Interview de Mme Olivia Grégoire, ministre déléguée, chargée des PME, du commerce, de l'artisanat et du tourisme, à Sud Radio le 13 juillet 2023, concernant les prix de l'agroalimentaire et des carburants et les répercussions des émeutes sur le commerce.

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Intervenant(s) : 
  • Olivia Grégoire - Ministre déléguée, chargée des PME, du commerce, de l'artisanat et du tourisme

Média : Sud Radio

Texte intégral

STEPHANIE DE MURU
Soyez les bienvenus en direct sur Sud Radio. Mon invitée politique, Olivia GREGOIRE, ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme. Bonjour Olivia GREGOIRE.

OLIVIA GREGOIRE
Bonjour.

STEPHANIE DE MURU
Merci d’être avec nous ce matin. Alors, le mois dernier, avec Bruno LE MAIRE, vous vous étiez engagée à une baisse des prix dans l’alimentaire, pour lutter contre les effets de l’inflation que subissent durement les Français. Vous négociez depuis plusieurs semaines déjà avec les industriels, ces derniers ont annoncé hier qu’une quarantaine d’entreprises de l’agroalimentaire s’était engagée à faire un effort sur les prix de près de 1.000 produits. Vous nous le confirmez ce matin, à quoi s’engagent-ils concrètement ?

OLIVIA GREGOIRE
Je vous le confirme ce matin, déjà, pour être très claire, que les auditeurs sachent aussi que, effectivement, on sort d’une période d’inflation alimentaire importante, elle était à plus de 15%, cette inflation alimentaire, quasiment 16% au mois de mars. Elle est à 13,6% au mois de juin. La baisse est en train de s’amorcer. Très concrètement, nous avons demandé, avec Bruno LE MAIRE, depuis maintenant plusieurs semaines, aux 75 plus gros industriels de l’industrie agroalimentaire de baisser leurs prix rapidement, avec une règle, ceux qui baissent leurs prix doivent être ceux qui, effectivement, voient le cours des matières premières baisser. Nous arrivons donc à une quarantaine de gros industriels, qui vont faire un effort très concret de moins 5 à moins 7, 8% dès le mois de juillet ; donc les Français vont le voir dans les jours qui viennent, le voient déjà. Et je veux être très concrète ce matin, je parle ici de produits dont les cours ont baissé. Les pâtes alimentaires, l’huile de tournesol, le thé, le vinaigre, la volaille, le snacking, les yaourts, des aliments pour animaux aussi, vous savez qu’ils avaient lourdement augmenté, mais aussi des gâteaux, des confitures, et très concrètement, ça se voit dès maintenant dans les rayons, et ça va continuer tout l’été. Il faut expliquer aux gens, parce que les gens entendent sur 75 qu’une quarantaine seulement, je dirais, ont pris ces mesures, pourquoi les autres ne l’ont pas fait, je me permets de détailler…

STEPHANIE DE MURU
Attendez, alors, pardonnez-moi, d’abord, sur cette baisse, si vous me permettez, vous dites : 5 à 7% en moyenne, vous dites : on sort de l’inflation, alors, on n’en sort pas complètement, vous l’avez dit, 13,6%, c’est encore…

OLIVIA GREGOIRE
Ça ne peut pas être du jour au lendemain…

STEPHANIE DE MURU
Oui, bien sûr, mais c’est beaucoup.

OLIVIA GREGOIRE
16,6 %, c’est important, mais c’est en baisse.

STEPHANIE DE MURU
Vous savez que – on ne va pas faire des calculs savants – mais, enfin, sur un paquet de biscuits, ça fait quoi, quelques centimes à peine, sur les produits que vous nous avez cités…

OLIVIA GREGOIRE
Ah oui, mais vous savez…

STEPHANIE DE MURU
Les Français demandent davantage d’efforts…

OLIVIA GREGOIRE
Mais les Français sont des gens intelligents, les Français ont vu les hausses des prix aussi, et les hausses se sont faites par pallier, l’an passé. Les prix n’ont pas pris 15% du jour au lendemain, ils ont fonctionné par pallier. Là, je vous dis qu’on a une inflation aux alentours de 13%, quand je parle d’une baisse de moins 7 %, c’est quand même visible dans les rayons, parfois, il s’agit de quelques centimes sur certains produits, mais parfois, ça peut être quelques euros, et ce qui compte, c’est que cumulé à la fin sur un panier en caisse, la baisse, elle est là. Donc les baisses, elles se font aussi par pallier, mais un pallier de 5 à 7% sur une inflation à 13,6, ce sont des paliers importants, l’inflation, elle prendra un peu de temps pour baisser, ce qui est important, c’est qu’elle ait commencé sa décrue, et que ça se sente dans les paniers dès cet été.

STEPHANIE DE MURU
Les industriels en tout cas n’octroient pas forcément les mêmes réductions à tels distributeurs, d’autres…

OLIVIA GREGOIRE
Non, mais…

STEPHANIE DE MURU
Ne les communiquent pas, comment le consommateur peut y voir clair, parce que si on va dans un supermarché, qu’il y a un produit qui est cher, mais en même temps, que l’autre a baissé, enfin, voilà, on ne s’en sort pas vraiment…

OLIVIA GREGOIRE
D’abord, les consommateurs depuis cette fièvre inflationniste, depuis maintenant 1 an, ils font quelque chose de très notable, l’ensemble des acteurs de la grande distribution en atteste, c’est que les gens étant intelligents, ils font le tri dans les prix. Donc ils vont peut-être aller dans un hypermarché a pour les gâteaux, et dans un hypermarché B pour aller acheter les boissons. Oui, mais moi, je n’ai pas à commenter, c’est une réalité de fait de consommation. Les gens ont compris qu’il y avait des produits plus intéressants ou des trimestres anti-inflation sur des marques distributeurs plus intéressants dans certaines enseignes que d’autres. Donc n’oublions jamais que le consommateur est quand même le juge de paix dans ces questions. Après, je vois tous les débats sur : oui, mais les industriels ont fait certaines promotions à certains distributeurs, certains font des promotions…

STEPHANIE DE MURU
Oui, c’est ça…

OLIVIA GREGOIRE
D’autres font des renégociations…

STEPHANIE DE MURU
C’est ce que je vous dis, on a du mal à y voir clair.

OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais moi, j’ai un seul message, qu’est-ce qu’on cherche, qu’est-ce que je cherche en tant que ministre de la Consommation, aux côtés de Bruno LE MAIRE, à ce que, à la caisse, pendant les vacances, dès cet été, à la rentrée, les gens, les ménages, les citoyens voient les prix baisser, que ça passe par une remise sur facture ou que ça passe par une renégociation commerciale, ce sont un peu des débats d’experts, qui relèvent, je dirais, de la communauté de l’agroalimentaire. Tout ce qui compte, et notre combat depuis 6 mois, avec Bruno LE MAIRE, c’est faire baisser les prix côté distributeurs, trimestre anti-inflation prolongé pour certains jusqu’à la fin de l’année, et renégocier…

STEPHANIE DE MURU
On a bien compris, et on voit qu’il y a des progrès, vous parlez de remise sur facture, ça, ça veut dire qu’en gros, c’est aux distributeurs de les répercuter sur les prix…

OLIVIA GREGOIRE
Tout à fait.

STEPHANIE DE MURU
Est-ce qu’on peut leur faire confiance ?

OLIVIA GREGOIRE
Vous savez, quand on est ministre, on ne doit pas être dans le subjectif et les états d’âme, moi, je ne pars pas de postulat de conscience ou de défiance vis-à-vis des acteurs économiques, il n’y a que le réel qui m’importe. Il y a, à Bercy, une administration, qui s’appelle la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes, DGCCRF, ils font des relevés de prix dans les supermarchés de France, ils sont en ce moment même et depuis des semaines en train de vérifier très concrètement votre question, est-ce que les baisses de prix sont répercutées intégralement par les distributeurs. Donc ils sont en train de travailler, nous aurons des relevés durant l’été. Mais nous observons, nous contrôlons…

STEPHANIE DE MURU
Et s’ils ne le font pas alors, qu’est-ce qui se passe ?

OLIVIA GREGOIRE
Mais partons du postulat qu’ils vont le faire, on peut être un peu positif aussi, vous voyez bien qu’on a demandé…

STEPHANIE DE MURU
Oui, vous êtes positive, là…

OLIVIA GREGOIRE
Mais non, mais ce n’est pas ça, c’est qu’on peut aussi dire tout va mal, et on pourrait être ce matin sur une inflation alimentaire à 20%, enfin, je veux dire, il y a des pays en Europe qui l’ont connue, on a une inflation alimentaire qui baisse, on a aujourd’hui des industriels qui pour 40, sur les 75 des plus gros, ont renégocié, et on a une administration qui contrôle. Après, si on a des filous, si on a des industriels qui ont fait des baisses des distributeurs, qui ne les répercutent pas, nous n’aurons jamais de doute et nous ne tremblerons pas avec Bruno LE MAIRE pour citer les acteurs qui sont irresponsables dans la période.

STEPHANIE DE MURU
Effectivement, Bruno LE MAIRE avait parlé de ce fameux name and shame. Ça veut dire quoi, qu’on va citer les marques pour que les consommateurs fassent le tri eux-mêmes, c’est ça ?

OLIVIA GREGOIRE
Ça veut dire que…

STEPHANIE DE MURU
Vous vous engagez à le faire ?

OLIVIA GREGOIRE
Là, nous, ce qu’on voit, c’est qu’au bout d’un mois et demi, il y a des baisses, si jamais, effectivement, il y avait, soit, des baisses qui n’étaient pas intégralement répercutées, ou des baisses qui n’étaient pas mises en oeuvre, alors, nous n’hésiterions pas à dire les marques qui ne se comportent pas de façon responsable. Aujourd’hui, on a plutôt une majorité de marques qui ont enclenché des baisses de prix, laissons au moins ces baisses commencer à vivre dans les rayons.

STEPHANIE DE MURU
Alors, c’est vrai qu’il y a quand même, quoi, 40 marques qui n’ont pas répondu à vos demandes pour l’instant, c’est ça ?

OLIVIA GREGOIRE
Non, 35, et c’est ce que je voulais préciser tout à l’heure, pourquoi, parce que d’abord, ce que nous avons demandé, c’est que quand le prix des matières premières baisse, alors, il faut baisser les prix, eh bien, tous les prix des matières premières ne baissent pas, il faut que les gens sachent que, par exemple, le sucre, le plastique ne baissent pas, donc on a en réalité une vingtaine d’industriels qui n’arrivent pas à baisser leurs prix, parce que les cours ne baissent pas. Et on a aussi 13 industriels, il faut être précis, sur 75 qui sont exclus de ces renégociations, parce qu’il y a derrière une chaîne importante avec nos agriculteurs, le lait, le porc en font partie, ils ont été exclus des renégociations commerciales à notre demande, à notre demande. Parce que c’est bien joli de vouloir toujours baisser le prix du lait, c’est bien joli, mais derrière, on tue des exploitations agricoles. Donc il faut avoir des positions équilibrées, 13 sont hors du jeu de la renégociation, 20 n’ont pas vu leurs prix de matières premières baisser, 40 font un effort.

STEPHANIE DE MURU
Alors, bon, ça tombe mal parce que c’est vrai qu’on ne se nourrit pas que de yaourts, d’huiles et de coca…

OLIVIA GREGOIRE
Ni de lait et de sucre exclusivement d’ailleurs…

STEPHANIE DE MURU
Voilà, a priori. Quid justement de la viande et des légumes frais, vous le savez, on assiste à une chute libre inquiétante depuis janvier, la consommation alimentaire, à des niveaux, voilà, qui datent peut-être de 2009, voire plus, c’est quelque chose qui vous inquiète, parce que les Français finalement se privent aujourd’hui ?

OLIVIA GREGOIRE
Vous savez, moi, j’observe que les Français font des choix, j’entends beaucoup de gens, et notamment au Parlement hier encore, qui surfent un peu, qui récupèrent aussi cette baisse de la consommation alimentaire. En réalité, les Français font des choix, on parlera peut-être du tourisme tout à l’heure, on est dans une époque estivale, il y a aussi des choix qui sont faits, peut-être que dans son comportement alimentaire, on a mangé un peu moins de viande, parce que ça coûtait très cher…

STEPHANIE DE MURU
C’était la question du jour effectivement, et la majorité…

OLIVIA GREGOIRE
Eh bien, je vous confirme que la volaille baisse…

STEPHANIE DE MURU
Se privent de viande…

OLIVIA GREGOIRE
La volaille baisse, les poulets, les blancs de poulet, tout ça est en train de baisser dans les rayons. La volaille baisse, le porc, le cours du porc ne baisse pas. Donc le porc ne baisse pas, mais la volaille baisse, en parallèle, les conserves de légumes baissent, une très grande marque française, je ne suis pas là pour citer des marques et faire de la pub, mais, est partie prenante des baisses de prix, vous les verrez dans les rayons, elle est très connue, et les baisses sont autour de 10%.

STEPHANIE DE MURU
Et ça va se poursuivre, parce qu’il y a aussi les fournitures scolaires à la rentrée, évidemment…

OLIVIA GREGOIRE
Oui, ça va se poursuivre, d’abord, ce sont des engagements sur plusieurs mois, et nous le referons le point dans trois mois, pour voir la réalité de ces baisses de prix. Sur les fournitures scolaires, vous savez, j’avais levé le sujet il y a quelques mois en demandant si on pouvait faire un effort du côté des distributeurs, la réalité, c’est : il y a deux choses, c’est que, 1°) : le prix des fournitures scolaires n’a pas augmenté autant que l’inflation alimentaire. 2°) : c’est un peu technique, mais important, il y avait beaucoup de stocks, ils avaient acheté beaucoup d’avance les distributeurs, donc on est sur des prix qui sont moins forts, et qui sont sur les stocks, donc on n’a pas le même type d’inflation sur les fournitures scolaires que sur l’inflation alimentaire. Et les distributeurs feront des opérations spéciales comme ils le font d’habitude avec plus de promos très certainement cet été pour les fournitures scolaires.

STEPHANIE DE MURU
A noter que vous aviez de toute façon écarté le blocage des prix, ça, ça n’a pas changé.

OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais je n’ai pas écarté parce que, c’est comme ça, un jour on était de mauvaise humeur, on a écarté parce que le blocage des prix a démontré sur ça ne fonctionnait pas, ça crée de la pénurie, et puis, vous savez, les industriels ils ne sont pas contraints, obligés, forcés, de vendre en France, si le blocage des prix ne leur convient pas ils ne vendent plus aux distributeurs français, et donc il y a des produits qu’on ne trouve plus en rayons, je ne suis pas sûre que les Français auraient apprécié.

STEPHANIE DE MURU
Olivia GREGOIRE, ça c’est pour l’alimentaire, mais il y a évidemment la question des carburants qui pèsent énormément aussi dans le pouvoir d’achat des Français, ça, par exemple, les distributeurs de carburants ne semblent pas tous jouer le jeu, selon plusieurs associations de consommation qui sont allées relever les prix dans des stations-essence, comment les obliger, est-ce qu’on peut ?

OLIVIA GREGOIRE
Vous savez, déjà, sur les carburants il y a deux types de distribution, vous avez les acteurs de carburants et puis vous avez aussi la grande distribution qui vend des carburants, je ne veux pas mettre ce matin tout le monde dans le même panier. Il y a eu des efforts très importants sur les carburants du côté des distributeurs, donc d’abord il faut le dire, ce n’est pas le cas forcément chez tous les producteurs extracteurs. Nous observons, avec Bruno LE MAIRE on en parlait il y a quelques jours encore, le fait qu’effectivement les cours baissent, en tout cas n’augmentent pas, et que ça ne se répercute pas nécessairement à la pompe, nous avons donc demandé, et Bruno LE MAIRE a demandé, à ce qu’on nous fasse un rapport rapidement pour voir la réalité des prix, et, s’il le faut, pour faire venir à Bercy qui de droit pour en discuter avec eux, on observe ça, mais ça c’est pareil, il y a les relevés de prix des associations de consommateurs, il y a aussi les relevés de prix de la DGCCRF, qui sont en train de les faire.

STEPHANIE DE MURU
J’ai encore beaucoup de questions…

OLIVIA GREGOIRE
Mais c’est un plaisir.

STEPHANIE DE MURU
Parce que vous êtes ministre du Commerce et du Tourisme, donc de répercussions après les émeutes, tout d’abord les PME, 650 millions d’euros de dégâts, outre leurs assurances privées, l’Etat va-t-il aider ces commerçants qui se sont vu détruire leur outil de travail ?

OLIVIA GREGOIRE
Oui. D’abord l’Etat va soutenir parce que moralement c’est très difficile et nous avons beaucoup de commerçants indépendants, à peu près un millier de commerces qui ont été touchés, dont pas mal de commerçants indépendants, tout seuls, dans des toutes petites boutiques, qui ont beaucoup souffert de ces émeutes. D’abord, on a mobilisé les assureurs dès le samedi suivant les émeutes, on a augmenté le délai de déclaration, 30 jours, on a demandé aux assureurs un engagement pour faire baisser les franchises au cas par cas, pour les indépendants. On a demandé, enfin on a proposé aussi, du côté de l’Etat, un étalement des charges fiscales, sociales, voire une annulation dans les cas les plus graves, si votre boutique a été incendiée l’Etat ne va pas vous mettre en risque en venant faire son prélèvement. J’ai à coeur de partager avec vous quand même une note d’espoir, 90% des commerces qui ont été touchés ont rouvert, c’est important, et vous dire aussi que ceux qui ont été détruits, ou qui n’ont pas pu ouvrir à cause de couvre-feux, c’est le cas dans certains coins de France, sont couverts par le chômage partiel, pour ces entreprises détruites. Je veux vous dire ce matin que je…

STEPHANIE DE MURU
On note que c’est quand même l’Etat qui paye les dégâts des casseurs, et les impôts.

OLIVIA GREGOIRE
Non, ce sont les assureurs, très clairement, 90%…

STEPHANIE DE MURU
Le chômage partiel ce sont les assureurs ?

OLIVIA GREGOIRE
Non, mais 90% des commerces sont couverts par des assurances, donc l’immense majorité des dommages, d’ailleurs ce chiffre vient des assureurs, est portée par les assureurs, qui sont très engagés, après que l’Etat reporte des charges pour éviter de faire couler des entreprises qui sont en situation difficile, ce n’est pas anormal. Je veux vous dire juste une chose ce matin, que je vous annonce…

STEPHANIE DE MURU
Oui, parce qu’il faut qu’on passe au tourisme.

OLIVIA GREGOIRE
Je travaille très concrètement, et donc nous devrions prendre la parole dans les jours qui viennent, avec Bruno LE MAIRE, pour apporter une solution, pour avoir une action complémentaire à destination des entrepreneurs indépendants, qui eux ne sont pas éligibles au chômage partiel, et je suis en train de travailler activement pour apporter une solution à ces hommes et ces femmes qui doivent aussi continuer à vivre pendant les mois où leur boutique se reconstruit.

STEPHANIE DE MURU
Un mot sur le tourisme…

OLIVIA GREGOIRE
Bien sûr.

STEPHANIE DE MURU
Déléguée ministre du Tourisme également. L’Office du tourisme de Paris a évoqué jusqu’à 25 % de baisse début juillet, juste après les émeutes, ce n’est pas ce que vous avez constaté apparemment.

OLIVIA GREGOIRE
Non, ce n’est pas ce que j’ai constaté, et je vais aller plus loin, ce n’est pas la réalité, voilà – donc, ça me met un peu en colère, je vais vous dire, et je connais très bien l’OTCP, que vous citez, et son président d’ailleurs, qui est revenu sur ces chiffres – on peut jouer à se faire peur, on peut jouer aussi à regarder ce qui marche bien. Le tourisme français se porte bien, nous n’avons pas de vagues d’annulations, nous n’avons pas eu de départs anticipés et nous n’avons aucun vol à destination de Paris qui ait été annulé, donc, ne jouons pas à nous faire peur, il y a, dès le 3 juillet, les réservations sont reparties, la seule journée où il y a eu un frémissement de baisse, de -0,5, c’est le 2 juillet, dès le 3 juillet c’est reparti, on a tout pour faire une très belle saison. Et, vous savez, on est l’artisan de son propre bonheur ou de son propre malheur, les acteurs du tourisme le savent, et à raconter parfois des âneries on crée ses propres problèmes, donc ces 25 % sont des âneries, je veux être très claire, il n’y a pas d’annulations.

STEPHANIE DE MURU
Olivia GREGOIRE, on attendait évidemment une prise de parole d’Emmanuel MACRON, même s’il ne le fait pas à chaque 14 juillet, mais enfin c’est la fin des…

OLIVIA GREGOIRE
Merci de le rappeler.

STEPHANIE DE MURU
Oui, il l’a fait 2 fois sur 6, mais tout de même, c’est la fin des 100 jours…

OLIVIA GREGOIRE
Merci pour le ratio, je ne l’avais pas.

STEPHANIE DE MURU
Cette période d’apaisement, est-ce qu’il n’aurait pas pu, dû, prendre la parole, le président de la République ?

OLIVIA GREGOIRE
Alors, comme il nous reste peu de temps, par expérience depuis six ans que je suis engagée à ses côtés, s’il avait pris la parole je ne doute pas qu’il y aurait eu d’autres types d’éditos tout aussi négatifs, qu’il prenne la parole ou qu’il ne prenne pas la parole ça fait l’objet de commentaires divers et variés. Le président de la République a dit qu’il parlerait autour du 14 juillet, si c’est le 17, je ne suis pas sûre, ou le 18, que ça change la face du monde. Et en hommage à un écrivain extraordinaire qui nous a quittés hier je voulais partager avec vous cette phrase de l’immense Milan KUNDERA : " le souci de sa propre image, voilà l’incorrigible immaturité. " Moi je suis fière de servir un président qui n’est pas dans le souci permanent de sa propre image, il parlera, au moment où il le souhaitera, et très certainement à mi-juillet

STEPHANIE DE MURU
Une toute dernière question parce qu’on est vraiment à la fin. On voit ces festivités très gâchées, les forces de l’ordre, le RAID, dehors, vous n’avez pas le sentiment que la France est prise en otage par une minorité, qu’est-ce que ça dit de l’état de notre pays, très rapidement ?

OLIVIA GREGOIRE
C’est très difficile de répondre très rapidement.

STEPHANIE DE MURU
Je sais.

OLIVIA GREGOIRE
Je ne crois pas - j’ai à cœur de vous répondre dans le respect des journalistes – non, la France n’est pas prise en otage par une minorité, il y a toujours des dizaines de milliers de forces de l’ordre, le 13 et le 14 juillet, de sorties, ce n’est pas nouveau…

STEPHANIE DE MURU
Il y a des fêtes annulées.

OLIVIA GREGOIRE
Le maintien de l’ordre est notre priorité absolue et moi j’ai à cœur qu’on évite, dans cette société où la nuance n’a pas bonne cote, les caricatures et les généralités, et du côté de la jeunesse, et du côté des forces de l’ordre, on va passer le 14 juillet, tout va se bien se passer, mais je pense qu’il faut faire très attention, surtout quand on est ministre, aux caricatures et aux généralités.

STEPHANIE DE MURU
Merci beaucoup Olivia GREGOIRE, ministre déléguée chargée des PME…

OLIVIA GREGOIRE
Merci à vous.

STEPHANIE DE MURU
Du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, merci d’être venue nous voir.

OLIVIA GREGOIRE
Merci, bonne journée.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 19 juillet 2023