Déclaration de M. Olivier Véran, ministre délégué chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement, en réponse à deux questions sur les relations franco chinoises, au Sénat le 12 avril 2023.

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  • Olivier Véran - Ministre délégué, chargé du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement

Circonstance : Question d'actualité au Gouvernement, en séance publique, au Sénat

Texte intégral

 Monsieur le sénateur Olivier Cigolotti, je vous prie tout d'abord de bien vouloir excuser l'absence de Mme Catherine Colonna, qui se trouve aux côtés du Président de la République, en visite d'Etat aux Pays-Bas.

La position de la France concernant la situation en Asie est constante.

L'Union européenne doit défendre ses propres intérêts. C'est légitime, et il ne viendrait à personne l'idée de le contester. Le Président de la République l'a toujours dit : nous ne sommes pas à équidistance de Washington et de Pékin, nous partageons des valeurs. La relation avec Pékin s'inscrit dans un cadre européen très clair depuis 2019 : partenariat, concurrence économique et rivalité systémique. Nous voulons éviter une logique de confrontation bloc contre bloc.

En ce qui concerne Taïwan, nous sommes opposés à toute modification unilatérale du statu quo, a fortiori par la force. C'est une position claire et constante de la France.

Dans le cadre de notre politique d'"une seule Chine", nous avons d'importantes coopérations avec Taïwan dans de nombreux domaines, et nous nous y tenons.

Face aux défis qui se posent dans cette région, les Européens doivent aussi défendre leurs intérêts économiques de manière indépendante. Ils l'ont fait en développant des instruments de défense commerciale, précisément sur l'initiative de la France. C'est aussi le sens du de-risking, qui vise à diversifier nos sources d'approvisionnement.

Au cours de son déplacement, le Président de la République a dit très clairement les choses au président Xi Jinping sur tous les sujets, dans le cadre d'un dialogue exigeant et franc, assez éloigné des polémiques.


Monsieur le sénateur Pascal Allizard, de nouveau, je vous prie d'excuser l'absence de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères Catherine Colonna, qui est en déplacement.

En matière diplomatique, j'ai tendance à me référer aux éléments mûrement réfléchis qui me sont fournis.

Je vais donc vous les communiquer.

Comme vous l'avez rappelé, le Président de la République a effectué une visite d'Etat en Chine du 5 au 8 avril dernier. Il était accompagné par la présidente de la Commission européenne.

Cette visite avait plusieurs objectifs.

D'une part, il s'agissait de relancer la relation, en particulier dans le domaine des échanges humains. À ce titre, des accords ont été conclus dans le domaine du développement durable, de la coopération culturelle et de l'économie agroalimentaire et aéronautique.

D'autre part, l'enjeu était d'avoir un dialogue franc sur l'Ukraine. Le Président de la République a fait valoir les positions européennes, a appelé la Chine à s'engager dans la recherche d'une solution et a alerté son homologue chinois sur les conséquences que tout soutien militaire à la Russie aurait sur la relation entre Union européenne et Chine.

Des points de convergence sont ainsi apparus : l'opposition à l'emploi de l'arme nucléaire, le respect du droit international humanitaire et la nécessité de trouver une issue au conflit sur la base du droit international.

Un autre enjeu de ce déplacement était de marquer notre unité européenne. La présence de la présidente de la Commission était un point essentiel pour le Président de la République, qui tenait à montrer que les Européens ont leurs propres intérêts et qu'ils les assument dans un dialogue exigeant avec Pékin.

Enfin, Monsieur le Sénateur, vous connaissez le souhait de la France de travailler à un agenda commun avec la Chine sur les enjeux globaux.

Le Président de la République a ainsi souligné la dynamique positive qui prévaut dans le domaine du climat et de la biodiversité. Il a invité la Chine au sommet de juin prochain sur le nouveau pacte financier, et on lui a indiqué qu'elle y serait représentée à haut niveau.

En ce qui concerne Taïwan, j'ai eu l'occasion de répondre à l'occasion d'une précédente question. J'ai donc souhaité éviter une redite, Monsieur le Sénateur.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 avril 2023