Texte intégral
Monsieur le Président,
Je remercie le Secrétaire général et son représentant personnel et Coordonnateur spécial des Nations unies pour le Moyen-Orient, ainsi que son adjointe d'avoir informé notre Conseil. Et je salue l'engagement personnel du Secrétaire général face à cette situation qui est très préoccupante et, disons-le, dangereuse. Très préoccupante sur le plan humanitaire et dangereuse car la région risque un embrasement.
Notre Conseil doit désormais agir et exercer ses responsabilités. C'est son devoir, c'est notre devoir.
Nous avons le devoir de condamner sans aucune ambiguïté l'attaque terroriste du Hamas et d'autres groupes terroristes contre Israël, une attaque massive, inhumaine et abominable, une attaque contre des civils assassinés de sang-froid, torturés, violés. Personne ne peut contester la réalité, qui est que, le 7 octobre, le Hamas, groupe terroriste, a lancé une offensive terroriste contre un membre des Nations unies, Israël. Ce terrorisme a aussi frappé la France : trente des nôtres ont perdu la vie, et neuf autres sont portés disparus, ou sont retenus en otage.
Je réitère notre demande que tous les otages soient libérés, immédiatement et sans condition. Des enfants, dont des Français, sont aujourd'hui probablement otages à Gaza. Personne au sein de ce Conseil ne doit l'accepter : tous les otages doivent être libérés.
Face à cette attaque, je veux ici rappeler la solidarité de la France avec Israël et son soutien constant à sa sécurité. Israël a le droit à la sécurité. Israël a le droit de se défendre et de protéger sa population, pour que jamais une telle attaque ne puisse se reproduire. Le Président de la République l'a rappelé à nouveau ce jour en Israël. Je m'y étais rendue, il y a neuf jours, et ai vu la douleur et la peine du peuple israélien.
Israël a le droit de se défendre et le devoir de le faire dans le respect du droit international, en particulier du droit international humanitaire et donc de protéger les populations civiles.
Nous savons tous, aussi, que le Hamas ne représente en rien les Palestiniens. Dans la bande de Gaza, où le Hamas domine par la terreur et tient la population en otage, il n'apporte que la souffrance de la violence des combats et une crise humanitaire terrible.
Face à cette crise humanitaire, notre devoir - y compris celui d'Israël - est de garantir la fourniture continue aux civils, dont des femmes et des enfants de Gaza, des biens de première nécessité : de l'eau, de la nourriture, des médicaments, du carburant. La vie des civils doit être préservée. Toute perte de vie civile est une tragédie.
Et pour cela nous devons garantir un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave, mais aussi durable à la bande de Gaza ; nous devons faire respecter le droit international humanitaire et ses principes, que je rappelle : humanité, neutralité, impartialité et indépendance. Enfin, nous devons demander la mise en place d'une trêve humanitaire, qui pourra mener à terme à un cessez-le-feu. Je l'ai rappelé samedi dernier au Caire lors du Sommet pour la paix organisé par l'Egypte, dont je salue ici les efforts, et la Première ministre l'a rappelé hier au Parlement français.
Depuis samedi, plusieurs convois humanitaires ont pu passer à travers le point de passage de Rafah. Ils doivent continuer d'entrer, plus nombreux. Le Secrétaire général des Nations unies l'a bien dit : l'entrée de ces camions est une question de vie ou de mort pour les habitants de la bande de Gaza. Leur nombre doit augmenter. Il faut faire plus, car les besoins sont immenses. Chaque civil compte, chaque minute compte.
La France est engagée pour faire face à l'urgence humanitaire. Comme l'Union européenne, elle a augmenté son aide aux populations. Depuis le 7 octobre, elle a apporté 20 millions d'euros d'aide humanitaire supplémentaire pour la population de Gaza, à travers l'action des agences des Nations unies, mais aussi le CICR et les ONG humanitaires. Je leur rends hommage, ainsi qu'à l'action déterminée du Secrétaire général. La France affrète également un vol spécial avec 50 tonnes d'aide humanitaire d'urgence pour les Palestiniens, pour accompagner les efforts de l'Egypte, que nous encourageons. Le total de notre aide aux populations palestiniennes atteindra ainsi en 2023 plus de 110 millions d'euros.
Nous avons par ailleurs le devoir d'empêcher un embrasement de toute la région.
La France est engagée pour éviter une extension de ce conflit. Certains acteurs doivent s'abstenir de tenter de tirer profit de la situation actuelle. Nous le leur disons de la façon la plus nette. Nous les mettons en garde contre toute tentative d'immixtion dans le conflit, qui créerait un engrenage. Un embrasement ne profiterait à personne, ni dans la région, ni au-delà.
Monsieur le Président,
La gravité de la situation nous le rappelle et l'exige : parmi nos devoirs, nous avons le devoir impérieux de retracer un chemin de paix. Nous devons agir pour recréer les conditions propices à une solution politique durable, à même de répondre aux aspirations légitimes des Palestiniens et des Israéliens à vivre en paix, non pas face à face, mais côte à côte. Les conditions de cette paix durable sont connues : ce sont des garanties indispensables apportées à Israël pour sa sécurité et un Etat pour les Palestiniens. La seule solution viable est une solution à deux Etats. C'est ce que la France a toujours défendu et ce qu'elle continuera de défendre. Je l'ai rappelé au Caire samedi. Le Président Macron le redit aujourd'hui aux Israéliens, aux Palestiniens et aux partenaires régionaux.
Nous devons continuer d'apporter notre soutien à l'Autorité palestinienne, et même la conforter, en vue d'une relance décisive du processus politique avec les uns et les autres. Le Président de la République a ainsi voulu se rendre à Ramallah aujourd'hui, après ses entretiens à Tel-Aviv et Jérusalem. Il vient d'y arriver et rencontre le Président Abbas en ce moment même.
Mais nous devons tous nous mobiliser afin de parvenir à retrouver un horizon politique. Ce Conseil doit pouvoir exercer pleinement sa responsabilité à cet égard. Il est plus que temps qu'il condamne sans ambiguïté l'attaque terroriste du Hamas contre Israël, qu'il appelle au respect du droit international, y compris humanitaire et qu'il demande la délivrance durable de l'aide à la population de Gaza.
C'est pourquoi la France a voté en faveur du projet de résolution présenté par le Brésil, que je remercie de son engagement et de ses efforts, et c'est pourquoi elle continuera de soutenir toute initiative du Conseil qui soit juste et fondée sur nos principes communs. Ce Conseil doit agir, maintenant.
Monsieur le Président,
La Charte des Nations unies est entrée en vigueur il y a 78 ans aujourd'hui. Nous sommes ici pour la servir et pour servir la paix. En ces jours difficiles, la France appelle chacun à ses responsabilités devant la Charte et devant les Hommes.
Je vous remercie.
source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2023