Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT
C'est l'heure de retrouver En toute franchise. Adrien GINDRE reçoit ce matin Christophe BECHU.
ADRIEN GINDRE
Bonjour Christophe BECHU.
CHRISTOPHE BECHU
Bonjour Adrien GINDRE.
ADRIEN GINDRE
Ministre de la Transition écologique. Vous allez être confronté dans les prochains jours à la grogne des pêcheurs : à partir de lundi, pêche partiellement interdite dans le golfe de Gascogne. L'objectif, c'est de sauver des dauphins. Le problème bien sûr, ce sont les conséquences économiques pour la filière. Quelles aides ces pêcheurs vont-ils toucher exactement ?
CHRISTOPHE BECHU
Des aides qui vont varier entre 80 et 85% du chiffre d'affaires pour tous les bateaux de plus de 8 mètres qui sont concernés par cette interdiction de pêche pendant un mois pour sauver les dauphins et les marsouins, puisqu'on a atteint des niveaux de perte beaucoup trop élevés qui menacent la survie de l'espèce.
ADRIEN GINDRE
C'est une annonce que vous nous faites donc ce matin, ces précisions. Dans quel délai toucheront-ils ces aides ?
CHRISTOPHE BECHU
Aussi rapidement que possible. On a saisi la Commission européenne qui nous a donné un accord de principe. Il faut maintenant qu'on finisse de valider tout ça. On aura des précisions à apporter dès la semaine prochaine.
ADRIEN GINDRE
Vous avez parlé des pêcheurs, il y a également la question des mareyeurs, ceux qui transforment le poisson une fois qu'il arrive à terre. Ils vont aussi être directement touchés par les conséquences de cette interdiction. Pour eux, est-ce qu'il y aura exactement le même dispositif ?
CHRISTOPHE BECHU
Le gouvernement va évidemment pas seulement être aux côtés des pêcheurs, il va l'être de toute la filière et donc de l'aval. Pour les mareyeurs, ce ne sera pas sur la base du chiffre d'affaires, ce sera sur leur excédent brut d'exploitation qu'on fera en sorte de les accompagner, jusqu'à 75% de leurs pertes. Donc on va vraiment accompagner la filière, on veut garder une filière de pêche française et la concilier avec des impératifs de préservation de la biodiversité.
ADRIEN GINDRE
Un mois d'interdiction, ça veut dire que pendant un mois, on ne pêche pas dans le golfe de Gascogne pour certains bateaux et vous l'avez rappelé. Comment on va obtenir ce poisson ? On va importer du poisson ailleurs, d'autres zones de l'étranger ?
CHRISTOPHE BECHU
D'abord, cette interdiction ne sera pas que pour les bateaux français, elle sera pour tous les bateaux. Le gouvernement espagnol a joué le jeu après qu'on l'ait contacté et il y aura des contrôles pour s'assurer que personne ne vient avec d'autres pavillons venir pêcher dans cette zone. 2/ Ça ne concerne pas tous les bateaux. C'est environ un tiers de la flotte de ce golfe de Gascogne. Il y a d'autres zones de pêche dont la Méditerranée, en mer du Nord, mais il faut qu'on soit très clair. Les deux tiers des poissons qui sont consommés par les Français, on les importe déjà. Donc défendre une filière de pêche, c'est à la fois une façon de préserver notre souveraineté alimentaire et c'est limiter nos importations. Évidemment, le caractère négatif de cette fermeture, c'est que ça risque d'augmenter la part d'importation. Je le redis, on a des enjeux économiques et on a des enjeux écologiques pour éviter aussi la surpêche. Ailleurs dans le monde ou dans certaines zones, il faut qu'on soit beaucoup plus respectueux de notre planète. Ça n'est pas pour ça qu'on ne doit pas être à l'écoute de ceux qui subissent une partie de ces conséquences.
ADRIEN GINDRE
Et on a entendu vos annonces très importantes ce matin pour les pêcheurs qui nous regardent. Votre ministère est très large, vous êtes également attendu sur la question du leasing social. Pour le dire simplement, c'est un dispositif du gouvernement qui permet d'avoir accès à prix réduit à des voitures électriques. Combien de demandes avez-vous reçues ? Il y a dix jours, c'était 80 000 demandes. On en est à combien aujourd'hui ?
CHRISTOPHE BECHU
On a environ 90 000 demandes qui se sont matérialisées sur une plateforme de pré-réservation. Au-delà de cette plateforme, cette plateforme elle a ventilé vers les loueurs, les demandes des Français. Et la première voiture électrique, les clés ont été remises hier et donc les choses vont se poursuivre.
ADRIEN GINDRE
Ça y est. Donc le leasing commence, la première voiture a été remise.
CHRISTOPHE BECHU
C'est parti. L'engagement pris par le président de la République de dire " il y aura un leasing social à 100 euros " qu'il avait fait pendant sa campagne, c'est effectif depuis hier aujourd'hui. On a 25000 véhicules. Pourquoi ? Parce qu'on a décidé de faire en sorte de réserver ce bonus à des véhicules qui sont construits en Europe, pour ne pas utiliser de l'argent public pour financer des véhicules chinois fabriqués dans des usines avec du charbon. Il faut de la cohérence économique et écologique.
ADRIEN GINDRE
Si vous avez 90 000 demandes et 25 000 véhicules disponibles, que va-t-il se passer ? Pourrez-vous aller au-delà de ces 25 000 ?
CHRISTOPHE BECHU
Ce que je suis en mesure de vous dire Adrien GINDRE, ce matin, c'est que nous sommes en train de regarder comment aller au-delà des 25 000 véhicules compte tenu du succès de cette réservation. Et donc, on regarde avec les constructeurs si on peut faire 30, 35, 40 000 véhicules pour mieux répondre aux demandes des Français qui sont éligibles, qui doivent cumuler deux critères : faire partie des 50 % les plus modestes et faire plus de 8 000 kilomètres par an.
ADRIEN GINDRE
Puisque 25 000 voitures sont potentiellement disponibles, est-ce qu'on peut considérer que ce matin, 25 000 demandes sont d'ores et déjà acceptées parmi les 90 000 ?
CHRISTOPHE BECHU
Il y aura évidemment 25 000 acceptations de demandes. On est maintenant en train de travailler pour savoir si on ne peut pas en faire davantage.
ADRIEN GINDRE
Les premières livraisons, vous avez dit, ont donc commencé hier si j'ai bien compris. Quand est-ce qu'on aura l'intégralité de ces 25 000 livraisons ?
CHRISTOPHE BECHU
Il faut comprendre que nous, gouvernement, on finance le dispositif, on assure la mise en relation mais ensuite, celui qui fait sa demande, il est directement connecté au constructeur dont il a choisi le modèle.
ADRIEN GINDRE
C'est l'accord des constructeurs, le délai.
CHRISTOPHE BECHU
Exactement. Maintenant, c'est le délai de livraison et c'est constructeur par constructeur, je dirais Français par Français ayant fait cette demande que les choses vont se faire.
ADRIEN GINDRE
Une réflexion. Vous allez faire du leasing social pour que la voiture électrique soit plus accessible et en même temps, on l'a vu dans le journal, augmenter les prix de l'électricité. On est d'accord ?
CHRISTOPHE BECHU
Ce n'est pas tout à fait ça, il faut être très clair. Au moment de la guerre en Ukraine, la fiscalité sur l'électricité, elle a été divisée par 30. On est passé de 32 euros à 1 euro en termes de taxes sur l'électricité. On remonte ce niveau mais on ne revient pas au niveau qui était celui de l'avant-Ukraine. Et cette fiscalité, elle sert à quoi ? Elle sert à ce qu'on puisse continuer à décarboner notre production d'électricité. À ce qu'on puisse faire en sorte de consommer moins de fossiles, de produire davantage d'électricité et de soutenir la filière du renouvelable et du nucléaire. Autrement dit, qu'on retrouve une maîtrise sur l'énergie.
ADRIEN GINDRE
Vous reconnaîtrez que ce n'est quand même pas très intuitif de se dire « il faut passer à l'électrique mais ça va vous coûter plus cher en électricité ».
CHRISTOPHE BECHU
Il faut bien comprendre une chose, il y a un enjeu écologique majeur. Faire en sorte de se désaccoutumer du pétrole et du gaz parce que ça participe au réchauffement de notre planète et ça génère des factures qu'on ne voit pas. C'est les dérèglements climatiques, c'est les catastrophes, c'est l'ensemble de ces difficultés. Et puis, il y a retrouver la maîtrise de notre destin parce qu'on n'a jamais été souverain dans le domaine de l'énergie. Et donc cet argent, il sert aussi à financer une filière.
ADRIEN GINDRE
Justement Christophe BECHU, cette question de l'énergie dans le nouveau gouvernement, ça fait débat. Qui va par exemple avoir la tutelle sur les administrations en charge de l'énergie et du climat ? Qui va représenter la France aux prochaines COP où on parlera d'énergie ? C'est vous ou c'est Bruno LE MAIRE ?
CHRISTOPHE BECHU
Ce sont des sujets que nous allons nous partager. Je peux même vous faire la confidence suivante : quand je sors de ce plateau, je me rends au ministère de l'Environnement pour présider une réunion du Conseil national de la transition écologique qui va accueillir Bruno LE MAIRE pour que nous puissions discuter avec l'ensemble de l'écosystème…
ADRIEN GINDRE
De la répartition des tâches.
CHRISTOPHE BECHU
Exactement. Il y a la production d'énergie qui naturellement relève de Bercy, et puis il y a la sobriété, l'efficacité énergétique, le leasing qui resteront à l'Environnement.
ADRIEN GINDRE
Un dernier mot très rapidement, Christophe BECHU. Il y a également la capacité qu'on a ou pas à s'adapter à ce qui change. On parlait tout à l'heure de l'alerte tsunami, l'entraînement, l'exercice dans le pourtour méditerranéen. Vous aviez évoqué après les inondations dans le Pas-de-Calais le fait que l'on puisse rendre des zones inhabitables. C'est toujours d'actualité ?
CHRISTOPHE BECHU
Je vais retourner dans le Pas-de-Calais dès la semaine prochaine. Le sujet, il est très simple : c'est de ne pas être dans le déni, c'est de regarder les zones qui ont été inondées et de savoir si on doit modifier nos périmètres de zones inondables dans lesquelles on ira vers des interdictions de délivrance de permis de construire, voire vers des dispositifs d'indemnisation de ceux qui sont concernés. C'est un travail qu'il ne faut évidemment pas faire sur un plateau de télé, mais avec un certain nombre d'experts et des populations. Donc je vous le dis, je retourne dès le début de la semaine rencontrer l'ensemble des élus là-bas pour travailler sur ce sujet notamment.
ADRIEN GINDRE
Merci Christophe BECHU. La suite, c'est avec vous, Bruce.
BRUCE TOUSSAINT
Merci beaucoup à tous les deux.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 janvier 2024