Texte intégral
LOUIS DE BERGEVIN
Bonjour Roland LESCURE.
ROLAND LESCURE
Bonjour.
LOUIS DE BERGEVIN
Alors on va évoquer les Papeteries de Condat, mais avant ça un hommage est rendu aujourd'hui dans les écoles de France à ce professeur assassiné à Arras vendredi, vous allez vous associer à cet hommage ?
ROLAND LESCURE
Oui, bien sûr, je passe la journée en Dordogne et je serai dans un lycée à Sarlat pour m'associer à la fois à l'hommage et au message très clair qu'on ne sombre pas face à l'horreur, qu'au contraire on se tient debout, donc je me tiendrai debout avec les lycéens de Sarlat.
LOUIS DE BERGEVIN
Cette minute de silence à 14h donc tout à l'heure. Vous venez rencontrer les salariés des Papeteries de Condat, les élus locaux aussi, vous arrivez quelques jours après la signature du plan social par les salariés et la direction, 174 postes condamnés, l'État n'a rien pu faire, vous arrivez après la bataille ?
ROLAND LESCURE
Alors non, d'abord je vais y revenir, la bataille ne fait que commencer, mais l'État a été actif, notamment pour que le PSE réponde aux préoccupations et aux questions des salariés. Moi j'ai rencontré la direction, j'ai rencontré l'actionnaire, j'ai rencontré évidemment les représentants des organisations syndicales, je regrette la fermeture de la ligne 4, j'espère qu'elle est temporaire et j'espère qu'on va redonner espoir à cette partie de l'usine, mais en attendant moi j'ai mis beaucoup de pression pour s'assurer que le PSE serait au rendez-vous des attentes. Évidemment je ne me satisfais pas des 174 destructions d'emploi, vous l'avez dit, on aura une cinquantaine de préretraites, mais sans doute 120 personnes pour lesquelles il faudra trouver un avenir, et c'est ce à quoi on va s'atteler dès demain.
LOUIS DE BERGEVIN
Est-ce qu'on n'abandonne pas trop vite, il y a quand même 40% des effectifs de l'usine qui vont partir, est-ce qu'on n'aurait pas pu se battre justement pour essayer de maintenir cette ligne 4 ?
ROLAND LESCURE
Écoutez, vous savez sans doute que la ligne 4 elle fait ce qu'on appelle du papier couché, qui est un papier dont le marché est en forte décroissance, alors que la ligne 8, elle, fait ce qu'on appelle du papier glacé, du papier à étiquettes collantes, qui lui est en pleine croissance, donc moi le défi auquel je souhaite m'atteler maintenant c'est qu'on puisse, dès que possible, transférer la ligne 4 vers des activités en croissance, malheureusement le papier couché est en forte décroissance, cette ligne ferme, ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus d'espoir pour le papier à Condat, il faut qu'on continue à travailler, et au-delà de ça qu'on continue à travailler avec le territoire, parce qu'il y a aussi de l'espoir pour l'industrie dans le territoire, je m'y engage.
LOUIS DE BERGEVIN
Pourquoi on est obligé de passer par ce PSE avant de transformer la ligne 4, il n'y avait pas possibilité de la transformer en gardant cette main-d'œuvre qualifiée qui connaît l'usine ?
ROLAND LESCURE
Ecoutez, elle n'est pas prête encore cette ligne, vous savez que la direction a transféré la ligne 8 vers du papier couché, a fait un certain nombre d'investissements, près de 140 millions d'euros, changé la chaudière, mais cette ligne 8 aujourd'hui elle ne tourne pas à pleine puissance, loin de là, donc on a encore besoin de quelques mois, nous ont-ils dit, pour que cette ligne 8 tourne à pleine puissance et qu'on puisse ensuite envisager de transférer la ligne 4, ce sont de gros investissements, ça prend du temps. Moi ce que j'annonce aujourd'hui c'est que l'État est prêt à accompagner cette transformation de la ligne 4, à hauteur de 30%, jusqu'à 40 millions d'euros, pour accélérer le mouvement, et je m'engage aussi à faire le point régulièrement, au moins tous les six mois, dans l'année qui vient, avec la direction et évidemment avec les représentants des organisations syndicales, pour voir où on en est de ce projet. Donc on ne va pas laisser tomber Condat, on ne va pas laisser tomber les salariés et on va continuer à travailler pour qu'il y ait de l'avenir pour le papier à Condat.
LOUIS DE BERGEVIN
Ce renforcement de la ligne 8, ça marche, enfin, il y aura bien des investissements de l'État, on est d'accord ?
ROLAND LESCURE
Alors, sur la ligne 8, l'État a déjà aidé, via une subvention à la nouvelle chaudière. Les nouveaux investissements de la ligne 8, c'est les actionnaires qui vont les faire. Ils ont déjà investi à peu près 140 millions d'euros, il reste 5 à 10 millions d'euros, ils se sont engagés à le faire, évidemment, pour que la ligne 8 tourne à pleine puissance. Pour ce qui est de la ligne 4, on fera le point dans 6 mois, mais nous on est prêt à financer jusqu'à 30%, à hauteur de 40 millions, évidemment il faudra que l'actionnaire s'engage aussi.
LOUIS DE BERGEVIN
Alors, l'actionnaire s'était déjà engagé à respecter le pacte avec la région, de conserver les emplois, notamment pour ses investissements, un prêt à taux zéro pour la construction d'une chaudière, engagement qu'il n'a donc pas respecté puisqu'il y a des emplois qui vont être supprimés. Mais vous continuez de leur faire confiance ?
ROLAND LESCURE
Écoutez, moi, je suis évidemment extrêmement prudent. Je ne vais pas vous dire que je fais des chèques en blanc. Pour ce qui est de la région, vous échangerez évidemment avec les autorités de la région pour savoir la manière dont ils perçoivent tout ça. Mais ce que je peux vous dire, c'est que moi j'ai rencontré la Direction, j'ai été extrêmement ferme avec eux, et notamment vis à vis du PSE, sur lequel je souhaitais qu'ils soient irréprochables. On va maintenant s'atteler à la formation, à la transition, tout faire pour retrouver un emploi aux salariés qui sont directement affectés. Moi, je vais investir 2 millions dans le territoire. Donc on va mettre en place le dispositif qu'on appelle « Rebond industriel », qu'on a déjà mis en place à Béthune dans le passé, à Cambrai, qui a très bien marché, qui permet de mobiliser l'ensemble des forces de la région, les élus, les industriels, pour retrouver des perspectives. Et là encore, les actionnaires de Condat se sont engagés à compléter cet investissement de l'État à hauteur de 1,5 million d'euros. Donc, ce que je peux dire en tout cas, même si évidemment je regrette la fermeture de cette ligne, et je la regrette fortement, c'est que l'actionnaire nous aide dans la transition, à la fois des salariés et du territoire, j'allais dire, c'est la moindre des choses, mais il faut reconnaître quand même qu'ils le font.
LOUIS DE BERGEVIN
Condat, c'est quand même le plus gros employeur industriel du département. Vous nous parlez derrière de revitalisation du territoire, c'est possible, j'allais dire, notamment vous parliez de 220 personnes à qui il faudrait retrouver un travail, c'est possible de retrouver comme ça 120 emplois ?
ROLAND LESCURE
Bien sûr. Ça ne va pas arriver avec un claquement de doigts. C'est beaucoup de travail. Mais à Béthune, où BRIDGESTONE avait fermé son usine, on a retrouvé des perspectives Industrielles dans de nouveaux secteurs, qui ont permis à la plupart des salariés de BRIDGESTONE de trouver des perspectives. Donc oui, bien sûr que c'est possible. Il va falloir travailler. Il va falloir que tout le monde se retrousse les manches, les élus locaux, les élus départementaux, les industriels de la région. Mais moi, je ne souhaite en aucun cas baisser les bras face à un défi de ce type. Moi, je veux créer de l'espoir, et on va tout faire pour. On met de l'argent, mais on met aussi de l'énergie, les services de l'État vont être totalement mobilisés au service de la revitalisation du territoire. Je viens pour ça aujourd'hui, pour convaincre tout le monde que malgré évidemment un choc terrible, puisque vous l'avez dit, c'est le premier employeur du département qui supprime plus de 170 emplois…
LOUIS DE BERGEVIN
Premier employeur industriel.
ROLAND LESCURE
Malgré ce choc, on va y aller.
LOUIS DE BERGEVIN
L'Etat, vous dites, va investir, notamment pour ces nouvelles créations d'emplois ?
ROLAND LESCURE
Oui, bien sûr. L'État souhaite s'investir aux côtés des territoires. Évidemment, les élus locaux sont prêts à le faire aussi…
LOUIS DE BERGEVIN
Avec un investissement financier ?
ROLAND LESCURE
Oui. Donc on va, je l'ai dit, investir jusqu'à 40 millions d'euros dans la transformation de la ligne 4, ça, ce sera pour plus tard. Mais désormais, dès aujourd'hui…
LOUIS DE BERGEVIN
Mais sur les nouveaux emplois ?
ROLAND LESCURE
Exactement. Dès aujourd'hui, on investit 2 millions d'euros. L'État, l'actionnaire de Condat, va investir 1,5 million et d'euros, donc c'est 3,5 millions d'euros qui vont servir à faire toutes les études auprès des industriels locaux, qui souhaitent investir dans le territoire, de manière à les appuyer. Donc, je le répète, ça a fonctionné à Béthune, ça fonctionne à Cambrai. Ça va évidemment fonctionner à Condat, on va tout faire pour.
LOUIS DE BERGEVIN
Les élus, les salariés aussi se sont plaints ces derniers jours d'une inaction de l'État. Ils pensent, les élus locaux notamment disent que Condat c'est terminé, si on ferme cette ligne 4 notamment, c'est terminé. On rappelle aussi que les Menuiseries Grégoire ont fermé dans le département, c'était 236 licenciements l'année dernière. Il y a le chausseur REPETTO qui a aussi subi des plans sociaux. On ne trouve plus de médecin en Dordogne, il n'y a plus assez de médecins. Beaucoup de Périgourdins se sentent abandonnés par l'État aujourd'hui. Ils ont raison ?
ROLAND LESCURE
Non, c'est en partie pour ça que je viens aujourd'hui, évidemment la présence d'un ministre ça ne change pas tout, mais je pense que c'est important pour montrer qu'on est derrière ce département. Vous parlez des médecins, moi je suis convaincu que la meilleure manière de lutter contre les déserts médicaux, contre la désertion de certains services publics, c'est de réinvestir dans l'industrie, et donc moi c'est le message que je souhaite porter aujourd'hui. Il y a des nouvelles industries qui sont en développement, il faut qu'on voit comment on peut en installer dans la région, on est aujourd'hui dans une phase de transition exceptionnelle, dans laquelle, oui, il y a des - mais d'ailleurs Condat le montre bien - il y a un certain nombre de secteurs qui sont en décroissance, c'est le cas du papier couché, d'autres qui sont en croissance, c'est le cas du papier glacé, il faut qu'on investisse davantage dans les secteurs en croissance, de manière à ce que nos territoires industriels gardent cette vivacité, cette dynamique, et vraiment je suis là aujourd'hui pour dire qu'on est là pour ça et on va tout faire pour.
LOUIS DE BERGEVIN
Et vous allez donc rencontrer notamment les salariés des Papeteries de Condat, merci beaucoup Roland LESCURE…
ROLAND LESCURE
Merci à vous.
LOUIS DE BERGEVIN
Ministre chargé de l'Industrie, vous serez donc en Dordogne aujourd'hui. Bonne journée.
ROLAND LESCURE
Bonne journée.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 octobre 2023