Déclaration de Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur le thème "Contrer le recul de la culture scientifique à l'école, au sein de l'État et dans nos politiques publiques", à l'Assemblée nationale le 5 avril 2023.

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Circonstance : Débat sur le thème "Contrer le recul de la culture scientifique à l’école, au sein de l’État et dans nos politiques publiques", Assemblée nationale le 5 avril 2023

Texte intégral

Mme la présidente
L’ordre du jour appelle le débat sur le thème : « Contrer le recul de la culture scientifique à l’école, au sein de l’État et dans nos politiques publiques. »
La conférence des présidents a décidé d’organiser ce débat en deux parties. Dans un premier temps, nous entendrons les orateurs des groupes, puis le Gouvernement ; nous procéderons ensuite à une séquence de questions-réponses.

(…)

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Mme Sylvie Retailleau, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche
Pour commencer, je veux remercier le groupe Socialistes et apparentés d’avoir inscrit le thème du recul de la culture scientifique à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Pour le Gouvernement aussi, il s’agit d’un sujet majeur.

Vendredi dernier, j’ai eu un échange passionnant avec les chercheurs français qui ont contribué à la rédaction de la synthèse du sixième rapport d’évaluation du Giec. Nous avons évoqué les conclusions de ce rapport et souligné le rôle de la recherche et de la technologie dans le suivi et la modélisation de l’impact du réchauffement climatique, ainsi que dans l’élaboration de solutions. Nous avons beaucoup parlé de ce qui nous réunit ce soir : la conviction qu’il faut accroître la culture scientifique dans notre société, dès le plus jeune âge, afin d’éclairer le débat public et la prise de décision politique.

Au mois de janvier dernier, l’établissement public Universcience a publié les résultats de son premier Baromètre de l’esprit critique. Les résultats de ce sondage sont encourageants, puisqu’ils montrent que nos concitoyens ont majoritairement confiance en la science et conscience qu’elle fait partie de leur quotidien. Ce sondage révèle toutefois des disparités générationnelles, socio-économique et de genre. Un tiers de nos concitoyens ne sont pas convaincus du lien entre le réchauffement climatique et le CO2 produit par les activités humaines. Cet exemple est emblématique du défi que représente l’appropriation des résultats des recherches scientifiques par la société. Le réchauffement climatique nous touche toutes et tous et nous voyons, hélas, son impact croître chaque année dans notre vie quotidienne. Sur ce sujet, la médiation scientifique doit impérativement poursuivre ses efforts.

Il s’agit de donner à chaque citoyen les informations nécessaires pour se forger un avis éclairé. L’actualité récente a montré à quel point cela est nécessaire. Je pense bien sûr aux fake news , que certains d’entre vous ont évoquées. Une fausse information est facile à créer ; une fois créée, elle circule si facilement et si vite…

Pour les jeunes, notamment, les réseaux sociaux sont des vecteurs puissants de ces fausses informations qui font aujourd’hui des adeptes. Une enquête de l’Ifop de 2022 nous apprend que, pour plus d’un jeune sur quatre, les êtres humains ne sont pas le fruit d’une longue évolution d’autres espèces, mais qu’ils ont été créés par une force spirituelle. Ainsi, pour 19 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans, les pyramides égyptiennes ont été bâties par des extraterrestres. Vous avez cité d’autres exemples issus de cette enquête : ils prouvent tous qu’il est urgent de préparer notre jeunesse au déferlement des fake news, dont les conséquences civiques peuvent être graves. Sur ce sujet, nous sommes tous impliqués et responsables.

Il est de notre responsabilité de développer l’esprit critique de nos concitoyens à l’aide d’un apprentissage basé sur une méthodologie et un raisonnement qui apprend à considérer plusieurs points de vue pour se construire un avis basé sur des faits. Cet avis doit se fonder sur une information scientifique de qualité et vérifiée, qui prend du temps à être produite et à être diffusée. Car la science – et c’est très bien ainsi – est exigeante, rigoureuse, précise et réfléchie. Elle ne s’accommode pas de petits raccourcis ; elle ne transige pas avec la vérité.

Cela pourrait sembler décourageant, et l’on peut se demander comment lutter contre cette asymétrie. Mais nous pouvons le faire, je le crois, en faisant tout pour rendre accessibles au plus grand nombre les connaissances et les avancées de la science. Cela passe par la diffusion de la culture scientifique, mais aussi par le fait de mettre en avant la parole scientifique dans le débat public. Je vous remercie donc vraiment de nous donner l’occasion de débattre ensemble de ce sujet ; j’en suis personnellement heureuse.

La diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle est au cœur des missions des établissements d’enseignement supérieur ; elle est d’ailleurs inscrite dans le code de l’éducation. C’est pourquoi il est indispensable de mieux reconnaître la relation entre science et société comme une dimension à part entière de l’activité scientifique, donc de l’activité de nos enseignants-chercheurs et de nos enseignantes-chercheuses.

La culture scientifique doit aller vers les citoyens, afin de faire tomber les préjugés ou les réticences qui peuvent les éloigner des vérités scientifiques. En tant que chercheuse, il m’a toujours semblé important de m’engager personnellement pour faire vivre cette diffusion de la culture scientifique, au plus près du terrain, au plus près des jeunes et des écoles. Et je connais, pour en avoir fait l’expérience, l’importance de ces moments de partage : je pense aux actions que j’ai menées dans des communes comme Marcoussis, Saint-Arnoult-en-Yvelines, Grigny, Dourdan, Les Ulis, Montigny-le-Bretonneux et bien d’autres encore. Je suis convaincue que la compréhension de phénomènes scientifiques et la transmission d’un certain enthousiasme – car oui, la science est aussi enthousiasmante ! – peuvent réellement contribuer à faire naître des vocations chez les plus jeunes, mais surtout à créer une curiosité, une ouverture sur le monde et le goût de chercher des réponses.

Je pense par exemple à la bande dessinée lauréate du prix « Le goût des sciences » 2022 dans la catégorie « prix du livre scientifique jeunesse », décerné par des jeunes âgés de 9 à 13 ans : Les Femmes de sciences vues par une ado un peu vénère ! Son titre montre bien l’enjeu auquel nous faisons face, cette préoccupation que nous partageons, le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse et moi-même, et qui a trait à l’attractivité des filières scientifiques, en particulier pour les jeunes filles. Pour apporter à ce défi les réponses qu’il mérite – j’en avais parlé lors de la remise du prix Irène-Joliot-Curie –, nous lancerons des assises consacrées à l’attractivité des sciences pour les femmes, qui rassembleront tous les acteurs du monde de la recherche et de l’enseignement supérieur.

En matière de culture scientifique, si nous devons nous adresser à la société dans son ensemble, nous devons commencer très en amont et nous tourner d’abord vers nos enfants, pour leur redonner le goût des sciences, notamment celui des mathématiques. En effet, l’esprit critique est au cœur du projet de l’école républicaine, et il doit reposer très tôt sur la culture scientifique et sur son fondement, les mathématiques, dont il est beaucoup question en ce moment. Le renforcement de leur enseignement en 2023 est ainsi crucial pour le ministère de l’éducation nationale, qui doit préparer – et il le fait – les étudiants de demain.

Je suis par ailleurs particulièrement attentive à ce que la médiation scientifique soit mieux reconnue comme une mission structurante de nos doctorants et de nos chercheurs. Les exemples sont nombreux et je voudrais en rappeler quelques-uns. Dans le cadre de leur contrat, les doctorants peuvent se voir confier une mission de « valorisation des résultats de la recherche scientifique et technique », afin de promouvoir leurs activités de recherche et leurs réalisations au-delà de la sphère académique, auprès des élèves et des enseignants du primaire et du secondaire, mais aussi de l’ensemble des acteurs du monde socio-économique et même de tous les citoyens. Le ministère de l’éducation nationale noue ainsi des liens avec des fondations comme La Main à la pâte, qui développe le réseau des Maisons pour la science et avec qui il a passé une convention ; nous souhaitons les développer et nous allons le faire, en nous appuyant sur ces contrats doctoraux qui pourraient être utilisés pour enrichir cet effort de médiation.

En 2020, pour que l’excellence de la recherche puisse se diffuser dans la société, la loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 a entériné la création de cinq chaires juniors et de cinq chaires seniors au sein de l’Institut universitaire de France (IUF), pour inviter nos meilleurs chercheurs à développer les relations entre les établissements d’enseignement supérieur et de recherche et la société. C’est aujourd’hui un succès.

Ensuite, je ne peux évidemment pas oublier la création de la médaille de la médiation scientifique du CNRS – Centre national de la recherche scientifique –, qui récompense des femmes et des hommes qui placent la science au cœur de la société et qui diffusent une information scientifique accessible à différents publics.

La culture scientifique peut également se renforcer grâce à ce que l’on appelle la recherche participative. Vous en avez peu parlé, mais cela consiste à associer des acteurs de la société civile à un travail de recherche donné : le lien entre la science et l’expression d’un besoin par l’usager est ici immédiat. Cet échange, qui peut aller jusqu’à la coconstruction de la démarche scientifique, permet de nourrir la confiance en une science éthique et responsable, au service de la société. La charte des sciences et recherches participatives en France a été signée par de nombreux acteurs de la recherche – organismes nationaux de recherche et universités – mais aussi par un grand nombre d’ONG et d’associations, ce qui souligne l’intérêt citoyen pour cette démarche.

Depuis plusieurs années, mon ministère soutient fortement les actions labellisées « Science avec et pour la société » (Saps). Des moyens dédiés ont été mobilisés, dans la loi de programmation de la recherche, afin de les renforcer. J’en citerai quelques-uns. Un label assorti de moyens a été créé pour les sites universitaires, afin qu’ils puissent se mobiliser en faveur de ces actions qui étaient jusqu’alors souvent accomplies bénévolement par les chercheurs, peu reconnues dans leurs carrières et peu soutenues. Aujourd’hui, ce sont vingt universités qui se sont dotées d’un programme « Science avec et pour la société » ; dans chacune d’entre elles, un vice-président est chargé de le promouvoir et c’est là aussi un élément nouveau, qui n’existe que depuis quelques années. Désormais, 1 % du budget d’intervention de l’ANR est consacré à ces actions. Enfin, les chercheurs sont systématiquement encouragés à intégrer à leurs projets de recherche un volet de médiation scientifique.

Afin que la culture scientifique alimente le débat public, réponde aux interrogations des citoyens et éclaire les décisions politiques, il est nécessaire que l’ensemble des parties prenantes puissent se réunir pour débattre des sujets d’actualité qui émergent sur le front scientifique et des actions entreprises dans le domaine des relations entre science et société. À cette fin, il existe une instance consultative, placée auprès de la ministre de la culture et de moi-même, et que certains d’entre vous ont mentionnée à la tribune juste avant moi : le Conseil national de la culture scientifique, technique et industrielle. Il est essentiel que le Gouvernement soutienne avec vous une ambition réelle et forte pour la science, avec et pour la société. Je vais donc proposer à ma collègue ministre de la culture de relancer très vite cette instance, en travaillant aux modalités permettant d’y associer pleinement chercheurs et citoyens.

La double mission qui a été confiée à mon ministère – et ce depuis qu’il existe – est la suivante : repousser toujours plus les frontières de la connaissance, et en garantir la transmission et la diffusion. C’est cela qui nous permettra, j’en suis convaincue, de relever les grands défis auxquels nous sommes collectivement confrontés. À nous de redonner confiance dans la science et goût pour la science, de réveiller les curiosités et de rappeler, comme le disait Marie Curie, que « rien n’est à craindre, tout est à comprendre ».

Je voudrais terminer en citant un autre savant dont la maxime devrait guider l’enseignement et la formation de tous nos étudiants, à toutes les étapes, de l’école jusqu’à l’université : Montaigne, qui disait qu’il vaut mieux « une tête bien faite qu’une tête bien pleine ». C’est ainsi que nous pourrons les amener vers les sciences tout en développant leur esprit critique ; c’est une révolution à laquelle nous devons nous employer collectivement. Depuis des années, on ne cesse d’ajouter du contenu au contenu, mais je crois que ce sont d’abord l’esprit critique, la méthodologie scientifique et l’amour des sciences qui doivent nous guider, en particulier au cours du débat qui nous réunit ce soir. (Applaudissements sur les bancs des groupes RE et Dem.)

Mme la présidente
Nous en venons aux questions. Je vous rappelle que la durée des questions comme celle des réponses est limitée à deux minutes, sans droit de réplique.
Nous commençons une question du groupe Socialistes et apparentés (membre de l’intergroupe NUPES). La parole est à M. Mickaël Bouloux.

M. Mickaël Bouloux (SOC)
Au cours des dernières années, nous avons constaté une diminution de l’intérêt pour la culture scientifique en France, ce qui n’a pas été sans effet sur la perception des sciences et de l’innovation par le grand public. Dans le contexte mondial actuel, la science et la technologie ont un rôle crucial à jouer si nous voulons relever les défis qui se présentent en matière de santé, de changement climatique et de développement économique ; il est donc essentiel de renforcer la culture scientifique dans notre pays.

Je voudrais compléter mon exposé de questions très précises. D’abord, quelles politiques le Gouvernement compte-t-il engager, à la suite du dernier quinquennat, pour que les filles accèdent de la même manière que les garçons aux formations scientifiques ? Ensuite, comment le Gouvernement compte-t-il offrir à nos élèves un nombre suffisant de professeurs de sciences et de mathématiques, sans renoncer à une exigence de qualité en matière de formation ? Sur ce point, il pourrait être opportun de réfléchir à l’attractivité de nos filières d’enseignement sur la scène internationale et à celle des rémunérations des professeurs. Enfin, quelles perspectives de mixité sociale pouvez-vous offrir à nos élèves, puisqu’il s’agit de créer une émulation plutôt qu’une ségrégation reproduisant les inégalités, notamment dans les matières scientifiques ?

Au-delà de ces trois questions qui ont trait à l’éducation, quelles mesures spécifiques votre ministère envisage-t-il de déployer pour encourager l’intérêt du public à l’égard de la science et de l’innovation ? En particulier, comment comptez-vous collaborer avec les acteurs clés du secteur scientifique, les médias et les institutions éducatives pour améliorer la communication et le partage de connaissances scientifiques auprès du grand public, et ainsi lutter contre la désinformation et les mouvements antiscience ?

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Vos questions sont multiples et je ne vais probablement pas y répondre de manière exhaustive, mais je voudrais d’abord redonner un chiffre relatif à l’orientation des jeunes filles : 55 % d’entre elles choisissent la spécialité « mathématiques » en classe de première. À partir de la terminale, elles s’orientent plutôt vers des disciplines comme la physique ou la chimie, pour ensuite se tourner par exemple vers la filière des métiers de la santé, pour ne citer qu’une de ces filières – on les connaît – qui comptent beaucoup plus de filles.

Le travail consistant à donner aux filles le goût des matières scientifiques, qui a démarré au niveau de l’éducation nationale, doit être entrepris dès l’école primaire pour permettre aux sciences et en particulier aux mathématiques de retrouver leur attractivité, et aux élèves concernées d’avoir davantage le choix. Afin de les attirer vers les filières scientifiques – je pense en particulier au secteur de l’industrie verte –, nous allons, Bruno Le Maire, le ministre de l’éducation nationale et moi-même, instaurer des quotas au niveau des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) – mais pas au-delà. En suivant des cohortes d’élèves année après année, nous pourrons observer, en lien avec des scientifiques et en fonction des filières, l’impact des différentes mesures que nous allons prendre d’abord au niveau des lycées – certains dispositifs, à ce niveau, sont déjà en place – et ensuite dans le supérieur. Nous pourrons ainsi évaluer quelles mesures sont efficaces pour attirer l’ensemble des élèves, et en particulier les filles, vers les filières scientifiques.

Une autre de vos questions a trait à la diffusion de la culture scientifique. Nous allons aussi y travailler, en collaboration avec des associations comme les Maisons pour la science, qui sont promues par la fondation La Main à la pâte, et avec les médias. Nous nous appuyons pour cela sur les doctorants et sur les chercheurs, que nous nous efforçons de former à la médiation scientifique : nous allons faire en sorte que les activités de ce type soient reconnues dans leur carrière et qu’ils y consacrent un sixième de leur temps de travail total, dans le cadre des missions complémentaires qui leur sont assignées. Les doctorants, notamment, pourront ainsi diffuser la culture scientifique en lien avec les associations de médiation. Voilà des exemples d’actions que nous allons entreprendre ; nous en discuterons lors des prochaines assises de la médiation scientifique, qui se pencheront en particulier sur la question de l’attractivité des sciences pour les filles. (MM. Jean-Luc Fugit et Stéphane Mazars applaudissent.)

Mme la présidente
Nous en venons à la question du groupe Écologiste-NUPES. La parole est à Mme Christine Arrighi.

Mme Christine Arrighi (Écolo-NUPES)
« La culture scientifique, c’est l’un des plus grands enjeux démocratiques qui soient. Plus que jamais, il faut travailler à en élever le niveau dans la population, mais aussi chez nos décideurs. » Ces mots ne sont pas les miens mais ceux d’une journaliste, rédactrice en chef d’une revue scientifique québécoise, Marie Lambert-Chan. J’ai pour ma part des propositions à vous faire sur le sujet.

Nous disposons à l’Assemblée nationale d’un remarquable outil : l’Opecst. Le groupe Écologiste vous suggère de valoriser ses rapports, ses notes scientifiques et ses comptes rendus d’auditions qui s’empilent et finissent parfois dans un carton sans avoir été diffusés. Ils pourraient éclairer utilement nos débats et nos décisions.

La même Marie Lambert-Chan nous explique : « Avoir une culture scientifique, ce n’est pas tout savoir des sciences. C’est plutôt d’avoir soif d’en apprendre toujours plus sur les sciences, de comprendre la démarche scientifique, de cultiver à la fois son esprit critique et son sens de l’émerveillement. » Nous vous proposons donc d’organiser de grands débats publics dans la société avant que le Parlement ne se prononce sur des sujets importants – citons, au hasard, l’énergie et le nucléaire. Comment ne pas organiser un grand débat public avant que nous prenions ici des décisions qui nous engagent sur le plan financier et écologique pour des milliers d’années ?

Avant de légiférer, pourquoi ne pas organiser un grand débat dans la société, éclairé par les travaux de l’Opecst, sur la mise en place des ZFE, les zones à faibles émissions, sachant que les pollutions provoquent entre 50 000 et 80 000 morts par an ? Ne serait-il pas utile d’informer la population des effets des pollutions ?

Je pourrais donner d’autres exemples. À quand un grand débat dans la société sur la fraude fiscale qui nous empêche d’agir et d’opter pour la transition écologique, sans que le grand public en ait suffisamment connaissance ? Nous avons d’autres pistes concernant l’éducation, l’université…

Mme la présidente
Veuillez conclure, madame la députée.

Mme Christine Arrighi
Il y a des pistes démocratiques qui ne sont pas explorées.

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Merci pour ces propositions concrètes, madame la députée.
Le CNCSTI, que nous allons relancer avec le ministère de la culture, va pouvoir se nourrir des rapports de l’Opecst auxquels vous faites allusion, ainsi que d’autres sources telles que les rapports que nous sollicitons de la part des académies.

Quant aux débats, le Gouvernement en a déjà lancé sur certains sujets comme celui de la fin de vie. Cette façon de mobiliser les citoyens pour débattre sur de grands sujets de société n’est pas sans rapport avec la diffusion de la culture scientifique qui, selon moi, doit se faire en amont des débats comme de la recherche participative. Pour que la culture scientifique puisse éclairer et nourrir les débats et les recherches participatives, il faut créer un lien entre les citoyens et les scientifiques qui travaillent dans les nombreux établissements de recherche et les universités. L’échange doit se faire dans les deux sens pour aboutir au partage d’une information construite, basée sur des faits, c’est-à-dire scientifique.

Mme Christine Arrighi
Il aurait été bon de le faire pour l’énergie !

Mme la présidente
Nous passons aux questions du groupe Renaissance. La parole est à M. Stéphane Mazars.

M. Stéphane Mazars (RE)
Comme mon excellent collègue Jean-Luc Fugit l’a indiqué dans son propos liminaire, il reste encore beaucoup à faire dans notre pays pour promouvoir et faire vivre une culture scientifique large et de qualité. On connaît l’importance des apprentissages fondamentaux en mathématiques et les difficultés que nous rencontrons dans ce domaine, mais j’aimerais vous interroger, madame la ministre, sur la culture scientifique dans l’enseignement supérieur.

Ce qui entrave la maîtrise d’une culture scientifique en France, c’est que l’étude des sciences n’y est pas populaire au sens propre. Lorsque l’on étudie les sciences en France, on le fait dans le cadre élitiste de la classe préparatoire, c’est-à-dire à un niveau d’excellence. Plus de 53 % des élèves des classes préparatoires suivent des enseignements scientifiques. Ainsi se renforce ce préjugé qu’en dehors de la voie royale, celle des classes préparatoires, il n’y aurait finalement pas grand intérêt à étudier les sciences. Le faire à l’université serait donc devenu un choix par défaut.

Quel levier pourrions-nous activer à l’université et plus globalement dans les formations non sélectives scientifiques pour les rendre plus attractives ? Comment changer l’image d’une formation vue comme au rabais en comparaison avec les prestigieuses classes préparatoires scientifiques ?

J’en viens à la place des filles dans les sciences, sujet que nous avons abordé lors d’une table ronde organisée à la commission des affaires culturelles et de l’éducation, il y a quelques mois. Alors qu’elles sont identifiées par toutes les études comme meilleures élèves que les garçons, les filles s’autocensurent et délaissent les filières scientifiques d’excellence. C’est pourtant par leur intermédiaire que pourrait s’opérer la démocratisation de l’apprentissage des sciences. Comment venir à bout du préjugé selon lequel les filles seraient de mauvaises scientifiques et garantir ainsi une culture scientifique touchant le plus grand nombre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.)

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Merci pour cette double question, qui m’intéresse énormément à titre personnel depuis des années, monsieur le député.

Il n’est pas nouveau de comparer les classes préparatoires et l’université, en particulier dans les domaines scientifiques. En revanche, pour diverses raisons, on observe depuis quelques années une décrue du nombre d’étudiants qui choisissent les classes préparatoires. Malgré leur bonne méthodologie scientifique et toutes leurs qualités, les classes préparatoires n’attirent plus nos jeunes, qui préfèrent partir à l’étranger, à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), à Zurich ou à Londres, plutôt que de s’inscrire dans les licences scientifiques de nos universités.

C’est pourquoi l’université essaie désormais de proposer une diversité de parcours répondant à la diversité des profils des jeunes, en particulier des filles : licences sélectives ou non sélectives, pluridisciplinaires ou bidisciplinaires, afin de s’adapter aux demandes de passerelles entre les formations. L’étudiant peut se tromper, choisir, rebondir, suivre une formation et bifurquer plus tard. La diversité des formations offertes par l’université permet des parcours variés. Selon son profil et ses projets, l’étudiant pourra opter pour une classe préparatoire ou l’université, deux filières qu’il ne faut pas opposer car elles garantissent une offre diversifiée.

Quant aux filles qui choisissent des filières scientifiques, elles représentent 30 % des effectifs des classes préparatoires, 39 % des étudiants en licences, 42 % des étudiants en masters et 41 % des doctorants. Elles vont donc plus facilement à l’université. Il faut s’y prendre dès l’école primaire, la formation des professeurs des écoles et l’élaboration des livres de classe pour montrer aux filles que les sciences, les mathématiques, la physique et les sciences de l’ingénieur mènent aussi vers la santé, l’environnement et de nombreux secteurs qui peuvent les attirer. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.)

Mme la présidente
La parole est à Mme Béatrice Piron.

Mme Béatrice Piron (RE)
J’ai décidé d’aborder la question de la culture scientifique dans nos écoles primaires, notamment le recrutement des enseignants au profil scientifique pour le premier degré. L’éducation est l’un des piliers fondamentaux de notre société : elle permet à nos enfants de se développer intellectuellement, socialement et émotionnellement. Pour cela, il est essentiel que les enseignants qui dispensent cette éducation aient des profils diversifiés et possèdent les compétences nécessaires pour transmettre les connaissances de manière efficace.

En 2019, les élèves de CM1 en France ont obtenu le score très moyen de 485 points en mathématiques dans l’enquête internationale sur les acquis scolaires Timss, soit 44 points de moins que le score moyen des pays de l’OCDE. De plus, la confiance en soi et la motivation des élèves à l’égard des mathématiques se dégradent fortement entre le CM1 et la classe de quatrième. Or nous constatons depuis quelques années que la baisse des résultats coïncide avec une baisse du nombre d’enseignants ayant à l’origine un profil scientifique.

La présence des enseignants au profil scientifique dans le premier degré est cruciale, ceux-ci étant les plus à même de transmettre les bases mais aussi le goût pour les sciences et les mathématiques à leurs élèves. De plus, ces enseignants contribueront à susciter chez les élèves un intérêt pour les carrières scientifiques et techniques, en leur montrant la pertinence de ces matières dans la vie quotidienne. Il est aussi important d’encourager les filles, dès leur plus jeune âge, à s’intéresser aux sciences et à envisager des carrières scientifiques, quand on sait qu’elles ne représentent que 24 % des ingénieurs en France. Nous devons donc faciliter le recrutement d’enseignants ayant ces profils scientifiques pour le premier degré.

Madame la ministre, où en sont les pistes de réflexion avec le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse concernant le passage du concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE) dès la fin de la licence ? A-t-on une idée des délais nécessaires pour modifier les critères d’accès au concours ? A-t-on envisagé de renforcer le coefficient de l’épreuve écrite de mathématiques au CRPE, afin de garantir un bon niveau scientifique des candidats et de faciliter leur admission ? (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.)

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Sans répéter tout ce que vous avez très bien expliqué concernant le profil des professeurs des écoles, j’indique que 64 % d’entre eux ont un bac scientifique. Nous devons donc porter attention à la phase de formation ultérieure. En 2020, le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse a créé le parcours préparatoire au professorat des écoles (PPPE), sur une base très pluridisciplinaire, en renforçant la part des mathématiques et des sciences – comme du français – dans le tronc commun de cette formation.

Suivant le vœu du Président de la République, nous travaillons avec le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse afin de rendre ce parcours plus lisible, en le faisant commencer dès la première année de licence, sans remettre en cause la mastérisation. Ce travail en cours se fait de manière progressive, en concertation avec les enseignants et les étudiants, pour réussir cette réforme et faire en sorte que le PPPE soit réellement pluridisciplinaire tout en y renforçant la place des sciences et des mathématiques. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.)

Mme la présidente
La parole est à M. Lionel Vuibert.

M. Lionel Vuibert (RE)
Madame la ministre, je souhaite vous interpeller sur le dispositif de la nouvelle sixième, qui entrera en vigueur dès la rentrée 2023. Cette réforme vise à mettre en place une heure de soutien ou d’approfondissement en mathématiques ou en français pour tous les élèves entrant au collège, au détriment de la technologie, dont l’heure d’enseignement devrait être supprimée.

Cette suppression va empêcher les élèves de poursuivre en sixième l’enseignement des sciences et technologies, tel que pratiqué dans les classes élémentaires. Elle pourrait constituer une menace pour la pérennité des postes d’enseignants de technologie, qui risquent de se retrouver, à la rentrée, en complément de service dans un autre établissement. La technologie joue pourtant un rôle important dans l’acquisition de compétences pour la maîtrise de l’informatique et des outils numériques, et elle apporte des notions en matière de physique, de sciences de l’ingénieur ou d’énergies.

Or, au moment où le Gouvernement défend une importante réforme des lycées professionnels – qui sont des viviers de recrutement majeurs pour les entreprises – et dans un contexte où la France ambitionne de reconquérir son autonomie stratégique, notamment en matière industrielle, une telle mesure pourrait restreindre l’attrait des élèves pour les sciences technologiques. Courroie vers les métiers de l’industrie, qu’il nous appartient à tous de valoriser auprès des plus jeunes – comme cela a d’ailleurs encore été rappelé le 3 avril dernier, à Bercy, par plusieurs membres du Gouvernement s’exprimant sur le projet de loi relatif à l’industrie verte –, l’enseignement des sciences technologiques ne doit plus être le parent pauvre de l’éducation nationale.

Je souhaite donc connaître les contours du dispositif de la nouvelle sixième, qui ne sauraient pénaliser l’enseignement de la technologie, alors que, depuis plusieurs années, les heures et les moyens consacrés à cette discipline ont été réduits.

M. Emmanuel Mandon
Très bien !

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Effectivement, les savoirs fondamentaux sont insuffisamment et inégalement maîtrisés. Quelques chiffres suffisent à en attester : en sixième, 27 % des élèves affichent un niveau insuffisant en français, ce taux atteignant 30 % en mathématiques. À la sortie de la classe de troisième, un collégien sur quatre ne maîtrise pas les compétences attendues. Cette proportion atteint 50 % pour les élèves qui se dirigent ensuite vers le lycée professionnel. Dans la continuité de l’école élémentaire, la classe de sixième doit donc absolument permettre d’assurer à chaque élève la maîtrise des savoirs fondamentaux, en particulier du français et des mathématiques. C’est pour cette raison que chaque élève bénéficiera, dès la rentrée, d’une heure hebdomadaire de soutien ou d’approfondissement, en particulier en français et en mathématiques, ainsi que de sessions obligatoires d’accompagnement aux devoirs. Telle est notre priorité.

Afin de ne pas alourdir l’emploi du temps des élèves, déjà très chargé, l’enseignement du programme « sciences et technologie » en classe de sixième sera en effet réduit. Je tiens cependant à souligner qu’il n’est pas question de supprimer l’intégralité de cette discipline, mais seulement une heure sur quatre. L’enseignement sera ainsi ramené à trois heures hebdomadaires : la technologie ne sera pas effacée des programmes, bien heureusement. Certains professeurs de technologie ont exprimé leur inquiétude, compréhensible, devant cette évolution. Une attention toute particulière doit être portée à cette situation. C’est ce que font les services du ministère de l’éducation nationale.

L’année prochaine, ces professeurs bénéficieront ainsi d’un temps de formation qui les préparera à enseigner le nouveau programme, dont l’élaboration, qui obéit à une logique de coconstruction, est en cours. À l’issue du cycle 3, reconfiguré pour garantir que chaque élève maîtrise les savoirs fondamentaux, le cycle 4 sera l’occasion de transmettre des savoirs robustes en élargissant les horizons des élèves. Le nouvel enseignement de sciences et technologie, qui sera élaboré par le Conseil supérieur des programmes (CSP), sera articulé autour de deux priorités essentielles : accorder une place centrale aux enjeux de transition écologique et de durabilité – un élément fondamental à l’époque actuelle – et déconstruire les stéréotypes qui dissuadent certains élèves, notamment les filles, de se tourner vers des études et des métiers scientifiques.

Enfin, en tant qu’enseignante, je suis persuadée que ce qui compte, ce n’est pas tant le nombre d’heures de cours que la qualité de l’enseignement et le contenu que l’on entend transmettre. C’est pour cette raison que la réflexion en cours est capitale.

Mme la présidente
Nous en venons aux questions du groupe Rassemblement national. La parole est à M. Emeric Salmon.

M. Emeric Salmon (RN)
J’appelle votre attention sur la sécession d’une part grandissante de la jeunesse. En effet, dans une analyse de la Fondation Jean-Jaurès, intitulée « La mésinformation scientifique des jeunes à l’heure des réseaux sociaux », les auteurs, s’appuyant sur une enquête de l’Ifop, démontrent une hausse inquiétante de l’adhésion à des contrevérités scientifiques. Ce recul de la culture scientifique chez les jeunes s’explique, selon cette étude, par deux facteurs : l’adhésion à l’islam (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NUPES et Écolo-NUPES) et l’usage du réseau social chinois TikTok.

M. Hadrien Clouet
Allez, c’est parti !

Mme Christine Arrighi
En matière de culture scientifique, vous avez des progrès à faire !

M. Emeric Salmon
La Fondation Jean-Jaurès affirme que « le créationnisme se retrouve soutenu en masse par les sondés se disant "religieux" [et particulièrement par] 71 % des musulmans ».

M. Gérard Leseul
C’est honteux !

M. Emeric Salmon
Les résultats de l’enquête de l’Ifop sont très inquiétants : 38 % des jeunes croient dans les prédictions des voyants, 36 % croient dans les envoûtements et la sorcellerie, et la croyance dans les marabouts atteint 13 % parmi les 18-24 ans.

M. Hadrien Clouet
Et la croyance dans Marine Le Pen atteint 30 % ! C’est très inquiétant. (Sourires.)

M. Emeric Salmon
L’étude montre un vrai clivage générationnel : une partie de la jeunesse s’éloigne dangereusement du consensus scientifique. Dans cette même étude, les auteurs notent, à propos des croyances dans des théories contre-scientifiques, que « les personnes de confession musulmane y semblent particulièrement perméables ».

Mme Christine Arrighi
C’est la faute d’Allah, sans doute !

M. Emeric Salmon
Il ressort donc de cette étude qu’une partie de la jeunesse, issue de l’immigration et plus religieuse, s’éloigne de la rationalité scientifique. Ce séparatisme doit être combattu. (M. Hadrien Clouet s’exclame.)

Mais l’étude pointe également la responsabilité de la plateforme TikTok, dont les usagers sont proportionnellement bien plus nombreux à croire dans ces thèses farfelues. C’est pourquoi un contrôle plus strict de ce réseau social chinois apparaît nécessaire.

Comment comptez-vous faire face à la sécession d’une partie de la jeunesse, qui s’éloigne du consensus rationnel pour se perdre dans des thèses contre-scientifiques liées à leur religion ou à leur identité culturelle ? Comment pouvez-vous continuer à nier le lien établi en filigrane, par cette étude, entre l’immigration massive et le recul de la culture scientifique ? (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

M. Hadrien Clouet
Quelles bêtises !

M. Aurélien Saintoul
Ce sont les Arabes qui ont inventé les mathématiques !

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Je serai brève : j’ai lu l’enquête à laquelle vous faites référence. Il y est indiqué qu’un lien entre mésinformation scientifique et croyances est observé parmi des jeunes de toutes religions. Votre intervention, me semble-t-il, illustre bien ce que nous combattons et, par contraste, met en exergue ce que nous entendons défendre, à savoir la vraie culture scientifique. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NUPES, SOC et Écolo-NUPES. – M. Jean-Luc Fugit applaudit également.)

Mme la présidente
La parole est à Mme Sophie Blanc.

Mme Sophie Blanc (RN)
Dans la guerre de pouvoir à laquelle se livrent les grandes écoles, j’ai le sentiment que Sciences Po a gagné contre Polytechnique : notre époque substitue l’information au savoir et le ressenti aux faits.

À l’école, tout d’abord, les résultats obtenus par les élèves français dans le cadre des études internationales Timss pour les mathématiques et la science de 2015 et de 2019 sont édifiants : notre pays est en queue de peloton. Au sein de l’État, ensuite, les récents travaux de la commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France ont montré, audition après audition, comment le sommet de l’État a fait abstraction de tous les avis scientifiques pour engager le pays sur une trajectoire de sortie du nucléaire peu rationnelle. Dans l’élaboration de nos politiques publiques, enfin, on explique par exemple que les 150 membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie ont pu « directement apporter leur vécu ». Le « vécu » devient donc un facteur de décision placé au même niveau que l’avis des scientifiques. Voilà qui est grave.

Alors que faire ? Comme d’autres l’ont déjà souligné, il faut recentrer l’école sur l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul, qui constituent la base nécessaire en vue des divers approfondissements que les enfants aborderont ensuite au collège. Il convient de faciliter la collaboration entre les universités et les entreprises (« Ah ! » sur les bancs du groupe LFI-NUPES) : si les écoles de commerce le font, privilégiant souvent les stages à l’enseignement académique, l’université ne prépare pas suffisamment ses étudiants à l’intégration dans le monde du travail et de l’entreprise. Il importe également de réintroduire des profils d’ingénieurs dans les cabinets ministériels, afin de redonner une culture scientifique aux gouvernements. Enfin, il faut reconnaître la supériorité de l’expertise scientifique sur le ressenti, même si ce dernier est plus propice à la communication et à la manipulation – n’en déplaise aux tenants du wokisme qui envahissent les débats.

M. Aurélien Saintoul
C’est un ressenti de wokisme que vous décrivez !

Mme Sophie Blanc
Merci de nous faire part de votre avis quant aux moyens que nous devons déployer pour que la France se réapproprie la culture scientifique.

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

M. Gérard Leseul
Courage, madame la ministre…

Mme Sylvie Retailleau, ministre
S’il est vrai que notre pays doit se réapproprier la culture scientifique, ce constat vaut depuis des années. Il me semble que certains des arguments que vous avancez ne sont que des allégations.

M. Jean-Luc Fugit
Mais oui !

Mme Sylvie Retailleau, ministre
S’agissant par exemple de la place des ingénieurs dans les cabinets ministériels, il serait bon de vous appuyer sur des chiffres. Dès lors que je n’ai pas ces derniers en tête, je ne m’engagerai pas dans un débat sans disposer d’une information juste et précise.

Quant à la compétition académique que vous avez évoquée, je me refuse à opposer entre elles des écoles, des universités ou des formations, car j’estime que nous ne pouvons nous priver d’aucune formation, quel que soit le profil des étudiants concernés. Croyez bien que c’est dans les universités, dans lesquelles toutes les disciplines sont enseignées à des étudiants présentant des profils variés, que se trouvent les meilleurs pédagogues, c’est-à-dire ceux qui sont capables de s’adapter aux difficultés pédagogiques qu’entraîne la diversité des profils, des disciplines et des formations. Mon rôle n’est pas de les opposer, mais de les aider, de les encourager et, conformément au souhait que vous avez exprimé, de développer la culture scientifique, de l’école primaire – en lien avec le ministère de l’éducation nationale – jusqu’à l’université et, plus largement, dans tous les milieux où évoluent nos concitoyens, des rangs des partis politiques jusqu’aux entreprises. J’estime en effet qu’un lien très fort doit être fait entre le monde socio-économique et le développement de la culture scientifique. (M. Jean-Luc Fugit applaudit.)

Mme la présidente
Nous passons aux questions du groupe La France insoumise-Nouvelle Union populaire, écologique et sociale. La parole est à M. Sylvain Carrière.

M. Sylvain Carrière (LFI-NUPES)
Le changement climatique est le plus grand enjeu du XXIe siècle : il affecte et modifiera durablement nos sociétés. Ses causes sont principalement humaines, nourries par un capitalisme affamé qui consomme et pollue plus que la Terre n’est capable de supporter. Son évolution et ses effets sont clairement décrits dans les publications du Giec. Pourtant, la réponse de la société reste bien insuffisante au regard des attentes, qu’on prenne en considération la réduction des causes – comme les émissions de gaz à effet de serre – ou l’adaptation aux conséquences. Dans un monde dont la température aura augmenté de 2 degrés ou, pire encore, de 4 degrés, tous les secteurs devront s’adapter : l’industrie, le logement, l’agriculture, ainsi que les acteurs chargés de la protection de la biodiversité et de la gestion des événements extrêmes. L’adaptation sera nécessaire pour maintenir le caractère vivable des territoires, mais aussi l’activité économique.

Il est donc urgent, dans un souci de préservation du bien commun, de former les générations futures pour leur permettre de s’adapter à des problèmes dont les solutions ne sont pas encore connues. La décision consistant à rendre l’enseignement scientifique optionnel dès le lycée constitue l’exemple type d’une « maladaptation » enracinée dès l’enfance, en ce qu’elle conduit à priver plusieurs générations d’un savoir pourtant essentiel à la survie de notre civilisation. Il ne faut pas mentir à nos enfants mais, au contraire, leur donner des armes pour s’adapter.

Pourquoi ne pas créer un nouvel enseignement transverse, liant la majorité des enseignements scientifiques au changement climatique ? Il pourrait prendre la forme d’une fresque du climat adaptée à l’école primaire, puis d’ateliers rendus obligatoires dès la fin du collège. Tous les projets scolaires devraient être liés à la question du changement climatique. La prise de conscience doit être permanente : le changement climatique est partout dans la vie ; qu’il soit partout à l’école. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NUPES.)

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Avant d’en venir aux enseignements destinés aux jeunes, je tiens à préciser que les ministres Stanislas Guerini, Christophe Béchu, Agnès Pannier-Runacher et moi-même avons lancé un programme visant à former tous les fonctionnaires de l’État à ces questions. Il a démarré par la formation, déjà engagée et qui sera achevée avant 2024, de 25 000 cadres de l’État. Nous préparons désormais la formation des 2,5 millions agents de la fonction publique d’État, qui débutera à la rentrée, tout comme celle des personnels des universités, en particulier des chercheurs et des enseignants-chercheurs, afin que ces derniers incluent spontanément les enjeux relatifs au changement climatique, à la transition écologique et au caractère limité des ressources naturelles dans leur enseignement.

En plus de traiter le stock – ce que nous ferons à compter de l’année prochaine –, nous avons en outre décidé qu’à partir de 2025, un enseignement consacré à la transition écologique, à la biodiversité et au changement climatique serait dispensé à tous les étudiants de premier cycle. Ce travail est en cours, en lien avec le ministère de l’éducation nationale. Notre réflexion s’étend aussi aux programmes, comme l’illustre l’exemple de l’enseignement de sciences et technologie, que j’ai donné précédemment.

Je vous rejoins donc sur la nécessité d’assurer cet apprentissage dès le plus jeune âge et tout au long de la scolarité. C’est pour cette raison que nous travaillons ensemble à garantir le suivi et la continuité des programmes en la matière. La démarche est lancée, elle est effective et elle est financée dans les établissements.

Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.

M. Hadrien Clouet (LFI-NUPES)
Cette discussion apparaîtra à beaucoup, je le crois, comme une véritable bouffée d’air frais. Nous avons en effet subi, au cours des cinq dernières années, des immixtions assez virulentes du pouvoir politique dans les travaux des laboratoires de recherche scientifique. Je pense notamment aux campagnes menées au nom de la lutte contre l’islamo-gauchisme par votre prédécesseure, ainsi que par M. Darmanin – qui, en la matière, est sans doute aussi qualifié que l’inquisiteur jugeant Galilée.

Ce préambule sur la production scientifique étant fait, se pose la question de la diffusion de la culture scientifique, que nous appelons de nos vœux. En l’espèce, il importe de définir clairement les termes du sujet. Chacun sait – et vous êtes une des mieux placés pour cela, madame la ministre – que les sciences ne sont pas un ensemble de connaissances : ce sont avant tout des procédures collectives de validation des savoirs. Or nous assistons à un phénomène étonnant : au collège, les tâches relevant de l’expérimentation, de la réalisation ou de la manipulation disparaissent progressivement des cours scientifiques, au profit de pratiques relevant plutôt de la mémorisation ou de l’apprentissage à caractère uniquement théorique et scriptural.

Que faire pour y remédier ? Que proposez-vous, en matière de pratiques scolaires, afin que la science soit envisagée comme une activité et non exclusivement comme un apprentissage – ce qui peut lui donner un caractère abstrait ?

De même, j’entends qu’il faut permettre à chacun de mobiliser au maximum ses facultés de réflexion critique au niveau individuel. Cependant, quelle place les différentes formes de production technoscientifiques doivent-elles accorder, selon vous, aux citoyens – car il existe une relation de pouvoir entre scientifiques et citoyens. Cette question rejoint en partie celle de la recherche participative que vous évoquiez tout à l’heure mais en incluant la dimension de responsabilité sociale et éthique des scientifiques vis-à-vis du grand public.

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Votre question couvre un large spectre, nous pourrions en discuter pendant plus de deux minutes.

M. Hadrien Clouet
Je suis disponible !

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Tout d’abord, je ne pense pas – et cela m’a été confirmé – que la place de la théorie dans l’enseignement scientifique se soit accrue au cours de ces dernières années. Étant plus âgée que vous, j’ai connu une époque, il y a dix, quinze ou vingt ans, où la part de l’enseignement théorique était beaucoup plus importante qu’aujourd’hui.

La France est un grand pays d’expérimentation. L’enseignement, en particulier, intègre largement cette dimension – c’est de plus en plus vrai ces dernières années. Je ne crois donc pas que la part de l’expérimentation se réduise.

En revanche on a désormais recours à la modélisation, notamment grâce au numérique qui s’impose comme un outil puissant. C’est peut-être une des pratiques auxquelles vous faisiez référence dans votre question. En tout cas, elle ne constitue pas pour moi un problème.

Pouvez-vous me rappeler l’autre partie de votre question ?

M. Hadrien Clouet
La responsabilité vis-à-vis du public.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Vous avez en effet évoqué le sujet des sciences et de la recherche participatives. Pour que l’usager prenne part de façon active à la recherche, il faut bien identifier les besoins. Comme disait Rabelais – puisque Montaigne a déjà été cité tout à l’heure –, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Nos équipes doivent avoir à l’esprit cette préoccupation qui est au cœur de la recherche aujourd’hui. Il faut également que des comités d’éthique et d’accompagnement étudient les usages et les applications. C’est ainsi que nous bâtirons une science utile au bien-être de nos concitoyens. Celui-ci est nécessaire même s’il faut l’envisager de façon à la fois raisonnée et raisonnable, sans excès. Par ailleurs, la science apporte les bienfaits que l’on connaît dans le domaine de la santé et dans tous les autres domaines essentiels de la vie.

Le rôle que joue la science pour les citoyens est donc une question qui fait intrinsèquement partie de cette discipline aujourd’hui. C’est une dimension que le ministère souhaite promouvoir et défendre sur le plan national et européen.

Mme la présidente
Nous en venons à la question du groupe Les Républicains. La parole est à Mme Emmanuelle Anthoine.

Mme Emmanuelle Anthoine (LR)
À mesure que les emplois se numérisent, le besoin de compétence technique va croissant. Aujourd’hui, 3,3 millions d’emplois salariés ont une activité principale en lien avec les mathématiques, un chiffre appelé à augmenter. L’impact des mathématiques est estimé à 13 % sur l’emploi salarié et à 18 % sur le PIB.

De nombreux chefs d’entreprise témoignent de leurs difficultés à recruter des profils qualifiés en la matière. Notre industrie a pourtant besoin d’ingénieurs mieux formés pour relever le défi des transitions écologique et numérique. Les mathématiques apparaissent dès lors essentielles pour préserver la souveraineté économique de notre pays.

Pourtant, en dépit des besoins industriels, le nombre d’élèves qui choisissent d’étudier les mathématiques est en diminution, tout comme le niveau scolaire dans cette discipline. Le désamour et la perte d’attractivité des mathématiques auprès des lycéens français nous exposent à une perte de compétitivité de la France sur le marché mondial des technologies.

Comment assurer que, demain, la France restera compétitive dans les secteurs stratégiques et pourvoyeurs d’emplois qualifiés ? Quelles sont vos préconisations en la matière ?

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Le ministre de l’éducation nationale et moi-même sommes très mobilisés sur cette question afin que le niveau scolaire en mathématiques remonte et que cette matière – tout comme, plus généralement, les disciplines scientifiques – retrouve son attractivité. Puisque vous avez évoqué les besoins industriels, je pourrais mentionner le projet de loi relatif à l’industrie verte mais aussi toutes les mesures visant à développer l’attractivité de l’industrie sur lesquelles nous avons travaillé avec Bruno Le Maire.

Le ministre de l’éducation nationale a lancé, en novembre dernier, une nouvelle stratégie afin que le niveau général en mathématiques remonte. Celle-ci s’appuie sur deux axes.

Le premier consiste à réconcilier tous les élèves avec cette matière. Nous y réfléchissons tous ensemble. Nous avons mentionné la collaboration avec la fondation La Main à la pâte mais il faut également réfléchir à la formation des professeurs des écoles car cette question doit être abordée dès l’école primaire – des années décisives selon moi. Nous nous efforçons donc, comme bien sûr le ministère de l’éducation nationale, de lancer, directement ou indirectement, de nombreuses actions.
Le deuxième axe consiste à faire en sorte que notre niveau d’excellence en mathématiques progresse encore, notamment en suscitant davantage de vocations chez les filles – nous en avons déjà parlé. Au collège, le déploiement des clubs de mathématiques permettra de dynamiser l’apprentissage de cette discipline. Nous savons qu’une telle méthode fonctionne, il faut donc encourager la création de ces clubs. Les enseignants-chercheurs et les doctorants, venus de l’enseignement supérieur, pourront d’ailleurs être à la manœuvre et se révéler utiles en participant à l’animation de ces clubs dans les collèges et dans les lycées.

Pour que la réussite soit davantage au rendez-vous dans les formations postbac, les lycéens doivent acquérir un niveau solide en mathématiques. C’est pourquoi, à partir de la rentrée, un cours de mathématiques d’une heure et demie sera réintroduit pour tous les élèves en classe de première générale qui n’ont pas choisi la spécialité « mathématiques ». Par ailleurs, un module de remédiation sera proposé en classe de seconde pour les plus fragiles. Plus généralement, nous accorderons, tout au long du parcours scolaire, une attention particulière au niveau des élèves dans les matières scientifiques afin que la formation scientifique soit plus solide et pour éviter le décrochage en mathématiques. Nous devons aussi, dans cette perspective, rendre la pédagogie plus attractive, en particulier auprès des filles, par exemple en menant une réflexion sur les manuels utilisés en classe.

Mme la présidente
Nous terminons par une question du groupe Démocrate (MODEM et indépendants). La parole est à M. Hubert Ott.

M. Hubert Ott (Dem)
Alors que nous vivons une époque sans précédent, marquée par un bouleversement climatique, sait-on réellement de quoi il est question ? Parler du changement climatique, de la décarbonation ou encore de l’effet de serre produit par le gaz carbonique suppose d’avoir acquis un socle de connaissances.

Si l’on interroge nos concitoyens, on constate que presque personne ne sait que l’atmosphère est composée à 78 % d’azote, à 21 % d’oxygène et à 0,03 % de gaz carbonique. Ce pourcentage dérisoire n’empêche pas le gaz carbonique d’être le grand responsable du bouleversement climatique en passant actuellement de 0,03 % à 0,06 % puis 0,07 % ou 0,08 %. Ainsi, on comprend l’hypersensibilité des équilibres qui régissent les conditions de vie sur notre planète : un très léger décalage sera à l’origine d’un grand bouleversement.

Ces connaissances essentielles peuvent parfaitement être acquises par tous. Aujourd’hui, pour comprendre le monde naturel, pour situer avec justesse le vivant dans son contexte, il faut disposer de cet outil crucial qu’est une culture scientifique partagée par tous. Elle seule peut nous libérer des formes modernes d’obscurantisme.

En vingt ans, la France est passée du douzième au vingt-cinquième rang de l’OCDE s’agissant du niveau des élèves en sciences et en mathématiques. Cette chute exige une réaction forte. Si nous sommes incapables d’offrir aux enfants de la nation les armes intellectuelles nécessaires pour comprendre des phénomènes essentiels, nous mettons en difficulté ces futurs citoyens dans leur quête légitime de liberté, une des valeurs du fronton républicain. Il ne saurait y avoir de liberté sans connaissance.

Lorsque, ici même, à l’occasion d’un débat parlementaire, on entend un collègue invoquer la radioactivité naturelle pour relativiser la puissance radioactive d’un accident nucléaire, on se dit que le mal est profond. Au pays de Pascal, Lamarck et Descartes, notre école doit renouer avec l’excellence pour rejoindre les meilleures du monde car la solidité d’un savoir scientifique constitue la boussole permettant d’éviter de se perdre dans les croyances faute de connaissances.

Que comptez-vous faire pour redonner aux mathématiques et aux sciences leur rôle premier à l’école primaire, au collège ainsi qu’au lycée – où il est inconcevable qu’un socle minimum d’enseignement des mathématiques ne soit pas proposé dans toutes les filières ?

Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre
Les précédentes questions m’ayant donné l’occasion de répondre sur certains points que vous avez évoqués, je me contenterai, pour ne pas me répéter, d’apporter des éléments de réponse complémentaires que je n’avais pas donnés jusqu’à présent.

S’agissant des formations, il est important – vous l’avez dit – de s’appuyer sur des bases solides, reposant sur des connaissances scientifiques. J’ai déjà détaillé les chantiers que nous avons lancés avec le ministre de l’éducation nationale afin de renforcer le niveau en mathématiques et en sciences : agir au niveau de la formation des professeurs des écoles ; créer des heures d’enseignement supplémentaires ; mobiliser l’enseignement supérieur en demandant aux doctorants d’intervenir dans les collèges et les lycées dans le cadre de clubs ; ou encore collaborer avec La Main à la pâte et son réseau de Maisons pour la science.

Par ailleurs, nous travaillons actuellement à impliquer les scientifiques dans la formation de base des hauts fonctionnaires et des professeurs des écoles. J’insiste sur ce point car de telles actions ont rarement été menées jusqu’à aujourd’hui. La formation à la transition écologique, qui concerne dans un premier temps 25 000 hauts fonctionnaires – elle sera élargie plus tard aux quelque 2,5 millions d’agents de la fonction publique d’État – passera par une mobilisation des scientifiques sur l’ensemble du territoire. Nous avons créé des groupements de recherche dans chaque territoire pour disposer d’un réservoir de scientifiques chargés d’assurer la formation destinée aux hauts fonctionnaires, mais aussi d’intervenir dans les écoles et dans le cadre d’autres formations.

Nous pensons profondément que le socle que vous avez évoqué doit être transmis par les scientifiques. Une fois que ces connaissances auront été partagées au sein de notre société, leur enseignement, dans les écoles, se fera de manière naturelle, notamment grâce à toutes les mesures que j’ai décrites tout à l’heure.

Mme la présidente
Le débat est clos. 


Source https://www.assemblee-nationale.fr, le 13 avril 2023