Texte intégral
Q - Merci de vous être écartée quelque temps du cortège de tête pour répondre à nos questions. On le voit bien évidemment, c'est d'abord sur la situation en France qu'a lieu ce rassemblement qui rassemble pour l'heure beaucoup de monde, mais avec en toile de fond la question internationale et beaucoup qui nous disaient avoir du mal à comprendre la position d'Emmanuel Macron, le fait qu'il ait exhorté à la télévision anglaise Israël à cesser de tuer des civils, comment est-ce que vous expliquez ce positionnement qui parfois paraît du coup un peu tiraillé ?
R - Je crois que c'est très important de ne pas mélanger les choses. Ici aujourd'hui, avec beaucoup de monde et c'est heureux, nous sommes réunis pour dire non à l'antisémitisme. L'antisémitisme est un fléau, un poison. Il insulte la France et ne représente pas nos valeurs. Il faut s'unir, être les plus nombreux possibles pour dire "non", tout simplement. On sait ce que cela amène, ce que cela a amené dans l'histoire, je crois qu'il faut être extrêmement clair et extrêmement ferme là-dessus.
Quant à ce qui se passe au Proche-Orient, si l'on essaie de rendre les choses simples pour que les uns et les autres puissent comprendre : Israël a été victime d'une attaque terroriste sans précédent, par son ampleur et par sa nature, accompagnée d'atrocités abominables et donc doit se défendre, a le droit de se défendre, mais doit le faire dans le plein respect du droit international. Cela veut dire protéger les civils autant que possible. Et s'il ne le fait pas, évidemment c'est un problème : ce n'est pas conforme au droit international, ce n'est pas conforme à la démocratie qu'est Israël.
Et donc nous sommes nombreux, pas seulement la France, à lui demander une pause humanitaire d'urgence, immédiate. Pour que l'aide entre. Pour que la population civile de Gaza ne soit pas otage des terroristes du Hamas. Ils n'en sont pas responsables. Et pour que cette pause humanitaire, durable, puisse amener à un cessez-le-feu. Voilà la position de la France.
Q - Est-ce qu'il n'y a pas un risque pour toutes celles et ceux qui manifestent aujourd'hui à imaginer que le message est un peu brouillé ?
R - Tous ceux qui sont là sont unis par le rejet de l'antisémitisme. Le Président l'a dit : il est avec nous, avec eux, avec tout le monde, par le coeur et par l'esprit. Il a appelé clairement à rejeter ce poison qu'est l'antisémitisme.
Quant à la situation au Proche-Orient, je viens de le dire, elle est distincte de ce que nous faisons aujourd'hui. Manifester pour lutter contre l'antisémitisme, pour dire "non" aux dérives antisémites, cela n'est pas cautionner la politique de tel ou tel Etat, de tel ou tel gouvernement. Il est important de ne pas mélanger les deux, de ne pas importer le conflit du Proche-Orient dans nos sociétés. Il faut au contraire nous unir, dans ce que sont les valeurs de la France.
Je le redis : l'antisémitisme n'est pas seulement un poison mais il est une insulte à la République.
Q - Vous dites toujours qu'Israël est légitime dans le fait de riposter ?
R - Israël doit défendre sa population et éviter que les atrocités qui ont été commises le 7 octobre se reproduisent. C'est un devoir d'Etat. Ce devoir d'Etat, il faut l'exercer dans le plein respect du droit international.
Q - Parce qu'on a entendu une réponse de Benjamin Netanyahou...
R - La guerre a ses règles et Israël doit les suivre. Elles s'appliquent à tous, pas uniquement à Israël, mais Israël, bien sûr, doit les suivre, comme tout autre Etat.
Q - Benjamin Netanyahou s'est empressé de répondre aux propos d'Emmanuel Macron en lui disant qu'il se trompait.
R - Nous avons clairement une différence de point de vue avec le gouvernement israélien, et avec le premier ministre israélien, sur l'importance d'une pause immédiate menant ensuite à un cessez-le-feu. Il y a trop de gens qui meurent, trop de civils qui meurent. Nous le disons depuis déjà plusieurs semaines : une "vie vaut une vie" et les civils palestiniens n'ont pas à être les victimes des atrocités commises par le Hamas qui les tient en otage, rappelons-le.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2023