Texte intégral
AMANDINE BÉGOT
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Bonjour Amandine BEGOT.
AMANDINE BÉGOT
Vous venez nous présenter votre plan de sobriété pour l'été. On a fait des efforts cet hiver, il va falloir en refaire cet été, continuer en tout cas.
Agnès PANNIER-RUNACHER, vous venez ce matin sur RTL nous présenter votre plan de sobriété énergétique pour cet été. Alors, on va détailler toutes ces mesures qui sont d'ailleurs très concrètes dans un instant. Mais d‘abord, pourquoi un nouveau plan, on risque de manquer d'électricité cet été ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Non, on ne risque pas de manquer d'électricité cet été, mais ce plan, c'est la suite du plan sobriété de l'hiver dernier, qui nous a permis d'économiser 12 % de gaz et d'électricité combinés. Ça nous a permis effectivement d'éviter 20 moments de grande tension sur le réseau électrique, et donc de potentiels délestages. Ça nous a surtout permis de réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 2,7 % sur toute l'année 2022, parce que rien qu'au dernier trimestre, le trimestre de l'hiver, eh bien, on a baissé nos émissions de gaz à effet de serre de 8,5 %…
AMANDINE BÉGOT
Ça veut dire que les Français ont joué le jeu.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Ça veut dire que le plan sobriété, c'est bon pour la planète, c'est bon pour le portefeuille, et effectivement, les Français ont joué le jeu, et je veux les remercier, d'ailleurs, on les remercie dans le spot que nous avons mis au point, parce que ce sujet, il va durer, la sobriété va s'installer, et c'est en fait un enjeu collectif, c'est comment on peut, par l'ajustement de nos comportements, en particulier les grands acteurs, on commence par les grandes entreprises, par les grandes administrations, par les grandes collectivités locales, mais aussi nous tous, en tant que citoyens, faire en sorte de maîtriser mieux notre consommation d'énergie.
AMANDINE BÉGOT
Et est-ce que si les Français ont joué le jeu, ce n'est pas aussi et d'abord pour des raisons économiques pour limiter leur facture ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, bien sûr, l'enjeu de la facture, il est important, mais ce n'est pas le seul levier, c'est ce que nous dit RTE, RTE nous dit : désormais, je considère que la sobriété s'est installée dans le paysage français, que les Français sont attentifs à leur consommation d'énergie, qu'ils considèrent que c'est important de réduire cette consommation d'énergie dès lors que ça permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre, et on le voit, on a eu un bouclier énergétique toute l'année dernière, et pourtant, entre le début de l'année, où il y a une baisse de 1 ou 2 % de la consommation d'électricité qui est probablement liée effectivement à l'effet prix, à la fin de l'année, c'est un décrochage vraiment important, moins 8, moins 9 % selon les mois, et ça continue encore en début d'année 2023.
AMANDINE BÉGOT
Cet hiver, le slogan, c'était : je baisse, j'éteins, je décale, pour cet été, c'est quoi ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Chaque geste compte pour la planète, c'est-à-dire que l'on met la sobriété vraiment donc parmi les quatre leviers qui vont nous permettre d'atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. La sobriété, en changeant collectivement nos comportements et en faisant en sorte au niveau des politiques publiques de permettre ce changement, c'est-à-dire de permettre de rénover les bâtiments, de permettre de mettre à disposition des Français des véhicules moins consommateurs. Deuxièmement, en ayant plus d'efficacité énergétique, troisièmement, en produisant plus d'énergie décarbonée renouvelable et nucléaire, on va atteindre cette neutralité carbone.
AMANDINE BÉGOT
Alors, soyons concrets avec ces mesures, l'un des premiers postes de consommation d'électricité l'été, c'est bien sûr la climatisation, la règle, c'est : pas moins de 26 degrés, depuis ce matin, on en parle entre nous, 26 degrés, ça paraît beaucoup quand même, il fait chaud à 26 degrés ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, 26 degrés, c'est dans la loi depuis 2007…
AMANDINE BÉGOT
Dans la loi, et ce n'est pas appliqué ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Et ce n'est pas appliqué, depuis 2007, ça fait quand même plus de 15 ans, je rappelle que le chauffage à 19 degrés, c'était dans la loi depuis 1978, et c'est tout l'enjeu de ce plan sobriété, c'est, au fond, on s'est donné déjà des règles du jeu, eh bien, appliquons-les tout simplement. Donc moi, je n'ai pas voulu remettre en cause ces 26 degrés, ça avait été voté par le Parlement, enfin, c'est ce qui correspond manifestement à une position d'experts. Donc très bien, mais appliquons-le, et appliquons-le au travail, plus que les trois quarts des climatisations, elles ne sont pas chez les gens, elles sont au moment du travail…
AMANDINE BÉGOT
Donc dans les entreprises, dans les commerces, mais qu'est-ce qui fait qu'on va plus l'appliquer aujourd'hui, est-ce que vous menacez de sanction par exemple une entreprise où il ferait 19 degrés justement ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, c'est surtout que les entreprises s'engagent, elles s'engagent à présenter leur plan sobriété devant leur instance de gouvernance, qui lui donne une dimension…
AMANDINE BÉGOT
Mais pourquoi elles l'appliqueraient plus aujourd'hui que depuis 16 ans ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, je vais jusqu'au bout, quand vous vous engagez devant votre conseil d'administration, ça donne une dimension juridique plus importante à ce plan, et puis, vous prenez un risque, un risque vis-à-vis de vos salariés, un risque vis-à-vis de vos actionnaires, un risque vis-à-vis de vos clients, risque réputationnel notamment, et on le voit, eh bien, pendant l'hiver, les grandes entreprises ont effectivement mis en œuvre un plan sobriété, et elles l'ont respecté, puisque nous avons vu dans leur consommation une baisse réelle importante de gaz et d'électricité. Et puis, c'est leur intérêt, à la fin de la journée…
AMANDINE BÉGOT
Mais sanctionner, ce n'est pas la bonne solution ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
A la fin de la journée, c‘est leur intérêt, c'est-à-dire, c'est moins aussi d'argent dépensé sur la facture, pourquoi la sanction, ça ne marche pas, parce qu'on est en train de transformer nos comportements, c'est un enjeu culturel, les gens ont envie aussi de choisir ce qu'ils vont faire pour la planète, ils n'ont pas envie qu'on n'impose de manière standardisée partout à quelle vitesse ils vont circuler sur l'autoroute, comment ils vont gérer le chauffage et les ventilateurs chez eux, en revanche, ce que l'on voit, c'est qu'ils ont envie de s'engager pour la planète. Et donc ces comportements, qu'ils mettent eux-mêmes en œuvre, et sur lesquels, ils nous demandent plus d'informations, fonctionnent bien, on le voit sur la baisse de la consommation énergétique.
AMANDINE BÉGOT
Plus de la moitié des entreprises du CAC 40, 27 sur les 40 grandes entreprises, s'engagent à demander à leurs salariés de lever le pied en voiture, 130 km/h sur autoroute au lieu de 110, vous en parliez, est-ce que vous appelez, vous, les Français qui vont cet été, pour certains, prendre leur voiture pour partir en vacances, justement à rouler moins vite ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Moi, ce que je leur dis, c'est qu'effectivement, quand vous êtes à 110 km/h sur l'autoroute par rapport à 130, vous économisez 20 % de carburant, ce n'est pas rien, ce n'est pas rien, ça se voit sur le portefeuille…
AMANDINE BÉGOT
Ce n'est pas rien pour la planète, pas rien pour le portefeuille.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Et c'est énorme pour la planète, parce que 20 % de carburant, je veux dire, le pétrole, c'est énormément d'émissions de CO2, et c'est moins d'accidents, c'est moins de fatigue, c'est un peu plus de temps de trajet. Et donc c'est un choix que nous proposons aux Français, et on va, sur la signalétique des autoroutes, effectivement, passer des messages en disant : levez le pied…
AMANDINE BÉGOT
Mais aucune obligation…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
De même qu'on passera des messages sur le covoiturage, parce que c'est aussi une façon très efficace de réduire son empreinte carbone, et là encore, de payer moins cher sur la facture.
AMANDINE BÉGOT
Vous demandez également aux entreprises qui le peuvent de faire appel au télétravail, ça a vraiment un impact, ce n'est pas parce qu'on travaille de chez soi qu'on ne consomme pas d'électricité par exemple ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, nous, ce que nous avons fait, c'est tout simplement une expérience réelle sur tous les bâtiments du ministère de la Transition énergétique et de la transition écologique en province, et à Paris, et on s'est aperçu que lorsqu'on organisait le télétravail, de manière à le coller à des week-ends un peu prolongés, on avait des économies massives d'énergie, évidemment, sur les bâtiments, mais plus intéressant que ce qu'on nous annonçait comme étant un effet rebond chez des personnes qui restent à la maison n'existait pas, c'est-à-dire, il était extrêmement limité, d'abord, on économise le carburant pour aller au travail, et puis, surtout, comme souvent, votre bâtiment ou votre chauffage, il est déjà piloté par quelqu'un d'autre, vous ne consommez pas tellement plus. Et donc, c'est cet effet-là qu'on a montré. Et maintenant, on dit aux entreprises : emparez-vous de cette étude, faites-en un objet du dialogue social.
AMANDINE BÉGOT
J'ai deux petites questions en moins d'une minute, pour l'hiver prochain, on ne risque pas de manquer ni de gaz ni d'électricité ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Pour l'hiver prochain, si effectivement on reste vigilant, et on ne baisse pas la garde, et on applique encore ce plan de sobriété, oui, on sera du bon côté.
AMANDINE BÉGOT
À propos d'hiver et de chauffage, est-ce qu'après avoir interdit les chaudières à fuel, vous allez interdire les chaudières à gaz, je sais qu'il y a une concertation qui est menée en ce moment. Personnellement, vous y êtes favorable ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, moi, je vais être très claire, cette concertation, elle doit aller à son terme, et l'enjeu, c'est de dire : à quelle vitesse et comment on arrive à baisser notre consommation de gaz, le gaz…
AMANDINE BÉGOT
Sauf que c'est compliqué – pardon – de dire à des gens qui auraient, là, changé leur chaudière…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais tout à fait…
AMANDINE BÉGOT
Pour une chaudière à gaz, eh bien, on laisse tomber…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais tout à fait raison, vous avez complètement raison, et c'est pour ça qu'on ne va pas leur dire : bonne nouvelle, vous avez changé votre chaudière à gaz, vous allez changer l'année prochaine, mais d'abord, dans les bâtiments publics, on peut changer chaudières, dans les bâtiments tertiaires, on peut demander aux entreprises de changer leur chaudière, lorsque votre chaudière casse, vous pouvez la changer pour une chaudière qui est non fossile, c'est tout cela que nous devons accompagner, simplement, ce n'est pas facile, parce que le gaz, c'est une des énergies les plus faciles à piloter, et les plus disponibles sur notre territoire, et puis, plus on diminuera la proportion de gaz que l'on utilisera, plus ceux qui resteront au gaz devront payer le prix du réseau, et donc ça sera plus cher, et c'est pour ça que ça doit être accompagné. Il faut mettre tout sur la table pour avoir les meilleures mesures.
AMANDINE BÉGOT
Merci beaucoup Madame la Ministre.
YVES CALVI
La sobriété s'installe, les Français ont compris les enjeux, vient de nous dire Agnès PANNIER-RUNACHER
source : Service d'information du Gouvernement, le 21 juin 2023