Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le conflit à Gaza et l'aide humanitaire aux Palestiniens, à Paris le 6 décembre 2023.

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Circonstance : Réunion de suivi de la conférence humanitaire internationale pour la population civile de Gaza

Texte intégral

Monsieur le Commissaire général de l'UNRWA,
Monsieur le Secrétaire général adjoint, coordonnateur des secours d'urgence,
Madame la présidente du CICR, Mesdames et Messieurs les directeurs et secrétaires généraux d'organisation internationale,
Mesdames et Messieurs les Ministres, chers collègues,
Mesdames et Messieurs,

Depuis deux mois, le Proche-Orient vit l'un des moments les plus graves de son histoire, après l'attaque barbare commise le 7 octobre par le groupe terroriste qu'est le Hamas contre Israël et contre le peuple israélien, au mépris de toute humanité. Israël, rappelons-le, a le droit de se défendre, et doit le faire dans le plein respect du droit international humanitaire.

Aujourd'hui, face au bilan des opérations militaires dans la bande de Gaza, où des milliers de civils ont été tués, où des centaines de milliers de personnes ont été déplacées, où toute la population vit une catastrophe humanitaire, nous devons continuer d'appeler au plein respect du droit international humanitaire. Comme l'a noté le procureur de la CPI, un accès suffisant à l'aide humanitaire en fait indéniablement partie.

Je veux saluer la mémoire de toutes les victimes innocentes de cette guerre, palestiniennes et israéliennes. Et je rends aussi bien sûr hommage aux personnels humanitaires : plus de 130 employés de l'UNRWA ont été tués dans les bombardements.

Pour permettre aux acteurs humanitaires d'aider les civils, il faut organiser des trêves humanitaires, comme nous l'avions demandé dès le début des hostilités. L'accord de trêve du 24 novembre a permis la libération - enfin ! - de plusieurs dizaines d'otages. Mais il faut le rappeler : tous les otages doivent être libérés immédiatement et sans condition.

La reprise des combats a instantanément interrompu puis perturbé l'entrée de l'aide, et a conduit à l'aggravation des conditions de vie, d'ores et déjà très difficiles, de la population gazaouie. L'urgence est à une trêve durable et à un accès humanitaire accru aux populations civiles, y compris bien sûr dans le nord ; accès qui soit à l'échelle des immenses besoins de la population civile de Gaza et des souffrances qui sont les siennes.

Nous devons donc agir, et c'est pour cela que cette réunion de suivi de la conférence du 9 novembre était nécessaire. Je vous remercie tous de votre participation.

Nos objectifs sont clairs. Tout d'abord, il s'agit de s'assurer que les engagements annoncés le 9 novembre seront bien honorés. Plus d'un milliard d'euros de contributions à l'aide humanitaire aux civils palestiniens avait alors été atteint. La France, pour sa part, avait annoncé une contribution de 100 millions d'euros au bénéfice de l'ONU, du CICR et des organisations non gouvernementales (ONG). Je dois vous dire que la moitié a déjà été versée, et que le reste le sera dans les prochaines semaines.

Je vous invite à tous mettre en oeuvre, bien sûr, les engagements qui ont été pris, et même, si vous le pouvez, à accroître votre soutien financier à tous les acteurs humanitaires.

Deuxième objectif, il s'agit ensemble d'établir un diagnostic partagé sur les besoins des populations. Et je compte pour cela sur l'UNRWA, les Nations unies, le CICR, le Croissant-Rouge et les ONG.

Troisièmement, il nous faut proposer des solutions opérationnelles pour l'acheminement et la délivrance de l'aide. Un accès complet, sûr, durable et sans entrave des agences des Nations unies et des ONG à la bande de Gaza est nécessaire. Le passage par Rafah doit permettre d'acheminer quotidiennement les volumes qui sont nécessaires. Nous appelons aussi à ouvrir d'autres points de passage, y compris celui de Kerem Shalom.

Les denrées alimentaires, les médicaments, le matériel médical doivent entrer massivement, et les volumes de carburant entrant à Gaza doivent être suffisants. Le fonctionnement des infrastructures civiles et de santé en dépend.

Plus de 42.000 blessés, déjà, et souvent dans un état critique, doivent être soignés. Nous devons aussi apporter une réponse médicale d'ampleur. La France se tient aux côtés de l'Egypte, de la Jordanie et de plusieurs autres Etats, elle est à l'initiative dans le secteur de la santé : elle soigne aujourd'hui des civils gazaouis, qui sont soignés à bord du porte-hélicoptères Dixmude, qui a accosté le 27 novembre dans le port d'Al-Arish en Égypte. Les équipes travaillent aussi en pleine coopération avec le système de santé égyptien. La France est prête aussi, vous le savez, à accueillir des enfants gazaouis pour les soigner dans des hôpitaux français.

À ce jour, nous avons, à titre national, acheminé 200 tonnes de fret humanitaire, grâce à des vols bilatéraux, ou par le canal du pont humanitaire de l'Union européenne.

Voilà quelques mots d'introduction, Mesdames et Messieurs.

Je souhaite sans plus attendre donner la parole aux témoins de terrain, tout d'abord, pour une séquence d'introduction. D'abord au commissaire général de l'UNRWA, M. Philippe Lazzarini, puis au secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires, M. Martin Griffiths, et au représentant du CICR, M. Fabrizio Carboni.

Ensuite ce sera au vice-ministre des affaires étrangères égyptien, M. Hamdi Loza, de nous parler. On sait que son pays joue un rôle majeur dans l'aide aux civils de Gaza. Suivra Mme Amal Jaddouh, pour le ministère des affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, et M. Majed Qatarneh pour le ministère des affaires étrangères jordanien ; Jordanie qui vient d'accueillir une importante réunion de coordination du soutien humanitaire à Gaza, nous y étions bien sûr représentés. Suivra M. Janez Lenarcic, commissaire européen pour la gestion des situations de crise.

Je donnerai ensuite la parole, pour conclure cette première séquence d'introduction, au président du Croissant-Rouge palestinien, et à deux ONG, CARE et Médecins du Monde.

Monsieur le Commissaire général, cher Philippe Lazzarini, vous avez la parole.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 décembre 2023