Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur l'OTAN face à la guerre en Ukraine et le conflit au Proche-Orient, Bruxelles le 28 novembre 2023.

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Circonstance : Arrivée à la réunion ministérielle des États membres de l'OTAN

Texte intégral

Bonjour à toutes et à tous. Quelques mots sur cette ministérielle. Bien sûr, nous sommes d'abord réunis pour traiter de l'Ukraine, l'Ukraine qui s'apprête à passer un nouvel hiver difficile et chacun a vu le cynisme avec lequel la Russie a marqué une reprise forte des frappes sur Kiev ; la plus importante en réalité depuis le début de la guerre, et ceci au moment même des commémorations de l'Holodomor. Ce n'est qu'une triste illustration de sa mentalité et de son comportement.

Nous marquerons, nous réaffirmerons notre soutien à l'Ukraine, un soutien qui doit s'exercer dans la durée évidemment. Etant à l'OTAN, que lors du dernier sommet, nous avons en G7 et aussi en entraînant quelques autres pays, décidé de prendre des engagements de sécurité pour soutenir l'Ukraine, marquer ce soutien dans la durée, et donc nous sommes maintenant attelés les uns les autres à la mise en œuvre de ces engagements.

Pour ce qui concerne la France, nous avons engagé des discussions avec l'Ukraine. Elles sont engagées depuis plusieurs semaines maintenant. Elles sont bien avancées, et nous espérons d'ailleurs terminer à la fin de l'année ou au tout début de l'année prochaine. Ce que nous proposons, ce sont des engagements de sécurité sur les trois volets : sur l'humanitaire, sur l'économique et évidemment sur l'aide militaire, à la fois en termes de formation et d'équipements militaires avec désormais une priorité sur la production et la maintenance. Il faut que nous sachions produire plus et que nous aidions aussi les Ukrainiens à produire davantage.

Voilà un premier grand thème. Le deuxième grand thème, je crois que c'est évidemment la préparation du 75e anniversaire de l'Alliance. Donc nous commencerons ici, lors de cette ministérielle, les travaux pour la préparation du prochain Sommet et dans ce cadre-là aussi, on se souviendra qu'à Vilnius, un chemin a été tracé pour accueillir la perspective d'adhésion de l'Ukraine et l'accompagner. Cette perspective a tout notre soutien, je le redis, et le rôle de l'OTAN à cet égard est important pour l'aider dans ses progrès en complément avec ce que les Alliés font chacun d'entre eux à titre national ; et en confirmant également de ce que fait l'Union européenne, qui est extrêmement important, au profit de l'Ukraine et aux côtés de l'Ukraine.

Un troisième et dernier dossier que je souhaiterais évoquer qui est celui de l'adhésion de la Suède au sommet de Madrid. Non pas au sommet de Vilnius mais au sommet précédent : le sommet de Madrid, c'est-à-dire il y a maintenant 17 mois. Nous avons accueilli favorablement les candidatures de la Finlande et de la Suède et je veux rappeler ce que nous avons tous dit d'un commun accord au plus haut niveau, au niveau des chefs d'Etat ou des chefs de gouvernement, la force de notre Alliance, elle est dans l'unité des Alliés. Depuis Madrid, la Finlande est devenue membre de l'Alliance. C'est une bonne chose. Nous nous en réjouissons. C'est une fierté de voir flotter son drapeau. La Suède ne l'est pas encore. 29 pays ont ratifié la candidature de la Suède. Deux ne l'ont pas encore fait donc nous attendons de la Turquie et de la Hongrie qu'elles ratifient désormais sans plus tarder cette adhésion. Il en va de la force et de la crédibilité de notre alliance. Il ne faut pas perdre un jour de plus. Voilà trois principaux dossiers. Il y en a d'autres, vous le savez, mais voici les trois principaux que je voulais évoquer devant vous.


Q - Est-ce que l'Ukraine doit penser sur une stratégie différente parce qu'il y a des gens, même en Ukraine, qui ne disent rien ne bouge pas, il y a un stalemate ?

Je ne crois pas que ce soit le cas. On sait que la contre-offensive est difficile, on sait que les Russes avaient pris le temps de faire des lignes de défense ligne après ligne, qu'ils sont puissamment organisés, mais vous avez vu aussi que l'Ukraine marque des points avec des frappes en profondeur, qu'elle marque des points aussi en mer Noire - notamment grâce aux équipements que nous lui avons fournis. La flotte russe a été contrainte de s'éloigner très largement de Sébastopol et nous continuons d'être aux côtés de l'Ukraine. Sa stratégie est la bonne. Il faut la renforcer il faut la construire dans la durée. Et que ce soit un message pour l'Ukraine, pour nos industriels aussi, de façon à ce qu'ils puissent investir et désormais produire plus, aider l'Ukraine davantage. C'est un message aussi vous le savez bien pour le reste du monde et, en particulier pour la Russie, qu'elle n'ait aucun doute que nous sommes engagés aux côtés de l'Ukraine dans la durée. Il en va de l'architecture de sécurité en Europe et de nos intérêts de sécurité. Donc nous le réaffirmons, et nous le réaffirmerons ici.

Q - On the ceasefire between Israel and Hamas, do you think it has to continue like that?

Vous connaissez la position de la France sur la trêve de longue date depuis plusieurs semaines. Le Président de la République, le gouvernement, moi-même, nous ne cessons d'appeler une trêve, une pause qui soit durable. Nous l'avons dit dès le 19 octobre au sommet du Caire. Nous l'avons redit au Conseil de sécurité des Nations Unies, nous l'avons dit dans nos déplacements dans la région. Le président encore fortement.

Il faut une trêve de longue durée qui puisse permettre d'acheminer et de distribuer l'aide humanitaire, qui puisse permettre aussi la libération de tous les otages et qui puisse permettre de travailler d'oeuvrer un cessez-le-feu. Il le faudra parce qu'il faut relance une perspective politique. La paix et la sécurité dans la région viendront d'une solution politique et de nul autre ; et je dis ceci en rappelant le droit d'Israël à se défendre mais le devoir qu'a ce pays comme tout autre de se défendre dans le plein respect du droit international humanitaire.

Q - Un mot sur les 3 otages français libérés hier ?

R - Je partage la joie de leur famille. Ce sont des familles qui sont éprouvées depuis 50 jours, qui ont vécu dans la quiétude, dans l'angoisse. Vous le savez pour les familles qui ont la joie d'avoir deux des leurs pour une famille, un autre pour une autre, qui ont subi des épreuves, qui sont dans l'inquiétude. Maintenant, il faut que nous continuions à travailler comme nous le faisons avec le Président de la République, avec mes collègues des armées, de la santé pour apporter de l'aide humanitaire et l'ensemble de nos équipes diplomatiques à Tel-Aviv, à Jérusalem, dans la région. Moi-même hier lorsque j'étais à Barcelone j'ai rencontré de nombreux de mes homologues arabes. Nous continuons et nous continuerons à travailler pour ramener tous les nôtres. La France n'abandonne pas ses enfants, jamais. Elle veut la libération de tous les otages. Il y en a encore, c'est inacceptable de prendre des enfants et des civils en otage. Merci beaucoup.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 novembre 2023