Texte intégral
NICOLAS DEMORAND
Olivier VÉRAN, bonjour.
LÉA SALAMÉ
Bonjour.
OLIVIER VÉRAN
Bonjour.
NICOLAS DEMORAND
Et bienvenue à ce micro. Avant de parler d'écologie dans un instant, cette information qu'on évoquait dans le journal de 8 h, un adolescent de 16 ans à scooter est mort hier soir dans une collision avec un véhicule de police. C'était à Élancourt dans les Yvelines. Que pouvez-vous nous dire ce matin sur les circonstances exactes de ce drame ? Que s'est-il passé ?
OLIVIER VÉRAN
D'abord, dès lors qu'on parle de la mort d'un adolescent, c'est d'une tristesse absolue, et mes premiers mots vont évidemment à destination de la famille, des amis. C'est un drame à chaque fois que ça arrive, quel que soit le contexte. Il y a une enquête qui a été ouverte de l'inspection générale de la police nationale. Il y a des policiers qui ont été placés en garde à vue hier soir justement pour faire la lumière. Les premiers éléments dont j'ai à connaître, mais qui sont évidemment soumis à l'enquête, sont que le jeune homme roulait manifestement sur un scooter, qu'il y avait une voiture de policier qui le suivait, mais plutôt à distance, en cherchant à ce que le scooter s'arrête. Il aurait réalisé un refus d'obtempérer et aurait poursuivi sa route, et il aurait percuté à un croisement un autre véhicule, de police celui-ci aussi, mais qui serait peut-être d'ailleurs totalement fortuitement présent. Je n'ai pas plus d'informations, encore une fois.
LÉA SALAMÉ
Il y a deux enquêtes.
OLIVIER VÉRAN
Il est fondamental dans chaque situation comme celle-ci qu'une enquête soit diligentée.
LÉA SALAMÉ
Alors il y en a deux.
OLIVIER VÉRAN
Donc j'invite vraiment à garder beaucoup de mesures et de prudence à l'heure à laquelle où on se parle. Le ministre de l'Intérieur a sans doute l'occasion de communiquer dans la journée.
LÉA SALAMÉ
Il y a deux enquêtes qui ont été ouvertes par le parquet de Versailles cette nuit, l'une pour refus d'obtempérer, l'autre pour homicide involontaire. Redoutez-vous… Évidemment, c'est la question qui se pose ce matin, redoutez-vous des troubles, une recrudescence des émeutes, après celle qu'on a connue en juin dernier, après la mort du jeune Naël lors d'un refus d'obtempérer également lors d'un contrôle de police ?
OLIVIER VÉRAN
D'abord, dire qu'à titre préventif, des forces de sécurité intérieure ont été mobilisées dès hier soir pour sécuriser l'ensemble de la population. Évidemment, on appelle au calme toujours dans ce type de situation. Et je l'ai dit, et encore une fois avec beaucoup de modestie, la situation, aussi dramatique qu'elle soit, nécessite des réponses que nous n'avons pas encore. Il n'y a pas de raison de douter de la version que je vous ai donnée. Et l'enquête permettra de déterminer les conditions exactes. Donc voilà.
LÉA SALAMÉ
Emmanuel MACRON, juste un mot, avait dit après les émeutes : "On tirera les conséquences, j'annoncerai des mesures aussi pour calmer les banlieues". On ne les a pas entendus, les mesures, on les attend.
OLIVIER VÉRAN
D'abord, il y a eu la réponse immédiate dans l'urgence dès les premières nuits. Ça a été la mobilisation exceptionnelle des forces de sécurité, de police, de gendarmerie, des pompiers, la mobilisation exceptionnelle de la justice qui a permis de traduire, en comparution immédiate, des centaines de ces jeunes qui ont commis des exactions dans nos villes. Ça, c'était la réponse urgente, c'était, je dirais, la principale à apporter parce que c'était l'attente, légitime défense, et retour à l'ordre et l'autorité. Ensuite, le Président de la République a demandé à ce que soit fait un bilan, le plus exhaustif possible, de l'ensemble des motifs qui ont pu provoquer ce type d'émeute, sachant que, vous le savez, et je le répète volontiers, certaines villes ont été touchées, d'autres non. Dans certaines villes touchées, certains quartiers prioritaires se sont enflammés, et d'autres non. Et donc il nous fallait avoir des informations et des données. Nous les avons colligés, en lien avec la justice notamment, aussi avec les services sociaux. Et donc il y a une réponse interministérielle qui doit toucher à la fois à la sécurité et à la fois à la question sociale, qui est en cours toujours avec ces examens qui sont faits. Et l'ensemble des ministères qui sont mobilisés sous l'égide de la Première Ministre.
NICOLAS DEMORAND
Alors venons-en à cette information couperet tombée hier. La saison juin-juillet-août 2023 a été de loin la plus chaude jamais enregistrée dans le monde, selon l'Observatoire européen Copernicus. Le secrétaire général des Nations-Unis, Antonio GUTERRES, réagit en disant que l'effondrement climatique avait commencé. Comment réagissez-vous, Olivier VÉRAN ? Et surtout, reconnaissez-vous que l'écologie est la grande absente des prises de parole du Gouvernement en cette rentrée ?
OLIVIER VÉRAN
Alors avant de faire de la politique et de répondre à la deuxième partie de votre question, répondre à la première. Oui, c'est un été extrêmement chaud, et c'est un été, hélas, d'une longue série d'étés chauds sur notre planète et dans notre pays. Les conséquences, elles sont palpables, elles sont mesurables. Des vagues de chaleurs plus précoces et plus tardives, plus longues, avec un impact qui est visible sur la biodiversité. Juste un exemple, j'étais dans le Haut-Var il y a quelques jours à la rencontre des pompiers qui avaient fait face à un incendie terrible il y a deux ans, à la rencontre aussi de personnes qui travaillent sous ces fortes chaleurs, qui ont dû changer leur modalité de travail quand il fait très chaud, en commençant les nuits parfois à 2 h du matin. J'ai vu des viticulteurs qui sont obligés d'implanter des cépages du Sud de l'Europe parce que les cépages français ne résistent pas à la chaleur. Bref, on voit ces conséquences qui sont palpables. On voit aussi que de très nombreux Français ont dû se passer d'arrosage, et parfois…
LÉA SALAMÉ
Ça, c'est le constat. Le constat, on l'a tous fait, on l'a tous vu cet été.
NICOLAS DEMORAND
On l'a tous fait. Alors pourquoi l'écologie est la grande absente des prises de parole du Gouvernement ?
LÉA SALAMÉ
Je vais même préciser…
OLIVIER VÉRAN
J'ai précisé, moi, par anticipation, et je répondais en deux temps. D'abord, sur la question que vous me posiez du côté visible de ce réchauffement climatique. Et on ne doit pas s'y habituer, mais on doit se préparer et continuer de faire ce que nous faisons. Et je note juste, par exemple, que sur les conséquences sanitaires, sur notre capacité à faire face au réchauffement pour les personnes les plus fragiles, eh bien, nous avons énormément progressé dans notre pays puisqu'il n'y a pas eu de conséquence sanitaire aussi forte que celle que nous aurions connue il y a 20 ans avec les vagues de chaleur.
LÉA SALAMÉ
Olivier VÉRAN, permettez-moi de vous poser la question que Nicolas vous a posée, différemment et plus précisément. Puisque ce matin, on a reçu la lettre qu'Emmanuel MACRON a écrite à tous les chefs de partis après la réunion de Saint-Denis, 12 heures de discussions, on le rappelle, la semaine dernière, autour du chef de l'État sur tous les sujets internationaux, nationaux, institutionnels également. Et donc on a eu cette lettre ce matin, c'est six pages, et à la toute fin après avoir abordé tous les sujets possibles et imaginable, et à la toute fin, il y a ce paragraphe : "La transition écologique, si elle n'a été que rapidement discutée lors de notre échange, me paraît justifier un débat approfondi. Je vous propose donc que la Première Ministre puisse vous présenter en détails le projet de planification écologique préparé et concerté depuis plusieurs mois, afin que nous puissions y revenir dans les meilleurs délais". D'un côté… Pardon, mais d'un côté, vous avez le secrétaire général des Nations-Unis qui dit : "l'effondrement climatique avait commencé". Et la lettre du Président de la République ce matin, c'est un paragraphe à la fin de six pages d'une lettre… Quel est votre… ?
OLIVIER VÉRAN
Léa SALAMÉ, je vais vous faire une réponse.
LÉA SALAMÉ
C'est assez stupéfiant, non ?
OLIVIER VÉRAN
Je vais vous faire une réponse un peu plus longue que la précédente, comme la question l'a été ?
LÉA SALAMÉ
Je vous en prie.
OLIVIER VÉRAN
Quel est le pays qui a interdit l'exploitation des fonds sous-marins, y compris à titre de recherche ? La France. Quel est le pays qui a organisé le Sommet mondial pour les forêts à l'initiative du Président de la République ? La France. Qui est le pays qui a organisé le One Ocean Summit pour protéger nos océans ? La France. Quel est le pays qui a obtenu de l'Union Européenne l'interdiction programmée de vendre des véhicules thermiques neufs ? La France. Quel est le pays qui a mis en place une règle européenne de neutralité carbone comme un objectif absolu dans les prochaines années ? La France. Quel est le pays qui a obtenu…
LÉA SALAMÉ
Quel est le pays qui a dit que les normes environnementales, ça commence à bien faire ?
OLIVIER VÉRAN
Attendez. Léa SALAMÉ, je continue. Pardon, mais parce que c'est important, parce que ce procès qui pourrait être fait en immobilisme, etc., il est faux, il est démenti.
LÉA SALAMÉ
On lit la lettre. On lit la lettre.
OLIVIER VÉRAN
Il est démenti par le… Je vous parle des faits. Vous savez, je vais vous expliquer après, pourquoi la lettre. Quel est le pays qui a interdit pour la première fois les plastiques à usage unique ? La France. Je peux continuer la liste. La liste, elle est longue, Léa SALAMÉ.
LÉA SALAMÉ
Olivier VÉRAN, je ne dis pas que vous n'avez rien fait. C'est la question de savoir, dans un été aussi brûlant où l'effondrement climatique, quand on met un mot comme "l'effondrement climatique", a commencé, le Président de la France a réuni pendant 12 heures les leaders de partis, et donc n'aborde quasiment pas la question de l'écologie et du réchauffement climatique. Et dans sa lettre, elle est au dernier paragraphe, expliquez-moi pourquoi.
OLIVIER VÉRAN
Le Président de la République a réuni les chefs des partis politiques pour la première fois en multilatérale, avec une feuille de route qui proposait pour cette première d'axer les échanges d'abord sur la situation internationale, Ukraine, instabilité en Afrique, et dont les conséquences sont mondiales et nécessitaient d'avoir un temps d'échanges qui a d'ailleurs duré plus de 4 heures parce qu'il a été important. La lettre se voulait aussi inviter les forces politiques à proposer, à l'issue des émeutes qui ont émaillé notre pays, et comment pouvoir faire nation. Et dans le cadre de ces échanges, la question écologique a bien sûr été abordée, et le Président le spécifie lui-même, et d'ailleurs il l'a annoncé, il veut que cet échange puisse se reproduire, et il veut que d'autres thématiques puissent être abordées. Je reviens une seconde là-dessus parce que c'est important. Il y a eu deux… Ma première…
LÉA SALAMÉ
Donc c'est à la hauteur. Vous m'expliquez sur la fin que le petit paragraphe de fin, c'est à la hauteur de…
OLIVIER VÉRAN
Je vous dis que l'action que nous menons pour le climat, à l'échelle nationale et européenne, l'initiative de la France, est une action qui ne souffre d'aucune attaque à l'étranger. Et je vous redis, autre chose, Léa SALAMÉ, il y aura d'ici 15 jours un conseil de planification écologique. Derrière ce mot, qu'est-ce que c'est ? C'est un ensemble de mesures qui vont concerner tous les Français.
NICOLAS DEMORAND
On a la date exacte ?
OLIVIER VÉRAN
Qui vont concerner tous les ministères, on va parler du logement, on va parler des transports, on va parler du travail, du télétravail, etc., qui sera présidé par le Président de la République, en présence de la Première Ministre, et qui va être décliné dans les semaines suivantes en autant d'actions qui auront des conséquences d'ailleurs sur notre pays.
NICOLAS DEMORAND
On a la date exacte, Olivier VÉRAN ?
OLIVIER VÉRAN
Ce sera la semaine du 18 septembre. Et à la demande du Président de la République, effectivement la Première ministre réunira, avant le conseil de planification, les forces politiques pour justement partager avec elles l'ensemble des mesures contenues dans cette feuille de route qui est la plus ambitieuse que notre pays n'ait jamais connue et à l'échelle européenne. Je vous invite, on en reparlera parce que je serais ravi que vous me réinvitiez pour en discuter. Parce qu'à mon avis, les questions que je voudrais c'est : est-ce que vous n'avez pas peur, monsieur VÉRAN, que l'ensemble des mesures que vous avez porté consiste à trop de changements ? Non, ce que nous disons et ce que dit le Président de la République, c'est que notre action doit être résolue et déterminée, qu'on ne peut pas faire une écologie contre les gens mais avec les gens. On ne veut pas être dans une écologie punitive mais une écologie qui incite. Et s'il fallait un argument pour vous en convaincre, les Français ont montré qu'ils étaient responsables, si certains en doutaient, et ce qu'il n'était pas notre cas, en réduisant par exemple de 10 % leur consommation d'électricité l'hiver dernier quand il le fallait. Donc c'est ainsi, c'est le chemin que nous allons suivre avec, encore une fois, jalonné d'étapes fondamentales qui vont transformer durablement notre façon de consommer, notre façon de vivre mais en emportant le moins de contraintes possibles pour les Français.
NICOLAS DEMORAND
Dans l'actualité, on a appris hier le suicide d'un adolescent de 15 ans qui avait été harcelé dans son lycée professionnel. Il avait changé d'établissement en cette rentrée. Gabriel ATTAL, le ministre de l'Éducation, a demandé une enquête administrative en attendant un grand plan de lutte contre le harcèlement scolaire. Ce plan est pour quand ? Le savez-vous, Olivier VÉRAN ? Et quel serait son contenu ?
OLIVIER VÉRAN
Le plan va être vraisemblablement pour le mois de septembre mais d'ores et déjà, des mesures fortes ont été annoncées, prises et vont pouvoir être appliquées. Parmi ces mesures, évidemment, la généralisation des programmes, ce qu'on appelle le programme phare de prévention du harcèlement. C'est-à-dire qu'il n'y aura plus un établissement scolaire sans avoir un spécialiste de la question du harcèlement pour aborder les choses dans leur réalité. Et ensuite, cette règle annoncée par le ministre Gabriel ATTAL, selon laquelle ce n'est plus l'élève harcelé qui devra changer d'établissement mais c'est l'élève ou les élèves qui sont harceleurs. Je voudrais dire que je me joins à la détresse de la famille, de la communauté éducative, de toutes les familles de France. Je l'ai dit tout à l'heure, pour un adolescent de 16 ans qui a trouvé la mort dans de toutes autres conditions ; un adolescent, un enfant qui meurt est un drame pour notre pays et pour notre nation. Et quand un enfant de 15 ans en arrive à ne plus envisager d'autres solutions que celle de se donner la mort, c'est une émotion qui nous oblige tous et qui doit nous faire nous mobiliser au maximum, mais vraiment, je le dis, au maximum. C'est d'ailleurs la priorité pour cette rentrée scolaire. Il faut que nos enfants puissent se sentir bien. Il faut qu'ils aient envie d'apprendre et qu'ils ont envie de vivre. Et c'est l'enjeu et je sais que le ministre est très mobilisé. Madame Brigitte MACRON va se rendre au domicile de cette famille d'ailleurs aujourd'hui.
LÉA SALAMÉ
Olivier VÉRAN, vous avez entendu le 7h50 et le sujet qui monte les crèches ; deux livres sortent cette semaine "Babyzness" chez Robert Laffont et "le Prix du berceau" au Seuil, qui dénoncent la gestion des crèches privées : nourriture rationnée, couches non changées, maltraitance. Un rapport de l'IGAS en avril soulignait déjà que l'ouverture au secteur marchand des crèches a conduit à une dégradation progressive de la qualité d'accueil au profit de logiques financières. En clair, le problème c'est que les enfants seraient devenus des chiffres pour gagner un maximum d'argent pour ces crèches-là. Vous avez reçu le rapport de l'IGAS en avril, vous êtes au courant de l'affaire ; qu'est-ce que vous allez faire ?
OLIVIER VÉRAN
D'abord, un mot pour les personnes qui travaillent dans les crèches : quand vous vous engagez à travailler auprès des plus petits, c'est que vous avez cette fibre qui fait que vous avez envie de prendre soin des plus fragiles. Et donc, je ne veux surtout pas les incriminer, je ne veux surtout pas qu'ils se sentent blessés, ni par les livres ni par les débats nécessaires qu'ils ouvrent.
LÉA SALAMÉ
Non mais, eux-mêmes se confient dans ces livres. Eux-mêmes disent "on n'en peut plus de la logique financière qui nous écrase."
OLIVIER VÉRAN
Un certain nombre se confient, Léa SALAMÉ, pas l'ensemble.
LÉA SALAMÉ
Non, non, et d'ailleurs les livres ne disent pas que c'est toutes les crèches privées qui sont…
OLIVIER VÉRAN
Je sais. Ensuite, il y a un sujet d'attractivité pour ces métiers, j'ai bien connu ça à l'époque dans le domaine du soin. On a la même chose en fait avec les crèches. Pourquoi dans un pays comme le nôtre, aussi mature que le nôtre, prendre soin des autres qui est sans doute la mission la plus fondamentale est-il si peu valorisé socialement et financièrement ? Alors on y travaille, on a mis 200 millions d'euros pour revaloriser les salaires. On améliore la qualité de formation, on crée un forfait qualité pour donner des garanties évidemment et on continuera de le faire. A côté de ce sujet de la formation et de la qualité, pour les professionnels, et le sujet du contrôle et c'est nécessaire d'avoir du contrôle que ce soit privé d'ailleurs, associatif ou public. Et donc il faut rentrer dans cette culture du contrôle, ce que dit la ministre Aurore BERGÉ d'ailleurs. Comparaison n'est pas raison, mais un peu ce qu'on a développé dans le dans le champ des EHPAD qui était un autre secteur dans lequel il y a de l'assurance professionnelle.
LÉA SALAMÉ
Donc, vous allez mettre de l'argent pour qu'il y ait plus de contrôles dans les crèches ?
OLIVIER VÉRAN
Il y a des règles plus strictes, il y a des règles de contrôle. Les règles ne seront pas nécessairement les mêmes et chacun peut le comprendre selon qu'on s'adresse à une crèche avec beaucoup de personnels sur place ou des micro-crèches ou parfois il peut y avoir un seul adulte. Donc il y a le taux d'encadrement qui doit être aussi repensé. Et tout ça, tous ces travaux-là (et merci de l'avoir souligné, Léa SALAMÉ) ont été démarrés en amont des livres puisqu'il y avait eu ce rapport très important de l'inspection générale qui avait permis déjà de dégager des pistes d'amélioration.
NICOLAS DEMORAND
Près de 2 000 enfants sont contraints de dormir à la rue, faute de places d'hébergement d'urgence disponibles ou adaptés selon le baromètre publié par la Fédération des acteurs de la solidarité UNICEF France qui décrivent une hausse alarmante sur un an ; 2 000 enfants dans la rue. Olivier KLEIN, ancien ministre du Logement, avait annoncé au début de l'été "notre priorité est claire, zéro enfant dans la rue." C'est pour quand ?
OLIVIER VÉRAN
Nous n'avons jamais eu autant d'hébergement d'urgence dans notre pays, jamais.
NICOLAS DEMORAND
Oui, 2 000 enfants dans la rue.
OLIVIER VÉRAN
Non mais attendez, je vous le dis. Il est évidemment inacceptable et j'en ai parlé, d'ailleurs Charlotte CAUBEL qui est secrétaire d'État chargée de l'Enfance a eu l'amitié de m'appeler justement à ce sujet pour que nous puissions en discuter. Je la sais très mobilisée. Il est évidemment inacceptable que le moindre enfant ait à dormir dans la rue. On fait face là, à un très grand nombre de personnes qui occupent des logements et des hébergements d'urgence qui sont notamment en situation irrégulière. Il se trouve que nous aurons au cours des prochaines semaines, au cours des prochains mois, un débat sur cette question de l'emploi et de la régularisation d'un certain nombre de ces étrangers qui peuvent avoir un emploi mais caché, non déclaré parce que parfois d'ailleurs ou déclaré dans une situation irrégulière, de manière à dégager des marges aussi d'accueil. Mais je peux vous dire, pour répondre très concrètement à la question des 2 000 enfants, qu'on y travaille. Chaque Préfecture y travaille et mobilisée pour qu'on trouve une solution pour chacun.
LÉA SALAMÉ
Quand ?
OLIVIER VÉRAN
Là ; il n'y a pas de question de délai. Quand il y a un enfant dans la rue, en fait, chaque situation... Et j'ai abordé ça comme député ? J'étais député déjà il y a dix ans à Grenoble, je connaissais ce problème-là.
LÉA SALAMÉ
Et vous prenez un engagement ? D'ici Noël, il n'y aura pas…
OLIVIER VÉRAN
Je vous redis notre détermination. Tout le sujet, c'est les flux c'est-à-dire que vous pouvez trouver un hébergement d'urgence pour tout le monde mais il y a encore des flux entrants. C'est aussi pour ça qu'on doit tarir les flux entrants illégaux, irréguliers parce que notre capacité d'accueil, je le redis, est maximale dans notre histoire mais que si les flux ne se tarissent pas, on aura ce problème-là, récurrent.
LÉA SALAMÉ
Encore un tout petit mot sur la lettre d'Emmanuel MACRON parce qu'il y a une phrase (peut-être que vous pouvez nous en faire l'exégèse) concernant le référendum. Il a beaucoup été question du référendum pour le coup dans ces 12 heures de discussions avec les chefs de partis. Emmanuel MACRON a noté une note dans sa lettre qu'il n'y a pas eu de consensus sur le référendum. Il dit qu'il va faire une proposition dans les semaines qui viennent pour étendre le référendum. Et il semble dans un autre paragraphe, ne pas exclure l'idée d'un référendum sur l'immigration. Ou alors, j'ai mal lu.
OLIVIER VÉRAN
Là, c'est avec ma casquette de ministre de la Démocratie que je vous réponds bien, volontiers. Un, qu'est-ce qu'on constate ? Les Français ont envie d'être utiles, y compris ceux qui ne vont pas voter aux élections dites classiques. Une enquête très importante qui est sortie cette semaine le montre encore : plus de 8 Français sur 10 veulent pouvoir voter sur des sujets qui les concernent. Il y a cette appétence. Et d'ailleurs, ils sont encore plus nombreux chez ceux qui n'appartiennent pas à un parti ou qui ne vont pas voter aux élections traditionnelles. Pour la première fois, on voit une majorité de Français qui préfère la démocratie dite directe, c'est-à-dire le fait d'aller voter sur des questions précises, que la démocratie représentative. Moi, je n'oppose pas les deux et je continuerai de proposer. J'ai fait une proposition à savoir que…
LÉA SALAMÉ
Le préférendum qu'Emmanuel MACRON avait l'impression de découvrir.
OLIVIER VÉRAN
Non, c'est des "off press", ça ne m'intéresse pas. Je continuerai d'avancer là-dessus parce que – et d'ailleurs l'opinion y est favorable – les Français veulent pouvoir s'exprimer. Et nous, on n'a certainement pas peur de demander leur avis aux Français.
LÉA SALAMÉ
Mais vous ne l'avez pas fait en tout cas. En six ans, vous ne l'avez pas fait.
OLIVIER VÉRAN
On n'a certainement pas peur demander leur avis aux Français.
LÉA SALAMÉ
Vous n'avez pas peur mais vous ne l'avez pas fait.
OLIVIER VÉRAN
La Constitution, il y a l'article 11, restreint vachement le champ de référendum. Vous savez, on ne peut pas interroger les Français sur ce qu'on veut. Et donc l'une des questions qui étaient posées à Saint-Denis, à laquelle le Président écrit qu'il apportera une réponse est : faut-il changer l'écrit, qu'il apporterait une réponse et faut-il changer cet article de la Constitution pour pouvoir voter plus largement ? Écoutez, moi, j'y suis favorable si d'aventure, c'était le choix du Président de la République ; je l'accompagnerais bien volontiers avec ma casquette de ministre de la Démocratie.
LÉA SALAMÉ
Donc, pardonnez-moi de vous dire, je repose la question : la droite demande un référendum sur l'immigration ; pour l'instant, la Constitution ne le permet pas. Le Gouvernement et le Président de la République seraient ouverts à changer la Constitution pour éventuellement le permettre sur cette question et sur d'autres.
OLIVIER VÉRAN
Ce dont on est en train de parler, c'est d'une sorte de référendum sur référendum. Parce qu'il faudrait un référendum pour changer la capacité de solliciter les Français. Je vous dis les grands principes ; un, on n'a pas peur de demander leur avis aux Français ; deux, on est dans l'innovation démocratique. Le Président de la République y est depuis le début de son premier mandat. Pardonnez-moi, mais le CNR qui va se réunir aujourd'hui, c'est le Président de la République.
LÉA SALAMÉ
Le Conseil national de la refondation.
OLIVIER VÉRAN
Le grand débat national, c'est le Président de la République ; les conventions citoyennes, c'est le Président de la République. Donc on va continuer de porter ces innovations et ça correspond à une attente forte des Français.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2023