bien de les célébrer aussi dans ce genre d'exercice.

AMANDINE BEGOT
Deux petites questions encore, dans cette loi de programmation, il y a le recrutement de nouveaux réservistes, ça, c'est un objectif pour vous ?

SEBASTIEN LECORNU
Oui, pour moi, c’est clé, c'est la vraie transformation aussi de notre modèle de l'armée, de 300.000 militaires à terme, dont 100.000 réservistes, quand on va présenter les choses comme ça, ça sera différent, et donc on va donner les moyens financiers pour le faire, on va aussi revoir les critères…

AMANDINE BEGOT
Mais ça veut dire quoi, que vous dites aux auditeurs : il faut…

SEBASTIEN LECORNU
Oui, prochainement, j’aurai l’occasion de revenir devant la nation en disant qu’on a trouvé, enfin, on a mis en place des capacités de s'engager comme réserviste, d'ailleurs, on va réhausser les limites d'âge, je vous l'annonce ce matin, puisque, désormais, on pourra être réserviste dans les armées françaises jusqu'à l’âge de 70 ans, et pour certaines fonctions spécialistes, 72 ans, parce qu’on a beaucoup de gens…

AMANDINE BEGOT
Jusqu’ici, c’était ?
SEBASTIEN LECORNU
Alors, ça dépend. Justement, il y avait dix âges différents, l’enfer…

AMANDINE BEGOT
C’était trop compliqué, on simplifie…

SEBASTIEN LECORNU
Et beaucoup de gens de qualité qui voulaient continuer leur parcours dans la réserve se retrouvaient éjectés par la limite d'âge, qui était un non-sens.

AMANDINE BEGOT
Toute dernière question, il n'y a pas de trace du SNU, le Service National Universel obligatoire, pourquoi, c’est trop cher ou ce n'était pas le moment dans le contexte ?

SEBASTIEN LECORNU
Non, on a décidé de le sortir de notre programmation militaire…

AMANDINE BEGOT
C’est une promesse d'Emmanuel MACRON.

SEBASTIEN LECORNU
Mais il est toujours d'actualité, et la secrétaire d'Etat en charge, Sarah El HAÏRY, a reçu l'instruction de la Première ministre de continuer à étudier les voies de la généralisation.

AMANDINE BEGOT
On ne peut pas faire n'importe quoi dans le contexte actuel politiquement ?

SEBASTIEN LECORNU
Non, mais de fait, de toute façon, c'est une question sensible, on parle à la jeunesse, et donc, on parle à la jeunesse et aussi à l'avenir de la France, donc je pense que le SNU est un formidable projet, mais qu'il faut effectivement bâtir avec beaucoup de solidité, et c'est ce que fait la secrétaire d'Etat.

AMANDINE BEGOT
Merci beaucoup Sébastien LECORNU.

SEBASTIEN LECORNU
Merci à vous.

YVES CALVI
La France reste en capacité de se protéger comme le voulaient les Gaullistes après la guerre, vient de nous dire le ministre des Armées, vous restez avec nous, Sébastien LECORNU, puisque vous êtes maintenant dans l'œil de Philippe CAVERIVIERE, j'ai bien dit l'œil, pas le viseur.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 4 avril 2023