Texte intégral
JÉRÔME CHAPUIS
Bonjour Jean-Noël BARROT.
JEAN-NOËL BARROT
Bonjour.
JÉRÔME CHAPUIS
Ministre délégué en charge du Numérique, invité d'actu de France Info ce matin. La vente d'un smartphone d'APPLE est donc suspendu ; l'iPhone 12 qui émet trop dont d'ondes électromagnétiques selon des contrôles récents. Il est commercialisé depuis trois ans, il est certifié normalement conforme aux standards. Cette suspension, c'est vous qui l'avait décidé ; pourquoi ?
JEAN-NOËL BARROT
Cette suspension, c'est notre Agence nationale des fréquences, l'autorité de surveillance des équipements radio, qui l'a décidée. Pourquoi ? Parce que cette agence, elle a la responsabilité de contrôler nos téléphones qui, au gré des mises à jour logicielles, peuvent se mettre à émettre un peu plus, un peu moins, d'ondes électromagnétiques. Et ce que cette agence a constaté au gré de contrôle routinier, c'est que l'iPhone 12 émettait un niveau d'ondes électromagnétiques légèrement supérieur à la norme fixée au niveau Européen.
JÉRÔME CHAPUIS
Légèrement ; ça veut dire quoi légèrement ? Les ordres de grandeur c'est important.
JEAN-NOËL BARROT
Oui, les ordres de grandeur, vous avez raison, c'est important de le rappeler. La norme que nous avons fixée en Europe, c'est une norme de 4 watts par kilogramme maximum. C'est une norme qui est fixée par principe de précaution relativement basse. Ce qui a été... Enfin l'iPhone 12 d'APPLE a été contrôlé. Je précise l'iPhone 12 d'APPLE parce que les autres iPhone 12 - iPhone 12 pro, l'iPhone 12 pro max - ne sont pas concernés.
JÉRÔME CHAPUIS
Oui, vous parlez des autres modelés, oui.
JEAN-NOËL BARROT
A été contrôlé à 5,7 watts par kilo.
JÉRÔME CHAPUIS
Donc contre 4 autorisés.
JEAN-NOËL BARROT
Et à ce niveau-là, on est donc légèrement supérieur au seuil mais on est très largement inférieur au niveau auquel les études scientifiques estiment qu'il peut y avoir des conséquences pour les utilisateurs. Mais vous voyez, la règle c'est la règle. Et lorsque l'Agence nationale des fréquences estime qu'un constructeur a dépassé le seuil, alors ma responsabilité c'est de veiller à ce que les décisions qui sont prises - et c'est-à-dire le retrait de la commercialisation – soient bien appliquées.
JÉRÔME CHAPUIS
La règle est la même pour tout le monde. Anicet MBIDA, notre spécialiste innovation, est à mes côtés. Il a une question pour vous.
ANICET MBIDA
Oui, je voulais savoir pourquoi les contrôles ne se font pas a priori mais plutôt a posteriori, au moins à la commercialisation ? Exactement, comme on fait une homologation pour une automobile.
JEAN-NOËL BARROT
Eh bien, parce que les niveaux d'énergie transportée par les ondes électromagnétiques dont il est question, ils peuvent varier en fonction des mises à jour logiciel. Et d'ailleurs dans ce cas précis, c'est sans doute du fait d'une mise à jour logicielle après la sortie de l'iPhone 12 que le niveau s'est retrouvé légèrement supérieur à la norme. Et c'est une simple mise à jour logicielle de l'iPhone 12 qui permettra de les remettre en conformité.
JÉRÔME CHAPUIS
Ça veut dire que ça se fait à distance alors ?
JEAN-NOËL BARROT
Bien sûr.
JÉRÔME CHAPUIS
Il n'y a pas besoin de rapporter l'appareil…
JEAN-NOËL BARROT
Mais chacun d'entre nous qui possédons un smartphone a l'habitude d'activer des mises à jour logicielles. Et c'est avec une mise à jour logicielle qu'APPLE va remettre l'iPhone 12 en conformité. En tout cas, j'ai toute confiance.
JÉRÔME CHAPUIS
Anicet ?
ANICET MBIDA
Là où ça peut surprendre c'est qu'on parle d'émissions électromagnétiques qui sont en principe de l'ordre des antennes et de la position des antennes, de la puissance d'émission et vous dites que c'est possible de corriger ça avec une simple mise à jour logicielle ?
JEAN-NOËL BARROT
Absolument.
JÉRÔME CHAPUIS
Donc pour le moment…
JEAN-NOËL BARROT
Un certain nombre d'autres téléphones. L'Agence nationale des fréquences, à 46 reprises, a pris des décisions de retrait de commercialisation provisoire sur des téléphones portables comme l'iPhone 12 auparavant qui ont été réglés par une mise à jour logicielle opérée par le constructeur
JÉRÔME CHAPUIS
Alors, pardon Jean-Noël BARROT, j'insiste sur les ordres de grandeur parce que vous nous dites que c'est un léger dépassement. Les normes sont très très basses. Oui bien sûr, la règle est la même pour tous, que ce soit APPLE ou n'importe quel autre constructeur ; ça, on est d'accord. Mais est-ce que ça représente réellement un danger pour la santé ? Parce qu'il y a débat là-dessus, sur ses ondes électromagnétiques.
JEAN-NOËL BARROT
Comme je vous le disais, le seuil qui a été fixé au niveau européen est fixé à un niveau 10 fois inférieur à celui auquel les études scientifiques estiment qu'il peut y avoir des conséquences pour les utilisateurs. Nous avons là un léger dépassement qui peut être corrigé par une mise à jour logicielle simple ; mais une nouvelle fois, c'est une règle que nous nous sommes fixés en européen et ma responsabilité c'est de la faire respecter. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à l'Agence nationale des fréquences qui a fait ces contrôles, qui a pris cette décision hier, de mobiliser pleinement ses agents pour veiller à ce que tant que la mise à jour n'est pas faite, eh bien l'interdiction de commercialisation de l'iPhone 12 est bien respectée.
JÉRÔME CHAPUIS
Vous faites bien de préciser. Ça tombe pile au moment justement du lancement d'un dernier modèle d'APPLE, l'iPhone 15. C'est purement fortuit ?
JEAN-NOËL BARROT
Ecoutez, l'Agence nationale des fréquences ne calque pas son calendrier de contrôle et de décision, sur les annonces commerciales des constructeurs. Mais je veux, puisque vous me parlez de l'iPhone 15, quand même saluer, une chose qui est très importante dans l'annonce d'hier, c'est que l'iPhone 15 devance une autre règle européenne que nous nous sommes donnés, et qui est excellente du point de vue de la simplification du pouvoir d'achat et de l'efficacité écologique, c'est le chargeur universel. Pour la première fois l'iPhone 15 sera dotée d'un chargeur universel, avant même que l'obligation européenne n'entre en vigueur.
JÉRÔME CHAPUIS
Jean-Noël BARROT, sur cette affaire d'ondes électromagnétiques, est-ce que vous avez eu un retour, un contact direct avec Apple ?
JEAN-NOËL BARROT
Bien sûr, et l'Agence nationale des fréquences en a eu tout au long de la procédure. Nous avons eu un échange hier avec Apple et j'ai toute confiance que dans les 15 jours Apple répondra à la mise en demeure de l'Agence nationale des fréquences, et expliquera dans quelle façon la mise à jour pourra avoir lieu pour que les choses rentrent dans l'ordre.
JÉRÔME CHAPUIS
Parce qu'on rappelle quand même qu'Apple, la valorisation boursière ça dépasse le PIB de la France, on est parfois tout petit. C'est fluide quand même les relations entre un ministre du Numérique français et un géant comme Apple sur ce type d'affaires ?
JEAN-NOËL BARROT
Bien sûr. Nous avons beaucoup de sujets sur lesquels nous travaillons, nous échangeons avec Apple. Je parlais à l'instant des questions de transition écologique. Il y a des discussions que nous avons, pour voir comment les smartphones peuvent avoir une empreinte écologique moins forte. Il y a d'autres sujets évidemment de protection des mineurs, sur lesquels nous échangeons avec eux, mais s'agissant d'une norme qui a été fixée sur l'énergie transportée par les ondes électromagnétiques, je ne transigerai pas, nous devons être extrêmement fermes.
JÉRÔME CHAPUIS
En tout cas, ce que vous dites, et pour conclure Jean-Noël BARROT, les auditeurs qui nous écoutent, qui ont dans leur poche un iPhone 12, ce matin, qu'est-ce qu'ils font ?
JEAN-NOËL BARROT
Eh bien ils attendent que la mise à jour logicielle ait lieu, en ayant confiance dans les process que nous avons mis et en place, pour protéger…
JÉRÔME CHAPUIS
Mais en attendant, ils peuvent s'en servir ?
JEAN-NOËL BARROT
Ils peuvent s'en servir.
JÉRÔME CHAPUIS
Merci beaucoup Jean-Noël BARROT, ministre délégué au Numérique, d'avoir été avec nous après cette décision que vous avez prise hier, donc la suspension d'un smartphone d'Apple, c'est la première fois, pour des ondes électromagnétiques excessives.
Source : Service d'information du gouvernement, le 14 septembre 2023