Interview de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à BFMTV le 27 novembre 2023, sur la libération d'otages français à Gaza.

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Média : BFM TV

Texte intégral

Q - Bonsoir, Madame la Ministre, et merci d'être ce soir, pour votre première réaction, en direct sur BFM TV, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. Quelle est votre toute première réaction ? Enfin trois otages français, franco-israéliens, libérés après 51 jours, on le disait, de captivité.

R - Oui, c'est d'abord un immense soulagement, bien sûr, et je partage la joie des familles qui vont retrouver les leurs après tant de semaines d'angoisse et d'inquiétude. Donc nous retrouvons, nous aussi, France, trois de nos enfants, Eitan, Erez, Sahar, qui ont été lâchement pris en otage et qui sont enfin libres et en sécurité. C'est particulièrement odieux, horrible, de prendre des enfants en otage.

Q - Est-ce que vous savez, ce soir, comment ils vont ? Est-ce que vous le savez déjà ?

R - Non, pas encore. Ils sont en sécurité en Israël et devront bien sûr passer tous les contrôles médicaux, tous les contrôles habituels. Donc, pour le moment, je ne le sais pas encore.

Q - Maintenant qu'ils sont libres, est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur ce qu'ils ont vécu, ces 51 derniers jours, sur ce que vous savez de leurs conditions de détention ?

R - Non, c'est eux qui le diront par leurs témoignages. Et toutes ces informations elles seront d'abord réservées, vous le savez bien, à leurs familles et il le faut, c'est normal. Il y a des moments cruels qui ont été vécus par eux. Il faut maintenant les laisser se retrouver, et puis par les soins qui les entoureront, l'affection des leurs, reprendre une vie normale, s'ils le peuvent. Mais en même temps que je vous dis cela, je pense à ceux qui sont encore retenus en otage. Vous savez que nous avons cinq Français disparus, encore et nous nous mobilisons pour la libération de tous les otages et de tous nos compatriotes. Nous ne relâcherons pas nos efforts. Je salue tous ceux qui ont aidé à ces libérations, et en particulier les efforts de médiation du Qatar, dont le rôle a été déterminant, de l'Egypte, du CICR. Le président de la République, moi-même, un certain nombre de mes collègues, nous avons tous été mobilisés. C'est la priorité numéro un de la France que de faire libérer nos compatriotes. C'est normal, nous n'abandonnons jamais, jamais, les nôtres.

Q - Combien de Français sont toujours aux mains du Hamas, ce soir, Madame la Ministre ?

R - Cinq Français sont disparus ou otages. Il est important d'avoir cette prudence, parce que nous n'avons pas de certitude pour certains d'entre eux sur leur situation. Donc il faut continuer à se battre, continuer à se mobiliser, continuer tous les contacts diplomatiques à tous les niveaux, les contacts aussi avec chacun de ceux qui peuvent avoir des informations, pour que les choses avancent et que nous puissions les retrouver, les rendre à la liberté, les rendre à leurs familles.

Q - Je profite de vous avoir au téléphone, Madame la Ministre, Patrick Klugman qui défend plusieurs des otages qui ont été libérés ce soir, avait une question pour vous. Maître Klugman.

R - Bonsoir, Maître.

(Me Patrick Klugman) - Je n'ai pas une question, mais je pense qu'il est de mon rôle de quand même saluer l'implication de la diplomatie française, de la Ministre et de ses équipes, du poste diplomatique notamment en Israël qui a été au contact avec les familles, aux côtés des familles, et évidemment dans le cadre de l'action diplomatique de la France, très très, très, très, présente et très impliquée. Nous le savons bien, les familles le savent et je pense que ce doit être dit. C'est un effort collectif. Evidemment, il y a le rôle du Qatar là-dedans, moi, je ne le connais pas exactement, mais l'action diplomatique de la France a été essentielle, et je veux le dire ici, au nom des familles que je représente.

Q - Bon voilà, pour ces remerciements de la part de Patrick Klugman, Madame la Ministre.

R - Merci Maître, c'est un effort collectif, effectivement, et un effort de de tous les instants. Je peux vous assurer que beaucoup de gens ont travaillé, beaucoup, pour arriver à ce résultat. Tout n'est pas fini, nous avons encore des compatriotes qui ont disparu, qui sont peut-être otages. Donc nous allons continuer, nous ne relâcherons pas nos efforts pour qu'ils soient libérés. Merci de ce que vous avez dit, Maître.

Q - Il pourrait y avoir, Madame Colonna, de nouvelles libérations d'otages dans les jours qui viennent, précisément, parce que la trêve qui devait s'arrêter demain pourrait être prolongée avec en échange de nouvelles libérations d'otages. Est-ce que vous avez l'espoir, ce soir, de revoir vite les Français, notamment, qui sont toujours portés disparus ?

R - Je resterai aussi prudente que je l'ai toujours été et qu'il faut l'être, puisque vous savez que les négociations sont difficiles entre le Qatar et le Hamas, qu'il y a, jour après jour, des difficultés. Même aujourd'hui, vous avez vu qu'il y a eu un certain nombre d'incertitudes. En définitive, tout s'est bien passé pour la journée d'aujourd'hui. Nous avions souhaité et demandé la prolongation de la trêve ; eh bien, il y a une prolongation. Donc il faut souhaiter que les libérations puissent continuer et même que la trêve puisse être poursuivie au-delà, car il y a encore beaucoup d'otages aux mains des groupes terroristes.

Q - Et est-ce que vous espérez que cette trêve se transforme en cessez-le-feu beaucoup plus durable ?

R - Il faut y travailler, et il faut y travailler sans relâche, que de cette bonne nouvelle qui est venue avec, la semaine dernière, l'accord sur une trêve permettant la libération d'otages, puissent venir d'autres gestes positifs et peut-être une désescalade et une solution politique, car il en faudra une, on le sait bien, pour la paix et la sécurité de chacun, pour que chacun puisse voir ses aspirations à la paix, à la sécurité, être assurées, il faudra une solution politique. Alors, il n'est pas trop tôt pour y travailler, bien au contraire, même si c'est difficile en ce moment.

Q - Merci beaucoup, Catherine Colonna, ...

R - Merci beaucoup.

Q - ... d'avoir été en direct avec nous, ce soir, pour réagir à cette bonne nouvelle, vous le disiez à l'instant, la libération de ces onze otages et parmi eux trois Français.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 novembre 2023