Texte intégral
Madame la Ministre, chère Olivia, merci de m'avoir convié à cette magnifique réunion.
Merci à Monsieur le ministre, cher Eric Woerth, de ta présence et merci à toutes et à tous de participer à ce sommet Destination France qui sera clos tout à l'heure par le président de la République.
Je suis heureux de vous retrouver, d'abord parce que nous sommes entre amis et ensuite parce que nous sommes dans un lieu absolument magnifique. Remarquable choix pour ce sommet Destination France, le château de Chantilly. Château qui porte en lui toute l'histoire de France. Il a été construit au XIVe siècle, agrandi et embelli au XVIIe et au XVIIIe siècle, détruit et transformé en prison pendant la Révolution et reconstruit peu après.
C'est un château qui a abrité les plus grandes familles françaises. Les Montmorency, les Bourbons, les Bourbons-Condé, le Grand Condé, j'y reviendrai, et les plus grands écrivains, La Fontaine, La Bruyère, madame de La Fayette, madame de Sévigné, se sont assis là où vous êtes assis en ce moment.
Ce devrait vous inspirer chacune et chacun d'entre vous. C'est un château qui reflète la diversité de la culture française. Il y a de l'architecture, il y a de la sculpture, de la peinture comme vous voyez, en cette magnifique galerie de peinture avec des Meissonniers, de Neuville, des Nattier. J'ai même vu un Poussin ici.
Un château qui, avec ses miroirs d'eau et avec son grand parterre, illustre le génie des jardins à la française de Le Nôtre. Parfaitement bien organisé. Château qui a aussi accueilli un des plus grands cuisiniers de l'époque. François Vatel.
Et donc, avant de vous parler de tourisme, je vais vous parler de cuisine ou de gastronomie. Les deux sont parfaitement liées en France, puisque des millions de touristes viennent aussi pour goûter la gastronomie française. Et la gastronomie française, elle trouve son origine ici à Chantilly, avec celui qui a été avec Carême, probablement l'un des plus grands chefs français au XVIIe siècle, François Vatel. J'espère que vous connaissez tous L'histoire tragique de François Vatel.
François Vatel était donc le cuisinier du Grand Condé. Le Grand Condé était le propriétaire de ce château de Chantilly. Si jamais je me trompe, Eric, tu me corriges.
Mais le grand Condé avait commis une erreur, une erreur historique. Pendant la période de la Fronde, avant que Louis XIV arrive au pouvoir, le jeune Louis XIV qui succédait à Louis XIII, Mazarin étant Premier ministre, une partie de la noblesse française s'était mobilisée, révoltée contre la monarchie absolue que Louis XII avait commencé à installer avec Richelieu. Il y avait lancé la Fronde, c'est-à-dire l'opposition à la monarchie absolue. Et à la tête de cette fronde contre la monarchie absolue, contre le jeune monarque, il y avait le Grand Condé.
Mauvaise pioche, Mazarin l'a emporté. Louis XIV est monté sur le trône. Et le Grand Condé a dû s'exiler ici, au château de Chantilly. Et il a cherché pendant des années un moyen de se réconcilier avec le monarque absolu, avec Louis XIV. Et il s'est dit " mais dans le fond, la meilleure manière de me réconcilier avec le monarque, c'est d'organiser un grand dîner ici au château de Chantilly. "
Et donc il convoque son chef, François Vatel, et lui dit " Voilà, je vais faire venir le roi et nous allons nous réconcilier ". C'est le vendredi 24 avril 1671 que doit avoir lieu cette réconciliation entre Louis XIV, souverain, le Grand Condé, dissident, autour d'un repas organisé par François Vatel. Nous sommes au mois d'avril. C'est-à-dire un mois de carême. Nous sommes un vendredi, c'est-à-dire un jour maigre où on ne mange que du poisson et donc Vatel a fait venir beaucoup de poissons nobles du port le plus proche, celui de Boulogne.
Mais pas de chance pour Vatel, le convoi qui doit ramener le poisson de Boulogne au château de Chantilly est bloqué en chemin par des brigands si bien que la marée, les poissons ne sont jamais arrivés à Chantilly et que même si la réconciliation a eu lieu, le dîner a été un désastre puisqu'il n'y a pas eu de poisson à servir un jour maigre de carême au roi Louis XIV.
Le soir même, François Vatel, dans ces murs s'est donné la mort. Voilà la triste histoire de François Vatel, mais qui est, je trouve une illustration, de ce qu'est la culture française. Le pouvoir se réconcilie toujours autour d'un repas et on vient de très très loin pour connaître cette culture, connaître cette histoire et goûter à la cuisine française.
Alors je reviens à mon domaine de prédilection, en tout cas la mission qu’est la mienne, l'économie, même si j'aime beaucoup parler de cuisine et de gastronomie, qui est le domaine économique. Pourquoi venir en France ?
Tout simplement parce qu'en Europe, c'est " the place to be. " Et que nous avons réussi, avec le président de la République, à transformer radicalement l'économie française en 7 ans et que nous allons continuer, croyez-moi, avec encore plus d'énergie et encore plus de détermination.
Nous étions un pays qui fiscalisait lourdement le capital, nous avons allégé la fiscalité sur le capital. Nous étions un pays qui perdait son industrie, nous sommes en train de réindustrialiser notre nation. Nous étions un pays qui était hostile à la finance, même les plus hautes autorités de l'Etat disaient qu'elles étaient hostiles à la finance, nous sommes devenus le pays qui attire aujourd'hui en Europe le plus d'investissements financiers. Et merci à nos amis britanniques qui, grâce au Brexit, nous permettent de récupérer toute la finance mondiale ici à Paris. Encore quelques décisions comme cela, Mesdames et Messieurs les Britanniques et nous serons encore plus tranquilles.
Nous avons aussi transformé le modèle social, nous avons réformé l'assurance chômage, nous avons réforme des retraites, bref, nous avons fait de la France un pays qui innove, un pays qui réussit, un pays qui s'approche du plein emploi et un pays totalement déterminé à rester un des leaders au XXIe siècle.
Cela vaut en particulier, Olivia Grégoire, l'a parfaitement rappelé, dans le domaine touristique. La France reste la première destination mondiale quasiment chaque année depuis 30 ans. Et moi je voudrais que les choses s'améliorent encore. Il ne faut pas être premier, il faut être le premier des premiers. Il faut que la France devienne " the place to be " pour les investisseurs, pour les touristes, pour tous ceux qui envisagent de voyager.
Et il faut se demander pourquoi est-ce que le monde entier veut venir ici en France ? Je pense que ça tient à l'immense singularité de la nation française. Tant de lieux dans si peu d'espace, tant de mondes dans une seule nation, tant de mémoires dans un seul peuple. Il n'y a qu'en France que vous trouverez ça. Il n’y a qu’en France qu'à quelques dizaines de kilomètres, vous pouvez passer d'un paysage de montagnes, les écrins escarpés, sublimes, avec des glaciers qui malheureusement disparaissent mais qui essaient de résister au temps qui passe, à des plaines, à des marais, aux Dombes, aux mystères, aux Briare que vous pouvez trouver dans ces paysages.
C'est le seul endroit où vous vous êtes ouverts vers l'Atlantique. Et quand vous allez à Brest, quand vous allez vers le Finistère qui mérite tellement bien son nom, la fin de la Terre, vous êtes tout d'un coup ouvert vers l'océan Atlantique, ouvert vers le grand large, ouvert vers les Etats-Unis d'Amérique.
Et puis vous faites quelques centaines de kilomètres vers l'est et vous vous retrouvez enclavé dans la plaine d'Alsace et imprégnée d'une culture germanique. Et puis, vous remontez vers le nord et vous voyez les canaux, vous voyez des plaines, vous voyez un paysage étale, vous voyez les nuages qui fond sur ces plaines du nord, et vous êtes immédiatement ouvert vers la Belgique, vers les Flandres, vers les Pays-Bas, vers un autre univers.
Et puis, vous redescendez 800 kilomètres plus bas, et vous allez vers l'est et vous tombez à Sète, au bord de la Méditerranée, avec les éclats métalliques que l'on peut voir l'été. Et puis, vous repartez vers l'ouest, dans un endroit qui m'est cher, qui est la Côte Basque. Et vous voyez là un territoire qui a du caractère, du tempérament, qui est coincé entre la mer et la montagne.
Et puis, vous prenez l'avion, vous allez encore beaucoup plus loin, et dans cette grande République qu'est la France, vous allez à Tokyo, vous faites 4 heures de halte, vous reprenez l'avion pour aller à Nouméa, vous arrivez en Nouvelle-Calédonie, vous avez déjà 24 heures de vol dans les pattes et je vous recommande de prendre le petit avion qui va de Nouméa à Wallis et le tout petit avion qui va de Wallis à Futuna. Et vous arrivez à Futuna, au coeur de la très grande République qu'est la nation française dans une monarchie. Car oui, il reste des rois dans la République française. Il y a un roi de Wallis. Et il y a un roi de Futuna. Aucune autre République est à la fois une république et une monarchie. C'est ça la singularité française qui attire tant les touristes. Tant de mémoires dans un seul peuple. Une grande République qui a gardé deux monarchies : la monarchie de Wallis et la monarchie de Futuna. Et je peux vous dire qu'un ministre en déplacement à Wallis et Futuna a tout intérêt à rendre ses plus grands respects au roi de Wallis et Futuna quand il arrive sur leur territoire.
Voilà ce qu'est la France. Et je pense très profondément que c'est cela qui attire les touristes ; une nation qui est entièrement, intégralement, totalement cultivée, cultivée dans son esprit et cultivée dans ces territoires.
Il n'y a pas une parcelle du territoire français qui ne soit chargée de culture et qui n’ait été cultivée. Je pense que c'est aussi cela que viennent chercher les touristes. 7% du PIB français, ça a été rappelé par Olivia, 200 milliards d'euros de PIB, 2 millions d'emplois, c'est absolument considérable. Alors maintenant, nous voulons évidemment renforcer l'attractivité du paysage français. Nous avons été envahis par César il y a quelques siècles. Donc, nous savons qu'il ne faut pas se reposer sur ses lauriers et qu’il faut toujours faire mieux pour attirer les touristes.
Nous avons d'abord des grands rendez-vous : les Jeux Olympiques et Paralympiques, le 80e anniversaire du débarquement, les 150 ans de l'impressionnisme. Tout cela va arriver dans cette année 2024. Et donc, nous voulons profiter de ces événements mondiaux pour attirer encore plus les touristes en France et pour améliorer l'offre touristique française. Et pour ça, je vois deux conditions. Je terminerai par là.
La première, c'est le dialogue. Et c'est le sens de cette rencontre que nous avons aujourd'hui. Je vais voir certains d'entre vous dans des rendez-vous bilatéraux dans quelques instants. Dites-nous ce qui ne va pas. Dites-nous ce que vous attendez de nous. Je suis, nous sommes avec Olivia Grégoire, nous sommes avec le président de la République, à votre service et à votre disposition.
Tout ce que nous pouvons faire de mieux pour que l'offre touristique française reste aux meilleurs standards mondiaux, nous sommes prêts à le faire. À vous de nous dire ce qui doit être modifié, corrigé, amélioré. C'est le dialogue nécessaire, très franc, qui doit avoir lieu cet après-midi dans la table ronde qui va suivre et dans les échanges bilatéraux que j'aurai avec vous.
La deuxième condition, bien entendu, le nerf de la guerre, ce sont vos investissements. Vous êtes les bienvenus pour investir massivement dans notre pays, nous avons besoin dans les parcs touristiques, dans l'hôtellerie, dans la restauration du plus grand nombre d'investissements. Et la France est un pays ouvert, ouvert à vos investissements, ouvert à vos projets économiques.
Et nous sommes là, la banque des territoires est présente, un certain nombre d'institutions financières également, pour vous accompagner dans ces projets et faire en sorte qu'ils puissent réussir et être les plus rentables possible pour vous toutes et pour vous tous. Voilà ce que je tenais à vous dire aujourd'hui.
Je veux vous remercier tous de votre présence. Je vois le président du CIO Tony Estanguet qui est présent, je le remercie également de sa présence et je veux dire sur un ton plus personnel : plus je vieillis, moins je voyage. Sauf professionnellement. Pourquoi ? Parce qu'à chaque fois que j'envisage une destination étrangère, je me dis que le plus beau voyage qu'on puisse faire, c'est ici. C'est en France.
Merci à toutes et à tous.
Source https://www.economie.gouv.fr, le 12 janvier 2024