Interview de Mme Prisca Thevenot, ministre déléguée, chargée du Renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement, à France Info TV le 17 janvier 2024, sur l'augmentation du prix de l'électricité, le doublement de la franchise médicale, la réforme du travail, le plan de lutte contre l'infertilité et l'éducation nationale.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France Info TV

Texte intégral

SALHIA BRAKHLIA
Bonjour Prisca THEVENOT.

PRISCA THEVENOT
Bonjour !

JEROME CHAPUIS
Bonjour !

SALHIA BRAKHLIA
Une conférence de presse de près de deux heures et demie hier soir. Emmanuel MACRON a parlé de tout, autorité, éducation, sécurité, santé, emploi, économie, écologie, internationale. Pourquoi avoir parlé autant maintenant, alors que le nouveau Premier ministre Gabriel ATTAL n'a même pas prononcé son discours de politique générale ?

PRISCA THEVENOT
Il ne s'agit pas simplement de parler autant maintenant, mais il s'agit surtout de répondre à tout en permanence. Des réponses qui ont été adressées au travers, je pense, des retours que vous pouvez avoir de part et d'autre par les Français. Et donc vous avez été les vecteurs… Quand je parle de vous, ce sont bien évidemment l'ensemble des journalistes qui étaient présents hier. Sauf erreur de ma part, il y en avait plus de 200. Et je pense que c'est ça qu'on doit retenir.

SALHIA BRAKHLIA
Et ce n'est pas couper l'herbe sous le pied à Gabriel ATTAL qui a besoin, lui, de s'affirmer en tant que Premier ministre ?

PRISCA THEVENOT
Non. Vous avez vraiment l'impression que Gabriel ATTAL manque d'affirmation et manque de capacité à faire peser sa voix ? Non. Ça rappelle simplement…

JEROME CHAPUIS
Mais quand vous dites "Répondre à tout et en permanence", mais qu'est-ce qui va rester, après, au Premier ministre ? C'est ça, la question.

PRISCA THEVENOT
Mais il lui reste… Il ne s'agit pas de peser les prises de parole, il ne s'agit pas de peser les mots. Nous faisons partie de la même équipe. Mais au regard et au respect de nos institutions, oui, nous avons un Président de la République qui fixe le cap, et un Premier ministre, et l'entièreté de son Gouvernement, dont je fais partie, qui applique les modalités d'exécution de ce projet au regard de ce cap fixé par le Président de la République qui, rappelons-le, est un cap fixé et connu de tous depuis pas 2022, 2017.

SALHIA BRAKHLIA
Il n'a pas changé depuis malgré les changements de Gouvernement ? Gabriel ATTAL qui doit prononcer son discours de politique générale le 30 janvier prochain, vous confirmez ?

PRISCA THEVENOT
C'est à confirmer encore sur la date précise. En tout cas, ce que je peux vous dire de façon assez sûre et certaine, c'est qu'il réunit l'entièreté de son Gouvernement aujourd'hui et sur les prochains jours pour effectivement pouvoir travailler ensemble cette feuille de route. Encore une fois, le cap est connu, mais nous devons encore continuer sur les modalités pour aller d'autant plus fort et vite sur les attentes que confrontent les Français.

SALHIA BRAKHLIA
Vous confirmez aussi qu'il ne se soumettra pas à un vote de confiance par le Parlement ?

PRISCA THEVENOT
Il se prononcera dessus, mais maintenant, vous savez…

SALHIA BRAKHLIA
Vous le savez ou pas ? Vous êtes la porte-parole du Gouvernement.

PRISCA THEVENOT
Merci, mais justement, je ne vais pas vous inventer des réponses. À ce stade, je ne le sais pas. En revanche, ce que je peux vous dire de façon très claire, et ça, ça a été dit et redit, c'est qu'il y aura visiblement bien un vote quoi qu'il arrive, puisque je crois que c'est la LFI qui a déjà annoncé qu'elle poserait une motion de censure. Donc ça, ça appelle un vote.

JEROME CHAPUIS
Sur la question du pouvoir d'achat, le Président n'a pas été parfaitement précis hier. L'électricité pourrait augmenter jusqu'à 10 %, uniquement du fait des taxes au 1er février. La date approche, nous sommes le 17 janvier. Beaucoup d'élus, notamment à Gauche, vous demandent d'y renoncer, compte tenu de l'inflation. Est-ce que le Gouvernement va, oui ou non, bouger là-dessus ?

PRISCA THEVENOT
Le Président de la République a été, au contraire, très précis sur la crise de l'énergie qui nous a frappés et les conséquences qu'elle a eues sur la facture des Françaises et des Français.

JEROME CHAPUIS
La précision qu'on vous demande, c'est le niveau de hausse de l'électricité au 1er février.

PRISCA THEVENOT
Oui, non, mais je sais bien, mais pour savoir où on va, il est, je pense, essentiel de rappeler d'où on vient. Dès l'instant où cette crise nous a frappés, ce défi énergétique nous a frappés, le Gouvernement et le Président de la République se sont mobilisés pour venir en renfort du pouvoir d'achat des Français et de cette inflation qui touchait les factures d'électricité. Les boucliers tarifaires ont été mis en place, et je peux en témoigner, ils ont été prolongés, puisqu'on est arrivé en 2022 sur un pas de pouvoir d'achat. Ça a été la première loi sur laquelle nous avons débattu. Nous nous sommes mobilisés pour venir en renfort sur ce sujet pour l'entièreté des Français. Maintenant, soyons très clairs…

SALHIA BRAKHLIA
Mais pour le mois prochain, l'électricité pourrait augmenter du seul fait des taxes. Est-ce que le Gouvernement va aller dans ce sens ?

PRISCA THEVENOT
Et je vous réponds justement précisément sur cela. Les mots ont une importance, et ce n'est pas à vous que je vais le dire et l'apprendre. Quand on met en place une mesure exceptionnelle, ben il y a "Mesures" mais aussi "Exceptionnelles" dans le sujet. Ce n'est pas que ça fait plaisir ou que c'était inattendu, c'est que oui, c'est exceptionnel. Parce que de façon évidente, nous devons pouvoir aussi aller sur une situation qui reviendrait à la normale. Maintenant, sur…

JEROME CHAPUIS
Est-ce qu'on peut le dire clairement ? Parce que je vous écoute, et entre les lignes, on comprend très bien que vous préparez les esprits à une hausse.

PRISCA THEVENOT
Il ne faut pas lire entre les lignes, il faut juste écouter les mots.

SALHIA BRAKHLIA
Soyez claire alors.

PRISCA THEVENOT
Ben j'essaye de le faire. Je vais juste finir ma phrase. Et je vais essayer d'être plus claire parce que je pense qu'en une phrase, c'est compliqué. En deux phrases, ça peut peut-être le faire.

JEROME CHAPUIS
Allez-y !

SALHIA BRAKHLIA
Allez-y !

PRISCA THEVENOT
Alors donc je rappelle effectivement qu'il y a un certain nombre de mesures, notamment les boucliers tarifaires qui ont été mis en place, que ce sont des mesures exceptionnelles. Jamais il n'y a eu de mensonge sur ce sujet, ça a toujours été clair et affiché. Et donc oui, les mesures exceptionnelles ont vocation à être levées. Maintenant, sur exactement le taux qui sera appliqué sur le retour à la normale de la fiscalité, Bercy se prononcera donc très prochainement.

JEROME CHAPUIS
Donc c'est encore à l'arbitrage ?

PRISCA THEVENOT
C'est encore à l'arbitrage. Bercy se prononcera très prochainement dessus. Mais oui, une mesure exceptionnelle n'a pas vocation à s'installer dans la durée.

SALHIA BRAKHLIA
Emmanuel MACRON a acté aussi le doublement de la franchise médicale hier soir. "Se dire que l'on va passer de 0,50 € à 1 € pour une boîte de médicament, je n'ai pas le sentiment que l'on fait un crime terrible", a dit le Président de la République hier soir. C'était aussi son sentiment pour la baisse de 5 € des APL lors du premier quinquennat. Est-ce que vous n'êtes pas en train de prendre un risque, là ?

PRISCA THEVENOT
Un risque ? Je ne pense pas qu'on prend un risque à dire les choses telles qu'elles sont. Si effectivement, on fait de la politique pour flatter des egos et pas défendre des idéaux, je suis d'accord avec vous, c'est un risque. Mais nous sommes en responsabilité, et nous devons, par rapport à ces responsabilités, dire franchement les choses et proposer des solutions. Et donc oui…

SALHIA BRAKHLIA
Pour que les auditeurs et les téléspectateurs qui nous regardent, ça va représenter, ce doublement de la franchise médicale en moyenne…

PRISCA THEVENOT
Oui, en baisse de 0,50 € à 1 €, c'est ce qui…

SALHIA BRAKHLIA
Et ça fait en moyenne 17 € pour chaque Français par an.

JEROME CHAPUIS
Chaque Français, et par an.

PRISCA THEVENOT
17 € au regard d'une consommation qu'il faut pouvoir regarder et apprécier. Encore une fois, il y a une mesure et une nuance extrêmement importante que je tiens à rappeler, et qui a été précisée hier par le Président de la République. On ne vient pas venir poser ce sujet pour les personnes qui sont atteintes de maladies longues, notamment sur des soins qui nécessitent…

SALHIA BRAKHLIA
Les longues infections, oui.

PRISCA THEVENOT
Les longues infections.

JEROME CHAPUIS
Il y a un plafond qui est à 50 € par an.

PRISCA THEVENOT
C'est ça. Donc ça, c'est important aussi de le rappeler, mais il faut bien évidemment… Enfin, je pense que le pire aujourd'hui serait d'être dans une démagogie populiste. C'est facile de dire que ce qu'on a envie d'entendre.

SALHIA BRAKHLIA
Mais du coup, c'est pour quand ?

PRISCA THEVENOT
Ça fait plaisir, mais ça ne fait pas du bien.

SALHIA BRAKHLIA
Parce qu'il n'y a pas besoin de passer par la loi. C'est pour quand, le doublement de la franchise ?

PRISCA THEVENOT
Pareil, là, encore une fois, les annonces vont bientôt se faire et prochainement se faire. Le cap est fixé.

JEROME CHAPUIS
Alors vous dites : "C'est facile d'être dans la démagogie", il y a d'autres sujets qui sont susceptibles d'être – Comment dire ? – impopulaires, d'autres mesures, notamment cet acte 2 de la loi Travail qui est annoncé par Emmanuel MACRON, avec des règles plus sévères quand des offres d'emploi sont refusées, meilleur accompagnement de nos chômeurs par la formation. On va jusqu'où dans la sévérité à l'égard des demandeurs d'emploi ?

PRISCA THEVENOT
Il s'agit simplement d'être dans du bon sens. Et je le dis de façon très claire, oui, nous devons permettre à chaque Française et chaque Français de s'émanciper et de gagner en indépendance par le travail. Et d'ailleurs, ce n'est pas quelque chose que simplement nous portons, c'est quelque chose qui est demandé par l'entièreté de nos concitoyens. Maintenant, nous devons aussi lutter contre certains abus – Et encore une fois, j'insiste sur le "Certains" qui est important à préciser – qui pourraient laisser croire ou prétendre qu'il y en aurait qui, effectivement, s'affranchiraient de certaines règles. Oui, nous devons permettre à chacun de retrouver le chemin du travail quand cela est possible, avec un certain nombre de mesures qui ont été mises en place…

JEROME CHAPUIS
Jusqu'à présent, on ne parlait que des plus de 55 ans. Est-ce que ça concernera d'autres catégories d'âge ?

PRISCA THEVENOT
Encore une fois, je le répète, hier, le Président de la République a fixé un cap. Maintenant, laissons l'entièreté des institutions fonctionner et l'entièreté des modalités se mettre en place dans le cadre d'un débat qui aura lieu.

JEROME CHAPUIS
Prisca THEVENOT, vous êtes la porte-parole du Gouvernement. Vous êtes avec nous jusqu'à 9 h. On va laisser passer Le fil info puisqu'il est déjà à 8 h 40.

///

SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec la porte-parole du Gouvernement, Prisca THEVENOT. Du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale, moins de 700 000 naissances en France l'année dernière, Emmanuel MACRON a parlé d'un plan de lutte contre l'infertilité hier soir, vous pouvez nous en dire plus ?

PRISCA THEVENOT
Oui, tout à fait. Encore une fois, c'est une réalité, ce sont des faits, il y a de moins en moins de bébés à naître et le renouvellement des générations n'est pas assuré et voyons les causes. Il y a différentes causes, cette capacité effectivement à toujours travailler à l'égalité femmes-hommes et cette capacité à ne pas faire peser la seule charge d'avoir un enfant sur les femmes. Et je peux en témoigner aussi, mais également sur des risques qui sont l'infertilité. Et là aussi, sans rentrer dans le détail de ma vie privée, je peux aussi en témoigner. Ces sujets, ce sont des sujets extrêmement intimes, extrêmement fragiles, mais qu'il convient aussi de pouvoir mettre sur la table pour y répondre. Parce que de nombreux Français, de nombreuses Françaises y sont confrontés. Alors oui, ça va… Par exemple, pour mettre des mots sur les premiers sujets d'infertilité, l'endométriose, en a été un. Nous y avons mis en place un grand plan dès le début du quinquennat dernier. Nous devons aussi continuer sur le sujet de la capacité à s'occuper de ses enfants dès les premiers temps pour prolonger ce qui a été fait, notamment dans l'accompagnement des mille premiers jours mis en place lors du premier quinquennat, avec effectivement ce congé parental que nous allons réformer pour le transformer en congé de naissance qui sera plus court mais mieux rémunéré.

JEROME CHAPUIS
Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ? Parce qu'aujourd'hui, c'est 429 euros par mois, un an renouvelable, en fonction de l'âge, ça va… On se dirige vers quoi ?

PRISCA THEVENOT
Quelque chose de beaucoup plus court a priori et peut être six mois. Mais encore une fois, et là encore, il y a des débats qu'il faut avoir lieu et j'insiste sur cela.

JEROME CHAPUIS
Et l'objectif, c'est quoi ? C'est de ne pas trop éloigner les femmes de l'emploi... ?

PRISCA THEVENOT
Il est double, l'objectif. Effectivement, l'objectif est double, déjà de faire en sorte que celles et ceux qui ont envie de pouvoir y prétendre, y recourir, puissent le faire globalement. 428 euros - 429 euros, on va être honnête, c'est ça qui peut aussi être un énorme frein, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Et d'ailleurs, on le voit sur les dernières années, le taux de recours a été extrêmement réduit.

SALHIA BRAKHLIA
Mais on va l'augmenter à combien ?

PRISCA THEVENOT
Nous, c'est effectivement ça qu'on doit apprécier. On doit pouvoir l'apprécier au regard des différentes modalités et notamment la durée. Et ensuite, c'est vrai que rester trop longtemps éloignés du marché de l'emploi finit par créer des fractures.

JEROME CHAPUIS
La France a besoin d'une politique nataliste ?

PRISCA THEVENOT
Appelez-la comme vous voulez. Je pense que la France a besoin d'être un pays où on est capable de se projeter et c'est vrai que quand le désir d'enfant est là et encore une fois, quand le désir d'enfant est là, il doit pouvoir se faire sereinement dans un cadre qui permet effectivement de mettre en œuvre ce désir d'enfant.

JEROME CHAPUIS
Il y a, puisqu'on parle des enfants, parmi les longues séquences hier soir à la télévision, l'école, bien sûr, le président de la République a dit par exemple souhaiter que le théâtre devienne un passage obligé au collège. Il veut l'instauration d'une cérémonie de remise des diplômes dans le secondaire et la généralisation du service national universel pour le niveau de la classe de seconde. Tout ça, ce sont des nouveautés, à partir de quand ? De la rentrée prochaine 2024 ?

PRISCA THEVENOT
Alors, sur le sujet de la place du théâtre et de la culture en général, encore une fois, oui, nous allons continuer à aller toujours plus fort sur ce domaine-là, mais ce n'est pas nouveau. Nous avons été ceux qui avons mis en place le Pass Culture, souvenez-vous, expérimenté d'abord dans 10 territoires, puis généralisé et qui a fait ses preuves alors qu'à l'époque on nous disait : "Ça ne marchera pas". Nous devons aller plus loin.

SALHIA BRAKHLIA
Mais sur la généralisation du SNU par exemple…

PRISCA THEVENOT
Et sur la généralisation du SNU, je vous le dis aussi en tant qu'ancienne secrétaire d'État à la jeunesse au SNU, oui, c'était une des préconisations que j'avais faite, mais une préconisation que j'avais faite sur la base du programme connu du président Emmanuel MACRON en 2017 et également du travail déployé fait aussi bien par Gabriel ATTAL que Sarah El HAÏRY.

JEROME CHAPUIS
Donc, ce sera effectif quand cette généralisation ?

PRISCA THEVENOT
Alors, sur ce point-là, de façon extrêmement claire, nous devrons a priori passer par la loi. Donc, là aussi, il faudra aller devant le Parlement, à l'Assemblée nationale et au Sénat pour décrire l'entièreté des modalités. Mais, je dois le dire de façon assez transparente, je suis ravie que cette annonce ait été faite, puisqu'il vient aussi clarifier le travail qui a été fait de, par de… depuis de nombreuses années, et notamment au cours des dernières semaines, par une équipe formidable qui était la mienne jusque-là.

SALHIA BRAKHLIA
Mais en cette période difficile pour l'économie française, ça a coûté combien la généralisation du SNU ?

PRISCA THEVENOT
Alors, sur les dernières recommandations que j'avais faite et que j'avais transmises, on est sur deux milliards d'euros. N'ayons pas peur des mots et je ne suis pas là pour cacher les choses. On parle d'une politique de prévention et c'est ainsi que je…

JEROME CHAPUIS
On cherche douze milliards pour l'année prochaine.

PRISCA THEVENOT
D'économie.

JEROME CHAPUIS
D'économie.

PRISCA THEVENOT
Vous savez, je vais reprendre les termes d'un ancien ministre du Budget qui est aujourd'hui un Premier ministre, Gabriel ATTAL, qui disait : "Nous devons économiser là où on peut et investir là où on doit". Est-ce qu'investir dans notre jeunesse capable d'être fière et de se retrouver dans les valeurs communes qui sont les nôtres en tant que Françaises et Français, d'être fiers des rites Républicains, d'être fiers des symboles que nous portons et de rappeler cette nécessité de l'ordre et de l'autorité ? Encore une fois, ordre et autorité ne veut pas dire sévérité, mais ordre et autorité. Est-ce que c'est grave ? Je pense que c'est notamment important au regard des défis qui sont les nôtres sur la scène européenne, sur la scène internationale, mais aussi à l'échelle nationale.

JEROME CHAPUIS
Toujours en rapport avec l'école, Emmanuel MACRON, on va dire balayé la polémique Amélie OUDEA-CASTERA lors de la conférence de presse. Il a dit qu'il était indulgent à son égard puisqu'elle avait regretté ses propos. Reste que sur cette affaire, vous aviez dit chez nos confrères de France Inter avant hier, que vous ne saviez pas si la ministre avait menti concernant les raisons de la scolarisation de son enfant dans le privé. Est-ce que vous le savez aujourd'hui ?

PRISCA THEVENOT
Et je le redis, comme je vous le disais, comme je l'ai dit à vos confrères et la phrase est plus longue et je pense que c'est important : Je ne sais pas parce que ce n'est pas mon sujet. Je n'ai pas été... Ce n'est pas mon enjeu. L'enjeu, c'est qu'effectivement, le Gouvernement, l'enjeu, effectivement, c'est qu'il y ait eu…

SALHIA BRAKHLIA
Vous êtes porte-parole du Gouvernement et la polémique qui touche la ministre de l'Education nationale…

PRISCA THEVENOT
Non mais encore une fois, l'enjeu, effectivement, c'est qu'il y a eu une maladresse. Est-ce que cette maladresse a blessé ? Oui. Est-ce que la ministre s'en est excusée, s'en est expliquée ? Oui.

JEROME CHAPUIS
Elle ne s'en n'est pas excusée.

PRISCA THEVENOT
Et d'ailleurs, si, elle s'en est… Si…

JEROME CHAPUIS
Individuellement auprès de…

PRISCA THEVENOT
Elle s'en est, excusez-moi, elle s'en est excusée auprès des personnes qui ont été blessées et je pense que c'est ça le plus important. Et notamment, je crois que ce matin, elle était auprès de vos confrères sur notre chaîne en matinale aussi, et elle a pu y revenir. Hier au sein de l'hémicycle, elle a eu une question au Gouvernement sur ce sujet et elle a pu y revenir. Maintenant, est-ce que, et je le redis ici, comme je l'ai dit lundi, l'enjeu c'est de parler en permanence d'Amélie OUDEA-CASTERA, ce qui est intéressant et très bien au regard de son parcours, mais ou de parler…

JEROME CHAPUIS
Non, ce qui est important, c'est que la ministre de l'Education et ses interlocuteurs, notamment, enfin, les syndicats parlent de confiance rompue. Comment est-ce qu'on fait pour renouer la confiance ?

PRISCA THEVENOT
Moi, ce que je note surtout, c'est que cette maladresse et je reprécise ce mot, cette maladresse, a permis d'ouvrir un sujet…

SALHIA BRAKHLIA
Ce n'est pas un mensonge pour vous ?

PRISCA THEVENOT
C'est une maladresse.

SALHIA BRAKHLIA
Même s'il y a eu le témoignage de la prof en question qui a dit : "Mais moi, je n'ai jamais été absente", pour vous, ce n'est pas du tout un mensonge ?

PRISCA THEVENOT
C'est une maladresse et je crois, sauf erreur de ma part, mais j'étais en train de venir ici, qu'en plus elle s'est exprimée sur cette séquence. Maintenant, est ce que le sujet c'est de continuer à parler de ça ? Mais on peut le faire, je suis à votre disposition…

SALHIA BRAKHLIA
Non, le sujet de fond aussi derrière tout ça…

PRISCA THEVENOT
Ou de regarder, merci, ou de parler du sujet derrière tout ça…

SALHIA BRAKHLIA
La différence entre le privé et le public parce que ça vient de là, en fait, cette polémique. Aujourd'hui, le privé est financé à 75 % par l'État et les collectivités. Est-ce que c'est trop ?

PRISCA THEVENOT
Le sujet de fond, derrière tout ça, ce n'est pas de recréer une guerre sempiternelle entre le public et le privé. Ce n'est pas ça le sujet, le sujet derrière tout ça, je suis désolé de le dire comme je le pense en tant que maman d'un enfant de deux enfants, de sept et neuf ans, le sujet derrière tout ça, c'est les heures de cours non remplacés, ces fameux quinze…

SALHIA BRAKHLIA
La question du privé, aussi Prisca THEVENOT, parce que vous connaissez les critiques qui sont adressés envers le privé, il y a la question de la mixité sociale, notamment quand l'État finance à hauteur de 75 % les établissements privés. Est-ce qu'il faut demander davantage de mixité sociale à ces établissements privés ? Accepter davantage d'élèves boursiers par exemple ? Est-ce que ce n'est pas le rôle de l'État de faire ça ?

PRISCA THEVENOT
Mais certains établissements le font déjà, et je peux le dire de façon très claire.

SALHIA BRAKHLIA
Pas assez, vous le savez, vous connaissez les chiffres.

PRISCA THEVENOT
Je le sais effectivement, vous avez raison parce que j'ai été moi-même dans des écoles privées sous contrat. J'ai fait toute ma scolarité à Stains, à Paul Langevin, comme ça vous pouvez aller regarder à Stains en école maternelle, ensuite à Stains, toujours à Pablo Neruda au collège et puis ensuite au lycée. J'ai été en enseignement privé sous contrat à Jean-Baptiste de la Salle, à Saint-Denis.

SALHIA BRAKHLIA
Et vous étiez boursière ?

PRISCA THEVENOT
Et je n'étais pas boursière mais on ne peut pas dire non plus que mes parents gagnaient des fonds, des sommes… Non, mais attendez, il y a une différence. Excusez-moi, attendez, non, c'est extrêmement important.

SALHIA BRAKHLIA
Oui, c'est important, d'où les questions.

PRISCA THEVENOT
Ce n'est pas parce qu'on n'est pas boursier qu'on ne fait pas partie de cette fameuse classe moyenne qui a toujours l'impression effectivement de gagner trop pour être aidée et pas assez pour y vivre correctement. Non, je n'ai pas été boursière. Je suis enfant unique de deux parents qui ont toujours travaillé très dur dans leur vie. Mais effectivement, on habitait à Stains et on n'avait pas une vie qui se prête à se dire qu'on avait une vie extrêmement aisée et facile. Et pourtant, j'ai été en école, en école privée sous contrat. Donc est-ce que je peux dire qu'il n'y avait pas de mixité sociale dans mon établissement scolaire ? Non. J'en suis la preuve vivante. En revanche, est-ce qu'il faut que nous puissions adresser l'entièreté des sujets qui pèsent aujourd'hui sur l'école publique, à raison des heures non remplacées ? Oui, et c'est bien ce que nous avons commencé à faire dès 2017 avec les absences de longue durée et que nous poursuivons à faire sur les absences de courte durée. N'opposons pas école publique et privée.

JEROME CHAPUIS
La porte-parole du Gouvernement, Prisca THEVENOT, est avec nous jusqu'à 9 h sur France Info. On vous retrouve dans une minute, juste après le fil info. Maxime GLORIEUX.

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SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec Prisca THEVENOT, porte-parole du Gouvernement. Rachida DATI, candidate à la mairie de Paris en 2026, elle l'a confirmé ce matin. Nouvelle ministre de la Culture. Si on fait un calcul rapide, en comptant la campagne pour les municipales en 2026, elle va rester donc ministre pendant 2 ans. Ça donne quel signal, en fait, au monde de la culture ?

PRISCA THEVENOT
Alors, vous venez de faire une nouvelle information que je n'avais pas à ma disposition. Mais merci. Je ne sais pas si elle va rester ministre 2 ans. Je ne sais pas si je vais rester ministre 2 ans. Attendez, je pense que les choses ont montré qu'effectivement les gouvernements pouvaient aussi être renouvelés, et c'est plutôt sain et serein. Maintenant…

JEROME CHAPUIS
Mais ce que l'on sait, en revanche, c'est qu'elle n'en a pas parlé avec le président, parce que le président a dit hier qu'il n'avait pas parlé de la mairie de Paris avec Rachida DATI.

PRISCA THEVENOT
Exactement. Maintenant, ce que l'on sait, ce sont deux choses extrêmement importantes. C'est d'une, le président y a répondu hier soir, ils n'ont pas eu cette discussion ensemble et elle…

SALHIA BRAKHLIA
Dans le sens, il n'y a pas eu d'arrangement entre elle et le président de la République.

PRISCA THEVENOT
Ça a été dit ainsi, et ils n'ont pas eu ce sujet en fait. Donc, si le sujet n'est pas posé, excusez-moi, mais les développements ne sont pas existants non plus.

JEROME CHAPUIS
Pardon, ça pose une question d'autorité, parce qu'un ministre qui se présente comme ça à une élection aussi importante, sans même en parler au chef de l'État, c'est assez inédit.

PRISCA THEVENOT
Mais pardon, ce n'est pas inédit. Mais, que Rachida DATI soit une femme libre, engagée et d'action, on n'est pas en train de découvrir quelque chose. On ne va pas se dire que le feu ça brûle et l'eau ça mouille, là. Et je trouve ça plutôt heureux qu'on ait une femme qui revendique sa liberté, dans un monde qui en a justement plus que besoin, et que cette liberté soit respectée. Et je parle bien évidemment du monde de la culture.

SALHIA BRAKHLIA
Sauf que, vous me voyez venir, quand même, Prisca THEVENOT, la suite de la question, c'est : elle est ministre sous un gouvernement d'Emmanuel MACRON aujourd'hui. Il y a les élections en 2026, elle va se présenter sous quelles couleurs ?

PRISCA THEVENOT
Je vais me permettre de citer ma maman. J'aime bien la citer. "Chaque chose en son temps". Vous savez…

SALHIA BRAKHLIA
Non, mais vous souhaitez qu'elle prenne les couleurs de la majorité ?

PRISCA THEVENOT
Vous savez, d'ici 2 ans, vous savez ce qui peut se passer ? Regardez 2 ans derrière nous ce qui s'est passé. Tout peut se passer. L'enjeu que j'ai…

SALHIA BRAKHLIA
... candidate, dit comme ça, ce serait une bonne candidate, Rachida DATI ?

PRISCA THEVENOT
En tout cas, c'est une collègue que j'ai plaisir à découvrir, avec qui j'ai plaisir à rencontrer. C'est vrai qu'a priori, on n'aurait jamais dû se rencontrer et échanger toutes les deux, parce que nous avons des parcours différents, même si nous avons une histoire personnelle qui peut prêter à parallélisme, et je suis ravie d'apprendre à la découvrir. Et ce que je prends plaisir à voir, c'est qu'elle garde sa liberté. Parce que cette liberté, nous en avons besoin, cette liberté de parole, cette liberté d'action, et c'est ça qui est important aujourd'hui pour moi.

JEROME CHAPUIS
Dans vos attributions, Prisca THEVENOT, il y a le renouveau démocratique. Vous nous confirmez que l'élection à Paris, à Lyon et à Marseille, se fera avec un nouveau mode de scrutin en 2026 ?

PRISCA THEVENOT
Je vous confirme que c'est un souhait, effectivement, qui a été rappelé hier par le président de la République lui-même. Parce que oui, il est quand même assez étonnant que les Parisiens, les Marseillais, les Lyonnais, ne votent pas directement pour leur maire.

JEROME CHAPUIS
Tripatouillage électoral, dit Anne HIDALGO.

PRISCA THEVENOT
Non.

JEROME CHAPUIS
Et son entourage.

PRISCA THEVENOT
Oui, d'accord. Super. Maintenant, oui, eh bien j'aimerais, moi…

JEROME CHAPUIS
C'est important tout de même.

PRISCA THEVENOT
HIDALGO, avant qu'elle vienne commenter les phrases des uns et des autres, j'aimerais qu'elle s'occupe de sa ville. Elle est en responsabilité et je le dis en étant moi-même aux responsabilités au Gouvernement, occupons-nous de faire des actions, plutôt que de commenter les phrases des uns et des autres. Et ça, vraiment, je pense que les Parisiens l'attendent de manière assez ferme. Maintenant, de façon très claire, sur la loi que vous venez effectivement de mentionner, eh bien ça va être une loi. Donc le Parlement devra se prononcer. Et effectivement, c'est une loi qui a été notamment énormément poussée et travaillée par le président du groupe de la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale, Sylvain MAILLARD. Et donc il faudra bien suivre ces débats.

SALHIA BRAKHLIA
La Réunion et l'île Maurice, traversées par le cyclone Belal. Des pluies torrentielles ont provoqué des inondations sur les deux îles, trois morts, des sans-abris, à La Réunion, au moins deux morts à Maurice. Gérald DARMANIN est sur place à La Réunion, à Saint-Denis-de-la-Réunion. Si je ne me trompe pas, vous avez aussi de la famille, vous, à Maurice.

PRISCA THEVENOT
Oui, oui, je suis franco-mauricienne, effectivement. Et sur les premiers temps, on a été extrêmement concentré sur l'île de La Réunion, puisque le cyclone, sur sa trajectoire, devait à peu près épargner, enfin, c'est ce qui avait été dit, épargner l'île Maurice, et force est de constater que l'île sœur a été, comme on l'appelle, aussi extrêmement frappée. Donc bien évidemment, toutes mes pensées aux deux îles, que ce soit La Réunion et l'île Maurice. Gérald DARMANIN est arrivé ce matin ou est en train d'arriver à La Réunion aujourd'hui, déjà pour remercier et saluer le travail qui a été fait par toutes les forces présentes, aussi bien les sapeurs-pompiers, mais les services déconcentrés de l'État aussi. 2 000 sapeurs-pompiers mobilisés dès ce week-end, mais également aussi se tenir prêt à venir en renfort de l'île Maurice s'il y en a besoin.

SALHIA BRAKHLIA
L'État s'engage à aider au plus vite à la reconstruction ?

PRISCA THEVENOT
Oui, tout à fait. Le ministre de l'Intérieur pourra se prononcer très rapidement dessus, une fois qu'il aura effectivement pu échanger avec l'ensemble des forces en présence sur l'île. Sauf erreur de ma part, en connaissant très bien ce vol, je pense qu'il est en train d'arriver où il est en train d'atterrir.

JEROME CHAPUIS
Mais il y a du soulagement quand même, pour ce qui concerne La Réunion, il y a évidemment…

PRISCA THEVENOT
Il y a trois morts…

JEROME CHAPUIS
Il y a trois morts, il y a des victimes, mais compte tenu de l'ampleur de ce cyclone, est-ce que vous diriez qu'on a appris quand même du passé en termes de culture de risques ?

PRISCA THEVENOT
Oui, tout à fait. Il y a trois morts effectivement, mais le bilan aurait pu être bien plus lourd au regard de l'intensité de ce cyclone. Maintenant, effectivement, nous apprenons de nos expériences, nous apprenons de ce qui a pu se passer sur les années précédentes. Mais n'oublions pas quand même de saluer la résilience, effectivement, aussi bien des Réunionnais, nos compatriotes, que des Mauriciens. Parce que nous sommes en saison cyclonique et nous avons l'air de découvrir, sans offense, un peu ces phénomènes ici, en Hexagone, mais en fait, eux sont extrêmement préparés. Quand on explique que tout de suite les alertes sont lancées, ils se préparent, ils se calfeutrent, ils préviennent, ils s'organisent. Et c'est ça aussi qui a souligné cette capacité de résilience à faire bloc contre des choses sur lesquelles nous n'avons pas la main.

JEROME CHAPUIS
Merci beaucoup Prisca THEVENOT.

PRISCA THEVENOT
Merci.

JEROME CHAPUIS
Porte-parole du Gouvernement, ministre déléguée chargée du Renouveau démocratique. Vous étiez l'invitée de France Info ce matin.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 janvier 2024