Texte intégral
SALHIA BRAKHLIA
Bonjour Olivier VERAN.
OLIVIER VERAN
Bonjour.
JEROME CHAPUIS
Bonjour.
SALHIA BRAKHLIA
Aux dernières nouvelles, deux ressortissants français ont trouvé la mort en Israël, 14 sont portés disparus, dont un mineur de 12 ans. Ce matin, Meyer HABIB, député des Français de l'étranger, annonce un troisième décès français. Est-ce que vous confirmez ?
OLIVIER VERAN
Je peux vous confirmer qu'il y a effectivement à ce stade 14 ressortissants français qui sont portés disparus, qu'on peut craindre que parmi ces 14 ressortissants français, il y ait des victimes et ou des otages. Ensuite, lorsqu'on découvre le drame d'un décès d'un ressortissant français à l'étranger, on commence par avertir la famille, et il y a un canal de communication qui permet de faire les choses proprement. Donc ce n'est pas à moi ce matin de vous confirmer ou d'infirmer cette information. S'il y avait lieu de le faire, ce serait le Quai d'Orsay qui le ferait dans la journée probablement.
JEROME CHAPUIS
Olivier VERAN, vous dites : on peut craindre qu'il y ait des otages, vous avez des informations via le gouvernement israélien, via éventuellement les Palestiniens ?
OLIVIER VERAN
Les cellules diplomatiques se parlent, et fort heureusement, communiquent en permanence, encore une fois, il y a des choses qui doivent pouvoir rester, alors, je n'ai pas d'information sur des otages, je vous dis ce que nous pouvons craindre, de par le fait même qu'il y a une dizaine, 14 ressortissants français qui n'ont pas donné signe de vie ou de bonne santé depuis ces attentats terribles en Israël.
SALHIA BRAKHLIA
Ils sont au nombre de 14 ce matin, c'est ce que vous nous dites, est-ce qu'ils pourraient être plus ? Vous continuez d'en chercher ?
OLIVIER VERAN
S'il y avait plus, à ma connaissance, je vous le dirais, encore une fois, il faut rester extrêmement prudent, personnes disparues ne veut pas forcément dire non plus otages ou victimes, je le dis avec énormément de respect pour les familles en France, notamment, qui attendent des nouvelles de leurs proches, j'étais hier à la manifestation parisienne, en soutien à Israël, après cette vague d'attentats, j'ai moi-même vu et rencontré des personnes qui m'ont fait part ou du décès d'un oncle ou de la disparition d'un proche, on peut tous imaginer la douleur, la tension, la peur qui saisit ces familles à l'heure à laquelle on se parle, donc énormément de prudence, s'il vous plaît, dans la manière dont on peut dire ou annoncer les choses.
JEROME CHAPUIS
Emmanuel MACRON a réitéré, je cite, le plein soutien de la France à Israël et aux Israéliens, son attachement à leur sécurité, à leur droit à se défendre, est-ce que ce plein soutien, ça veut dire aussi soutien militaire ?
OLIVIER VERAN
Ça veut dire que Israël a vécu son 11 septembre, j'étais, à la manifestation hier avec le directeur du musée du Mémorial de la Shoah, qui me disait qu'à sa connaissance, il n'y avait pas eu autant de victimes juives sur une journée depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Il faut imaginer le traumatisme…
JEROME CHAPUIS
Après le 11 septembre, la France était intervenue aux côtés des États-Unis en Afghanistan. C'est pour ça qu'on vous pose la question…
OLIVIER VERAN
Bien sûr, mais d'abord, peut-être un peu d'empathie, de recueillement, pour que, en communion avec les Français, qui, je le sais, sont extrêmement touchés par ce qui se passe. Ensuite…
SALHIA BRAKHLIA
Soutien total de la France ?
OLIVIER VERAN
Ensuite, Israël est un ami, est un pays que nous soutenons toujours, et y compris sur le plan humanitaire lorsque c'est nécessaire de le faire, Israël n'a pas fait connaître de besoins militaires à la France ou à l'Union européenne, il y a une réunion cet après-midi des ministres des Affaires étrangères européens pour examiner la situation israélienne, et donc nous resterons extrêmement vigilants et mobilisés.
SALHIA BRAKHLIA
Soutien total de la France, Olivier VERAN ; même quand l'armée israélienne ordonne un siège complet de la bande de Gaza, pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz, pas de marchandises, a annoncé le ministre de la Défense israélienne, nous combattons des animaux humains, nous agissons en conséquence, c'est ce qu'il a dit, la France est d'accord ?
OLIVIER VERAN
Israël a vu arriver sur son territoire de manière brutale et subite plus de 1 000 hommes armés, certains en ULM, qui ont débarqué comme ça pour tuer. Imaginez un pays, imaginez un pays qui voit 20, 30 communes rasées, incendiées, des gens qui sont tués, des personnes qui peuvent être violées…
SALHIA BRAKHLIA
Mais est-ce que c'est aux civils palestiniennes de payer ?
OLIVIER VERAN
Imaginez que nous ayons subi une attaque de cette nature avec des centaines de ressortissants qui seraient retenus, otages, de l'autre côté, par un groupe terroriste qui retient aussi en otage sa propre population, par ailleurs, parce que les Palestiniens sont aussi les victimes de ce Hamas, qui est en fait un mouvement islamiste radical, tel qu'on a pu en connaître en France à travers des vagues d'attentats. Donc encore une fois, il y a, à l'heure à laquelle je vous parle, encore beaucoup de disparus israéliens, beaucoup de disparus de la communauté internationale en Israël. Et donc, je resterai extrêmement…
SALHIA BRAKHLIA
Mais pour vous, Olivier VERAN, la réponse israélienne est proportionnée ?
OLIVIER VERAN
Pour moi, il ne me revient pas de commenter ce matin sur la manière dont Israël décidera d'engager une riposte, et de conduire la libération de ses otages…
SALHIA BRAKHLIA
Je vous pose la question, parce que le chef de l'ONU, Antonio GUTERRES, s'est dit bouleversé par l'annonce du siège de Gaza.
OLIVIER VERAN
Nous sommes évidemment sous mandat de l'ONU, et nous suivons les recommandations du Conseil de sécurité en la matière, la diplomatie française ne se distingue pas de la diplomatie Onusienne en la matière.
JEROME CHAPUIS
La Commission européenne est revenue sur sa décision de suspendre l'aide au développement aux Palestiniens, et vous disiez qu'ils sont aussi des victimes, les populations civiles sont aussi victimes de ce blocus, quelle est la position de la France sur ce sujet, parce qu'on ne l'a pas beaucoup entendue hier au moment où le commissaire européen a proposé, avant de reculer, de suspendre l'aide aux populations palestiniennes ?
OLIVIER VERAN
Oui, mais c'est important de rappeler, ce n'est pas une aide qui va armer le Hamas, au contraire, c'est une aide humanitaire, c'est une aide au développement qui permet l'éducation, l'accès aux soins, pour une population qui n'a rien demandé, les gens qui vivent dans la bande de Gaza ne sont pas des personnes qui sont toutes, loin s'en faut, armées avec la velléité de faire la guerre ou d'aller tuer et piller. Ce sont des gens qui sont aussi eux-mêmes victimes du Hamas…
SALHIA BRAKHLIA
Donc il n'est pas question d'y toucher à cette aide au développement ?
OLIVIER VERAN
Eh bien, la décision qui a été prise cette nuit est de maintenir, tout en vérifiant, revérifiant et re-revérifiant encore et toujours qu'aucun euro de cette aide au développement ne va financer directement ou indirectement le Hamas ou la militarisation.
JEROME CHAPUIS
Ça veut dire quoi, ça veut dire qu'on va l'examiner cette aide, et on va…
OLIVIER VERAN
Mais c'est constamment examiné, et ça le sera, j'imagine, avec encore plus d'acuité. Pour le reste, encore une fois, pour répondre à votre question, c'est de la diplomatie française et européenne, une réunion des ministres des Affaires étrangères a lieu cet après-midi de toute l'Union européenne, donc je vous renvoie volontiers aux décisions qui seront prises.
SALHIA BRAKHLIA
Rien n'explique, rien ne justifie l'attaque terroriste du Hamas, disait hier Emmanuel MACRON. Hier, sur ce plateau, c'est le géopolitologue Dominique MOÏSI qui était à votre place, écoutez ce qu'il dit.
DOMINIQUE MOÏSI, GEOPOLITOLOGUE, CONSEILLER SPÉCIAL À L'INSTITUT MONTAIGNE
Il faut condamner sans ambiguïté les actes barbares qui ont été commis. Et il faut prendre du recul pour comprendre d'où vient cette barbarie, est-ce qu'elle n'est pas le produit d'une humiliation extrême, je n'ai plus rien à perdre, donc je sacrifie ma vie pour une cause, mais ce n'est pas seulement "je sacrifie ma vie", j'entraîne des milliers d'autres.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que, ce qu'il dit, là, tous les politiques en fait pourraient le dire mais, il est trop tôt, car l'émotion et le choc sont encore aujourd'hui trop importants ?
OLIVIER VERAN
Non, mais je suis gêné à l'idée qu'on puisse faire de personnes qui sont radicalisées, qui sont des assassins, qui sont des terroristes, des gens qui agiraient au nom de leur population. Parce que, en faisant ce qu'ils ont fait, les gens du Hamas…
SALHIA BRAKHLIA
Ce n'est pas ce qu'il dit, il dit qu'il y a un contexte d'humiliation…
OLIVIER VERAN
Mais, excusez-moi, ceux qui mettent en péril la population palestinienne, ceux qui, alors qu'il y avait un fragile, certes, mais un relatif équilibre qui semblait être trouvé, il y a quand même des milliers de permis de travail journalier qui sont accordés aux Palestiniens pour passer la frontière pour travailler en Israël…
JEROME CHAPUIS
Mais les Palestiniens disent : on nous avait oubliés…
OLIVIER VERAN
La situation avait déjà été plus tendue par le passé…
JEROME CHAPUIS
Et la population palestinienne, Olivier VERAN, vous l'avez entendue…
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais ça ne veut pas dire que…
JEROME CHAPUIS
A réagi favorablement après cette…
OLIVIER VERAN
Attendez, attendez, lorsque vous avez encore une fois des groupes armés terroristes qui viennent piller, tuer, enlever personne, ne peut dire qu'ils le font au nom de la liberté ou pour protéger leur peuple, puisque, le faisant, ils savent sciemment qu'il y aura une réplique, ils savent, donc ils le font en connaissance de cause, ils mettent en péril la propre population qu'ils prétendent défendre et la cause qu'ils prétendent servir…
SALHIA BRAKHLIA
Non, mais je vous pose la question, parce que…
OLIVIER VERAN
Non, mais je vous ai répondu.
SALHIA BRAKHLIA
La réflexion qui se pose derrière, c'est : est-ce que l'action des terroristes peut être comprise, en tout cas, peut être justifiée, expliquée, la question se pose, parce qu'en novembre 2015, laissez-moi terminer, Emmanuel MACRON dit, juste après les attentats du 13 novembre, Emmanuel MACRON, alors ministre de l'Économie, disait que la France devait assumer, je cite, une part de responsabilité dans le terreau du djihadisme…
OLIVIER VERAN
Mais ça n'a, pardon, strictement rien à voir…
SALHIA BRAKHLIA
Il rappelait le contexte…
OLIVIER VERAN
Votre question, pardon, je le dis, me choque, là, comme ça, à brûle pourpoint, est-ce que l'acte terroriste peut être justifié ou expliqué…
SALHIA BRAKHLIA
Alors, expliquez-moi…
OLIVIER VERAN
Enfin, pardonnez-moi, encore une fois, on parle de groupements paramilitaires islamistes, djihadistes, tels qu'on peut en connaître et qui peuvent parfois poser des bombes dans les pays de l'Union européenne et faire de nombreuses victimes, qui vont pour tuer des jeunes qui se réunissent au nom de la liberté et la paix, et de la paix…
SALHIA BRAKHLIA
Et on parle des mêmes du 13 novembre…
OLIVIER VERAN
Mais attendez, il faut différencier, il faut différencier le conflit géopolitique, et d'ailleurs, la France a toujours été pour une solution à deux États, bon, donc, ça n'a pas changé, il faut différencier la question géopolitique, et notamment les liens diplomatiques qui peuvent exister entre les autorités palestiniennes reconnues, d'accord, de la même manière qu'on a des liens reconnus avec les autorités israéliennes, et fort heureusement, de la manière dont on considère des groupements terroristes qui décident un beau jour de se lever pour aller tuer, piller, violer, enlever ; ce sont deux choses qui sont radicalement différentes, on ne fait pas de la diplomatie avec des terroristes, on combat le terrorisme, et on fait de la diplomatie avec les États.
JEROME CHAPUIS
Olivier VERAN, le porte-parole du Gouvernement, est l'invité de France Info, ce matin, on vous retrouve dans une minute, juste après le Fil Info.
/// Fil Info ///
JEROME CHAPUIS
Toujours avec le porte-parole du Gouvernement Olivier VERAN. Hier soir vous étiez, vous nous l'avez dit, à cette marche qui s'est terminée devant la Tour Eiffel illuminée aux couleurs d'Israël, une marche en soutien au peuple israélien. Sans entrer dans la concurrence victimaire, qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent, comme Leïla SHAHID par exemple, ancienne représentante de la Palestine en France hier sur France Info, "on n'a pas fait ça pour les Palestiniens, on ne fait pas ça pour les victimes palestiniennes" ?
OLIVIER VERAN
Vous savez, avant d'être politique je suis médecin, j'ai dédié ma vie à sauver des vies, et lorsque je travaille à l'hôpital je ne regarde pas, peut-être qu'on en parlera d'ailleurs, ni les titres de séjour des malades…
SALHIA BRAKHLIA
On va en parler, oui.
OLIVIER VERAN
Ni l'origine, etc., je soigne, mon cœur je sais où il va, il va toujours du côté des victimes et de ceux qui souffrent, et de ceux qui sont en danger. Hier mon cœur allait du côté des Israéliens, du côté de la communauté française juive aussi, qui craint, et je peux le comprendre, aussi pour sa propre sécurité, le ministre de l'Intérieur, Gérald DARMANIN, a eu d'ailleurs l'occasion de le dire, 20 actes antisémites, une dizaine d'arrestations, des moyens très conséquents qui sont mis en place par la République française pour protéger les institutions juives et la population juive en France. Pourquoi ? parce qu'on se souvient qu'en 2014 il y avait eu cette synagogue qui avait été encerclée, suite à des événements terribles…
SALHIA BRAKHLIA
A Sarcelles…
OLIVIER VERAN
Parce qu'on se souvient que COULIBALY, quand il rentre dans l'Hyper Cacher, parce qu'on se souvient que Mohammed MERAH quand il tue à Toulouse, font le lien, dans leurs propos, entre la situation israélo-palestinienne et les attentats terribles qu'ils s'apprêtent à commettre, et donc voilà. Je vous le redis, le temps de l'émotion, le temps de la mobilisation, il est à destination de la communauté d'Israël, de la communauté juive de France, et mondiale, et à destination de nos ressortissants aussi, dont on a parlé tout à l'heure, et dont pour un certain nombre d'entre eux on ignore encore quel est l'état de santé.
JEROME CHAPUIS
Et quand Jean-Luc MELENCHON dit que le CRIF, qui a organisé la marche, le Conseil représentatif des institutions juives de France, le CRIF oblige tout le monde à s'aligner sur la position du gouvernement d'extrême droite israélien, qu'est-ce que vous répondez ?
OLIVIER VERAN
Mais Jean-Luc MELENCHON il est tout en haine, tout en haine, c'est quelqu'un qui a de toute façon décidé, à un moment donné, de basculer dans quelque chose qui n'est pas de la gauche de gouvernement et qui a décidé qu'il était bon de légitimer le recours à la violence, a minima de l'excuser, c'est la violence sociale dans les manifestations qui s'explique parce que, c'est la violence contre un peuple qui pourrait s'expliquer parce que, et puis tout le temps des propos virulents et à contre-courant, c'est son choix, je le regrette, je le déplore, c'est quelqu'un dont la voix a porté à gauche, d'où je viens moi-même, et je ne me sens absolument pas appartenant, de moins en moins, de ce courant de l'extrême gauche française qui sombre dans cette espèce de dérive permanente, et je crois qu'encore une fois il n'est pas au rendez-vous de l'Histoire.
SALHIA BRAKHLIA
On parlait des ressortissants au début de l'entretien, la Pologne a décidé d'affréter des avions pour aller chercher ses ressortissants en Israël, et la France ?
OLIVIER VERAN
La France a monté une cellule de crise, évidemment le Quai d'Orsay est très mobilisé, on en a parlé tout à l'heure, et tous les ressortissants français qui sont en Israël savent qu'ils peuvent compter sur la mobilisation française autant que de besoin, je crois qu'il n'y a aucun sujet là-dessus.
SALHIA BRAKHLIA
On affrète des avions pour aller chercher ceux qui veulent rentrer ?
OLIVIER VERAN
Vous savez, la France a toujours été le pays qui a le mieux organisé les évacuations de ses ressortissants, je vous renvoie à la situation africaine d'il y a quelques semaines, il y a quelques mois, où d'ailleurs l'Europe, et le monde entier d'ailleurs, avait pu compter sur la mobilisation française pour évacuer les ressortissants.
JEROME CHAPUIS
Olivier VERAN, ce conflit israélo-palestinien entraîne une hausse des cours du pétrole, 4 % hier, une hausse plus importante encore du gaz, + 10 %, est-ce que vous craignez que l'inflation, que l'une des conséquences de ce conflit ce soit une reprise de l'inflation, qui avait tendance à se tasser ?
OLIVIER VERAN
Il est beaucoup trop tôt pour le dire, merci de souligner néanmoins qu'effectivement depuis quelques jours le prix du carburant avait plutôt tendance à baisser, le prix du baril de pétrole avait plutôt tendance à baisser, ne tirons pas de conclusions ni dans un sens, ni dans un autre, c'est ça d'ailleurs qu'on est mobilisé avec des amortisseurs fiscaux, avec bientôt l'indemnité carburant, avec la mobilisation de toute la filière carburant, pour le plus possible lisser les écarts de prix.
SALHIA BRAKHLIA
Si les prix repartent à la hausse, ce qu'on voit aujourd'hui dans les cours, donc ça va arriver dans quelques jours, dans quelques semaines, dans les pompes, si les prix dépassent les 2 euros est-ce que le Gouvernement est prêt à envisager une nouvelle aide pour les plus modestes ?
OLIVIER VERAN
Attendez, pardonnez-moi, on est en train de dire que, alors que le prix du carburant commençait à baisser, depuis 24 h…
SALHIA BRAKHLIA
Mais on suit les prix du cours et vous savez que quand les cours augmentent c'est la même chose dans les pompes.
OLIVIER VERAN
Salhia BRAKHLIA, on est en train d'anticiper l'idée que l'État pourrait dans quelques semaines, si le prix du baril de pétrole continuait d'augmenter alors qu'il a augmenté depuis 24 h…
SALHIA BRAKHLIA
J'imagine que vous anticipez…
OLIVIER VERAN
Après avoir baissé depuis 15 jours… pardonnez-moi, on a toujours été au rendez-vous pour le pouvoir d'achat des Français, on le sera, mais là vous m'emmenez sur un terrain dont ni vous ni moi ne connaissons l'issue.
JEROME CHAPUIS
Dans le projet de loi de finances pour 2023 il y a un amendement qui est prévu par plusieurs députés de la majorité pour reconduire la contribution de solidarité sur les profits des groupes pétroliers, ils justifient leur proposition par l'inflation qui dure encore, TotalEnergies menace, en cas de maintien de cette disposition, d'arrêter le plafonnement de ses prix à 1,99 euro, quelle est la position du Gouvernement là-dessus ?
OLIVIER VERAN
D'abord le Gouvernement ne répond pas à des menaces, le Gouvernement est dans le dialogue et un dialogue exigeant vis-à-vis de la filière du carburant, du raffinage, à la distribution et à la production, bien. Ensuite on a un principe, vous savez, c'est un principe qui est clair depuis six ans, c'est qu'on n'augmente pas les impôts, donc on n'augmente pas les impôts, on les diminue. C'est un budget dont l'examen commence aujourd'hui, qui vise à réduire les impôts, à réduire la dépense publique, et à réduire en même temps les déficits. Nous ne voulons pas…
JEROME CHAPUIS
Là on parle de la contribution sur des profits jugés excessifs par certains.
OLIVIER VERAN
Oui, oui, non mais attendez, la ligne fiscale du Gouvernement c'est la ligne fiscale telle que présentée par le ministre Bruno LE MAIRE et par le ministre délégué Thomas CAZENAVE, à savoir le projet de budget qui a été présenté, nous ne voulons pas d'impôts, de taxes, ajoutés au texte, ensuite nous verrons dans les débats si le Gouvernement a vocation à soutenir des démarches parlementaire ou non, mais je vous redis notre ligne parce que je ne veux pas qu'on brouille notre message, depuis six ans on baisse les impôts, on a l'intention de continuer à le faire.
JEROME CHAPUIS
En tout cas on sent dans ce que vous nous dites que vous n'êtes pas en soutien de ces députés de la majorité…
OLIVIER VERAN
Lorsqu'il a fallu récupérer de l'argent, sur les producteurs d'énergie par exemple, nous l'avons fait, et nous avons pu ainsi financer une grande partie du bouclier d'énergie dont bénéficient encore les Français, parce que je vous rappelle que l'État prend en charge plus d'un tiers de la facture d'électricité des contribuables, ce qui est unique en Europe.
JEROME CHAPUIS
On va reprendre avec d'autres questions, notamment la question de l'aide médicale d'État, dans un instant avec vous Olivier VERAN, ce sera juste après le Fil info à 8h50.
/// Fil Info ///
SALHIA BRAKHLIA
Olivier VERAN, le texte sur l'immigration arrive au Sénat en séance le mois prochain pour s'accorder les valeurs de la droite, Gérald DARMANIN le ministre de l'Intérieur se dit favorable à titre personnel à revoir les modalités de l'AME, l'Aide médicale d'État à laquelle les étrangers ont accès pour se soigner comme le souhaite la droite, est-ce que c'est la position du Gouvernement ?
OLIVIER VERAN
Le Gouvernement a présenté un texte qui est équilibré, mieux expulser ceux qui n'ont pas vocation à rester, permettre à ceux qui travaillent qui sont intégrés de pouvoir le faire de manière régulière dans les métiers en tension, c'est cet équilibre qui est la ligne gouvernementale.
SALHIA BRAKHLIA
Et sur l'AME ?
OLIVIER VERAN
Et sur l'AME, nous l'avons réformé il y a 2 ans, j'étais ministre de la Santé, l'Aide médicale d'État pour que les gens comprennent, vous savez encore une fois je suis médecin et je sais à peu près de quoi je parle, je ne connais pas de collègue qui arrêterait de soigner quelqu'un parce qu'il n'aurait pas le bon papier quand les malades.
JEROME CHAPUIS
Mais Gérald DARMANIN ne sait pas de quoi il parle ?
OLIVIER VERAN
Mais non, non, mais je vous dis juste que dans l'expérience médicale, j'ai été amené à soigner beaucoup de personnes qui étaient sans titre de séjour et qui étaient malades et qu'on les soigne parce que ça ne fait pas partie de notre ADN que de ne pas assister à quelqu'un qui est en danger. Ensuite sur l'évaluation…
SALHIA BRAKHLIA
Donc en fait ce que dit Gérald DARMANIN…
OLIVIER VERAN
Non sur l'évaluation tout… Vous savez tout réside dans l'évaluation de ce que c'est que l'urgence, moi je ne sais pas avant d'avoir vu un médecin si ma maladie est urgente ou non. Moi je crains énormément que lorsqu'on dit aux gens si ce n'est pas urgent, vous n'êtes pas remboursé, vous n'êtes pas pris en charge, ils ne viennent plus consulter. Or parfois ça coûte beaucoup plus cher de venir plus tard et puis parfois vous pouvez aussi traîner des maladies infectieuses, potentiellement transmissibles et donc il y a eu beaucoup de missions d'évaluation qui ont montré l'intérêt de l'Aide médicale d'État dans notre pays, qui ne constitue par ailleurs pas, ça je ne suis pas du tout d'accord un appel d'air pour les étrangers en situation irrégulière, donc ma position…
SALHIA BRAKHLIA
Donc on ne va pas changer ?
OLIVIER VERAN
Si on en est à une position personnelle, ma position, elle n'a pas évolué depuis dix ans, je soutien l'Aide médicale d'État parce qu'elle ne n'est pas en cause dans l'immigration illégale et parce que surtout c'est un moyen de payer des médecins et beaucoup d'hôpitaux qui continueraient de toute façon de soigner les gens quand ils sont malades.
SALHIA BRAKHLIA
Mais je vous ai demandé quand même la position du Gouvernement, on a entendu la vôtre.
JEROME CHAPUIS
Il y a un débat au sein du Gouvernement.
OLIVIER VERAN
Il n'y a pas un débat au sein du Gouvernement, la Première ministre a eu l'occasion d'intervenir…
JEROME CHAPUIS
Justement vous ne vous accordez pas avec Gérald DARMANIN.
OLIVIER VERAN
Non j'ai un vrai désaccord avec Gérald DARMANIN sur ce sujet, mais je l'assume, de la même manière qu'il l'assume. C'est ainsi, ça ne nous empêche pas de travailler ensemble et de penser le même texte.
SALHIA BRAKHLIA
Mais le Gouvernement, la ligne officielle du Gouvernement…
OLIVIER VERAN
Et la Première ministre…
SALHIA BRAKHLIA
La ligne officielle.
OLIVIER VERAN
La Première ministre a eu l'occasion d'annoncer qu'elle demandait une mission d'évaluation à Claude EVIN, ancien ministre de la Santé et Patrick STEFANINI qui est un peu plus loin du monde de la santé certes pour regarder s'il y a lieu de changer encore des choses dans l'AME, encore une fois nous l'avons réformé il y a deux ans, moi je trouve que le système actuel est équilibré.
SALHIA BRAKHLIA
Olivier VERAN, c'est une première mondiale, les experts du fonds d'indemnisation des victimes de pesticides organisme fondé par le Gouvernement en 2020 ont reconnu un lien entre l'utilisation du Glyphosate pendant la grossesse de la mère de Théo, aujourd'hui âgé de 16 ans et qui présente de graves malformations. Il va être indemnisé pour ça, 1 000 euros par mois, vous attendez quoi pour interdire totalement ce pesticide ?
OLIVIER VERAN
D'abord c'est l'honneur de la France, c'est mal reconnaître avec vous que d'avoir un fonds comme celui-ci qui est capable d'indemniser des personnes sur la base de doutes sérieux, raisonnables, etc… et donc c'est très bien, il faut le signaler parce qu'il n'y a pas d'autres pays qui le fait. Ensuite sur le Glyphosate, on a réduit déjà de 20 % la consommation de Glyphosate et on est le pays d'Europe qui pousse le plus pour supprimer le Glyphosate partout où il existe des alternatives.
SALHIA BRAKHLIA
Mais vous entendez ce que j'ai dit.
OLIVIER VERAN
Mais je vous ai dit…
SALHIA BRAKHLIA
Il a de graves malformations et il a été reconnu pour ça, il est indemnisé pour ça.
OLIVIER VERAN
Il est reconnu par…
SALHIA BRAKHLIA
On autorise malgré tout l'utilisation du glyphosate.
OLIVIER VERAN
Je vous redis que notre volonté est de supprimer totalement de manière générale d'ailleurs les pesticides dont on subodore ou dont on suspecte un rôle négatif sur la santé.
JEROME CHAPUIS
Donc ça c'est la position de la France devant l'Union européenne.
OLIVIER VERAN
C'est la France qui porte le fer et qui montre l'exemple puisque c'est nous le pays qui avons déjà réduit de 20 % qui investissons le plus pour identifier d'autres voies et moyens de soutenir l'agriculture sans avoir recours au glyphosate.
SALHIA BRAKHLIA
Olivier VERAN, donc la France va s'opposer après demain à la prolongation de dix ans du glyphosate sur le territoire de l'Union européenne ?
OLIVIER VERAN
La France a eu l'occasion d'exprimer son désaccord avec l'idée d'une prolongation pour dix ans du glyphosate.
SALHIA BRAKHLIA
Ce sera non.
OLIVIER VERAN
Nous verrons ensuite qu'elle sera la position tenue, je ne suis pas parlementaire européen, ni ministre de l'Agriculture…
SALHIA BRAKHLIA
Mais vous êtes porte-parole du Gouvernement.
OLIVIER VERAN
Mais je vous ai dit que la France considère qu'il n'y a pas vocation à reconduire pendant 10 ans en faisant comme s'il n'y avait pas des alternatives qui se développent de l'utilisation du glyphosate. Mais encore faut-il qu'il y ait des alternatives partout parce que si vous laissez les agriculteurs sans alternatives, vous me réinviterez pour me dire, la France n'est plus capable de fournir des fruits et légumes et on achète des produits au Maghreb remplis de glyphosate, comment est-ce que vous expliquez ça ? Voilà, donc c'est, il faut une solution scientifique rationnelle, on est en train de la développer, on est en train de la mettre en place.
JEROME CHAPUIS
Olivier VERAN, il faut que vous nous éclairiez sur un point, Emmanuel MACRON s'est dit en faveur, favorable à l'élargissement du champ du référendum la semaine dernière, mais on n'a pas très bien compris pourquoi, est-ce qu'il parlait oui ou non des questions migratoires ?
OLIVIER VERAN
Dans quelques jours le président de la République adressera un courrier aux chefs de parti pour leur proposer de se réunir à nouveau d'ici à la fin octobre dans un format…
JEROME CHAPUIS
Ce sera le 30 octobre d'ailleurs…
OLIVIER VERAN
Dans un format identique, et il aura l'occasion, comme il s'y est engagé, de formuler des propositions, il a déjà ouvert la voie à la réflexion sur plusieurs aspects importants, un, simplifier les conditions du référendum d'initiative partagée, le fameux RIP, dont on voit qu'aujourd'hui les conditions sont telles qu'il ne peut jamais y en avoir, parce qu'il faut 10 % de la population mobilisée, etc., ensuite il a souhaité avoir cette réflexion avec les forces politiques sur l'élargissement de ce qu'on appelle l'article 11 de la Constitution, c'est-à-dire pourvoir interroger les Français par référendum sur d'autres sujets que ceux qui sont actuellement prévus…
JEROME CHAPUIS
Mais ce n'était pas précisé, immigration ou pas ?
OLIVIER VERAN
D'abord parce que ce n'est pas le lieu, ensuite parce que vous connaissez la méthode, ça s'appelle la concertation, ça s'appelle tendre la main aux forces politiques pour leur dire est-ce qu'on peut trouver un consensus, pour changer la Constitution vous avez intérêt à trouver un consensus.
SALHIA BRAKHLIA
Mais la droite et l'extrême droite dit depuis le début on a besoin d'élargir aux questions migratoires.
OLIVIER VERAN
Ils le diront, ils le diront, et nous verrons quelle sera la réponse du président.
JEROME CHAPUIS
Les syndicats sont vent debout face à la volonté du Gouvernement de ponctionner les caisses de l'Agirc-Arrco et de l'UNEDIC, retraites complémentaires – elles sont gérées par les partenaires sociaux – pour payer sa politique, qu'est-ce que vous répondez aux syndicats, notamment, qui vous reprochent cette ponction ?
OLIVIER VERAN
Les syndicats qui reprochaient au Gouvernement la réforme des retraites, réforme des retraites qui a permis de faire des économies sur le système de financement des retraites, ont décidé, avec le patronat, de dépenser cette économie pour revaloriser les pensions de retraite, notamment des cadres, c'est leur choix, ce n'est pas le choix du Gouvernement, nous considérons que si nous avons fait cette réforme c'est pour équilibrer le système des retraites et que nous voulons aussi réduire la dette publique et les déficits pour les générations actuelles et à venir. Bruno LE MAIRE a eu l'occasion de le dire hier, il faut trouver 1 milliard d'économies dans le budget pour pouvoir notamment compenser ce choix des partenaires sociaux.
JEROME CHAPUIS
Mais il dit c'est… de facilité.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que c'est normal d'aller chercher dans les caisses du privé ?
OLIVIER VERAN
Attendez, quand on vous dit tout est dans le rouge, tout est en déficit, on fait une réforme dure, vous n'en voulez pas, mais on la fait quand même pour essayer d'équilibrer un peu, vous décidez d'utiliser cet argent pour augmenter les pensions de retraités, notamment de retraités cadres, et casser parfois certains mécanismes qui incitaient les cadres à travailler un peu plus longtemps que l'âge d'annulation de la décote. Bon, eh bien écoutez, encore une fois c'est leur choix, ce n'est pas le nôtre, on le dit, mais on respecte, puisque c'est le dialogue social et que les choses sont ainsi prévues…
SALHIA BRAKHLIA
Mais vous allez ponctionner quand même.
OLIVIER VERAN
Mais de là à dire que c'est nous la solution de facilité, excusez-moi, c'est un peu fort de café.
JEROME CHAPUIS
Merci beaucoup Olivier VERAN
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 octobre 2023