Texte intégral
Merci beaucoup Monsieur le Premier ministre,
Cher Mark,
Madame la ministre,
Mesdames et Messieurs,
Je veux d'abord remercier Madame la Maire d'Amsterdam de nous accueillir chez elle et remercier les autorités néerlandaises pour leur accueil, la famille royale évidemment et vous, Monsieur le Premier ministre et votre gouvernement, pour l'accueil dont nous avons bénéficié, mon épouse, moi-même, les ministres et la délégation qui m'accompagne depuis hier où nous avons senti, je dois le dire, l'amitié, l'intimité stratégique et la volonté de faire ensemble.
Cher Mark, Monsieur le Premier ministre, nous avons eu sur beaucoup de sujets une discussion comme souvent très franche et chaleureuse entre deux pays alliés, fondateurs de notre Europe, amis pour avancer étroitement sur tant de sujets que vous venez de rappeler.
D'abord dans le contexte que nous connaissons qui est celui de la guerre. En effet, avec le Premier ministre, nous avons naturellement poursuivi nos échanges sur notre soutien continu à l'Ukraine et aussi pour éviter que nos sanctions soient contournées, pour soutenir militairement le pays, pour qu'aucun responsable d'atrocités ne puisse échapper à la justice. Nous sommes pleinement alignés sur ces sujets comme sur une volonté aussi de rendre plus forte l'industrie européenne de défense.
Par ailleurs, alors que 200 soldats néerlandais ont été déployés sous commandement français en Roumanie, nous reviendrons ce soir avec les ministres sur notre coopération en matière de défense, notamment en vue de l'accord que nos deux pays signeront l'année prochaine, et sur la nécessité de développer concrètement encore plus vite cette base industrielle européenne. Nous montrons encore cette intimité stratégique et je veux vous remercier pour cet engagement militaire, après celui que vous avez su décider il y a quelques années au Sahel, à nos côtés.
Sur les autres sujets, le Premier ministre vient de le rappeler, c'est au fond la même volonté d'affirmer plus de souveraineté de l'Europe. Et dans le contexte que nous connaissons, c'est la volonté que nous partageons d'avoir une Union européenne qui s'affirme comme une véritable puissance qui puisse progressivement et de plus en plus décider pour elle-même en matière d'énergie, de recherche, de technologie, de solutions industrielles et de défense.
Et donc cet agenda que nous avons commencé à élaborer à Versailles, au sommet du Conseil européen, il y a un peu plus d'un an, nous le déclinons méthodologiquement avec plusieurs textes très importants, des semi-conducteurs en passant par l'industrie à zéro émission nette et ce qui a été décidé sur les terres et matériaux critiques rares ces derniers mois à marche forcée. Nous avons une même vue sur cette avancée européenne. Nous devons avoir un marché européen plus intégré. Nous devons continuer les réformes nationales et européennes. Nous avons besoin de garder notre compétitivité, de relancer notre capacité à innover, former les meilleurs talents. Mais nous devons intégrer cette stratégie, cette autonomie stratégique et avoir aussi l'ensemble des textes, des réglementations qui nous permettent de bâtir une autonomie en la matière sur tous ces domaines. Notre volonté, c'est ce que nous démontrons au travers de cette visite bilatérale, c’est en quelque sorte par notre coopération bilatérale, parfois en l'ouvrant à quelques-uns de nos partenaires, de décliner de manière très cohérente cette stratégie. C'est pourquoi cette visite est à mes yeux un succès pour les partenariats dans un champ très large qu'elle a permis de renforcer, des transports à l'énergie en passant par les nouvelles technologies.
Et nous repartirons d'Amsterdam et de La Haye avec de nouveaux projets qui lient nos deux pays pour continuer à travailler ensemble, par exemple sur l'énergie, sur les transports, en particulier le ferroviaire, pour être très concret. Nous nous dotons aujourd'hui également d'un pacte pour l'innovation et la croissance durable qui constituera un cadre pour renforcer les coopérations existantes en matière de recherche et d'innovation et en susciter de nouvelles sur ces sujets clés. Et nous avons aussi décidé des travaux communs sur les semi-conducteurs, le quantique, la photonique, mais également dans le domaine de l'énergie, le photovoltaïque, l’hydrogène, l’éolien en mer et le nucléaire. Et en matière de transport, nous travaillerons sur la décarbonation, notamment de notre aviation. Dans ce pacte, il y aura aussi la recherche en matière d'agriculture et d'alimentation qui font partie des priorités. Tout ça vient au service de cet agenda d'autonomie stratégique qui est celui qui nous permet de continuer à industrialiser nos pays, de décarboner notre industrie et d'avoir une autonomie stratégique et donc de moins dépendre de solutions qui viennent d'ailleurs ou sont maîtrisées par d'autres.
Nous ne voulons pas fermer nos économies. Nous croyons dans une économie ouverte, mais nous ne voulons plus dépendre de certains et nous voulons en tout cas moins dépendre de qui que ce soit en général. Nos deux pays disposent en effet de capacités clés en matière de recherche et de production dans nombre de ces technologies de pointe et nous voulons faire ensemble, être à l'avant-garde, et je crois que c'est ce que ces deux journées ont parfaitement démontré, c'est un agenda bilatéral au service d'une ambition européenne partagée. C'est exactement la même chose qui nous lie dans les autres domaines, qu'il s'agisse de sport, de tourisme ou de culture.
Monsieur le Premier ministre l'a rappelé, nous avons décidé ensemble de racheter des tableaux extrêmement importants du patrimoine européen et je pense que c'est une force de nos deux institutions muséales, le Rijks et le Louvre. Nous allons aussi continuer de développer des partenariats communs à travers cette visite des résidences d'artistes croisés, des partenariats de création, des partenariats aussi dans différents domaines parce que, nous en sommes convaincus, la culture est absolument clé dans l'amitié qu'il y a entre nos deux pays.
Aussi vrai que le sport l'est et nous étions ensemble sur plusieurs événements sportifs, Monsieur le Premier ministre, je n'oublie pas que le Tour de France est parti d'Utrecht en 2015 et je sais que les prochaines années seront à nouveau des occasions justement, là aussi, de partenariat.
En tout cas, c'est bien sous le sceau de ce sursaut de la souveraineté économique et industrielle de l'Europe et de l'amitié entre nos deux pays, pour moi, que cette visite d'Etat s'est bâtie. Il a fallu attendre 23 ans pour cette visite d'Etat mais nous n'avons pas attendu autant pour sceller, je dirais, une amitié personnelle et stratégique entre nous. Et je n'oublie pas que vous êtes l'un des premiers dirigeants d'Europe qui est venu dès le mois de juin 2017.
Je dois dire que ce cheminement commun, qui a supposé d'aller l’un vers l'autre, a été extrêmement fécond durant toutes ces années. Je crois que nous avons su faire beaucoup de choses qui n'étaient pas naturelles en France, mais qui étaient importantes pour les Pays-Bas. Et vous avez su engager les Pays-Bas sur un chemin qui n'était peut-être pas le plus naturel pour votre pays, qui était important pour nous. Et c'est comme ça que se bâtit la confiance et que se bâtit aussi l'Europe. Et je dois dire que depuis six ans, nous cheminons ensemble avec beaucoup d'efficacité mais également d'amitié. Et donc, Monsieur le Premier Ministre, cher Marc, permettez-moi de vous remercier, pas simplement pour cette visite d'État, mais pour la confiance qui s'est établie entre nous et les moments partagés également qui nous permettent d'avancer. Merci infiniment pour ces deux jours. Merci pour les consultations que nous mènerons ensemble juste après la visite. Et merci également pour tout ce que nous saurons faire pour nos deux pays et notre Europe dans les mois et les années qui viennent. Je vous remercie.