Texte intégral
Catherine Colonna - De quoi souhaitez-vous parler ?
Q - De la frappe sur le centre commercial, à Gaza.
R - Centre culturel !
Q - Culturel, pardon.
R - L'Institut français.
Q - L'Institut français, et ensuite également le bureau de l'AFP à Gaza.
Q - Oui, exactement. Est-ce que vous avez les dernières informations sur la frappe israélienne qui a touché le centre culturel ? Et votre réaction ?
R - Très bien.
Nous avons rendu public aujourd'hui le fait que l'Institut culturel français de Gaza avait été frappé, il y a quelques jours, d'une façon qui suscite notre étonnement, notre incompréhension, et qui a conduit la France à demander des explications aux autorités israéliennes pour comprendre comment un Institut culturel français peut être la cible d'une frappe israélienne. Nous sommes donc dans un dialogue avec nos partenaires israéliens, à différents niveaux : l'ambassade, l'ensemble évidemment des services concernés, et j'ai en effet moi-même mes demandes à mon homologue israélien. Donc nous attendons des explications.
Par ailleurs, vous avez vu qu'aujourd'hui, comme ces jours derniers, des installations des Nations unies, des personnels humanitaires, des médias, ont été atteint par, là aussi, des frappes israéliennes. Donc comme d'autres, la France a exprimé sa condamnation. Il va de soi, je vous le redis, qu'Israël, comme tout pays, a le droit de se défendre, a le droit de défendre sa population, mais a le devoir de le faire en respectant pleinement le droit international humanitaire, c'est-à-dire protéger les populations civiles et prendre des mesures concrètes pour protéger les populations civiles. C'est ce que nous attendons d'Israël. Egalement protéger, évidemment, l'Organisation des Nations unies, ses agences, les personnels humanitaires, et j'ajoute les personnels des médias. Vous avez déjà, vous le savez malheureusement, 30 de vos confrères, un peu plus de 30 de vos confrères qui ont perdu la vie, à l'occasion de ce conflit.
Donc notre position aujourd'hui est exprimée avec force. Je renouvelle la condamnation de tels actes.
Q - Les ressortissants français qui tendent à sortir de la porte Rafah... Quelques précisions sur le nombre et le statut, surtout ?
R - Oui. Nous avons eu, avant-hier, des premières sorties. Et je veux remercier les autorités égyptiennes, israéliennes, et tous ceux, avec nous, qui ont longuement négocié, avec les Nations unies, un accord permettant aux ressortissants étrangers de quitter la bande de Gaza. Donc avant-hier, nous avons eu cinq Français qui ont pu partir. Je me suis entretenue d'ailleurs hier, avant de partir, avec l'un d'entre eux, qui était passé en Egypte, qui était avec notre consul général. Et puis aujourd'hui, nous avons pu avoir je crois 34 Français avec leurs familles qui ont pu passer. Il en reste encore, vous le savez, plusieurs dizaines, puisque nous avions 54 Français. Nous avons aussi du personnel français de l'Institut culturel français à Gaza. Et si je compte les Français, nos agents de l'Institut culturel et leurs familles, ça représente environ 170 personnes. Seule une partie a pu passer aujourd'hui. Nous poursuivons nos contacts avec les différentes parties prenantes pour que ces sorties puissent continuer, et surtout se faire en sécurité.
Q - Dernière question sur le Niger : vous avez parlé aujourd'hui de plus de coopération avec l'ECOWAS notamment. La situation au Niger, c'est déjà très bloquée : il y a des sanctions, il y a la demande de trois ans de transition pour la junte... Quelles sont les prochaines étapes, les options ? Plus de sanctions, négociations, ... ?
R - Nous, nous soutenons les efforts menés par l'ECOWAS, qui est l'organisation régionale compétente. Depuis le premier jour, nous la soutenons, nous sommes à ses côtés, nous n'avons pas à faire des décisions à sa place, nous ne le faisons pas. Ce que j'ai entendu aujourd'hui, aussi bien du président Tinubu, de mon homologue Tuggar, ou de Omar Touray, président de la Commission de la CEDEAO, en français - vous dites ECOWAS, moi je dis CEDEAO -, c'est que la stratégie qui est poursuivie demeure, de façon constante, avec la poursuite de demandes claires de libération du président Bazoum, de retour à l'ordre constitutionnel le plus rapidement possible, et par ailleurs, de ces sanctions- qui pourraient être renforcées s'il le faut, qui ne le sont pas encore, mais il y a cette possibilité -, et qui sont appliquées, et qui continueront d'être appliquées.
Voilà donc la ligne dans laquelle nous nous inscrivons également, comme nos partenaires de l'Union européenne, qui ont adopté tout récemment un cadre de sanction, s'il fallait venir là sanctionner individuellement des responsables qui soient militaires ou civils du coup d'Etat au Niger.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 novembre 2023