Interview de M. Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, à France Info le 9 mai 2023, sur les manifestations d'un groupe d'ultradroite, la réforme des retraites, la sécheresse, les prix de l'agroalimentaire et les pesticides.

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Média : France Info

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Marc FESNEAU.

MARC FESNEAU,
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Plusieurs centaines de manifestants d’Ultradroite ont défilé samedi dernier à Paris. Certains sous des cagoules, avec des croix celtiques. Est-ce que vous comprenez que la préfecture ait laissé faire ?

MARC FESNEAU
La préfecture, elle s’est inscrite dans l’État de droit. Comme sur toutes les manifestations, c’est une manifestation qui a été déclarée. Deuxièmement, c’est une manifestation qui n’avait pas donné lieu, les années précédentes, à des troubles à l’ordre public. Alors dire ça, ce n’est pas forcément satisfaisant hein. En même temps, on est dans l’État de droit, puisqu’on sait très bien que toutes les décisions préfectorales, ça arrive, d’ailleurs, que les décisions d’interdiction préfectorale soient cassées au motif qu’il n’y a pas de troubles manifestes à l’ordre public, des troubles arriérés ou potentiels à l’ordre public. Et donc ça oblige à autoriser ces manifestations.

MARC FAUVELLE
Est-ce qu’on peut manifester avec des cagoules aujourd’hui en France, mais pas avec des casseroles ?

MARC FESNEAU
Non, on peut manifester avec des cagoules, on peut manifester aussi, d’ailleurs, avec des casseroles puisqu’il y a des tas d’endroits où moi-même, je me déplace où il y a des gens qui ont des casseroles. C’est le trouble à l’ordre public, ce n’est pas la nature de la manifestation. Après, il y a un deuxième sujet qui est la nature des messages qui sont véhiculés dans ce type de manifestation. On ne peut pas dire que le Gouvernement, là-dessus, ne soit en retard de la main. On a dissous un certain nombre de groupuscules d’Extrême droite, je pense aux OIV, les OIV de Paris, c’est comme ça qu’ils s’appellent, je crois, qui ont été dissous au motif qu’ils véhiculaient des théories néonazies ou d’Extrême droite. Donc il y a deux combats à mener. Un, il faut travailler dans le cadre de l’État de droit, parce que c’est comme ça qu’on doit travailler quand on est sur des autorisations de manifester. Puis deux, combattre ces idées-là. Le cas échéant, quand elles sont à ce point véhicules de pensées terribles, de faire en sorte qu’on puisse dissoudre ces mouvements s’il y a lieu de les dissoudre.

MARC FAUVELLE
Est-ce qu’à force de taper sur l’Ultragauche, vous avez oublié l’Ultradroite ?

MARC FESNEAU
Non, pas du tout. Je ne crois pas du tout. On peut… On a le droit d’être symétrique dans ce registre-là, et de dire que les deux engendrent souvent les mêmes choses, c’est-à-dire de la violence, du rejet, évite que dans ce pays, on puisse se parler. Et moi, j’ai toujours été tout à fait symétrique dans ces jeux, et je ne trie pas dans les extrêmes, et je ne trie pas dans les violences. La violence est condamnable, l’appel à la violence est condamnable, que ce soit de l’Extrême droite ou de l’Extrême gauche. D’ailleurs, au fond, ce n’est pas le sujet, je pense que c’est la violence. C’est ce qu’on dit qui compte, et pas ce qu’on est qui compte uniquement.

SALHIA BRAKHLIA
Marc FESNEAU, ça fait un an maintenant qu’Emmanuel MACRON a été réélu à l’Élysée. Élisabeth BORNE fêtera le même anniversaire la semaine prochaine à Matignon. Comme à l’école, vous mettrez quelle appréciation ? Très bien ? Bien ? Peu mieux faire ? Ou nul ?

MARC FESNEAU
Non, on n’est pas à l’école. Ça me fait penser à L’école des fans même. J’ai cru que j’allais…

MARC FAUVELLE
L’école des fans, il y avait des gagnants, il y avait des gagnants, et il y avait des bonnes notes.

MARC FESNEAU
Parfois, il y avait des enfants qui étaient un peu distraits de cette… On a essayé, depuis un an, de faire face à deux sujets qui sont un sujet d’un pays qui, profondément, est en tension sur un tas de sujets. On voit bien qu’on va parler d’autres sujets tout à l’heure, j’imagine. On a du mal à essayer de trouver une forme de compromis sur un certain nombre de sujets dans ce pays. Et puis deux, un pays qui a traversé des crises Gilets jaunes, des crises Covid, et des crises ukrainiennes, avec des éléments d’inflation. Et la Première Ministre, sous l’autorité du Président de la République, a déployé un certain nombre de mesures à la fois sur les questions de l’inflation, à la fois sur les questions qui tiennent aux retraites, puisque ça occupait beaucoup l’automne et le printemps, vous savez aussi bien que moi, si ce n’est mieux que moi. Et donc c’est plutôt dans ce registre-là qu’il faut regarder. On a essayé, depuis un an…

SALHIA BRAKHLIA
Là, vous dites en fait que tous les problèmes extérieurs… Vous dites que ce sont les problèmes extérieurs qui engendrent cette ambiance dans le pays.

MARC FESNEAU
Non, je n’ai pas…

SALHIA BRAKHLIA
Les Français disent que c’est Emmanuel MACRON.

MARC FESNEAU
Non, je n’ai pas dit que c’était les problèmes extérieurs qui engendraient ces… j’ai dit que nous sommes dans un pays qui est dans cet été de tension. On va parler d’agriculture, je ne dis pas que c’est des problèmes extérieurs qui nous font ces tensions autour du sujet agricole. On a besoin, dans ce pays, d’essayer, sur un certain nombre de sujets, de trouver des voies de compromis et d’essayer d’avancer. Et c’est ce qu’on a essayé de faire depuis un an. Je ne dis pas que les choses sont parfaites. Je n’ai jamais dit que les choses étaient parfaites. D’ailleurs, personne, au gouvernement, ne le dit comme ça. On essaye d’avancer et de faire face, et d’armer le pays, au fond, face aux crises intérieures et face aux crises aussi extérieures.

SALHIA BRAKHLIA
Mais ça veut dire quoi ? Que les Français ne vous comprennent pas ?

MARC FESNEAU
Non. Il ne faut jamais penser, quand quelque chose n’est pas compris, que c’est la faute de vos interlocuteurs. Il faut sans doute s’interroger soi-même sur qu’est-ce qu’on dit, comment on peut le dire. Les Français… Sans doute que sur la question des retraites, si vous m’interrogez sur ces questions-là, on a eu du mal à poser le débat qui était un débat, à mon avis, d’équilibre des comptes. Alors je suis assez fasciné de dire que maintenant, j’entends même le corps dire que finalement, peut-être que les comptes n’étaient pas équilibrés. Enfin bref, on a du mal à documenter la réalité des choses. On aura du mal à avancer dans ce pays si on n’arrive pas à dire ce qu’est l’état des lieux du moment.

MARC FAUVELLE
François BAYROU, votre patron en quelque sorte, le patron du modem, Marc FESNEAU disait sur ce plateau il y a quelques semaines : " Cette réforme n’est pas tout à fait la mienne, on aurait dû la faire différemment, on aurait dû notamment taxer les patrons via les cotisations patronales ". Votre avis aussi ?

MARC FESNEAU
Ce n’est pas tout à fait les échanges que j’avais avec François BAYROU. François BAYROU…

MARC FAUVELLE
Ben c’est ce qu’il a dit en public ici même. Oui ?

MARC FESNEAU
Moi, je veux juste… J’essaye de répondre à votre question, néanmoins. Il disait, à juste titre… Je crois qu’on a eu du mal, ce que je répète, à dire ce qu’était l’état du déficit actuel, et ce qu’on voulait faire au travers de cette réforme.

MARC FAUVELLE
Et d’autres sources de financement n’ont pas été possibles ?

MARC FESNEAU
Il y avait sans doute d’autres sources de financement, mais la source principale, on sait bien que c’est la mesure d’âge. D’ailleurs, ce n’est pas très original parce que c’est des mesures qui sont prises dans tous les pays européens. Alors on peut toujours penser qu’en France, on est très différent des autres, et très différent de gens qui sont à quelques centaines de kilomètres d’ici, à Paris. Enfin, il me semble que ce n’est pas très original de ce point de vue-là. En revanche, on n’a pas réussi à dire ce qu’était l’enjeu, un, d’équilibre. Et l’enjeu d’équilibre, il n’est pas pour l’équilibre comme une marotte, il est un enjeu aussi de souveraineté. Quand vous n’êtes pas capable de payer ou d’assurer les pensions de retraite de vos concitoyens, et que vous devez faire de la dette pour les payer, vous avez un enjeu de souveraineté. Parce que quand vous êtes dans les mains de vos créanciers, vous avez un problème de souveraineté, comme quand vous êtes dans les mains de votre banquier, totalement.

SALHIA BRAKHLIA
En plus… Alors ce n’est pas terminé hein. Sur la réforme des retraites, en plus des syndicats qui ne veulent pas lâcher l’affaire, il y a aussi les députés du groupe indépendant LIOT qui vont déposer une proposition de loi visant à abroger le report de l’âge légal à 64 ans, et à accélérer… et mettre fin aussi à l’accélération de la durée de cotisation. Certains, à droite, comme Aurélien PRADIE pourrait voter dis… vouloir voter cette proposition de loi comme la gauche. C’est une nouvelle inquiétude pour le Gouvernement, quelle sera l’attitude de la majorité, est-ce qu’il y aura de l’obstruction ?

MARC FESNEAU
Moi, je ne suis jamais… Alors attendez. Je ne suis jamais inquiet du débat, j’ai été ministre des Relations avec le Parlement, je ne suis jamais inquiet du débat au Parlement, enfin je veux dire on n’a pas à avoir peur des parlementaires…

SALHIA BRAKHLIA
Ça veut dire qu’il n’y aura pas d’obstruction ?

MARC FESNEAU
Attendez ; ni de nos concitoyens. Après, pardon, est-ce que la majorité a le droit de faire des amendements et de poser ses propres termes ? vous avez eu, sur la réforme des retraites, 40.000 amendements, je ne crois pas que ce soit le sujet de la majorité sur cette niche. Mais, est-ce qu’on a le droit quand même, quand on est dans la majorité, de dire qu’on n’est pas d’accord et de poser des amendements, à partir de combien d’amendements on considérera que c’est une obstruction ? Enfin je veux dire, on a le droit de poser des amendements. Je ne sais pas ce que fera la majorité…

MARC FAUVELLE
Je vous pose la question différemment, est-ce que vous souhaitez qu’on aille au vote sur cette proposition de loi…

MARC FESNEAU
Mais je souhaite qu’on débatte, je ne sais pas…

MARC FAUVELLE
Qu’il y ait un vite final ou est-ce que vous allez faire ce que vous avez reproché aux oppositions ?

MARC FESNEAU
Excusez-moi, on a débattu quasiment trois semaines à l’Assemblée nationale, là vous pensez qu’on va régler… enfin, soit c’est une question sérieuse, et on considère qu’une journée c’est peut-être un peu court, mais allons-y. Ce n’est pas la première fois que dans une niche, je le dis, je le répète comme ancien ministre des Relations avec le Parlement, on met des textes comme si c’était en une journée que les sujets pouvaient se trancher. Alors, j’entends juste que la…

SALHIA BRAKHLIA
Pardon, mais il y a des articles dans la proposition de loi, deux.

MARC FESNEAU
Oui, très bien, article 1 je supprime les impôts, article 2 comment je les finance, enfin je veux dire, on peut aussi faire un article. Il y a quand même une question de responsabilité quand on est parlementaire, et donc sur le texte, en l’occurrence de LIOT, j’entends qu’ils reviennent de 64 à 62, et que deux ils reviennent sur la Touraine qui n’a pas été votée par ce gouvernement, mais par les socialistes…

MARC FAUVELLE
La Touraine c’est le passage aux 43 années de cotisation.

MARC FESNEAU
…L’accélération, la durée de cotisation, et alors ils financent ça comment ?

MARC FAUVELLE
Donc vous estimez qu’une journée c’est trop court ?

MARC FESNEAU
Ce n’est peut-être pas inintéressant dans un débat, même de 12 heures, à l’Assemblée nationale, de… est-ce qu’ils sont capables, dans cette niche, de garantir les pensions de retraite sans augmenter les cotisations et sans baisser les pensions de retraite, je veux dire ça mérite quand même un débat sérieux, on n’est pas…. Je sais qu’on est dans un monde médiatique, je ne parle pas ici en tant que tel, où il suffit de claquer des doigts pour essayer d’apporter des réponses, en tout cas ce n’est pas ma façon, ce n’est pas notre façon de concevoir les choses, c’est un débat sérieux, il y aura un débat, on a le droit quand on est, même dans la majorité, de poser des amendements et de dire on n’est pas d’accord avec vous…

SALHIA BRAKHLIA
Donc peut-être pas un vote, c’est ce que vous dites ?

MARC FESNEAU
On verra, ce n’est pas moi qui suis l’accélération des débats et la façon dont ils se déroulent.

MARC FAUVELLE
Marc FESNEAU vous restez avec nous, dans un instant on va parler d’un sujet qui intéresse et qui inquiète une bonne partie des Français, c’est la sécheresse déjà en cours dans de nombreux départements, on parlera de la situation des agriculteurs également.

(…)

SALHIA BRAKHLIA
Avec le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc FESNEAU. Depuis l’été dernier, la sécheresse s’est installée dans le pays. La pluie se fait rare. Des dizaines de départements sont en alerte. A combien s’élèvent les pertes de récoltes ? Vous avez déjà fait un état des lieux ?

MARC FESNEAU
Non. Alors, pardon d’être un peu pragmatique dans ce genre d’exercice. Vous ne pouvez connaître l’état des lieux de la perte des récoltes que quand vous avez récolté, c’est un peu une évidence.

SALHIA BRAKHLIA
Il n’y a pas d’anticipation ?

MARC FESNEAU
Vous ne faites pas de l’anticipation sur la biologie des plantes. Je veux dire, s’il n’y a plus d’eau du tout, on perd tout, s’il y a de l’eau et qui, manifestement, encore en particulier ce matin et depuis quelques semaines, il y a beaucoup de territoires en France où il pleut, et il pleut de façon satisfaisante, dans mon propre département on a une pluviométrie qui est plutôt satisfaisante. J’étais, l’autre jour, dans une région où on me disait : " Il y a même un peu trop de pluviométrie ". Donc, la météo n’est pas une science que nous maîtrisons et que peut-être c’est mieux ainsi, d’ailleurs, sans doute parce que c’est mieux ainsi. Ça ne veut pas dire, on va y revenir, qu’il n’y a pas des départements qui sont sous gros stress.

SALHIA BRAKHLIA
Justement, les Pyrénées Orientales, vous étiez en déplacement le week-end dernier, vous avez annoncé aux agriculteurs qu’une indemnisation allait leur être versée. A quelles conditions ?

MARC FESNEAU
C’est dans le cadre de la réforme de l'assurance-récolte et heureusement qu'on a fait ça, qui était sans doute dans une forme d'impasse, il y a la solidarité assurantielle qui va jouer, pour ceux qui sont assurés, et puis par ailleurs la solidarité nationale qui viendra couvrir une partie des pertes que pourraient rencontrer les arboriculteurs, les viticulteurs, les maraîchers, on est plutôt sur ce type de culture dans ce département-là, et donc c'est l'idée c'est de dire qu'on sera à leurs côtés, comme on l'a été d'ailleurs sur la grêle, sur le gel et sur la sécheresse, l'été passé. Après, on a un sujet qui est bien plus terrible dans un département comme celui-là, parce que ce n'est pas simplement la perte de récolte qu'on a…

MARC FAUVELLE
C'est parfois la perte des arbres fruitiers, on a entendu des arboriculteurs dire, certains doivent jeter la récolte en cours aujourd'hui. Si un arboriculteur perd ses arbres, sous l'effet de la sécheresse, est-ce qu'on les replante, est-ce qu'on l'aide à les replanter ou est-ce que l’on dit : il faut passer à autre chose parce que la sécheresse va se répéter année après année ?

MARC FESNEAU
Alors, ce que vous posez comme débat, est un vrai débat. A la vérité, d'abord c'est une perte pour fonds, donc ça peut être indemnisé, la question c'est : est-ce qu'on arrive à construire un modèle qui permet de maintenir de l'arboriculture ? Et l'idée c'est : à mon avis oui, sauf qu'il faudra se poser la question. Qu'il y ait des pertes pour récolte, ce n'est pas malheureusement une nouveauté dans monde agricole, c'est l'histoire du monde agricole que d'avoir eu des aléas climatiques. Mais quand on est sur quelque chose qui touche la plante elle-même, mais si on ne peut pas planter d'arbres fruitiers, et si on ne peut pas planter de vignes, je ne sais pas ce qu'on plante en fait monsieur FAUVELLE. C'est ça la difficulté. Donc on a besoin d'avoir un système qui soit économe en eau, globalement, et honnêtement la vigne, je visitais une exploitation dans l'Aude, il est tombé 90 millimètres depuis un an. 90 millimètres. La pluviométrie normale dans un pays comme le nôtre, c’est entre 500 et 600 millimètres. La vigne était encore là, mais s'il ne pleut pas du tout elle va disparaître. Et si je n'ai pas ça, en fait il n’y aura plus aucune végétation. Donc on a besoin de s'assurer dans ce genre de département, peut-être d'un minimum de filets, qui permettent non pas de garantir tous les ans qu'on produit, mais de garantir au moins qu'on puisse permettre le maintien d'un certain nombre de productions.

SALHIA BRAKHLIA
Mais ça veut dire qu'il y a des cultures prioritaires en termes d'eau, en termes de…

MARC FESNEAU
Eh bien il faut qu'on pense notre système dans chaque territoire avec ce que sera le potentiel de pluie qui va tomber et est-ce que c'est des territoires… Les productions qu'on a, sont adaptées à la pluviométrie…

MARC FAUVELLE
Mais ça veut dire qu’il y a des agriculteurs à qui on va dire dans les semaines qui viennent : plus d'eau du tout, tant pis, la priorité aujourd'hui c'est…

MARC FESNEAU
Non, pardon, ce que l’on essaie de construire dans les Pyrénées Orientales et ce qu'annoncera le préfet qui continue ses consultations, et je voudrais vraiment saluer le travail des professionnels avec la préfecture pour essayer de trouver un point d'équilibre, c'est qu'est-ce qu'on essaie de maintenir comme filet minimum d'eau pour faire en sorte qu'il y ait un minimum de production. Parce qu'on est sur des productions, c'est des fruits et des légumes, c'est de l'arboriculture, enfin bref c'est des productions qui nous servent d'ailleurs, dans ce département des Pyrénées-Orientales, en termes de souveraineté, est important pour la France globalement. Qu'est-ce qui fait en sorte qu'on préserve ce qu'on peut préserver au minimum et qu'on préserve aussi le potentiel de production pour ne pas que des arbres disparaissent, parce que sinon c'est ça la difficulté. Mais c'est vrai que c'est une équation extrêmement compliquée, de penser, on est déjà en agriculture méditerranéenne dans ces territoires, le sujet n'est pas de savoir si on a des cultures qui sont très consommatrices d’eau, elles sont très peu consommatrices d'eau déjà ces cultures-là, mais comment on fait en sorte de rendre le système encore plus résilient, est-ce que c'est des variétés qui sont plus résistantes, est-ce que c'est un accès…

SALHIA BRAKHLIA
Mais vu la sécheresse…

MARC FESNEAU
… minimum à l'eau pour permettre que l'outil de production soit maintenu, c'est tout ça qu'il faut travailler.

SALHIA BRAKHLIA
Vu la sécheresse, est-ce qu'on va prioriser les agriculteurs, et créer des interdictions pour les particuliers ?

MARC FESNEAU
Non mais vous voyez bien que la batterie de mesures qu'on prend, c’est des mesures, alors personne ne comprendrait qu'on dise aucune interdiction pour personne, sauf pour les agriculteurs. Donc c'est bien un effort collectif qu'on doit faire. Mais vous voyez bien que la priorité c'est l'alimentation en eau potable, et déclinant à partir de l'alimentation en eau potable, qu'est-ce qu'on fait sur le remplissage des piscines, qu'est-ce qu'on fait sur des usages, l’arrosage des fleurs et des jardins, c'est peut-être moins prioritaire que l'agriculture, enfin, quand je dis " c'est peut-être ", je suis certain que c'est moins prioritaire que l’agriculture, donc on…

MARC FAUVELLE
Dans les Pyrénées Orientales…

MARC FESNEAU
… chacun de faire notre part de l'effort dans cette affaire-là.

MARC FAUVELLE
On parlait des piscines dans les Pyrénées Orientales, le Gouvernement a annoncé l'interdiction de la vente des piscines hors-sol, les piscines qu'on n'ajoute dans son jardin. Pourquoi les piscines hors sol mais pas la construction des piscines enterrées ?

MARC FESNEAU
Mais les piscines enterrées elles-mêmes, de toute façon il y a une interdiction de remplissage, sauf qu'il y a un contrôle qui est plus simple d'ailleurs sur des piscines, parce qu'il y a normalement en bonne logique une déclaration dans chaque, quand vous construisez une piscine il y a une déclaration auprès de votre maire, puisque ça fait partie des éléments de la valeur d'un bien, et donc c'est plus facile à contrôler qu'une piscine hors sol. Pour tout le monde la règle va être la même, là c'est pour ne pas en rajouter…

MARC FAUVELLE
C’est-à-dire l’interdiction du remplissage des piscines, ça va être la règle sans doute dans des dizaines de départements cet été…

MARC FESNEAU
Dans un certain nombre de départements, on manque d'eau, mais c'est une question de bon sens, me semble-t-il, oui.

MARC FAUVELLE
Ça, vous commencez à prévenir les propriétaires en disant, pour l’été prochain…

MARC FESNEAU
Ça ne me parait pas être … aux gens, que de dire : quand vous n'avez plus d'eau, quand vous avez 100 millimètres d'eau qui tombe sur un territoire, de dire : pardon, cette année on a besoin de prioriser l'eau potable, on a besoin de prioriser des usages essentiels, on a besoin de prioriser, on ne l'a pas dit, mais dans les Pyrénées Orientales, pour abreuver les animaux, c'est quand même plus prioritaire que de remplir une piscine, et c'est pas une violence qui est faite, il faut juste qu’on s’adapte.

SALHIA BRAKHLIA
Oui, le fourrage, on va en manquer.

MARC FESNEAU
Alors, après, il faut, que l’on, me semble-t-il, il faut qu'on gère l'urgence, mais quand vous êtes responsable public, vous n'êtes pas simplement à commenter le, ici la sécheresse, là il y a trop d'eau, vous voyez, c'est parce qu'on va avoir des phénomènes climatiques atypiques. On a besoin de se projeter sur le moyen long terme, comme on fait en sorte de réduire les fuites dans les réseaux d'eau, il y a un certain nombre d'endroits où on perd 50% de l'eau qui est consommée, donc c'est quand même, enfin qui est prélevé, pardon, donc c'est quand même important d'y travailler. Comment je fais ? Essayer de faire évoluer un modèle agricole, mais l'évolution du modèle agricole ça ne peut pas être la disparition de l'agriculture dans ces territoires là, vous comprenez bien que sinon ça voudrait dire qu'on laisse, on laisse progresser une forme de désert.

SALHIA BRAKHLIA
Marc FESNEAU, est-ce qu’avec la sécheresse les Français doivent s’attendre à payer leurs fruits légumes plus chers cet été ?

MARC FESNEAU
Pas forcément à date, franchement on ne peut pas… J'essaie de ne pas d'ailleurs être dans le catastrophisme, ce n'est pas ce que vous êtes non plus, mais…

SALHIA BRAKHLIA
Je pose la question, moi, justement.

MARC FESNEAU
Non mais c'est pour ça que je dis " vous ne l’êtes pas " donc je ne vous fais pas de grief, je dis « on est…

MARC FAUVELLE
Pour l’instant, il n’y a pas de hausse constatée.

MARC FESNEAU
Pour l’instant, les hausses constatées sur les fruits et légumes ne sont pas liées à la question météorologique, elles sont liées principalement à la question Ukraine, augmentation des charges etc. Il y a un sujet qu'on ne voit pas, c'est que de l'autre côté de la frontière des Pyrénées Orientales, il y a l'Espagne. Et comme…

MARC FAUVELLE
Avec une très grosse sécheresse pour le coup.

MARC FESNEAU
Alors, pour le coup ils ont une grosse sécheresse, avec un système d’eau qui commence à faire défaut pour le modèle qui avait été construit sans doute en partie. Là pour le coup, et c'est là qu'on a besoin d'être souverain et de ne pas dépendre des autres, parce que 50% des fruits et légumes ils viennent de l'extérieur de nos frontières. Et donc quand il y a un problème dans un pays comme l'Espagne, qui est un éminent pays en termes de production de fruits et légumes, ça, ça peut avoir des conséquences à l’été…

MARC FAUVELLE
Mais ça veut dire que les producteurs français pourraient être tentés de tirer les prix vers le haut, puisque les produits étrangers, espagnols ou marocains, augmentent, eux ?

MARC FESNEAU
… Si les producteurs français faisaient les prix, ils en seraient heureux, mais je crois que dans les rapports, alors dans EGALIM on fait en sorte d'inverser un peu le rapport de force, mais c'est la loi de l'offre et de la demande, et la tension qui naît sur les marchés elle vient plutôt de ceux qui viennent demander aux producteurs des choses, c'est-à-dire plutôt de la grande distribution, mais je ne jette de grief à personne, chacun joue son rôle et essaie d'anticiper des risques.

MARC FAUVELLE
Il y a une mesure de la loi EGALIM, qui très régulièrement critiquée notamment par Michel-Edouard LECLERC, c'est la mesure qui oblige les grandes surfaces à revendre 10% plus chers qu'elles ne les ont achetés, les produits alimentaires. C'était à l'origine pour sauver les revenus, enfin garantir des revenus aux agriculteurs. Est-ce que par période de gros temps et d'inflation, comme on la connaît aujourd'hui avec une inflation alimentaire de plus de 15 %, cette mesure pourrait être provisoirement mise de côté ?

MARC FESNEAU
Alors d'abord, j'allais dire par une forme de boutade, si Michel-Edouard LECLERC n'est pas favorable, il faut déjà se demander si du coup la mesure ne porte pas son intérêt, si je puis dire.

SALHIA BRAKHLIA
Ah, vous n’avez pas confiance en lui ?

MARC FESNEAU
Non mais nous n'avons pas le même type de combat. Le combat de Michel-Edouard LECLERC c'est : plus le prix est bas, mieux c’est. Saut que plus le prix est bas, plus on fait disparaître les producteurs et puis on se retrouve dans la situation de perte de souveraineté sur les fruits et légumes par exemple, sur le lait par ailleurs, et on peut avoir un dialogue. Je n’ai pas envie de faire de Michel-Edouard LECLERC un bouc émissaire, donc ça ne m'intéresse pas de la jouer comme ça pour être très honnête avec vous, mais en revanche qu'on ait besoin de rémunération c'est une chose importante, la question c'est…

MARC FAUVELLE
Mais par exemple on ne pourrait pas passer à 5%, ce qui permettrait de réduire d'autant…

MARC FESNEAU
Mais dès lors que la grande distribution commencerait à rogner sur ses marges, enfin il n'est pas démontré aujourd'hui que sur les marges de la grande distribution, en particulier sur les fruits et légumes où la marge est assez importante, il y ait une marge importante. Sur le bio…

SALHIA BRAKHLIA
… c'est plus les industriels. Le rapport de Bercy, c'est plus les industriels.

MARC FESNEAU
Oui, enfin, c'est les industriels, qui ont pris la paume, souvent, qui ont réduit leurs marges, c'est ce que dit le rapport de Bercy. Il dit que c'est plutôt…

MARC FAUVELLE
Donc l’effort maintenant, il est justement chez Michel-Edouard LECLERC et ses amis.

MARC FESNEAU
Sur le bio par exemple, on sait très bien qu'on marge beaucoup plus sur le bio dans la grande distribution que sur les produits conventionnels. Si on voulait aider le bio, on ferait moins de marges, on ferait la marge du [sic], après tout pourquoi il y a plus de marge sur le bio que sur le projet conventionnel ? Parce que les clients accepteraient plus qu'il y ait une marge plus importante. Donc chacun doit faire sa part et la grande distribution peut faire la sienne aussi me semble-t-il.

MARC FAUVELLE
Marc FESNEAU, ministre de l'Agriculture, invité de France Info jusqu'à 09h00, il est 08h51, Maureen SUIGNARD pour le Fil Info.

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SALHIA BRAKHLIA
Avec le ministre de l'Agriculture, Marc FESNEAU, ces dernières semaines, vous vous êtes lancé dans un bras de fer contre l'ANSES, l'agence qui évalue les risques des pesticides et qui délivre ou pas les mises sur le marché. Qu'est-ce que vous lui reprochez ?

MARC FESNEAU
Alors, d’abord, je ne me suis pas lancé dans un bras de fer, pardon de dire les choses, et qu'est-ce que je lui reproche, rien, je dis juste que, qu'est-ce qui nous a amenés parfois en situation de difficulté pour l'agriculture française, c'est que dans un espace européen, prendre des décisions comme si nous étions une île déserte, mais ce n’est pas l’ANSES qui est en cause dans ce registre…

SALHIA BRAKHLIA
Vous mettez en cause…

MARC FESNEAU
Attendez, attendez, attendez…

MARC FAUVELLE
Mais vous citez… Marc FESNEAU, vous dites : je ne me suis pas lancé dans un bras de fer, vous avez déclaré au sujet de l’ANSES et devant la FNSEA, c'était lors de son congrès, je vous cite, je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d'une agence, agence qui – c'est moi qui l'ajoute – est aujourd'hui indépendante, puisque ce n'est pas votre ministère…

MARC FESNEAU
Non, elle n’est pas indépendante, pardon, ce n'est pas une autorité indépendante, c'est une agence…

MARC FAUVELLE
Donc elle est sous votre autorité ?

MARC FESNEAU
Qui est sous tutelle du ministère de l’Agriculture, du ministère de la Santé, du ministère de la… et ce n’est pas une insulte en tout cas d'avoir une agence qui est sous tutelle au co-tutelle d'ailleurs, y compris sur un certain nombre de produits, c'est le ministère de l’Agriculture qui saisit l’ANSES et qui lui demande de faire une analyse de risques. Donc en revanche, à chaque fois, c'est pondéré, je vais vous donner deux exemples sur lesquels c'est pondéré, sur la question de la grippe aviaire, l’ANSES produit un avis, l’avis de l’ANSES parfois, c'est de dire : il faut confiner l'ensemble des animaux, bon, j’ai une demande parfois de la Confédération paysanne qui me dit : il faut laisser sortir les animaux dans les élevages les plus extensifs. Vous voyez bien qu'on pondère entre un avis et une réalité…

MARC FAUVELLE
Donc c’est juste consultatif pour vous ce que dit l’ANSES ?

MARC FESNEAU
Non, non, non, n’essayez pas de me faire dire ce que je n’ai pas dit…

MARC FAUVELLE
C’est une question…

MARC FESNEAU
Je vois bien où vous voulez m’emmener, non, ce n'est pas juste consultatif, et vous ne m'avez jamais entendu dans aucune déclaration remettre en… attendez, laissez-moi finir ma phrase…

MARC FAUVELLE
Je n’ai rien dit…

MARC FESNEAU
Mais je vous voyais dodeliner, comme disait l’autre, vous ne m’avez jamais vu remettre en cause l’avis de l’ANSES sur son fondement scientifique, jamais, jamais, jamais vous ne m’avez entendu dire ça, en revanche…

SALHIA BRAKHLIA
Non, mais enfin, par contre, par exemple sur le métolachlore qui suscite…

MARC FESNEAU
Et ce métolachlore, je vous donne …

SALHIA BRAKHLIA
Voilà, justement…

MARC FESNEAU
Et ce métolachlore, on a une décision de l’ANSES…

MARC FAUVELLE
Métolachlore, je rappelle, pardon, puissant herbicide qu’on retrouve notamment dans les eaux de millions de Français…

MARC FESNEAU
Absolument…

MARC FAUVELLE
L’ANSES rend un avis, et vous dites, cet avis ne me va pas…

MARC FESNEAU
Jamais je n’ai dit que je remettais en cause l’avis de l’ANSES parce que je n'ai pas la compétence, et ça n'est pas mon tempérament, je dis juste : on a une décision qui vient, et on sait qu'on a une décision devant nous, qui est une décision européenne, on est dans le même espace et dans le même marché commun, si c'est un produit qui pose des problèmes, j'espère, j'estime et je pense que ce n'est pas idiot que ça se passe dans l'espace européen, parce que les produits européens, ils traversent la frontière.

MARC FAUVELLE
Vous dites à l’ANSES : ce n‘est pas vos oignons, c’est à l’Europe de s’occuper de ça ?

MARC FESNEAU
Non, non, je dis on a besoin… non, non, je dis juste qu’on aurait besoin sur ce type de sujet, de mieux se coordonner. Et deuxième élément, je dis une deuxième chose, c'est quand on sait qu'on a un produit comme ça, et c'est tout le sens du plan, de la planification qui a été voulue par la Première ministre et le président de la République, on a des molécules, et la moitié des molécules aujourd'hui autorisées, on sait qu'elles vont repasser à la moulinette ou de l’ANSES ou de l’EFSA, enfin, bref, et c’est normal. On réévalue le risque, parce que les données scientifiques sont nouvelles, et elles permettent de le faire, est-ce qu'on peut aussi se mettre en mode de : on sait qu'il y a un risque que cette molécule disparaisse, comment on trouve les alternatives, pour ne pas se retrouver en situation d’impasse technique…

SALHIA BRAKHLIA
Non, mais d’accord, Monsieur le Ministre, mais, pardon, mais quand on sait que dans le cas du métolachlore par exemple, on sait que 3,5 millions de Français n'ont pas eu accès à une eau potable, une eau…

MARC FESNEAU
… Pardon, j’en sais quelque chose, non, attendez, attendez, attendez…

SALHIA BRAKHLIA
Si, si, l’eau a été contaminée, pour des histoires de santé publique, ce n’est pas dans votre rôle de dire : ok, l’ANSES a raison, il faut arrêter ça tout de suite ?

MARC FESNEAU
Mais, d’accord, très bien. Mais est-ce qu'on est là pour importer l'agriculture que nous ne voulons pas, c'est-à-dire que si ça produit un effet qui est de la distorsion trop grave de concurrence aux frontières européennes, d'abord, les produits rentreront avec ce produit-là, qu'est-ce qu'on a gagné, et deuxièmement, ça veut dire que…

SALHIA BRAKHLIA
Ça ne sera pas dans nos eaux, ça ne sera pas dans nos nappes phréatiques…

MARC FESNEAU
Ah, et donc, c’est dans les nappes des autres, et ce n'est pas grave, ça nous donne la bonne conscience…

SALHIA BRAKHLIA
Mais non, mais déjà, nous, on prend la bonne décision, ce n’est pas la question…

MARC FESNEAU
Alors, si on pousse la logique, ça veut dire qu'on accepte de faire faire du textile dans des conditions dégradées pour des êtres humains ailleurs, mais ce n'est pas grave, nous, on est vertueux, non, le mieux, c'est quand même que nous, on prenne les adaptations nécessaires et les transitions nécessaires, jamais vous m'entendrez sur le terrain vis-à-vis du monde agricole de la facilité, parce qu'il y a besoin de transition ,mais on a besoin de le faire en ordre européen, ça ne remet pas en cause les décisions scientifiques de l'ANSES, jamais je ne dis ça. Je dis juste : est-ce qu'on ne peut pas assez de regarder quelles sont les alternatives qu'on a devant nous, et comment on s'en sorte de faire de la planification, quand on fait de l'automobile, de l'aérien, du logement, tout le monde comprend qu'il faille 5, 10, 15 ou 20 ans. Tout le monde…

MARC FAUVELLE
Sur les pesticides, ça fait des années quand même…

MARC FESNEAU
Non, mais, alors je vais vous dire…

MARC FAUVELLE
Nous ne découvrons pas le phénomène aujourd’hui…

MARC FESNEAU
Les produits dits les plus à risque, 85 % de diminution depuis 5 ans, le bio en France, doublement des surfaces depuis 5 ans, on est le pays européen qui a le plus de surfaces en bio. Alors, il faut arrêter quand même en permanence de dire de l'agriculture ce qu'elle n'est pas, et essayer de dire le chemin qu'on a encore à faire sur les questions d'eau, sur les questions de pesticides, et il faut travailler les alternatives, j'étais avec les députés européens hier soir, du groupe Renew, pour dire, avec Pascal CANFIN, Jérémy DECERLE, pour dire : qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce qu'on trouve comme chemin pour se mettre dans la trajectoire du reste de la réduction des produits phytosanitaires, parce qu'il faut se mettre dans cette trajectoire-là.

MARC FAUVELLE
Un dernier mot, Marc FESNEAU, votre nouvelle conseillère en communication qui vous accompagne, je crois, ce matin, en régie, ici, à France Info, connaît très bien l'industrie agroalimentaire, puisqu'elle était il y a quelques jours encore directrice de la communication de l'ANIA, c'est le lobby des intérêts de l'industrie de l’agroalimentaire, est-ce que c'est gênant ?

MARC FESNEAU
Non, et si elle avait été…

MARC FAUVELLE
Est-ce que vous avez hésité avant de l’embaucher ?

MARC FESNEAU
Et si elle avait travaillé pour des gens qui faisaient du steak végétal ou du steak de biologie moléculaire, ça ne vous poserait pas de problème, si c'était quelqu’un qui avait travaillé L214, enfin, la distribution…

MARC FAUVELLE
Eh bien, je vous poserai la même question, je crois…

MARC FESNEAU
Non, non, je ne pense pas que vous me poseriez la même question, en tout cas, on n’aurait pas la même…

MARC FAUVELLE
Ah, eh bien, si vous voulez, mais je crois que si, je crois que c’est un lobby comme un autre…

MARC FESNEAU
On n’aurait pas la même polémique. Et par ailleurs, l’industrie agroalimentaire, c’est des choses que vous-même vous consommez tous les jours, vous consommez des pâtes, vous consommez des bonbons…

MARC FAUVELLE
Oui, oui…

MARC FESNEAU
Est-ce que c’est des gens qui sont toxiques à la santé et dangereux…

MARC FAUVELLE
Il n’y a pas l’ombre d’un conflit d’intérêt à l’horizon ?

MARC FESNEAU
Mais après, il y a une troisième borne, d’abord, premièrement, est-ce qu’on prend des gens compétents, je peux aussi prendre des gens qui n’y connaissent rien, un chanteur d'opérette, alors comme ça, il n’y aura pas de risque de conflit d'intérêt et on n’aura pas de procès en conflit d’intérêt…

SALHIA BRAKHLIA
Non, mais c’est quoi cet argument, pardon, excusez-moi, mais vous voyez bien, il y a des professionnels dans les secteurs…

MARC FESNEAU
On a besoin, attendez, on a besoin de gens compétents, et deuxième élément, il y a un truc, vous savez comment ça s'appelle, pour le coup, c'est une autorité indépendante, ça s'appelle la Haute autorité de transparence de la vie publique qui sur chaque nomination dans un ministère, il n’y a pas beaucoup d'endroits dans le monde où ça se passe comme ça, vous donne un avis et vous dit : c'est compatible ou ce n’est pas compatible, donc, je suis très heureux de l'avoir parmi nous…

MARC FAUVELLE
Et la Haute autorité a donné un feu vert ?

MARC FESNEAU
Elle a donné un feu vert avec la borne de [sic], elle ne peut pas entrer en contact avec son… et c’est normal…

MARC FAUVELLE
Avec qui elle ne peut pas entrer en contact ?

MARC FESNEAU
Avec son précédent employeur, mais c'est normal…

MARC FAUVELLE
C'est-à-dire celui qui est l’un de vos interlocuteurs aujourd’hui, Marc FESNEAU…

SALHIA BRAKHLIA
Mais c’est quand même important.

MARC FESNEAU
Mais pardon, Monsieur FAUVELLE, elle est conseillère en communication, elle ne va pas être en charge du dossier sur l’agroalimentaire, j'ai un autre conseiller qui travaille sur l'industrie agroalimentaire…

MARC FAUVELLE
Et les deux ne se parleront pas.

MARC FESNEAU
Oh, Monsieur FAUVELLE, vous voyez bien que là, vous êtes un tout petit peu…

MARC FAUVELLE
Je suis un peu de mauvaise foi…

MARC FESNEAU
Vous l’avez dit vous-même.

MARC FAUVELLE
Merci Marc FESNEAU.

MARC FESNEAU
C’est bien de s’autojuger, ce n’est pas mal.

MARC FAUVELLE
Ministre de l’Agriculture, invité ce matin de France Info. Très bonne journée à vous.

MARC FESNEAU
Merci à vous.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 16 mai 2023