Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous en ce lundi matin sur Sud Radio, vous savez que vous pouvez réagir à ce que vous entendez en composant le 0826 300 300. Franck RIESTER, ministre des Relations avec le Parlement, est notre invité ce matin, Franck RIESTER bonjour.
FRANCK RIESTER
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci d'être avec nous.
FRANCK RIESTER
Merci à vous.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous allons parler des sénatoriales évidemment, de la rentrée parlementaire, évidemment, mais je voudrais commencer avec l'intervention du président de la République hier soir sur TF1 et France 2, il a voulu soudain, soudainement, parler aux Français, pour leur dire quoi ? leur parler de leur pouvoir d'achat, parce que c'est la préoccupation principale, alors pouvoir d'achat, vente de carburant, si j'ai bien compris, à prix coûtant, et non plus vente à perte. C'est un échec cette histoire de vente à perte, c'est terminé la vente à perte, pas de loi ?
FRANCK RIESTER
Ce qu'a dit le président c'est que ça restait une menace. Vous avez vu comment ça s'est passé, les distributeurs, notamment de grande distribution, nous on dit "nous on ne peut pas faire comme TOTAL à plafonner le prix du carburant parce qu'on a un mécanisme, le seuil de revente à perte, qui nous empêche de le faire, sinon on le ferait", alors on a dit "chiche, on supprime le seuil de revente à perte", et puis là ils nous disent "eh bien non, finalement on ne peut pas", dont acte, il faut que les choses se fassent intelligemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc il n'y aura pas de loi ?
FRANCK RIESTER
Il y a une menace, il y a une menace si jamais on n'arrive pas à faire, au moins ce qu'ils peuvent faire là par la loi, c'est-à-dire le prix coûtant, pour envoyer un geste à leurs clients de ne pas prendre de la marge sur le carburant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de loi sur la vente à perte ?
FRANCK RIESTER
En tout cas pas….
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'il faut une loi pour revendre à perte.
FRANCK RIESTER
Ça ne sera pas dans le texte qui sera présenté mercredi en conseil des ministres pour accélérer les négociations commerciales entre industriels et distributeurs pour baisser les prix dans la grande distribution, notamment les prix des biens de grande consommation, et ça devait être dans ce texte de loi-là, on ne le met pas, on le laisse en menace, par contre on dit aux distributeurs de carburant, dans la grande distribution, faites-le à prix coûtant, et la Première ministre va rencontrer l'intégralité des acteurs de la filière cette semaine, notamment aussi le raffinage, parce qu'il y a la distribution, je dirais que c'est l'aval, mais il y a aussi l'amont, c'est quelle marge font les raffineurs sur le carburant, pour que tout le monde fasse un effort pour stabiliser le maximum le prix du carburant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'ailleurs pour le coût de la vie l'idée c'est négociation sur les marges, modération des marges.
FRANCK RIESTER
Et vous avez qu'aussi il a annoncé que pour les travailleurs, ceux qui utilisent leur véhicule pour travailler, il y allait avoir une aide de 100 euros par an, environ…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez calculé ce que ça fait ?
FRANCK RIESTER
Par rapport à quoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Par rapport aux litres, ça fait un plein par an.
FRANCK RIESTER
Oui, ça dépend…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un plein par an, est-ce qu'on ne dirait pas le lot de la tombola d'une soirée de charité ?
FRANCK RIESTER
Non, mais non… vous savez 100 euros pour…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, enfin je vous dis ça comme ça quoi !
FRANCK RIESTER
100 euros pour un foyer ce n'est pas rien…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Par an.
FRANCK RIESTER
Oui, par an…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, non, ce n'est pas rien.
FRANCK RIESTER
Ce n'est pas rien, et donc ça montre qu'il veut…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pas pour tous les foyers.
FRANCK RIESTER
Pour ceux qui en ont le plus besoin et qui travaillent, et je pense que c'est une mesure d'accompagnement, ça ne règle pas tout, bien sûr on est conscient que l'inflation impacte, notamment du carburant, le pouvoir d'achat de nos compatriotes, mais que chacun fasse sa part, les distributeurs, les raffineurs, et bien sûr l'État quand il le peut.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous allons parler d'écologie, le président de la République va parler d'écologie…
FRANCK RIESTER
Tout à l'heure oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Un mot sur l'intervention d'hier encore, à propos du Niger, retrait de l'ambassadeur de France, départ des troupes avant la fin de l'année, n'est-ce pas un échec quand même, pas imputable particulièrement à Emmanuel MACRON, mais un échec sur les 10 ou 15 dernières années, cette politique africaine dans cette région du monde, cette politique française dans cette région du monde ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, les gouvernements d'un certain nombre de pays d'Afrique ont demandé à la communauté internationale, et notamment la France, de les aider…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les pays nous ont demandé de dégager surtout.
FRANCK RIESTER
Non, non, mais d'abord le Mali, le Niger, de les aider face au terrorisme, et puis il y a eu des changements de gouvernement, d'ailleurs souvent par la force, des coups d'État, qui ont amené des personnes en responsabilité dans ces pays qui ont pu souhaiter l'aide de la France, notamment, mais l'aide de la communauté internationale plus largement, dans la lutte contre le terrorisme, et d'ailleurs on voit tout de suite, notamment au Mali, que les terroristes progressent, et donc l'action, notamment des forces armées, la fameuse opération Barkhane, a été efficace, nos hommes ne sont pas tombés pour rien, ils ont freiné avec beaucoup de force et de détermination l'avancée des islamistes dans le Sahel, pour autant on ne peut pas le faire contre les pays, c'est avec les pays…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on laisse le Sahel aux islamistes…
FRANCK RIESTER
Mais ce n'est pas on laisse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et nous quittons, avions-nous une autre solution ?
FRANCK RIESTER
On répond présent quand les pays africains nous demandent de l'aide.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que nous pouvions faire autrement, franchement, aujourd'hui ?
FRANCK RIESTER
Eh bien écoutez non, je pense qu'on ne peut pas aller contre les chefs d'État dans ces pays-là, qui ne veulent pas d'aide pour lutter contre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Qui ne veulent pas de nous.
FRANCK RIESTER
Alors c'est regrettable, parce que la menace avance et progresse, mais en même temps on ne peut pas le faire contre ces pays.
JEAN-JACQUES BOURDIN
À propos d'écologie, parce que le président de la République va parler écologie aujourd'hui, j'ai deux questions précises. Les centrales à charbon donc, je croyais, mais ça c'était une promesse d'Emmanuel MACRON qu'on devait sortir du charbon 2022, on sortira du charbon en 2027, pourquoi n'annonce-t-il pas la sortie du pétrole et du gaz fossile ?
FRANCK RIESTER
Eh bien nous avons la volonté d'en sortir, mais on souhaite…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas de date ?
FRANCK RIESTER
On souhaite être le pays européen décarboné le premier, et donc on s'y prépare, on sort du charbon, on essaye d'accompagner…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avec cinq ans de retard, mais on en sortira !
FRANCK RIESTER
Oui, pourquoi, vous savez pourquoi, c'est parce qu'il y a eu besoin d'énergie avec le retard d'un certain nombre d'entretien de centrales électriques, il y avait besoin de maintenir ces centrales à charbon pour produire de l'électricité, maintenant que nous avons retrouvé une capacité de production d'électricité par le nucléaire plus importante on peut sortir du charbon, et puis surtout on modifie, on garde ces centrales, mais on modifie leur type d'approvisionnement, ça sera de la biomasse. Et puis deuxièmement, bien sûr on a une action, et ça sera réexpliquer tout à l'heure, et précisé, dans le cadre de la planification écologique que va présenter le président de la République, on souhaite que tous les leviers soient activés, toutes les filières, tous les acteurs, ce n'est pas simplement l'État qui peut régler le problème de la transition écologique et de la sortie des hydrocarbures, c'est tout le monde qui doit s'y mettre, on doit faire la transition du parc automobile, il en a parlé, on doit faire la transition du parc de chauffage urbain, du chauffage des particuliers, on doit accompagner la décarbonation de l'industrie, et c'est tout ça qui est en cours et tout ça qui est sur la table.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et un effort sur le logement.
FRANCK RIESTER
Sur le logement, on doit pouvoir faire preuve de sobriété…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que les passoires thermiques…
FRANCK RIESTER
Vous avez vu, les Français ont fait preuve de sobriété cet hiver, eh bien il faut continuer à l'effort…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors j'ai une question, simple…
FRANCK RIESTER
Il faut continuer l'effort et puis il faut, effectivement, rénover les bâtiments pour moins émettre de gaz en se chauffant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors j'ai une question simple, est-ce que les logements passoires thermiques seront interdits à la vente ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, ça fait partie des possibilités, mais pour l'instant ce n'est pas acté.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est pas acté ? le président de la République pourrait l'annoncer
FRANCK RIESTER
À l'heure où je vous parle
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah d'accord, ça peut changer dans la journée
FRANCK RIESTER
Ce n'est pas que ça doit changer dans la journée, mais on verra ce que va dire le président de la République
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ça peut, ça peut, nous verrons, nous recevrons le ministre du Logement d'ailleurs demain matin, ça sera très intéressant parce qu'il y a beaucoup de choses à dire sur le logement.
FRANCK RIESTER
Beaucoup de sujets oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les sénatoriales, renouvellement par moitié, 170 sièges à renouveler hier sur 348, alors je regarde les résultats, Républicains-UDI, Union centriste qui conserve la majorité, les socialistes se maintiennent, les écologistes et les communistes aussi, LFI un peu perdants, RN trois sénateurs, le seul sénateur Reconquête battu, ça c'est en ce qui concerne l'opposition, mais en ce qui vous concerne, Renaissance, un échec quand même, un seul siège à Paris perdu, finalement il n'y a qu'Horizons qui tire son épingle du jeu. C'est une bonne lecture ?
FRANCK RIESTER
Alors, d'abord un, vous savez que les sénatoriales c'est le fruit des élections locales précédentes, et c'est vrai qu'on n'a pas gagné les élections municipales, départementales et régionales…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, ça c'est certain.
FRANCK RIESTER
Donc on ne pouvait pas gagner les sénatoriales. On avait des ambitions raisonnables, on va perdre quelques députés au groupe… sénateurs pardon, au groupe RDPI, mais on a aussi des belles satisfactions, je pense à l'Orne, je pense à la Loire, je pense à un certain nombre de départements où on a gagné, et on a quelques défaites, qu'on regrette évidemment, mais au niveau du Sénat c'est une grande stabilité, la majorité sénatoriale reste majorité sénatoriale même s'il y a quelques sénateurs quand même, LR, qui ont été battus, en nombre le groupe LR est un peu moins important qu'il ne l'était précédemment…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il a perdu un ou deux sièges, ou trois sièges.
FRANCK RIESTER
Non, je crois que c'est une dizaine en tout…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah, une dizaine de sièges quand même !
FRANCK RIESTER
En net, nous on perd quelques sénateurs, et puis il y a quelques gains, dont effectivement Horizons, et donc tant mieux pour la majorité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'Édouard PHILIPPE, oui.
FRANCK RIESTER
Tant mieux pour la majorité. Je rappelle qu'Édouard PHILIPPE et Horizons se sont dans la majorité, c'est un groupe à l'Assemblée nationale, et au Sénat ils auront des sénateurs en nombre plus important, donc ça veut dire que la majorité sera un peu plus large.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, la secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté, Sonia BACKES, a été battue en Nouvelle-Calédonie, doit-elle démissionner ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, il n'y a pas de règle en la matière concernant des ministres qui sont candidats aux sénatoriales, on verra ensuite…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y avait des règles avec les députés, aux législatives.
FRANCK RIESTER
Écoutez, ça c'est le président de la République et la Première ministre qui verront, en tout cas il n'y a pas eu de règle édictée…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'elle va démissionner ?
FRANCK RIESTER
On verra, dans les discussions qu'elle aura avec le président de la République et la Première…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On verra.
FRANCK RIESTER
Eh bien oui, ce n'est pas qui nomme…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais vous pouvez savoir.
FRANCK RIESTER
Non, mais ce n'est pas moi, Jean-Jacques BOURDIN…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous ne savez pas.
FRANCK RIESTER
Qui nomme les ministres, vous le savez bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais, mais…
FRANCK RIESTER
Moi ce que je vois c'est qu'elle a fait une belle campagne, c'était difficile, qu'elle a eu affaire à un certain nombre de sénateurs, pardon, de candidats, de grands électeurs, LR, qui ont joué plutôt manifestement le jeu des indépendantistes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est un indépendantiste qui a été élu.
FRANCK RIESTER
Plutôt que le jeu des loyalistes, dont acte, en tout cas elle a fait une belle campagne, c'est une bonne ministre, qui est impliquée, avec Gérald DARMANIN, sur les questions de sécurité et de citoyenneté, et donc voilà, après c'est au président de la République et à la Première ministre, avec elle, de prendre la décision.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Franck RIESTER, Gérard LARCHER sénateur, ça fait 33 ans, il a été encore réélu, dites-moi c'est un professionnel de la politique Gérard LARCHER ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, en tout cas c'est un sénateur dont le travail a été reconnu par ces grands électeurs, et c'est un…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est un métier quoi !
FRANCK RIESTER
Un métier, non je ne crois pas, mais ça nécessite… ce n'est pas un métier en tant que tel…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est une vie…
FRANCK RIESTER
Ça nécessite des qualités professionnelles, une expérience, je pense effectivement que la politique a besoin aussi de gens expérimentés, il en est un, et il est un président du Sénat, vraisemblablement réélu dans quelques jours, avec qui moi je travaille très bien, je dois le dire, le Sénat est une chambre avec laquelle le Gouvernement et la majorité à l'Assemblée nationale, la majorité présidentielle, travaillent bien, ils sont constructifs, ils apportent des choses au débat public, au débat parlementaire, et donc je suis ravi, dans quelques jours, de retrouver le Sénat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais je me mets à la place des Français, réfléchissons un petit peu. Le président de la République ne peut pas accomplir plus de deux mandats et un sénateur peut passer sa vie au Sénat, pourquoi ? Franck RIESTER, pourquoi ?
FRANCK RIESTER
Pourquoi, parce que la Constitution le dit comme ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il ne faut pas réformer les institutions ?
FRANCK RIESTER
Qu'il y ait une réflexion sur les institutions, bien sûr, elle est en cours, mais il faut ensuite, pour pouvoir modifier les…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça fait 25 ans qu'elle est en cours ! j'entends ça depuis… ça fait au moins trois présidents de la République qui nous disent qu'ils vont changer les institutions.
FRANCK RIESTER
Non, la dernière fois c'est sous Nicolas SARKOZY qu'il y a eu une réforme constitutionnelle, vous savez que ce n'est pas évident de réformer de la Constitution, et c'est tant mieux, parce que c'est bien qu'il y ait une stabilité de nos institutions, même si elles ne sont pas parfaites, et justement pour modifier la Constitution il faut un large consensus, soit un large consensus du Parlement, soit un vote par référendum, c'est qu'une affaire compliquée, et donc il faut le faire avec prudence et avec pertinence. Donc, qu'il y ait une réflexion sur les institutions, oui, elle est en cours, quelle sera la sortie de ces réflexions et la capacité ensuite de faire les réformes par une réforme constitutionnelle, qui nécessite encore une fois un très large soutien, je ne le sais pas pour l'instant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais un président deux ans (sic), pas plus, et un président du Sénat éternel, franchement est-ce que ce n'est pas une incohérence ?
FRANCK RIESTER
Il y a des incohérences, je ne dis pas l'inverse, pour autant la Constitution est comme elle est et moi je fais avec la Constitution dans mon rôle au quotidien.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Franck RIESTER, rentrée parlementaire à l'Assemblée nationale, loi de programmation des finances publiques cette semaine, est-ce que vous allez éviter le 49.3 ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, je ne sais pas, on verra, mais vous savez, je dirais qu'en ce qui concerne les textes financiers le match est quasiment joué d'avance. Pourquoi ? parce que les textes financiers ce sont des marqueurs d'appartenance à la majorité ou à l'opposition. Quand vous êtes dans une commune, Jean-Jacques BOURDIN, quand vous êtes dans l'opposition vous ne votez pas le budget, pour autant vous pouvez voter d'autres textes, d'autres délibérations….
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais là, sur cette loi le RN pourrait s'abstenir.
FRANCK RIESTER
Je ne sais pas. Ce que je sais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bah si, ça permet d'éviter le 49.3.
FRANCK RIESTER
Non, non, mais ce que je sais moi, c'est qu'un texte financier les oppositions votent contre par principe, et je peux le comprendre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et si le RN s'abstient ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, on verra bien ce qui sera… vous savez, moi je me méfie des promesses qui n'engagent que ceux qui les reçoivent, moi ce que je vois c'est on a besoin d'avoir un vote de ce texte, comme de tous les textes financiers, parce qu'on a besoin, là en l'occurrence, d'avoir un certain nombre de financements qui sont liés aux financements européens qui sont liés à ce vote, on a besoin de donner un budget à notre pays, on a besoin de donner un budget à la Sécurité sociale et à notre système de protection sociale, donc on assumera nos responsabilités, on sait qu'on est dans une majorité relative, les oppositions votent contre, parce que c'est un marqueur d'appartenance à la majorité, l'opposition vote contre ces textes financiers, eh bien on utilisera les moyens qui sont à notre disposition pour se faire, pour s'assurer d'avoir une loi de programmation…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc un 49.3, pourquoi pas s'il le faut…
FRANCK RIESTER
Un budget, et voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et voilà.
FRANCK RIESTER
Après on est pour autant à l'écoute des oppositions, on est toujours dans la même méthode, voulue par le président de la République et la Première ministre, d'être constructif, d'écouter ce que nous disent les députés, les sénateurs de la majorité et de l'opposition, pour améliorer les textes, et Bruno LE MAIRE et Thomas CAZENAVE, le ministre du Budget, y travaillent, on verra.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça vous gênerait que le RN s'abstienne et que vous fassiez passer ce texte sans 49.3 ?
FRANCK RIESTER
Mais, on verra bien…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon, d'accord.
FRANCK RIESTER
Encore une fois, Jean-Jacques BOURDIN, d'abord on regardera ce que seront les votes, moi ce que je vois c'est que en première… c'est la nouvelle lecture, c'est-à-dire c'est la deuxième lecture, vous savez qu'il y a un certain nombre de textes il y a des navettes, on discute d'abord à l'Assemblée, puis au Sénat, et puis ça revient à l'Assemblée, puis ça retourne au Sénat, là on est au retour du texte après une lecture à l'Assemblée nationale et au Sénat, ce le texte de la loi de programmation des finances publiques, en première lecture…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà, des finances publiques, ce n'est pas le budget, c'est après…
FRANCK RIESTER
C'est un budget pluriannuel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Prémonitoire.
FRANCK RIESTER
Voilà, et donc en première lecture, à l'Assemblée, le Rassemblement national a voté contre, alors je ne sais pas ce qu'ils essayent de nous dire, peut-être, peut-être pas, mais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, je les entends.
FRANCK RIESTER
Mais moi je vois… vous les entendez sur l'abstention peut-être, moi je vois ce qu'ils font, et ils ont voté contre, et, encore une fois, c'est quelque part dont l'ordre des choses. Quand on est dans l'opposition on ne vote pas un texte financier, et donc quand on est dans la majorité, et qu'on souhaite donner un budget pluriannuel à notre pays, on se donne les moyens de se faire et on utilise les moyens que nous propose la Constitution.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La loi sur la fin de vie c'est pour quand, avant la fin de l'année à l'Assemblée ?
FRANCK RIESTER
Ça sera vraisemblablement d'abord un texte qui va être présenté en conseil des ministres, ensuite un travail par une commission spéciale…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Avant la fin de l'année ?
FRANCK RIESTER
Oui, je pense que ça sera avant la fin de l'année en conseil des ministres, et ensuite au Parlement l'année prochaine.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et au Parlement début d'année prochaine.
FRANCK RIESTER
C'est ça.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Samedi à Paris il y a eu manifestation des syndicats de magistrats, en l'occurrence le Syndicat de la magistrature, ce syndicat a manifesté contre les violences policières, est-ce anti-républicain ? je vous dis ça parce que des magistrats qui alimentent la haine anti-flics, est-ce que ce sont des magistrats qui alimentent la haine anti-flics, selon vous ?
FRANCK RIESTER
En tout cas, toutes celles et ceux qui alimentent la haine anti-flics je les condamne, je condamne cette action-là, parce que nous avons besoin au contraire de soutenir nos policiers, nos gendarmes, qui sont au quotidien à risquer leur vie pour…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'ils salissent leur robe ? je vais jusque-là.
FRANCK RIESTER
Non, non, mais moi je pense… non, je ne dis pas de choses comme ça, je dis simplement que nous devons respecter nos policiers, nos gendarmes, nos policiers municipaux, toutes celles et ceux qui de près, ou de loin, s'engagent pour notre sécurité. Qu'il y ait ici ou là des fautes professionnelles, la justice sanctionne, l'administration sanctionne, mais de faire de ces cas particuliers une généralité, de dire comme certains responsables politiques, et vous saurez très vite de qui je parle quand je vais vous dire ce que dit ce responsable politique, "que la police tue…"
JEAN-JACQUES BOURDIN
Citez-le.
FRANCK RIESTER
Jean-Luc MÉLENCHON en l'occurrence, que certains, dans différentes parties de la population pointent du doigt, tapent sur nos policiers, je trouve que c'est irresponsable, et je condamne effectivement ces prises de position-là, pour autant on est dans une grande démocratie, la démocratie c'est aussi la capacité de pouvoir exprimer ses opinions, mais je regrette et je condamne ces propos-là.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, mais quand des policiers disent : "Le problème de la police, c'est la justice", est-ce là encore…
FRANCK RIESTER
Non, mais il ne faut pas tout mélanger.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais non…
FRANCK RIESTER
Non mais attendez, on ne peut pas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vois des magistrats qui protestent contre les violences policières et je vois des politiques qui disent : "Le problème de la police c'est la justice".
FRANCK RIESTER
Non, mais je ne tomberai pas… C'est un tout. C'est un tout la réponse de sécurité. Et donc nous sommes convaincus qu'il ne faut pas opposer justice et police et gendarmerie. Il faut au contraire qu'ils travaillent encore mieux ensemble. Et ils travaillent au quotidien bien ensemble. Il faut qu'ils travaillent encore mieux ensemble et il faut donner des moyens. On a donné des moyens importants et on continue de le faire, à la police, à la gendarmerie, il y a encore une loi de programmation qui a été votée l'année dernière, pour donner plus de moyens, plus de policiers et de gendarmes, plus de moyens matériels pour la police et la gendarmerie, et on donne aussi plus de moyens à la justice. Vous savez qu'ont été votée juste avant l'été deux lois pour la justice, pour donner plus de moyens à la justice, et notamment à renforcer le nombre de magistrats, les équipes dans les tribunaux, pour aller plus vite pour prendre les décisions de justice plus rapidement, que les décisions de justice soient bien appliquées et avec beaucoup de fermeté. C'est la stratégie du Gouvernement et on l'applique en donnant donnant des moyens aux acteurs concernés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le 6 novembre, projet de loi immigration au Sénat, d'abord. Dans ce projet de loi, il y a un article sur les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension. Alors, j'ai écouté le président de la République, j'ai eu l'impression, il a parlé de compromis. Cet article sera bien maintenu, quand même, dans le projet de loi, dans le texte.
FRANCK RIESTER
Vous savez, depuis un an que nous sommes en majorité relative. On a réussi à voter 50 textes, uniquement trois avec le 49.3, tous les autres on l'a fait en trouvant des majorités plus larges que la majorité présidentielle. Et on l'a fait en modifiant les textes, en tenant compte des positions des uns, des autres, pour faire en sorte, sans dénaturer notre texte, d'améliorer le texte pour qu'il puisse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc cet article sera modifié.
FRANCK RIESTER
Mais je ne sais pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah !
FRANCK RIESTER
Je ne vais pas anticiper un débat parlementaire où il va y avoir des débats au Sénat, des débats à l'Assemblée, donc un grand nombre de modifications du texte. Je ne sais pas ce qui sortira in fine du Parlement et ce qui sera voté ou pas, par le Parlement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais enfin, le président de la République a dit hier : "Pas de droit inconditionnel à la régularisation".
FRANCK RIESTER
Oui, c'est notre politique et on verra ce qui sortira du Parlement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui. Donc vous cherchez un compromis avec LR sur la question, évidemment.
FRANCK RIESTER
Donc, tout en gardant ce principe-là, on verra ce qui concrètement sera dans le texte. Mais vous savez, une politique publique, Jean-Jacques BOURDIN, ce n'est pas simplement un texte à un instant T qui passe à l'Assemblée nationale ou au Sénat, c'est un tout une politique publique. Il y a une dimension administrative, il y une dimension européenne, en l'occurrence, il y a une dimension nationale. En ce qui concerne le texte qui passe, au Parlement, à partir du 6 novembre au Sénat, il a pour vocation d'accélérer un certain nombre de procédures, de les simplifier, de les rendre plus efficaces, pour notamment envoyer plus vite un certain nombre d'immigrés qui n'ont rien à faire sur notre sol, pouvoir mieux sanctionner ceux qui font de l'argent sur la détresse humaine, pour pouvoir mieux intégrer un certain nombre de ces immigrés, notamment en ce qui concerne la langue française etc.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et permettre à ceux qui travaillent sans-papier, d'être régularisés.
FRANCK RIESTER
Exactement, au cas par cas, dans les entreprises…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au cas par cas, dans les entreprises…
FRANCK RIESTER
Eh bien oui, on ne veut pas de généralisation. Mais oui, mais… Non mais attendez…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non non, parce que je cherche où est le compromis.
FRANCK RIESTER
Mais attendez, il y a le texte…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je cherche où est le compromis.
FRANCK RIESTER
Il y a le texte et ce qui sera sorti du texte. Et le compromis, je ne peux pas vous le dire maintenant, puisque nous commençons simplement le travail parlementaire. Vous savez, si je disais aux parlementaires…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ah oui, ça j'imagine.
FRANCK RIESTER
… que le compromis il est déjà ficelé et que peu importe ce qu'ils font, de toute façon ça sera comme ça et pas autrement, là mon rôle de ministre en charge des Relations avec le Parlement deviendrait très difficile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'imagine.
FRANCK RIESTER
Donc, n'anticipons pas les résultats du travail parlementaire. Ce qui est certain, c'est qu'il y a des cas très concrets, d'une façon très pragmatique, de gens qui travaillent, qui n'ont plus de titre de séjour, qui travaillent dans nos entreprises depuis des années, qui bossent, qui paient des impôts, qui ont leur famille ici, et qui sont sans titre de séjour. Et il faut régler ces questions-là d'une façon très pragmatique. Alors, comment on le fera, eh bien ça sera le l'objet…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors…
FRANCK RIESTER
On a une proposition, nous, dans le texte de loi, et ça sera ensuite l'objet des discussions parlementaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, Franck RIESTER, justement, j'ai écouté le pape, "les personnes qui risquent de se noyer lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues, c'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation", a dit le pape François, il l'a répété plusieurs fois lors de sa venue à Marseille. Si j'ai bien compris en l'écoutant, tous les migrants doivent être sauvés, recueillis et accueillis en France, c'est un devoir d'humanité, c'est bien cela, tous les migrants, qu'ils soient réfugiés, qu'ils demandent l'asile ou pas.
FRANCK RIESTER
Sauver les migrants, bien évidemment, et les paroles du pape sont fortes. Pour autant le président de la République l'a redit hier, on n'a pas vocation à accueillir tous les immigrés du monde entier, et accueillir entre guillemets toute la misère du monde. Donc on doit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même si la France doit en prendre sa part.
FRANCK RIESTER
Exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Pour compléter la phrase.
FRANCK RIESTER
Et on le fait déjà, et on le fait déjà, et on continuera de le faire. On continuera de le faire notamment concernant les réfugiés, ceux qui bénéficient de l'asile.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais uniquement les réfugiés.
FRANCK RIESTER
Non, pas uniquement les réfugiés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc de Lampedusa, nous accueillerons…
FRANCK RIESTER
Non, attendez. Non mais ne mélangeons pas tout Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais, que tout soit très clair.
FRANCK RIESTER
Eh bien c'est pour ça…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que ça n'est pas clair. Alors allez-y.
FRANCK RIESTER
Eh bien, j'essaie d'être clair. J'essaie de différencier les réfugiés et les migrants. Les réfugiés c'est ceux qui pour des raisons politiques, de religion etc. sont persécutés dans leur pays, et doivent fuir leur pays. Ceux-là, c'est la grandeur de la France de les accueillir. Et puis après il y a les migrants, ceux qui veulent partir de leur pays pour trouver un travail mieux rémunéré, etc.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous ne les accueillons pas.
FRANCK RIESTER
Eh bien, ceux-là, on doit regarder, avec une politique très ferme si on les accueille ou pas. En ce qui concerne de Lampedusa, spécifiquement, on a dit très…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On ne les accueillera pas.
FRANCK RIESTER
Voilà. Est-ce que c'est clair ?
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non. Mais là maintenant c'est clair. Non mais moi j'aime bien quand c'est clair.
FRANCK RIESTER
Moi aussi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
J'ai une dernière question. Vous aussi Franck RIESTER. J'ai une dernière question : les postes clés à l'Assemblée nationale, deux vice-présidents RN, vous souhaitez que ça soit perpétué ?
FRANCK RIESTER
Eh bien écoutez, on va… ça sera…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il va y avoir des discussions entre groupes ?
FRANCK RIESTER
Il va y avoir effectivement des discussions, c'est une réunion qui a lieu demain, entre la…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quelle est votre position ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, moi ma position c'est de me garder loin des décisions du Parlement en ce qui concerne l'organisation du Parlement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
88 députés, 2 vice-présidents sur 6.
FRANCK RIESTER
Que diraient nos compatriotes et que diraient les parlementaires si le Gouvernement se mêlait des élections internes à l'Assemblée nationale et au Sénat ? Donc je ne m'en mêle pas, Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous vous mêlez de beaucoup de choses, quand même, au Parlement, non ?
FRANCK RIESTER
Écoutez, j'ai beaucoup de choses à gérer, mais pas les élections internes à l'Assemblée nationale et au Sénat. C'est je crois que les choses doivent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Deux vice-présidents…
FRANCK RIESTER
Vous voulez de la clarté, eh bien c'est clair, le Gouvernement ne se mêle pas des élections internes à l'Assemblée nationale et au Sénat.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous laissez les groupes s'en sortir.
FRANCK RIESTER
Et la présidente de l'Assemblée nationale en l'occurrence.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci beaucoup Franck RIESTER d'être venu nous voir.
FRANCK RIESTER
Merci à vous Jean-Jacques BOURDIN
Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 septembre 2023