Interview de Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, à France Info le 4 septembre 2023, sur la rentrée universitaire et la lutte contre la précarité des étudiants.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France Info

Texte intégral

ALIX BOUILHAGUET
Sylvie RETAILLEAU, bonjour.

SYLVIE RETAILLEAU
Bonjour.

ALIX BOUILHAGUET
Merci d'être avec nous ce matin, on va parler effectivement, je le disais il y a un instant, de la rentrée universitaire, mais un mot d'abord sur celle des écoles, des collèges et lycées, le port de l'abaya est désormais interdit dans ces lieux, est-ce que c'est une rentrée à haut risque pour le gouvernement ?

SYLVIE RETAILLEAU
Alors, je pense que le risque aurait été de ne pas être clair, je pense que là le ministre de l'Education nationale a été très clair, Gabriel ATTAL a posé des règles, des règles claires, qui étaient attendues, qui étaient attendues aussi bien par nos collègues enseignants que par les chefs d'établissement, ces règles qui permettent de protéger finalement l'école, cet écrin, de tout prosélytisme religieux, et ça je pense que c'était important pour faire une rentrée justement plus sereine.

ALIX BOUILHAGUET
Au sein des universités il n'y a aucune restriction, les étudiants ils peuvent arborer librement un symbole religieux, est-ce qu'il y a quand même des incidents liés à la laïcité ?

SYLVIE RETAILLEAU
Alors, au sein des universités, comme vous le disiez, les universités, l'école accueille des jeunes mineurs, l'université accueille en très grande majorité des jeunes majeurs, et donc l'université, je dirais suit les lois de droit commun, des espaces publics, et effectivement n'est pas soumise à la loi du 15 mars 2004, comme dans les écoles, et un étudiant peut effectivement avoir un signe religieux, avec les limites du prosélytisme, avec des limites de propagande, etc., limites sur lesquelles…

ALIX BOUILHAGUET
Mais est-ce que vous avez noté une augmentation des atteintes à la laïcité ?

SYLVIE RETAILLEAU
Alors, sur le global, de façon systémique non, il n'y a pas de retour en fait systémique de problématiques, après les règles sont assez claires par rapport à aussi ne pas dépasser les propagandes, les règles de sécurité, et donc nous suivons cela, et les chefs d'établissement accompagnent les problématiques qu'il pourrait y avoir au cas par cas.

ALIX BOUILHAGUET
Un dernier mot, le port des signes religieux il n'est pas interdit pour les élèves, en revanche il l'est pour les enseignants, pour les intervenants, est-ce que là aussi il y a des problèmes qui peuvent émerger ?

SYLVIE RETAILLEAU
Je dirais quand il y a des problèmes, les règles sont très claires, on applique la loi, et effectivement, comme tout personnel de la fonction publique, il n'y a pas de signes religieux ostentatoires et les règles sont appliquées à l'université comme ailleurs.

ALIX BOUILHAGUET
Trois millions d'étudiants vont progressivement faire leur rentrée dans les prochains jours, ils sont encore nombreux à ne pas trouver de logement, ni auprès du CROUS, ni auprès des bailleurs privés, qu'est-ce que vous allez mettre en place pour les aider ?

SYLVIE RETAILLEAU
Alors on a mis en place pour les aider pour la rentrée, avec d'ailleurs le ministre de la Fonction publique, on est en train de répondre à ces difficultés d'information vers les jeunes, donc on a un site « Je deviens étudiant », et sur ce site on a vraiment mis le paquet sur la partie logement étudiant pour les aider.

ALIX BOUILHAGUET
Ça veut dire quoi, ça veut dire que moi je suis étudiante, je n'ai pas de logement, je vais sur ce site ?

SYLVIE RETAILLEAU
Vous allez sur etudiant.gouv.fr, et effectivement vous avez tous les liens pour trouver un logement, mais aussi les aides, les APL, la garantie Visale, parce qu'il y a beaucoup d'aides dont ont droit les étudiants, et puis aussi les aider dans des démarches, parce que lorsqu'on quitte le cocon familial on a besoin d'être aidé, d'être pris en main pour les démarches, donc on développe, et puis en même temps on développe l'accès au logement, avec les collectivités, on continue, il y avait un plan 60.000 logements, 30.000 dans le quinquennat précédent ont été réalisés, et on continue à développer cette offre de logements pour les étudiants.

ALIX BOUILHAGUET
Est-ce que vous allez augmenter le nombre de boursiers, est-ce que vous allez revaloriser les bourses, si oui quel montant, et puis quel calendrier ?

SYLVIE RETAILLEAU
Alors, le calendrier c'est maintenant, puisque l'annonce je l'ai faite en mars dernier, pour cette année universitaire, et donc déjà fin août la mise en paiement de ces nouveaux montants de bourses ont lieu, donc les étudiants…

ALIX BOUILHAGUET
Donc de combien ?

SYLVIE RETAILLEAU
Alors de combien, c'est un demi-milliard d'euros que le gouvernement met sur la table pour la vie étudiante, en supplément pour cette année, c'est au minimum 37 euros par mois de plus pour chacun des étudiants, je dis au minimum puisque ça correspond au taux de l'inflation, 6 %, pour les plus hauts échelons, et ça correspond à 34 % d'augmentation pour les plus bas échelons.

ALIX BOUILHAGUET
Il y a aussi le problème lié au pouvoir d'achat, avec la hausse des prix, là encore les étudiants ils subissent de plein fouet cette hausse des prix, est-ce que vous avez des aides pour eux ?

SYLVIE RETAILLEAU
Alors, les aides je pense que… j'ai un message, c'est-à-dire que ces aides c'est cette augmentation des bourses que l'on a fait, c'est une augmentation historique, première étape des bourses, donc là on agit directement sur ceux qui en ont besoin, pour les étudiants qui ne sont pas boursiers il faut aller au CROUS, il y a des aides ponctuelles, des aides annuelles pour les accompagner. Il y a la restauration, je voudrais rappeler, pour tous les étudiants le tarif de restauration à 3,30 euros qu'on a gelé encore cette année, et puis le tarif à 1 euro pour les étudiants boursiers automatiquement, mais aussi tous les étudiants en difficulté, en allant au CROUS, peuvent avoir accès, bénéficier de ce tarif à 1 euro. Nous avons gelé les loyers des CROUS pour tous les étudiants…

ALIX BOUILHAGUET
C'est la question que j'allais vous poser, donc vous maintenez le gel des tarifs des loyers, de la restauration, du CROUS ?

SYLVIE RETAILLEAU
Et des inscriptions aussi, puisque pour une quatrième année nous avons gelé les tarifs, pour tous les étudiants, des inscriptions aussi à l'université ou dans les écoles.

ALIX BOUILHAGUET
C'était la première édition cette année de « Mon master », c'est une plateforme qui est censée centraliser l'attribution des places dans les masters du territoire, il y a eu quand même beaucoup de problèmes techniques cette année, notamment des listes d'attente qui stagnaient ou des dossiers qui étaient soi-disant incomplets alors qu'ils l'étaient, ça bloquait tout ça le processus, est-ce que l'année prochaine ça se passera mieux ?

SYLVIE RETAILLEAU
Alors tout à fait. C'était une première année sur « Mon master », les problèmes techniques que nous avons connus, je voudrais vraiment rendre hommage aux équipes, puisque tous ont été résolus en une nuit, pour la plupart du temps, très très rapidement, et n'ont pas causé de problématique, et le résultat, in fine, c'est qu'en fait aujourd'hui, mais même fin juillet, nous avions autant d'étudiants, c'est-à-dire en gros 146.000 étudiants qui avaient reçu une proposition de master, que d'étudiants inscrits l'an dernier, donc aujourd'hui nous allons dépasser le nombre d'étudiants qui avaient une proposition l'an dernier, les chiffres parlent d'eux-mêmes, je dirais que c'est un progrès, un progrès que nous allons continuer à faire l'année prochaine, mais on a fluidifié effectivement cette affectation des places de masters et ça nous a donné une cartographie des possibilités pour offrir à ces étudiants les places de masters qu'ils souhaitent.

ALIX BOUILHAGUET
Alors, il y a certaines universités qui râlent parce qu'elles disent qu'il y a beaucoup d'étudiants qui ne valident pas leurs inscriptions, parce qu'effectivement les étudiants ils peuvent postuler à 15 voeux.

SYLVIE RETAILLEAU
Alors justement, c'est pour éviter ça qu'il y a la plateforme « Mon master », effectivement avant les étudiants postulaient à 15 voeux, ils avaient 5 réponses positives, ils en choisissaient une, mais malheureusement ils oubliaient parfois de dire aux autres qu'ils ne venaient pas, et on se retrouvait en début d'année avec des places vides, dans des amphithéâtres de rentrée qui étaient sous tension, là la plateforme elle permet justement de faire cette gestion des places, de demander à l'étudiant de répondre lorsqu'on lui propose une place, et on va avoir cette année une meilleure gestion des places et une meilleure planification pour les formations aussi.

ALIX BOUILHAGUET
Face à la pénurie des profs Emmanuel MACRON il veut une formation de l'après-bac, notamment pour les maîtres des écoles, en clair ça veut quand même dire abaisser le niveau de formation requis pour passer le concours d'enseignant, est-ce que ça veut dire qu'on va avoir des enseignants à bac+2, bac+3 ?

SYLVIE RETAILLEAU
Non, ce n'est pas abaisser le niveau requis, c'est mieux préparer en amont plus tôt, donc effectivement ce souhait du président, sur lequel nous allons travailler avec Gabriel ATTAL, c'est comment attirer au plus tôt des enseignants, et en particulier les professeurs des écoles, donc nous avons déjà des formations, des parcours, de préprofessionnalisation, de préparation de professeurs des écoles, dès les licences, ça existe, ces parcours ont un franc succès, et l'idée c'est plus de reprendre les fondamentaux, de aussi les mettre finalement en immersion dans des stages dans les écoles pour savoir ce que c'est, très tôt, et en fait ça restera toujours niveau master, mais avec une préparation plus tôt, donc c'est plutôt mieux préparer, plus les attirer, et mieux faire connaître ce métier, en particulier de professeurs des écoles.

ALIX BOUILHAGUET
Mais ce n'est pas quand même une baisse de recrutement des enseignants ?

SYLVIE RETAILLEAU
Non, parce que le recrutement final restera au niveau master, comme il l'a été, c'est simplement les prendre plus tôt, encore une fois mieux les préparer, leur faire connaître ce métier, et la sortie, la titularisation, aura lieu au niveau master, mais probablement avec une période d'alternance, une période d'apprentissage à ce niveau master, plus forte, donc c'est de la professionnalisation, et au contraire ils seront mieux préparés.

ALIX BOUILHAGUET
Un tout dernier mot, juste sur Parcoursup, 7.7000 candidats sur 917.000 n'ont toujours pas reçu de proposition d'admission, alors c'est moins qu'en 2022, mais est-ce qu'on peut mieux faire ?

SYLVIE RETAILLEAU
Alors on fait toujours mieux, comme vous le disiez, l'idée c'est… Parcoursup c'est une amélioration continue, en fait il faut regarder les candidats qui se présentent aux commissions d'accès à l'enseignement supérieur, dans les rectorats, donc il y en a beaucoup moins que 77.000, on est plutôt autour de 20.000, et à la fin, l'année dernière, c'était 160 étudiants, à la fin du parcours Parcoursup, 160 élèves qui n'avaient pas reçu de propositions et que l'on continuait à suivre…

ALIX BOUILHAGUET
Que vous continuez de suivre.

SYLVIE RETAILLEAU
Donc le chiffre, à la fin, c'est plutôt 160 étudiants.

ALIX BOUILHAGUET
Merci Sylvie RETAILLEAU.

SYLVIE RETAILLEAU
Merci.

ALIX BOUILHAGUET
Et bonne rentrée !

SYLVIE RETAILLEAU
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 13 septembre 2023