Conférence de presse de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, Erevan le 28 avril 2023.

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Circonstance : Déplacement à Erevan en Arménie

Texte intégral

Q - Madame la Ministre, cela fait déjà cinq mois que l'Azerbaïdjan ne respecte pas la paix, la décision de la CEDH de rouvrir le corridor de Latchine. Ça fait trois mois qu'elle ne respecte pas la décision d'ordonnance de la CIJ de rouvrir le corridor de Latchine (inaudible) aussi et tous les appels de la communauté internationale de rétablir (inaudible). Et au lieu d'appeler à l'ordre ou, même, d'imposer des sanctions contre ce pays qui bafoue les principes du droit international et les droits fondamentaux de l'Homme, les pays européens signent des contrats dans le domaine énergétique avec l'Azerbaïdjan. Est-ce que ce n'est pas un signal vert pour eux de continuer à bafouer l'ordre international ?

R - Merci de votre question. La France et l'Union européenne n'ont qu'un objectif, s'agissant de la situation régionale et des relations entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie : c'est celui de contribuer au retour de la paix et d'aider à ce que progressivement la confiance revienne, et qu'un chemin puisse être suivi qui mène à un accord de paix. C'est un accord de paix qui réglera l'ensemble des questions qui se posent et on sait qu'elles sont nombreuses. Et c'est la raison pour laquelle l'Union européenne a lancé une mission, une mission d'observation, une mission qui n'est pas une mission armée, mais qui permet aux Etats membres de savoir par leurs propres témoignages ce qu'il se passe exactement et de prendre des décisions sur une base informée, d'une façon objective. Par ailleurs, c'est une mission qui a eu une grande utilité, qui continue de l'avoir, que nous allons poursuivre, puisqu'elle contribue par sa seule présence à faire baisser les tensions ; et donc elle aidera à retrouver ce chemin vers la confiance, et espérons-le, vers la paix.

Et je poursuis d'un petit mot pour dire que je tenais à venir ici, pour manifester officiellement le soutien que nous apportons à cette mission d'observation de l'Union européenne, qui joue un rôle important pour aider l'Arménie - puisqu'elle est en territoire arménien -, aux côtés de nos amis arméniens, pour comprendre exactement ce qu'il se passe. Nous le savons par les documents, mais venir voir, se rendre compte, et aussi, par cette visite, porter un témoignage d'aide et de soutien, c'est important. On comprend mieux les choses quand on les voit, et d'avoir vu l'avancée sur des positions nouvelles m'aide puissamment, aide ma délégation, et, je pense, permettra vraiment que résolument, nous continuions à soutenir cette mission, qui est importante.

Et sur le reste, comme je donnerai une conférence de presse tout à l'heure avec mon homologue, Monsieur Mirzoïan, les autres questions, nous pourrons les traiter dans un cadre bilatéral.

Q - Une question très courte...

R - Très courte !

Q - Depuis que l'Azerbaïdjan a bloqué le corridor de Latchine, l'Arménie demande à la communauté internationale d'envoyer un groupe d'établissement de faits en Haut-Karabagh et dans le corridor de Latchine. Est-ce que vous, vous voyez cette possibilité ? Et comment est-ce que la France pourrait y contribuer ?

R - Ce que nous avons pu faire, c'est, avec l'accord des deux pays, l'établissement de cette mission d'observation de l'Union européenne. Cela résulte de la rencontre qui s'était tenue à Prague le 6 octobre, entre le Premier ministre Pachinian, le président Aliyev, Charles Michel le président du Conseil européen, et le Président de la République française. C'est un pas très positif. Nous avons pu prolonger la mission et augmenter le nombre des personnels de la mission. Nous en sommes là pour le moment.

Et j'ajoute, puisque vous avez évoqué les avancées des forces azerbaïdjanaises, que comme l'Union européenne, comme ses partenaires, la France a condamné et condamne tous les gestes unilatéraux qui sont faits, ici ou là, par l'Azerbaïdjan. Je le dis ici, mais je l'ai dit hier à Bakou, y compris publiquement.

Q - c'est un signal politique de venir ici ?

R - ... de même - je vous réponds dans un instant - de même que, condamnation donc des actes unilatéraux, nous demandons le respect de la décision de la Cour internationale de justice. La CIJ a dit le droit, chacun doit respecter le droit international ; et à Bakou comme ici, je le rappelle, il le faut, parce que c'est le droit, mais il le faut aussi parce que cela peut contribuer à ramener la confiance, cette confiance qui manque, alors que ne pas exécuter la décision de la Cour contribuerait à nourrir la défiance, qui est déjà trop importante. Donc il faut revenir à de meilleures pratiques.

Donc une dernière petite question : vous disiez ?

Q - Est-ce que c'est un signal politique de venir ici ? Est-ce que c'est un signal politique que vous veniez ici ? Il n'y a pas souvent des politiques qui viennent ici...

R - Bien sûr, bien sûr. C'est une manifestation concrète du soutien politique qui est celui de la France et de tous les Etats de l'Union européenne à la mission européenne d'observation. Elle a été créée par l'Union européenne, elle est déployée en territoire arménien. C'est une mission qui est non armée, une mission d'observation, mais qui permet, en rendant compte aux Etats membres, qu'ils prennent leurs décisions sur une base précise, informée, documentée et objective. Cette mission, de plus, a joué vraiment un rôle pour apaiser les tensions, donc nous souhaitons qu'elle se poursuive. Et je suis là pour marquer ce soutien.


Merci beaucoup, merci à vous.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 mai 2023