Texte intégral
JULES DE KISS
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Jules de KISS.
JULES DE KISS
1,2 million foyers privés d'électricité après le passage de la tempête Ciarán au plus fort de la crise, un peu moins de 700 000 hier soir. Ce matin, on a combien de foyers toujours dans le noir ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
523 000 foyers sont aujourd'hui dans le noir. Ça veut dire qu'ENEDIS et ses équipes a pu reconnecter à peu près la moitié des foyers, plus de la moitié des foyers qui était privée d'électricité hier matin.
JULES DE KISS
Et à celles et ceux qui attendent, qui nous écoutent, ça peut durer jusqu'à combien de temps ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça va beaucoup s'améliorer dans les heures qui viennent mais il faut avoir en tête que c'est une tempête qui est particulièrement forte. Pour la région Bretagne, on évalue qu'elle a été en termes d'impact sur les réseaux trois fois plus forte que celle de 1999. Il y a des endroits où le système est littéralement haché menu, c'est le terme qu'utilisent les salariés d'ENEDIS et il risque d'y avoir des réparations un peu longues sur des points très limités du territoire. Mais pour les milliers de personnes aujourd'hui déconnectées, les solutions devront venir dans la journée ou dans les jours qui viennent.
JULES DE KISS
Et une tempête arrive, une autre à partir de demain, la tempête Domingo. Est ce qu'il faut s'attendre aux mêmes genres de dégâts ou ce sera un peu moins ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, ce n'est pas, en tout cas à date, le scénario qui se dessine. C'est une tempête qui est moins importante. Elle se joue sur le sud-ouest de la France, ce qui est une bonne nouvelle puisque la première tempête qu'on vient de traverser a déstabilisé des bâtiments, déstabilisé des arbres, et on aurait eu un effet deuxième lame qui aurait pu être très grave. Il semblerait que les régions qui ont été touchées ne sont pas concernées par cette nouvelle tempête.
BENJAMIN SPORTOUCH
Agnès PANNIER-RUNACHER, puisqu'on parle d'électricité, parlons de notre facture. Le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement baisse progressivement. Est-ce qu'il faut s'attendre à un bond des prix d'ici la fin de l'année ou, plus probablement, en début d'année prochaine ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors les prix ne vont pas bouger d'ici la fin de l'année puisque le principe, c'est que ce bouclier énergétique est un plafonnement du prix de l'électricité. Il permet aujourd'hui au gouvernement de prendre en charge 37 % de la facture des Français.
BENJAMIN SPORTOUCH
Et alors en début d'année prochaine, parce qu'on se souvient qu'Emmanuelle WARGON, la présidente de la Commission de régulation de l'énergie, avait annoncé anticiper une hausse de 10 à 20 % des tarifs début 2024. Est-ce que ça peut être le cas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non puisque, nous l'avons dit avec Bruno LE MAIRE, notre décision est de faire en sorte qu'au 1er février 2024, puisque c'est la date à laquelle on revoit les prix du tarif réglementé, ce tarif n'augmente pas de plus de 10 %.
JULES DE KISS
Et l'année dernière, quelques mois après le début de la guerre en Ukraine, il y avait eu ces appels à la sobriété, on avait peur de coupures. Là, il n'y a plus aucun risque à craindre ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors pas de risques évidemment, mais toujours un appel à la sobriété pour deux raisons. D'abord, ça permet à notre système électrique de beaucoup mieux fonctionner, et c'est un des leviers pour diminuer drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre. L'année dernière, finalement, en faisant des efforts assez limités, on a baissé notre consommation de gaz et d'énergie de 12 %. Notre croissance a pourtant été au rendez-vous, et ces efforts ont permis d'économiser de l'argent sur les factures, que ce soit pour les particuliers mais aussi pour les collectivités locales, pour les entreprises. Ils ont permis de nous rendre moins dépendants du pétrole et du gaz international, et ils ont permis de faire moins pression sur notre système électrique. Donc la sobriété, c'est toujours d'actualité. C'est un fondamental de notre transition énergétique.
JULES DE KISS
L'enjeu ce n'est plus la coupure, c'est juste d'avoir des bonnes habitudes de sobriété.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, et puis faire baisser le prix sur la facture. C'est aussi un enjeu que comprennent très bien les Français aujourd'hui. Leur pouvoir d'achat est important et nous luttons pour leur pouvoir d'achat.
BENJAMIN SPORTOUCH
Oui. Vous nous dites ne pas faire augmenter les prix, mais à l'instant vous venez de dire ça ne sera pas plus de 10 % d'augmentation ; c'est bien ça ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vous dis que ça ne sera pas 10 %, plus de 10 % d'augmentation puisque le bouclier énergétique, ce n'est pas une nouvelle…
BENJAMIN SPORTOUCH
Donc il va y avoir une augmentation quand même.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas nécessairement, Benjamin SPORTOUCH.
BENJAMIN SPORTOUCH
Ça peut aller jusqu'à 10 %.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vous dis que ça ne sera pas plus de 10 % puisque nous ferons en sorte que le bouclier énergétique bloque une augmentation, quand bien même les prix sur les marchés internationaux seraient amenés à s'envoler. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, je le précise. Que ce soit sur le pétrole, le gaz ou l'électricité, les prix aujourd'hui sur les marchés internationaux sont plus faibles qu'en septembre mais nous restons évidemment très vigilants.
BENJAMIN SPORTOUCH
Donc l'engagement, c'est que ça n'augmente pas au-delà de 10 %.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Voilà.
BENJAMIN SPORTOUCH
Et sur la sobriété, Jules en parlait à l'instant, c'était 12 % de baisse de la consommation des Français, donc un effort de sobriété conséquent. Est-ce que vous pensez qu'il faut aller plus loin, c'est-à-dire jusqu'à 15 % de sobriété, c'est-à-dire baisser le chauffage beaucoup plus encore que l'année dernière, faire encore plus d'efforts ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors il ne s'agit pas de baisser le chauffage encore plus, il s'agit de le faire partout et on est arrivés à un équilibre. Lorsqu'on dit que chauffer à 19 degrés, c'est une température qui permet - et ce sont les médecins qui nous le disent - d'avoir un meilleur confort de vie, de mieux dormir notamment, et qu'en même temps on s'aperçoit qu'il y a encore des zones où on chauffe à 22, à 23 parce qu'on sait mal piloter le chauffage des bâtiments, lorsqu'on sait que des bâtiments sont chauffés alors qu'ils ne sont pas occupés, ou sont ventilés alors qu'ils ne sont pas occupés. Vous savez que seulement 6 % des bâtiments en France ont une gestion technique des bâtiments qui permet de piloter l'énergie, donc on a énormément de progrès à faire et ça ne doit pas se faire sur le dos des Français. Ça doit se faire en faisant la lutte, la chasse au gaspillage.
JULES DE KISS
Il y a un an, on s'inquiétait du nombre de centrales nucléaires françaises en activité. Sur nos 56 réacteurs, combien aujourd'hui tournent à plein régime ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors aujourd'hui, vous en avez – j'ai un doute ! - 36 qui tournent à plein régime. On est beaucoup mieux que l'année dernière. On a un temps d'avance par rapport à la reconnexion de nos réacteurs nucléaires sur le réseau. Mais nous ne sommes pas encore dans une phase de production telle que celle qu'on a connue en 2019. L'objectif que j'ai donné à EDF, c'est de retrouver effectivement les niveaux de production nucléaire de 2019.
BENJAMIN SPORTOUCH
Donc on ne devra pas importer d'énergie a priori, d'électricité de nos voisins allemands au charbon par exemple ? Enfin, vous l'excluez ou c'est encore une possibilité ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Aujourd'hui, nous sommes structurellement exportateurs d'électricité. Mais attention, cela ne veut pas dire que ponctuellement, on ne soit pas amené à importer l'électricité et c'est ça la force de notre réseau européen. Parce que des gens comme Marine LE PEN disent qu'il faut sortir du marché de l'électricité européen : ce qu'elle est en train de dire, c'est qu'il faut se priver du support d'autres pays au moment où nous avons des pointes de froid et nous avons besoin de l'importation, mais pendant quelques heures, d'électricité de la part des autres. Et là, c'est grave de dire des choses pareilles, c'est notre sécurité d'approvisionnement qui est en jeu et nous avons une sécurité d'approvisionnement exceptionnelle en France et en Europe.
JULES DE KISS
On parlait du nucléaire, Agnès PANNIER-RUNACHER. Pour le fonctionnement de nos centrales à long terme, il y a besoin d'uranium. Emmanuel MACRON était au Kazakhstan et en Ouzbékistan. Est-ce que c'était une tournée finalement pour assurer l'approvisionnement à long terme d'uranium à la France ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que c'est une tournée qui a beaucoup plus de hauteur. Le président de la République est en train de constituer un travail, notamment avec les pays d'Asie centrale, pour créer de nouvelles alliances, pour travailler sur le long terme sur des partenariats. Ce sont des pays qui sont historiquement plutôt associés à la Russie et à la Chine. Nous leur donnons la possibilité de s'ouvrir vers l'Occident sur différents sujets.
JULES DE KISS
Il y a eu du concret sur l'uranium avec des contrats.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. Il y a eu du concret sur l'uranium, il y a eu du concret sur les métaux critiques. Vous savez que pour la transition énergétique, nous avons besoin de métaux critiques.
JULES DE KISS
Mais ça ne crée pas une dépendance pour nous auprès de ces pays ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors le sujet aujourd'hui, c'est de sortir d'une dépendance majeure aux énergies fossiles. Le pétrole on n'en produit pas, le gaz on n'en produit pas. C'est deux tiers, deux tiers de notre consommation d'énergie en France.
JULES DE KISS
Et pour l'uranium ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et pour l'uranium, nous avons la chance de pouvoir nous approvisionner dans beaucoup de pays différents.
JULES DE KISS
C'est l'objectif ça ? Multiplier le plus de pays possible pour ne pas avoir de changements de cap radicaux comme ça peut arriver ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait. Il faut multiplier les ressources d'approvisionnement. Vous avez le Canada, vous avez l'Australie bien entendu, mais il y a d'autres pays auprès desquels on peut se sourcer. Et puis il faut aussi faire des stocks, ce que nous faisons, et nous avons aussi une indépendance totale sur notre chaîne…
JULES DE KISS
Indépendance totale, indépendance énergétique totale même si on importe notre uranium.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Sur le cycle du combustible, oui, puisque nous sommes capables de le gérer en amont, de le retraiter à l'aval. Pas beaucoup d'autres pays peuvent se prévaloir d'avoir cette indépendance. Sur le nucléaire, il faut avoir en tête qu'on est indépendant à plus de 95 %. Il n'y a pas beaucoup d'autres énergies sur lesquelles on peut dire « je suis indépendant à 95 %, je suis capable de fabriquer les composants, je suis capable de produire moi-même ».
JULES DE KISS
Agnès PANNIER-RUNACHER, Ministre de la Transition énergétique, on se retrouve dans un très court instant, le temps de dérouler le fil info avec Maureen SUIGNARD. (…)
Fil info
BENJAMIN SPORTOUCH
On est avec Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition énergétique. Madame la ministre, la guerre au Proche-Orient fait toujours rage. Est-ce qu'elle peut avoir un impact sur les prix du carburant ? Ils ont baissé à la pompe la semaine dernière, mais est-ce que ça risque d'être de courte durée et il faut s'attendre à une hausse ou pas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, à ce stade, et vous l'avez très bien dit, les prix ont baissé la semaine dernière et ils sont légèrement inférieurs à ceux de septembre. Mais nous sommes très vigilants puisque le risque est effectivement que le conflit devienne plus large et que ça puisse avoir un impact sur le prix des carburants.
BENJAMIN SPORTOUCH
C'est possible.
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est du domaine des possibles et c'est pour ça que nous agissons. Nous agissons d'abord au-delà d'ailleurs du prix du carburant, parce que la situation, elle suppose qu'on soit très mobilisé d'un point de vue diplomatique. Le président de la République est allé sur place. Nous cherchons par tout moyen à accompagner les populations civiles, à obtenir une désescalade autant que possible de cette situation. C'est une question, je dirais, fondamentale pour les déséquilibres mondiaux, mais ça a aussi un impact sur le prix des matières premières en général. Et puis nous agissons en France, je le rappelle, nous avons obtenu, j'ai obtenu d'ailleurs de la grande distribution qu'elle fasse des opérations à prix coûtant qui continuent à se dérouler jusqu'à la fin d'année. J'ai obtenu de TOTAL qu'il prolonge le plafonnement du prix du carburant, ce qui en soi donne une sécurité aux Français à 1,99 euro du litre et cette prolongation a vocation à couvrir toute l'année 2024.
BENJAMIN SPORTOUCH
A couvrir 2024 également.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et par ailleurs, nous avons une indemnité carburant pour les travailleurs qui permet en gros pour un travailleur qui roule moyennement de baisser sa facture de 10 centimes sur chaque litre sur toute l'année 2024.
BENJAMIN SPORTOUCH
Très rapidement pour clore ce chapitre sur les prix de l'énergie, Elisabeth BORNE vous a chargée d'organiser « dans les meilleurs délais », je la cite, une conférence sur les prix de l'énergie après une demande dans ce sens du patron des député LR, Olivier MARLEIX, dans un souci de transparence. Quand est-ce qu'aura lieu cette conférence sur les prix de l'énergie?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, j'ai eu Olivier MARLEIX hier au téléphone. On a évoqué effectivement cette conférence. Notre objectif commun est de l'organiser dans les deux semaines qui viennent, assez rapidement, puisque l'idée, c'est de donner de la visibilité aux élus.
BENJAMIN SPORTOUCH
Avec tous les partis, alors ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je souhaite inviter l'ensemble des présidents de groupe. C'est une demande d'un président de groupe. Je crois qu'elle est assez partagée par d'autres présidents de groupes, que ce soit d'ailleurs à l'Assemblée nationale et au Sénat. Et je pense qu'il est aussi important d'associer les élus locaux puisqu'ils sont en première ligne face aux Français pour partager et donner cette visibilité et rassurer les Français.
JULES DE KISS
Agnès PANNIER-RUNACHER, la rénovation énergétique des logements. C'est le grand chantier de la décennie. Il y a le dispositif MaPrimeRénov, vous voulez inciter les Français à l'utiliser toujours davantage. Et vous avez des annonces à nous faire autour des fraudes. On a beaucoup parlé de ce dispositif à cause des fraudes qui l'entourent. Quelle est l'idée ? C'est plus de contrôles ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, l'idée c'est plus de contrôles. C'est 30 % de plus de contrôles. On en a à peu près 170 000 tout compris chaque année et on souhaite dépasser les 220 000. L'objectif, c'est de rassurer les Français sur la qualité des travaux et faire en sorte que ceux qui essayent de capter finalement ces aides importantes données par l'Etat - je rappelle que pour un ménage modeste, ça peut aller jusqu'à 90 % de la facture.
JULES DE KISS
Quand on remplit toutes les conditions !
AGNES PANNIER-RUNACHER
Quand on remplit toutes les conditions, en particulier, c'est d'être parmi les plus modestes. C'est considérable et donc il faut qu'on renforce les contrôles parce que c'est une question de confiance.
JULES DE KISS
Mais vous visez qui avec ces contrôles, ce sont que les entreprises qui proposent ces travaux ou il y a aussi les particuliers qui pourraient essayer de capter des aides sans faire les travaux ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ça vise plutôt les entreprises, parce que dans les schémas de fraude que nous avons, c'est essentiellement les entreprises qui sont à la manoeuvre, assez peu les particuliers. Évidemment, si un particulier prétend faire des travaux et ne les fait pas, c'est assez légitime d'aller récupérer …
JULES DE KISS
Aujourd'hui, on peut le vérifier, ça ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bien sûr, on peut le vérifier puisqu'on fait des contrôles sur place. L'enjeu de ces contrôles, c'est d'aller voir pendant, au milieu du chantier ou en fin de chantier, si ce qui a été prévu dans le devis et qui est subventionné par l'Etat a été correctement exécuté et réellement exécuté.
JULES DE KISS
Et si le chantier n'a encore commencé ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est pour ça qu'on fait plutôt des contrôles en milieu de chantier ou en fin de chantier. Et donc si une entreprise vous dit « on va mettre 20 cm d'isolation » et que vous allez sur place et qu'il y a trois centimètres d'isolation, eh bien, vous récupérez l'argent. Ça me paraît tout à fait légitime et c'est de nature à faire en sorte que les entreprises qui travaillent bien soient sécurisées et qu'elles puissent plus se mettre en avant par rapport aux Français.
BENJAMIN SPORTOUCH
Il y a eu plus de 10 000 plaintes de consommateurs l'an dernier pour des malversations dans les travaux, des démarchages téléphoniques abusifs, parfois même des crédits cachés !
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, tout à fait et je peux le dire ici, il y a aussi des bons réflexes à avoir pour ceux qui nous écoutent : ne jamais accepter un démarchage téléphonique puisque c'est interdit sur la rénovation thermique, sauf à ce que vous soyez en lien, c'est-à-dire sauf à ce que ce soit votre fournisseur d'énergie qui vous connaît, qui vous fasse des propositions. Mais sinon c'est strictement interdit. Donc alerte. Ça veut probablement dire que c'est un escroc qui est au bout du fil. Il faut se méfier de la signature trop rapide de devis parce que souvent, ils sont assortis effectivement d'un mode de financement où on ne vous dit pas toute la vérité et il faut comparer les offres. Allez faire plusieurs devis et je veux le dire ici, nous avons déployé sur le territoire énormément de points d'appuis, d'aides, de conseils. Il y a 550 Points France Rénov' sur l'ensemble du territoire français avec un accueil physique qui vous donne des conseils. On a plus de 2 000 accompagnateurs Rénov' qui vont vous aider à monter …
BENJAMIN SPORTOUCH
Qui sont obligatoires pour les gros chantiers, dorénavant aussi ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Qui sont obligatoires pour les gros chantiers. Comme ça, vous êtes sûrs d'avoir quelqu'un qui n'a d'intérêt direct dans l'affaire, qui va vous aider à monter votre dossier administratif, votre dossier financier et votre dossier technique - quels sont les travaux dont vous, vous avez besoin, pas ceux que veut faire l'entreprise …
BENJAMIN SPORTOUCH
Et donc 30 % de plus de contrôles, c'est à dire de 170 000 à 220 000 cette année en 2023 et ce sera en 2024, plus encore ou pas, vous allez augmenter encore ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
On fera le point à la fin de l'année 2024 pour voir si on doit aller encore plus loin. Mais vous savez qu'on va doubler par exemple les équipes de Bercy qui sont à la DGCCRF pour piloter tous les aspects de contrôle.
BENJAMIN SPORTOUCH
C'est-à-dire de 24 à 48. C'est ça ? Ce n'est quand même pas …
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, mais c'est des gens qui sont à plein temps et qui sont des cadres en administration centrale et qui sont en appui de l'ensemble des gens qui font les contrôles sur le terrain.
JULES DE KISS
Une cinquantaine de contrôleurs pour 220 000, c'est l'objectif de …
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, non, vous avez des contrôleurs à Bercy, on double les équipes, mais vous en avez dans beaucoup d'administrations et c'est l'ensemble de ces contrôles. Vous avez le pôle national des certificats d'économie d'énergie, vous avez les contrôleurs de l'ANAH en fait, vous avez des dizaines de contrôleurs qui sont présents sur le territoire et ce que nous faisons, c'est que nous renforçons le pôle central de Bercy. Je pense que tout le monde comprend …
JULES DE KISS
D'un mot pour celles et ceux qui nous écoutent, qui font appel à MaPrimeRénov', ce n'est pas sûr du tout à 100 % qu'un contrôleur vienne chez eux voir si les travaux se font …
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, on ne va pas contrôler 100 % des dossiers. Pourquoi ? Parce que vous avez 700 000 aujourd'hui opérations chaque année qui sont financées et parce qu'on va aussi contrôler les endroits où on a des doutes. C'est-à-dire que des entreprises qui font bien le travail, on ne va pas les contrôler, on va aller chercher là où on a des doutes, des entreprises qui apparaissent l'avant-veille pour fermer le surlendemain ou des schémas de fraude qui sont connus et qu'on analyse.
BENJAMIN SPORTOUCH
Agnès PANNIER-RUNACHER, 8h50, c'est donc l'heure, comme d'habitude sur France Info de dérouler le fil info !
Fil info
BENJAMIN SPORTOUCH
Avec Agnès-PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition Energétique. Agnès PANNIER-RUNACHER, c'est vous qui êtes chargée de la loi de programmation énergie climat. Elle est censée fixer les grands objectifs énergétiques de la France face au dérèglement climatique. Ça devait être à l'automne. Elle est où cette loi ? Parce que finalement, elle va être… Elle est dans les cartons ? Elle va y rester ?
AGNES-PANNIER-RUNACHER
Non, pas du tout. Nous sommes en train de boucler ce qu'on appelle la stratégie française énergie climat, qui couvre à la fois le projet de loi et le projet de décret de programmation pluriannuelle de l'énergie qui sont prévus comme instruments de mise en oeuvre de notre planification énergétique. Et cette stratégie française énergie climat, je la publierai dans les prochaines semaines.
BENJAMIN SPORTOUCH
Mais la loi, ça sera pour quand alors ?
AGNES-PANNIER-RUNACHER
Et elle sera assortie, elle sera assortie du projet de loi et du projet de décret.
BENJAMIN SPORTOUCH
Et ce sera pour quand ? C'est quand alors ?
AGNES-PANNIER-RUNACHER
Dans les prochaines semaines, je viens de vous le dire.
BENJAMIN SPORTOUCH
Donc, ce n'est pas forcément à l'automne, ça peut être à l'hiver ou pas ?
AGNES-PANNIER-RUNACHER
Ça sera probablement plutôt du côté de l'hiver, puisque nous la publierons dans les prochaines semaines et ensuite vous avez un certain nombre de consultations obligatoires qui seront passées et ce qui me permettra dans la foulée de la présenter au Conseil des ministres. Donc fin d'année, peut être en début d'année prochaine.
BENJAMIN SPORTOUCH
Juste du retard, mais on la verra bien venir. Ça parle aussi de la des passoires thermiques, c'est la question des passoires thermiques qui vont nous confirmer qu'il n'y aura pas de report du calendrier ? Vous savez, les logements classés G en 2025 et trois ans plus tard ceux qui seront classés F, ça fait très peur aux Français.
JULES DE KISS
Interdit à la location.
BENJAMIN SPORTOUCH
Parce qu'ils n'auront peut-être pas le temps de faire les travaux. Certains se disent dans les faits, personne n'aura le temps de mettre en oeuvre ce calendrier, qu'il sera reporté de facto.
AGNES-PANNIER-RUNACHER
Non, alors, sur ce sujet-là, je vais être très clair. D'abord, les locataires qui vivent aujourd'hui dans des passoires thermiques garderont leur logement. On a essayé de faire croire qu'ils seraient mis à la porte de leur logement. C'est absolument faux. Et c'est au moment où le locataire quitte le logement pour déménager dans un autre logement que la question se pose. De quoi parle-t-on ? On parle de travaux qui peuvent prendre quelques semaines, quelques mois. On ne parle pas de travaux qui prennent un an et qui bloquent la location.
BENJAMIN SPORTOUCH
Mais devant la masse, il peut y avoir embouteillage ?
AGNES-PANNIER-RUNACHER
Mais pardon et si je puis aller jusqu'au bout, on parle aussi de logement où la facture est trois fois, trois fois supérieure à celle que vous payez, dans un logement bien isolé, dans un logement moyen, c'est-à-dire un logement qui est classé grosso modo D dans le haut de la fourchette D. Donc, je veux dire ici que c'est une question de dignité. Lorsque vous payez trois fois la facture qu'un Français moyen paie, est-ce que c'est logique ? Est-ce que c'est normal ?
BENJAMIN SPORTOUCH
Oui, mais les professionnels vous disent, de l'immobilier vous disent : « Mais les propriétaires ne pourront pas faire les travaux, donc préférence ne pas louer parce que… »
AGNES-PANNIER-RUNACHER
Pourquoi les propriétaires ne pourraient pas ?
BENJAMIN SPORTOUCH
Parce qu'il n'auront… Parce que ça leur coûtera trop cher et qu'ils estimeront que ça ne sera pas suffisant.
AGNES-PANNIER-RUNACHER
Alors que nous finançons les propriétaires à hauteur de 90 % dans certaines situations, jusqu'à 40% dans d'autres situations, et qu'ils font reporter sur leurs locataires le paiement de passoires thermiques derrière des passoires thermiques, c'est quoi ? C'est des conditions de vie tout à fait dégradées. Ça veut dire que l'hiver vous avez froid, que l'été vous avez chaud, que vous avez probablement des champignons parce que vous êtes mal ventilés, c'est de ces logements-là qu'on parle. Ce n'est pas d'un logement qui n'est pas très bien isolé. Je veux juste…
BENJAMIN SPORTOUCH
Non parce que vous savez que Bruno Le MAIRE a dit lui qu'il était favorable, personnellement, à titre citoyen de reporter ce calendrier. Donc, vous dites, ça ne sera pas le cas ?
AGNES-PANNIER-RUNACHER
Donc, nous, ce que nous faisons avec Christophe BECHU, c'est que nous sommes très pragmatiques. Nous donnons les moyens aux propriétaires, nous donnons les moyens aux propriétaires de financer. Nous avons mis 50% de plus d'argent sur l'aide à la rénovation thermique. Nous donnons les moyens aussi d'être accompagnés. C'est mon Accompagnateur Rénov' et nous donnons les moyens de lutter contre la fraude. Je le fais avec Thomas CAZENAVE, mon collègue du ministre des Comptes publics et c'est ce que nous annonçons aujourd'hui dans le cadre d'un contrôle.
BENJAMIN SPORTOUCH
Vous parlez du projet de loi de programmation énergie climat, finalement, il va partir en quelque sorte de la loi immigration qui va venir plus tôt que prévu au Parlement, l'Assemblée nationale, si l'article trois sur les métiers en tension devait être abandonné, pour permettre un accord avec les Républicains et éventuellement le Rassemblement national. Agnès PANNIER-RUNACHER, est-ce que ça vous conviendrait à vous que ce… ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi j'ai toujours été très claire sur le fait qu'à titre personnel, je pense qu'il est très hypocrite de ne pas traiter la situation de travailleurs qui sont sur le territoire français, qui payent leurs cotisations, qui font tourner les restaurants, font tourner les métiers du bâtiment public, et je pense qu'il faut avoir une attitude raisonnée à leur égard. Mais dans le même temps, il faut une fermeté…
BENJAMIN SPORTOUCH
Donc il ne faut pas trop céder à l'opposition.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il faut une fermeté absolue sur les sujets de l'immigration, il faut être intraitable, il faut être intraitable avec les passeurs. C'est ce que fait cette loi, elle me paraît équilibrée et je fais toute confiance à Gérald DARMANIN pour obtenir un vote sur cette loi.
BENJAMIN SPORTOUCH
Certains disent qu'il y a trop de compromis, que le ministre de l'Intérieur fait trop de compromis avec la droite pour avoir…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Attendez, il n'est pas encore rentré à l'Assemblée nationale que l'on parle des compromis.
BENJAMIN SPORTOUCH
Non mais vous lisez comme nous la presse et ses déclarations, Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, j'attends de voir comment, au moment où le texte passera dans les deux assemblées, cela se déroulera. Ce n'est pas la première fois qu'il fait passer des textes difficiles, et d'ailleurs ce gouvernement…
BENJAMIN SPORTOUCH
Donc vous êtes confiante ? Parce que certains dans la majorité ne le sont pas, ils craignent un échec.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ce gouvernement a fait passer jusqu'ici la plupart de ses textes. Il n'y a en fait que les textes financiers où on utilise le 49.3 mais ça c'est assez classique je dirais. Et le seul texte qui n'est pas financier, qui nous a donné lieu au 49.3, c'est la retraite.
BENJAMIN SPORTOUCH
Et un 49.3 sur l'immigration, ça vous gênerait ou pas ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Encore une fois, ne lisons pas dans le marc de café ou ne faisons pas de la politique fiction. Gérald DARMANIN a passé ses textes, il n'y a pas de raison qu'il ne passe pas aujourd'hui.
JULES DE KISS
Agnès PANNIER-RUNACHER, vous êtes membre du gouvernement français. On va parler de la situation au Proche-Orient d'un mot. L'ambassadrice de Palestine, représentante en France de l'Autorité palestinienne, était l'invitée de Franceinfo ce matin, Hala ABOU HASSIRA. Elle demande plus que jamais à la France de demander très clairement un cessez-le-feu pour la bande de Gaza. Pourquoi ce n'est toujours pas d'actualité ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que le président de la République a été très clair. Une vie française, ça vaut une vie israélienne et ça vaut une vie palestinienne. Il a été sur le terrain et il est allé voir les différents leaders d'opinion sur le terrain, que ce soit israéliens ou arabes, et qui peuvent avoir une contribution…
JULES DE KISS
Mais il n'a pas réclamé ce cessez-le-feu très clairement, c'est ce que demande aujourd'hui l'autorité palestinienne.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Qui peut avoir une contribution pour obtenir effectivement une issue diplomatique à ce qui est en train de se passer aujourd'hui, et de même nous déployons un appui auprès des populations civiles autant que possible. Mais je voudrais dire les faits. Ce qui s'est passé le 7 octobre, ce sont des actes terroristes, terribles, terribles. Ce sont des gens qui sont égorgés chez eux.
JULES DE KISS
Et aujourd'hui, on est dans la réponse légitime de l'Etat d'Israël dans ce droit à se défendre.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors ce que nous disons aujourd'hui, c'est qu'Israël a le droit de se défendre et par ailleurs, Israël doit se défendre dans le respect des règles du droit international. C'est-à-dire qu'à nouveau, il ne faut pas que ce soient les populations civiles israéliennes ou palestiniennes qui payent les frais de ce qu'a fait le Hamas.
JULES DE KISS
Il est possible que la France appelle à un cessez-le-feu tôt ou tard ou pas selon vous ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Encore une fois, sur ces sujets-là il faut être extrêmement équilibré. Nous, nous agissons sur le terrain auprès des différents gouvernements pour obtenir le plus rapidement possible une désescalade de la situation et une protection des populations civiles.
BENJAMIN SPORTOUCH
Agnès PANNIER-RUNACHER, très rapidement. L'ambassadrice de Palestine en France parle de volonté génocidaire d'Israël à Gaza. Est-ce que vous reprendriez ce mot ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je n'aime pas ce mot lorsqu'il est mis à toutes les sauces. J'observe simplement que ce qui s'est passé le 7 octobre, ç'a été un pogrom. Et moi, je ne m'attendais pas au XXIème siècle à assister à cela donc je redis les termes, de même que j'exprime mon plus grand soutien aux populations civiles de la bande de Gaza qui sont prises en otage par le Hamas. Prises en otage.
JULES DE KISS
Merci beaucoup, Agnès PANNIER-RUNACHER, Ministre de la Transition énergétique, invitée de franceinfo ce matin.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 novembre 2023