Interview de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, à France 2 le 18 septembre 2023, sur la vente du carburant à perte par la grande distribution, la lutte contre l'inflation et la politique budgétaire.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Bruno Le Maire - Ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique ;
  • Thomas Sotto - Journaliste

Média : France 2

Texte intégral

THOMAS SOTTO
Bonjour et bienvenue Bruno LE MAIRE.

BRUNO LE MAIRE
Bonjour Thomas SOTTO.

THOMAS SOTTO
Alors, pour espérer payer son essence un peu moins chère, il faudra donc aller chez CARREFOUR, chez LECLERC, chez AUCHAN, puisque le gouvernement va autoriser la grande distribution à vendre son carburant à perte. Ce sera à partir de quand, ce sera effectif à partir de quand ?

BRUNO LE MAIRE
Ce sera effectif à partir de début décembre, j'espère le 1er décembre, puisque le texte de loi sera examiné à l'Assemblée début octobre, le temps qu'il soit adopté, cette mesure entrera en vigueur le 1er décembre.

THOMAS SOTTO
Et pour combien de temps ?

BRUNO LE MAIRE
Elle durera six mois, en tout cas, c'est la proposition que nous ferons aux parlementaires, et ça permettra effectivement de trouver, en fonction de ce que les distributeurs peuvent faire, des carburants moins chers partout en France, c'est ça notre objectif.

THOMAS SOTTO
Vous espérez voir les prix chuter de combien à peu près ?

BRUNO LE MAIRE
Je ne vais pas donner de chiffre, parce que je ne veux pas tromper les consommateurs, je n'ai qu'une parole, donc quand je m'engage, je veux que ce soit suivi, j'ai dit que les prix baisseraient sur 500 références, ou au moins qu'ils seraient bloqués, c'est le cas. J'ai dit qu'on avancerait les négociations commerciales, nous allons décider par texte de loi…

THOMAS SOTTO
On va y venir, on va y venir là-dessus…

BRUNO LE MAIRE
Que les négociations commerciales soient anticipées. TOTAL a accepté de faire aussi un blocage à 1,99 euro, nous l'avons obtenu de TOTAL. Donc je ne veux pas m'engager sur un chiffre que je ne suis pas certain de tenir…

THOMAS SOTTO
Pardon, sur TOTAL, on présente ça comme un geste de générosité ultime, mais 1,99 euro le litre, c'est hors de prix, Bruno LE MAIRE

BRUNO LE MAIRE
Mais c'est moins que les 2,20 euros. Je suis rentré de l'Orne hier, j'ai vu effectivement les stations d'autoroutes, les 2,25 euros, les 2,30 euros, le prix du carburant, c'est 1,99 euro chez TOTAL. Et je pense que globalement, notre méthode, c'est d'engager tout le monde dans cette lutte contre l'inflation, l'État ne peut pas porter à lui seul le coût de l'inflation, sinon, ça va creuser les déficits, creuser la dette…

THOMAS SOTTO
L'État se défausse de ses responsabilités sur les entreprises privées, dit ce matin 40 Millions d'automobilistes, vous leur répondez quoi ?

BRUNO LE MAIRE
Eh bien, je leur dis que l'État, il paie encore l'année prochaine dix milliards d'euros pour payer une partie de la facture d'électricité des ménages. Je dis que l'État a protégé, à hauteur de 90 milliards d'euros, avec le bouclier sur le gaz et le bouclier sur l'électricité. Chacun doit faire sa part, c'est comme ça qu'une société avance, c'est quand les entreprises privées, les distributeurs, les industriels, quand l'État, quand l'ensemble des acteurs économiques jouent le jeu, et s'engagent dans cette bataille contre l'inflation. Nous allons en sortir, et je veux le dire à nos compatriotes…

THOMAS SOTTO
Juste, pardon, vous ne craignez pas…

BRUNO LE MAIRE
Nous allons sortir de cette inflation très brutale pour nos compatriotes…

THOMAS SOTTO
Pardon, mais ça fait des mois, presque des années maintenant, deux ans, qu'on entend dire : c'est fini au mois d'août, c'est fini au mois de janvier, c'est fini au mois de juin, est-ce que la vraie réponse à cette question : quand est-ce qu'on sortira de l'inflation, ce n'est pas : jamais, on va prendre 20% sur l'alimentation par exemple au final…

BRUNO LE MAIRE
Non, non, Thomas SOTTO, aujourd'hui, l'inflation commence à reculer, comme je m'y étais engagé cet été. Alors, c'est lent…

THOMAS SOTTO
Elle n'a pas reculé au mois d'août…

BRUNO LE MAIRE
C'est difficile, par moments, il y a des nouvelles poussées de fièvre, pourquoi ? Eh bien, tout simplement parce que le prix du pétrole augmente, et que ça a une répercussion, mais la tendance de long terme, c'est à une baisse de l'inflation, et notre objectif, c'est d'avoir un peu plus de 2% d'inflation en 2024, donc revenir à un niveau d'inflation…

THOMAS SOTTO
Dès le début de l'année 2024, c'est l'objectif ?

BRUNO LE MAIRE
Pas dès le début 2024, mais revenir à un niveau d'inflation normal. Moi, ça occupe toutes mes journées…

THOMAS SOTTO
Sur le mois de septembre, vous pensez que l'inflation va reculer ou pas ?

BRUNO LE MAIRE
De combattre contre l'inflation, et nous sommes dans la bonne direction.

THOMAS SOTTO
Personne ne doute de la bonne volonté qui est la vôtre, ni celle du gouvernement, ni de ceux qui font des propositions, mais la vérité, c'est qu'on a du mal, et la vérité, c'est que les Français ont du mal à faire leurs pleins, je regardais le prix d'un plein, j'ai pris un plein de 50 litres d'essence de sans-plomb 95, en janvier 2019, ça coûtait 71 euros, en janvier 2023, janvier dernier, 92 euros, aujourd'hui, ça coûte 97 euros, avec 1,99 euro le litre, ça fera 100 euros.

BRUNO LE MAIRE
Je vais vous donner un autre chiffre, Thomas SOTTO, si le gouvernement n'avait pas pris à sa charge une grande part des factures d'électricité des ménages, jusqu'à 70 %, pendant que l'électricité était au plus haut parce qu'on manquait d'électricité, tout le monde tirait, tout simplement parce qu'il n'y avait plus le gaz russe, et que les prix du gaz étaient très élevés, c'était 200 euros par mois, c'était 2.500 euros de facture supplémentaires, nous avons protégé nos compatriotes, nous menons ce combat contre l'inflation, nous marquons des points, je ne dis pas que c'est suffisant. Je sais bien que quand on fait ses courses, quand on va à la pompe…

THOMAS SOTTO
C'est ça le problème, parce que le problème du quotidien et de la fiche de paie et de l'assiette qui se vide au fur et à mesure du mois, c'est que…

BRUNO LE MAIRE
Mais Thomas SOTTO, l'inflation…

THOMAS SOTTO
C'est bien, mais ce n'est pas suffisant…

BRUNO LE MAIRE
L'inflation est une crise structurelle qui touche tous les pays en Europe dont nous allons sortir et dont nous commencerons à sortir et qui demande un engagement de tous, les distributeurs, les industriels, les pétroliers, les raffineurs…

THOMAS SOTTO
Les distributeurs…

BRUNO LE MAIRE
Tout le monde…

THOMAS SOTTO
Vous n'avez pas peur que la grande distribution se rattrape en rayons, sur ce qu'ils feront économiser à la pompe à essence, non ?

BRUNO LE MAIRE
Mais on est là pour veiller à ça, ils ont pris des engagements, les distributeurs, et je les remercie de les tenir, 5.000 produits prix bloqués ou prix qui baissent, nous veillons, nous avons…

THOMAS SOTTO
Ils ne jouent pas trop le jeu…

BRUNO LE MAIRE
Nous avons des outils, ils jouent le jeu, nous avons des outils…

THOMAS SOTTO
Ils ne jouent pas trop le jeu…

BRUNO LE MAIRE
Nous avons des outils à notre disposition, ça s'appelle la direction générale de la consommation et la répression des fraudes, on a un deuxième outil, qui est l'observatoire des marges, nous allons le saisir avec le ministre de l'Agriculture pour lui demander d'observer que les marges, tout d'un coup, ne gonflent pas, avec un objectif aussi, et je tiens à le…

THOMAS SOTTO
C'est Elisabeth BORNE, qui, hier, dans Le Parisien, disait : ils doivent accepter…

BRUNO LE MAIRE
Avec un objectif, Thomas SOTTO…

THOMAS SOTTO
Ils doivent accepter de réduire leurs marges pour redonner du pouvoir d'achat aux Français, chacun doit prendre sa part. Vous l'avez dit 100 fois, sauf qu'à des broutilles près, ils ne le font pas ?

BRUNO LE MAIRE
Et c'est ce qu'ils font, c'est ce qu'ils continueront à faire, et nous y veillerons avec ces deux instruments, et avec un objectif : c'est protéger aussi nos agriculteurs, je connais l'inquiétude des agriculteurs, ils se disent : ce qu'ils vont faire sur le carburant, ils vont le reprendre sur le prix de la côte de porc ou sur le prix du litre de lait, il en est hors de question, et nous avons des instruments à notre disposition que nous n'hésiterons pas à utiliser, lorsqu'il a fallu nommer les industriels qui ne jouaient pas le jeu, je l'ai fait, lorsqu'il a fallu utiliser le texte de loi pour avancer une négociation commerciale, je l'ai fait…

THOMAS SOTTO
Alors justement, ce texte de loi, pardon…

BRUNO LE MAIRE
Lorsqu'il a fallu utiliser l'outil fiscal, Thomas SOTTO, non, mais je veux répondre à cette question-là, parce que je veux montrer à tous nos compatriotes que notre détermination, elle est totale, et lorsqu'il a fallu utiliser l'outil fiscal, parce qu'il y avait des marges qui étaient excessives, nous n'avons pas hésité à le faire.

THOMAS SOTTO
Ce projet de loi qui va concerner la grande distribution pour avancer les négociations, ce sera quand, ça sera quoi, il y aura quoi dedans ?

BRUNO LE MAIRE
Les 15 premiers jours d'octobre, avec un article unique très simple disant : les négociations commerciales qui auraient dû commencer en mars 2024, devront commencer au plus tard au 15 janvier 2024.

THOMAS SOTTO
Donc ça veut dire effectif dans les rayons quand, parce que ça va vite après ?

BRUNO LE MAIRE
Ça devient effectif au début de l‘année, c'est-à-dire qu'il faut que les négociations commencent dès maintenant, enfin, que les prix commencent à être discutés entre les distributeurs et les industriels, parce qu'ils savent, je leur dis très clairement ce matin, que la date limite pour conclure ces négociations commerciales, ce sera le début de l'année 2024, par rapport au printemps, on va gagner à peu près 3 mois, et ça permettra d'avoir une répercussion plus rapide des prix à la baisse. Moi, quand je me suis aperçu que vous aviez des industriels qui avaient engagé des baisses, mais que ces baisses ne se répercutaient dans les rayons que 3 mois plus tard, c'est 3 mois de pouvoir d'achat de perdus, je ne veux pas un jour de pouvoir d'achat de perdu pour nos compatriotes.

THOMAS SOTTO
Et Bruno LE MAIRE, parfois, la réponse des professionnels, pour ne pas gonfler les prix, c'est de prendre les consommateurs pour des pigeons, ça s'appelle la Shrinkflation…

BRUNO LE MAIRE
Shrinkflation…

THOMAS SOTTO
Absolument ; on en met moins dans le paquet, et on vend au même prix, comme ça, on fait croire que ça n'a pas augmenté, ça ne vous met pas en colère, vous, parce que vous aussi, ils vous prennent pour un pigeon, là ?

BRUNO LE MAIRE
Ça me met en colère comme n'importe lequel de mes compatriotes, mais je ne suis pas là pour être en colère, je suis là pour sanctionner et pour garantir l'ordre public économique. Donc nous passerons, là aussi, par un texte législatif. Nous le ferons…

THOMAS SOTTO
Et vous allez, quoi, vous allez interdire la Shrinkflation ?

BRUNO LE MAIRE
Eh bien, on va obliger, obliger les industriels, lorsqu'ils réduisent le contenant, à l'afficher de manière claire et pas en Times 10 en bas du paquet. Si vous mettez 400 grammes…

THOMAS SOTTO
Et ça sera à partir de quand cette obligation…

BRUNO LE MAIRE
Au lieu de 500, eh bien, il faut juste que les gens le sachent. Et il faut le faire de manière obligatoire, de manière contraignante, sinon, je me doute bien que les industriels risquent fort de ne pas respecter cette règle…

THOMAS SOTTO
Cette obligation, ce sera à partir de quand ?

BRUNO LE MAIRE
C'est début 2024, il faut le temps de le notifier à la Commission européenne, je ne vais pas vous embêter avec les détails, mais c'est comme cela que nous arriverons par l'obligation, par l'engagement des uns et des autres à faire baisser cette inflation, et à revenir à des prix plus normaux.

THOMAS SOTTO
Pourquoi ne pas passer à 0 % de TVA sur les produits de première nécessité, alors, c'est une proposition du Rassemblement national, on peut dire ce que l'on veut, mais mécaniquement, ça ferait descendre la note ?

BRUNO LE MAIRE
Et ça fait quoi, ça fait quelques centimes d'euros en moins dans la poche du consommateur et les rentrées fiscales pour l'État, c'est ce que vous voulez, moi, je suis pas là pour remplir les caisses de l'État, contrairement à ce que disent les uns et les autres, je suis là pour protéger le porte-monnaie de nos compatriotes, donc ces solutions du Rassemblement national, elles ont été adoptées par d'autres pays, ça ne mène nulle part, c'est-à-dire que les consommateurs, ils n'en voient pas la couleur, parce que ce n'est pas assez, et ça gonfle les caisses de l'Etat. C'est un peu surprenant de la part du Rassemblement national de faire des propositions qui ont été adoptées dans d'autres pays européens et qui ont montré qu'elles étaient totalement inefficaces.

THOMAS SOTTO
Dans ce contexte, on va parler de la hausse des prix de l'électricité, mais quand même, je voudrais juste votre réaction sur ce qu'a proposé Fabien ROUSSEL qui, face à cet espèce de sentiment d'impuissance, dit : on va demander aux Français d'aller envahir les stations-services, d'aller envahir les grandes surfaces, d'aller envahir les préfectures. Qu'est-ce que vous…

BRUNO LE MAIRE
Il ferait mieux de demander à son adjoint à la Mairie de Paris, Ian BROSSAT, de revenir sur l'augmentation de 50 % de la taxe foncière à Paris, ça, c'est du pouvoir d'achat en espèces sonnantes et trébuchantes, qui pourrait être rendu déjà aux Parisiens.

THOMAS SOTTO
Ça concerne des propriétaires en l'occurrence, la taxe foncière…

BRUNO LE MAIRE
Oui, mais, enfin, quand on veut être chef de l'État, j'ai compris que Fabien ROUSSEL voulait être chef de l'État, on ne détruit pas l'État, on ne s'en prend pas à l'État, on ne s'en prend pas aux préfectures, on ne s'en prend pas aux représentants de l'État.

THOMAS SOTTO
C'est dangereux de faire cette proposition pour vous ?

BRUNO LE MAIRE
Bien sûr que c'est dangereux. Je vois un débat politique qui parfois tourne au vacarme et au grand n'importe quoi, on peut dire tout sans que ça ait de conséquence ou d'incidence sur ceux qui prononcent ces paroles-là, quand on veut être chef de l'État, on ne s'attaque pas à l'État, ni à ses représentants.

THOMAS SOTTO
Encore une fois, il dit ça par rapport au sentiment d'impuissance, la Une de Libé aujourd'hui, ce matin "Inflation, salaire, budget, pris au piège, le gouvernement peine à convaincre les entreprises de prendre leur part." Votre ministre à Bercy, Olivia GRÉGOIRE, a plaidé pour que les cours de cuisine rentrent à l'école, interview à Sud-Ouest, parce que, dit-elle, il faut réapprendre à cuisiner les produits bruts. On a l'impression que vous arrivez au bout du bout de ce que vous pouvez proposer, là, non ?

BRUNO LE MAIRE
Pas du tout, on a une stratégie : faire baisser les prix et engager le maximum d'acteurs économiques dans cette direction, est-ce qu'on obtient des résultats ? Oui. Est-ce qu'il faut faire encore mieux ? Oui, c'est l'objet de la proposition sur le seuil de revente à perte sur les carburants, est-ce que c'est notre seule stratégie ? Non, il y a aussi la stratégie sur les salaires, j'ai appelé les entreprises à augmenter les salaires…

THOMAS SOTTO
Avec la conférence sociale…

BRUNO LE MAIRE
Elles les ont augmentés de 5% en 2023, elles devraient les augmenter d'autant en 2024, les salaires, c'est décisif, c'est absolument décisif, c'est aussi ça qui protège le pouvoir d'achat de nos compatriotes, le président de la République a annoncé une conférence sociale, mais c'est un rendez-vous majeur, qui doit nous permettre…

THOMAS SOTTO
Ce sera quand ? On a la date ou pas encore ?

BRUNO LE MAIRE
On n'a pas encore la date, mais ça doit nous permettre de mettre fin à des situations qui sont inacceptables, inacceptables, Thomas SOTTO, qu'il y a encore des salaires et des grilles…

THOMAS SOTTO
Sous le Smic…

BRUNO LE MAIRE
Qui sont sous le Smic, et qu'est-ce que ça veut dire, ça veut dire que vous rentrez dans votre activité, vous êtes sous le Smic... dans votre grille, moralité, votre salaire réel que vous touchez à la fin du mois, il n'augmente pas, parce qu'il faut rejoindre le Smic. Quel est le problème aujourd'hui en France, c'est des perspectives, c'est pouvoir construire son avenir, c'est la dynamique salariale, démarrer à 1.380 euros nets, ça n'est pas un sujet, si 1 an, 2 ans, 3 ans plus tard, vous êtes à 1.600 ou à 1.700 euros nets, ce qui est désespérant…

THOMAS SOTTO
On va y revenir, mais quand même, j'ai encore des questions, pardon, mais très concrètes…

BRUNO LE MAIRE
Non, mais je veux vraiment vous dire à quel point notre détermination d'avoir une augmentation des salaires, de protéger les salaires les plus modestes, de faire baisser les prix en même temps, sans passer, je le rappelle aussi, par la case de la récession, parce que nous avons de la croissance en France, nous continuons à créer des emplois, nous avons des usines qui ouvrent, c'est ça notre stratégie…

THOMAS SOTTO
Moi, je voudrais vous parler…

BRUNO LE MAIRE
Une stratégie globale et qui donne des résultats : baisser les prix, avoir de la croissance et des emplois, et augmenter les salaires.

THOMAS SOTTO
Je voudrais vous parler des prix de l'électricité, en fin de semaine dernière, la présidente de la Commission de Régulation de l'Énergie, Emmanuelle WARGON, a dit qu'elle anticipait une hausse de 10 à 20% des prix de l'électricité pour 2024, est-ce que ça veut dire que les factures vont augmenter de 10 à 20 % l'an prochain ?

BRUNO LE MAIRE
Non.

THOMAS SOTTO
De combien ?

BRUNO LE MAIRE
Non, il en est hors de question, et je suis incapable de vous dire s'il y aura même une augmentation en janvier, cela dépendra totalement des prix de l'électricité, et nous continuons à payer 37 %…

THOMAS SOTTO
Donc c'est une possibilité qu'il y ait une augmentation en janvier ?

BRUNO LE MAIRE
C'est une possibilité, mais certainement pas de cet ordre-là…

THOMAS SOTTO
Et quel sera le plafond…

BRUNO LE MAIRE
Et c'est une possibilité aussi qu'il n'y ait pas d'augmentation, ça dépendra…

THOMAS SOTTO
Quel sera le plafond à ne pas dépasser s'il y a une augmentation ?

BRUNO LE MAIRE
Il est hors de question d'avoir une augmentation de 10 à 20 %, je ne veux pas vous…

THOMAS SOTTO
Quel est le plafond qui...

BRUNO LE MAIRE
Je ne vais pas vous donner... vous voyez que 10, ça peut être le plafond, et il peut se trouver que le prix de l'électricité nous permette de ne pas avoir d'augmentation en janvier, je ne peux pas vous le dire aujourd'hui…

THOMAS SOTTO
Et s'il le faut, vous remettrez un bouclier tarifaire sur l'électricité, si nécessaire ?

BRUNO LE MAIRE
Mais, on ne va pas remettre un bouclier tarifaire, Thomas SOTTO. Il existe, il a été supprimé sur le gaz, il existe encore, nous payons aujourd'hui à l'heure où je vous parle 37% de la facture d'électricité des ménages, ça va nous coûter pour le budget de l'État, l'année prochaine, plus de 10 milliards d'euros, nous continuons à protéger, nous continuons à accompagner les ménages les plus modestes…

THOMAS SOTTO
Donc il pourra y avoir peut-être une petite hausse d'électricité, mais ça ne sera pas 10 % quoi qu'il arrive ?

BRUNO LE MAIRE
Mais ce ne sera pas 10%, et quoi qu'il arrive, nous maintiendrons une protection sur l'électricité en 2024. Et par ailleurs, chacun connaît aussi mon combat qui est d'avoir le prix de l'électricité le plus bas possible en France et garder le prix de l'électricité parmi les plus bas, si ce n'est le plus bas pour les ménages, comme pour les entreprises ; on produit de l'électricité en France, électricité nucléaire, énergies renouvelables, on doit avoir le prix de l'électricité à notre coût de production.

THOMAS SOTTO
Bruno LE MAIRE, vous avez évoqué le mot budget, il arrivera à l'Assemblée nationale le 27 septembre, est-ce qu'on va avoir un budget d'austérité, est-ce qu'il aura un goût d'austérité, ce budget ?

BRUNO LE MAIRE
Non, enfin, l'austérité, quand on continue à dépenser 10 milliards d'euros pour protéger les ménages face à des factures d'électricité qui sont trop élevées, et c'est légitime et c'est juste, ce n'est pas de l'austérité…

THOMAS SOTTO
Combien d'économie vous voulez faire sur ce budget, il y a un chiffre qui circule, c'est 16 milliards ?

BRUNO LE MAIRE
Austérité quand on indexe tous les minima sociaux et toutes les retraites sur l'inflation pour protéger ceux qui ont les revenus les plus modestes, les petits retraités, ceux qui ont des minima sociaux contre l'inflation, ce n'est pas de l'austérité. L'austérité, ce serait de dire on désindexe.

THOMAS SOTTO
16 milliards d'économies, c'est ça sur la feuille de route du ministre de l'Économie ?

BRUNO LE MAIRE
Oui, 16 milliards d'euros mais on peut avoir un budget qui soit juste, un budget juste c'est un budget qui évite de faire reporter sur nos enfants la charge de la dette, qui continue à protéger ceux qui sont les plus fragiles mais qui engagent si les économies nécessaires parce que quand on a des taux d'intérêts qui sont tous si élevés, avoir une dette trop élevée, c'est pas mal, c'est même stupide.

THOMAS SOTTO
J'ai encore 2 questions très rapidement parce qu'on arrive au bout, ça chauffe entre la Chine et l'Union européenne sur les voitures électriques, une enquête de l'Union européenne est en cours sur les subventions présumées illégales, Pékin menace, vous allez voir ce que vous allez voir. Est-ce qu'on est prêt à aller au rapport de force avec la Chine au bras de fer ?

BRUNO LE MAIRE
Oui, mais l'Europe doit être forte. L'Europe ne doit pas avoir peur d'elle-même et l'Europe ne doit pas se laisser marcher sur les pieds. L'Europe c'est le plus grand marché de consommateurs au monde. Nous voulons un partenariat avec la Chine, un partenariat qui soit équilibré et qui là aussi soit juste. On ne peut pas accepter d'avoir des voitures qui sont largement subventionnées en Chine, qui rentrent ensuite sur le territoire européen, alors qu'elles ont été largement subventionnées, faire concurrence à nos propres voitures, que ce soit Stellantis ou Renault qui ne sont pas subventionnés mais le niveau ou alors autant faire une croix sur l'industrie automobile.

THOMAS SOTTO
En clair ce sera avec nos règles ou ça ne se fera pas.

BRUNO LE MAIRE
C'est nos les règles qui sont les règles de l'Organisation mondiale du commerce, ça s'appelle de la justice et la réciprocité et ça s'appelle une Europe qui est forte, qui est solide et qui défend les règles mondiales.

THOMAS SOTTO
Ma dernière question c'est comment ça va avec Élisabeth ?

BRUNO LE MAIRE
Élisabeth ?

THOMAS SOTTO
Élisabeth BORNE, votre Première ministre.

BRUNO LE MAIRE
Très bien, elle est Première ministre et je travaille très bien avec elle.

THOMAS SOTTO
Je vous pose la question parce que dans le Parisien hier, on lui a demandé un mot pour définir certains d'entre vous. Alors Édouard PHILIPPE lui inspire le mot amitié, Gabriel ATTAL le mot de talent, Emmanuel MACRON visionnaire et vous estime, comme le disait Thierry ROLAND en son temps, on se dit, ces deux-là ne partiront pas en vacances ensemble. Estime, c'est un peu froid non ?

BRUNO LE MAIRE
Estime c'est un très beau mot.

THOMAS SOTTO
C'est vrai.

BRUNO LE MAIRE
Mais oui.

THOMAS SOTTO
Ça ne vous a pas fait un peu de peine ?

BRUNO LE MAIRE
Mais Thomas SOTTO, si je vous dis que vous m'inspirez de l'estime, vous souriez parce que ce n'est pas désagréable.

THOMAS SOTTO
Non et puis on ne travaille pas ensemble en même temps. Si on travaillait ensemble ce serait que vous me disiez, vous êtes sympa, vous êtes chaleureux, mon ami.

BRUNO LE MAIRE
De l'estime, du respect.

THOMAS SOTTO
Et puis on ne part pas en vacances ensemble.

BRUNO LE MAIRE
La considération, qui sait Thomas SOTTO ?

THOMAS SOTTO
Ce n'est pas prévu pour tout de suite. Merci Bruno LE MAIRE d'être venu dans "Les 4V". Bonne journée à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 septembre 2023