Texte intégral
Monsieur le secrétaire général,
Mesdames et messieurs les directeurs d'administration centrale,
Madame la cheffe de l'IGESR,
Mesdames et messieurs les recteurs de région académique,
Mesdames et messieurs les recteurs,
Monsieur le préfet, cher Christian Abrard,
Mesdames et messieurs les Secrétaires généraux de région académique et d'académie,
Mesdames et messieurs les inspecteurs d'académie, directeurs académiques, et directeurs académiques adjoints, des services de l'Éducation nationale,
Mesdames et messieurs les DRAJES,
Mesdames et messieurs,
Nous avons devant nous des chantiers qui peuvent changer la vie de nos élèves, de nos enseignants, de nos personnels.
Pour notre jeunesse et pour l'école, le cap est clair. Il a été défini par le président de la République, décliné et déployé par le Premier ministre, dont je veux saluer l'action à la tête de ce ministère. Ce cap, ce matin, je voudrais en partager avec vous à la fois le fond et la méthode, pour l'atteindre.
Après les architectes, vient le moment des bâtisseurs, pour ceux qui à la métaphore marine, préfèrent celle de la terre et de la pierre. Nous sommes à pied d'oeuvre. Bâtir. Passer des mots en actes. Passer des plans à l'édifice, de manière concrète, robuste, durable.
C'est pourquoi nous devons être tout entiers dans le présent, concentrés sur la tâche que nous avons à accomplir, et vous le savez mieux que quiconque ; elle est grande, elle est noble, elle est immense, à la mesure de votre expertise, de vos compétences, de votre engagement - qui est parfois celui de toute une vie.
Ma méthode pour conduire cette feuille de route est simple : donner du sens ; de la clarté ; de l'énergie.
Du sens. Le sens de la responsabilité d'abord. Surmonter les tabous, les divisions, parfois les découragements et toujours renforcer ce lien de confiance entre les Français et leur école, pour permettre à nos enfants de s'instruire, de se construire, de réussir et de s'épanouir.
Le sens de l'urgence. Car nous sommes très attendus, par les élèves, par leurs parents, par toute la communauté éducative. Et pour nos élèves, chaque trimestre, chaque semestre, chaque mois, chaque semaine compte.
Clarté ensuite. Clarté d'une feuille de route qu'il nous faut désormais décliner. Des chemins restent à construire, et nous devons déployer tous nos objectifs avec un calendrier précis.
Clarté des rôles et des responsabilités : chacun d'entre nous a un rôle précis à jouer à son niveau, au bon moment, ni trop, ni trop peu. Cette lisibilité, ce collectif, cette structure sont une force de nos administrations et une condition de notre succès.
Clarté de la méthode. Pour chaque problème, pour chaque projet : un diagnostic, une solution, un calendrier et une déclinaison opérationnelle, jusqu'au dernier kilomètre de nos territoires.
Energie enfin. Je l'évoquais, cette énergie des bâtisseurs, énergie de ceux qui font, énergie de ceux qui mettent en mouvement, qui ne sont pas dans l'incantation, qui ont envie, vraiment envie d'améliorer le réel.
Energie de ceux qui ne visent qu'un objectif : le résultat pour les élèves. Académique bien sûr, mais pas que. Un résultat aussi en termes de bien-être, d'accomplissement, d'épanouissement.
Energie de ceux qui ont la fierté de s'engager pour la plus belle des causes, celle de l'école et de la jeunesse.
Energie enfin, de ceux qui travaillent ensemble. Je serai là, avec vous, avec vos équipes, au contact du terrain, aux prises avec toutes les difficultés, pour les résoudre. Et si je crois profondément à la subsidiarité, c'est parce que j'ai confiance dans le fait que chacun, à son niveau, a la capacité de faire la différence. A fortiori, quand il s'agit de la vie et du futur d'un élève.
Sachez-le, pour moi, l'art de la mise en oeuvre, l'art de l'exécution n'est pas un art mineur. C'est un art majeur qui parfois manque à nos politiques publiques. Nous avons une dizaine de chantiers à conduire pour les rentrées 2024 et 2025. Nous devons réussir ces grands projets, pour l'école, pour le pays, pour la nation.
Mon souhait le plus cher est que dans 6 mois, nous puissions nous dire : « on l'a fait ». On l'a fait, élever l'exigence à tous les étages. On l'a fait, renforcer l'attractivité du métier d'enseignant et de tous ceux qui font le service public de l'éducation. On l'a fait, bâtir cette école de l'épanouissement républicain, ce lieu où l'on se sent bien, un lieu préservé de toute violence, de toute peur, et de toute discrimination. Un espace où l'on porte la même attention à tous les parcours et où l'on fait grandir tous les talents.
Alors, je le disais, le premier fondement de notre plan d'action c'est l'exigence.
L'exigence sur les savoirs. Mais aussi l'autorité des professeurs. Car les deux sont inséparables. Pas de vie de classe, pas d'écoute, donc pas d'apprentissage possible sans autorité du professeur. Le professeur sait noter ; c'est donc sa notation que l'on respectera. Le professeur sait juger, apprécier si l'élève doit redoubler ; c'est donc lui que nous écouterons.
Et ce concept d'autorité il vaut aussi pour vous, les recteurs, qui portez la déclinaison territoriale de notre politique éducative ; pour vous, les DASEN, quand par exemple vous prenez des décisions d'affection ; pour les chefs d'établissement, par exemple lorsqu'ils expliquent aux parents d'élèves que son enfant ne sera pas dans le meilleur groupe de niveaux, mais qu'il pourra y accéder s'il travaille et s'il progresse.
Pour élever le niveau de nos élèves, nous disposons d'un premier levier : le « choc des savoirs ». Caroline Pascal et Edouard Geffray y reviendront après mon intervention. Je sais tout l'effort que vous avez déjà mis sur le primaire, là où les destins commencent à se jouer. Nous avons déjà des premiers résultats. Aujourd'hui, les évaluations nationales à l'entrée en 6e conduites à la rentrée 2023 montrent que les performances s'améliorent, + 3 points en français ; + 2 points en mathématiques par rapport 2017. Ces résultats ne sont pas le fruit du hasard, mais de votre investissement. Nous devons poursuivre avec la saisine du Conseil Supérieur des Programmes avant la fin janvier pour l'ensemble des travaux du CM1 à la 3ème, qui seront applicables dès la rentrée 25 ; nous devons poursuivre avec la labellisation dès cette année des manuels de lecture et de mathématiques de CP et CE1 ; nous devons poursuivre le déploiement anticipé de la méthode dite « de Singapour » en mathématiques. Je vous demande aussi de conduire avec détermination le « plan maths » ; et le « plan français », dans le primaire, dans toutes les circonscriptions.
Cet effort évidemment doit se prolonger au collège. Soyons lucides : il y a un problème au collège, notamment en mathématiques. Les derniers résultats PISA nous montrent qu'il faut agir vite, fort : nos élèves perdent 21 points en 10 ans.
C'est pourquoi sans attendre, je vous demande, pour les élèves de 3e, de mobiliser plusieurs dispositifs pour renforcer l'enseignement des mathématiques dès ce dernier semestre de l'année scolaire. Pour cela, vous disposez du programme « devoirs faits » qui doit prioriser cette discipline pour les élèves. Vous disposez aussi des épreuves blanches du DNB, que je vous demande d'organiser systématiquement à minima en mathématiques. Appuyez-vous aussi sur les outils que la DGESCO a mis à votre disposition sur le site Eduscol. Partagez-les avec vos professeurs de mathématiques.
Et pour ceux qui le souhaitent, invitez-les à organiser, sur les petites vacances de février et de printemps, ainsi que cet été, des stages de réussite dédiés aux mathématiques et aux sciences pour les élèves de 3ème. Il y a une urgence en mathématiques aujourd'hui. Nous sommes confrontés aujourd'hui à une urgence en mathématiques. Pour tous nos élèves, et singulièrement pour nos jeunes filles. Nous devons y répondre. C'est la première de nos urgences.
L'autre combat, qui se prépare dès aujourd'hui, c'est la mise en place des groupes de niveaux dans tous les établissements en 6ème / 5ème à la rentrée 24, et en 4ème / 3ème à la rentrée 25. L'arrêté doit être présenté au CSE du 6 février. Je sais qu'il y a des inquiétudes sur le terrain, mais il y a aussi de vraies réussites déjà - j'étais ce mardi dans la Marne au collège Pierre Souverville qui a expérimenté, avec beaucoup de succès, la mise en place de ces groupes de niveaux depuis la rentrée 2023. Je sais donc que vous saurez dissiper les doutes et accompagner ce déploiement, en lien avec la DGESCO. C'est une opportunité inédite pour nos élèves ! Soyons au rendez-vous.
Ce choc des savoirs, il ne doit laisser aucun élève sur le bord du chemin. C'est pour ça que nous devons renforcer leur accompagnement notamment à travers le dispositif « Devoirs faits », dans le cadre de l'accueil 8h/18h, que nous mettrons en place dans tous les collèges d'éducation prioritaires à la rentrée 24.
Mais aussi à travers les dispositifs de remédiation qui, vous le savez, conditionneront désormais le passage en classe supérieure pour les élèves en difficulté.
Et enfin par la préfiguration de la « prépa lycée » dans une centaine d'établissements, pour les élèves volontaires à la rentrée 24, avec l'accord des parents.
Pour la mise en oeuvre de toutes les composantes du choc des savoirs, la méthode sera la suivante. A court terme, mesdames et messieurs les recteurs, je vous enverrai une lettre d'orientation. Il vous reviendra ensuite d'adresser aux inspecteurs et aux chefs d'établissements des lettres de missions individualisées, avec des objectifs chiffrés sur l'exigence de maîtrise des savoirs. Je vous attends sur ce pilotage fin, méthodique de nos objectifs pour que toute notre communauté éducative se mette en mouvement.
Et pour que la démarche vive au coeur de la classe, en donnant à chacun et d'abord à nos enseignants les bons points de repères pour ajuster et améliorer le dispositif chemin faisant, chaque professeur aura, à partir de septembre 2024, la photographie complète des résultats de ses élèves, de son établissement ou de son école, de son département et de son académie.
Pour faire réussir cette initiative, du « micro » au « macro », du « macro » au « micro », nous devons en même temps ajuster, améliorer notre organisation. Par-delà la préparation minutieuse de la rentrée 2024, à laquelle vous êtes déjà attelés, et que nous allons finaliser ensemble, j'ai vraiment à coeur que nous parvenions à traiter la question des absences non remplacées jusqu'au bout, et notamment celles de courte durée. Grâce au Pacte, mais aussi grâce au travail conduit sur le déploiement de la formation continue en académie, nous avons déjà réussi à réduire de 25 % les causes endogènes du non-remplacement. Il nous faut aller plus loin et résoudre ce problème dans toute sa complétude. Boris Melmoux-Eude aura l'occasion d'y revenir avec vous en milieu d'après-midi. Différents scénarii d'évolution de notre réponse sont aujourd'hui à l'étude. Et je proposerai au Premier ministre, dans les prochains jours, le dispositif le plus efficace pour atteindre cet objectif que, je crois, nous partageons tous.
Le second point du choc des savoirs s'incarne dans l'acte II du CNR, qui doit être plus que jamais celui de l'audace pédagogique. Comme j'ai pu en discuter avec le préfet Christian Abrard la semaine dernière, le CNR est plus que jamais au service de la réussite des élèves et de l'apprentissage des savoirs fondamentaux. 12 200 projets déposés ; 5000 validés ; près de 2 millions d'élèves en ont bénéficié.
Les objectifs que je vous fixe sont clairs : à chaque école ou établissement, son CNR. Appuyons-nous sur une communauté de porteurs, qui iront au contact des écoles et des établissements qui ne sont pas encore engagés. Distinguons 30 nouveaux projets à haut potentiel pédagogique. Cet acte II du CNR devra aussi surtout mettre particulièrement l'accent sur les mathématiques.
Deuxième pilier, au-delà de l'exigence à tous les étages, ce nous que voulons remettre au coeur du service public de l'éducation chacun de ces acteurs, c'est de l'attractivité. C'est de la reconnaissance. C'est du bien-être.
Sur ces trois enjeux, la vision est très claire et les arbitrages arriveront vite :
L'attractivité, elle passe notamment par la refonte de la formation initiale, avec l'objectif d'avancement du concours à bac + 3.
La reconnaissance, ensuite. Elle viendra plus que jamais d'abord de l'estime que vous avez, de l'estime que nous avons pour les professeurs, et qu'elle se traduise dans le regard que nous portons au quotidien, sur eux ; et dans la manière dont nous nous adressons à eux ; dans l'attention que vous leur accordez, dans le soin que vous mettrez pour répondre à leurs attentes et à leurs demandes. Mais bien sûr il s'agit aussi de reconnaissance financière. Et nous allons travailler ensemble, notamment sur la revalorisation des milieux de carrière.
Attractivité. Reconnaissance. Bien-être. Je veux que nous ayons une approche beaucoup plus tournée vers la satisfaction profonde de l'enseignant. On parle beaucoup, souvent, du bien-être à l'école mais sans toujours y intégrer suffisamment le bien-être des enseignants et, au-delà, de tous nos personnels. Et il nous faut pour cela mieux aborder cet enjeu et nous poser sur tous les facteurs qui peuvent peser sur ce bien-être - de la taille des classes au logement, de l'action sociale à la simplification de la quantité d'applicatifs informatiques, entre lesquels ils ont besoin parfois de naviguer pour y apporter des réponses concrètes, phasées, convaincantes.
Je mesure combien il est important de porter cette attention à tous les agents qui contribuent à la réussite de notre institution - des chefs d'établissement, aux infirmières scolaires, en passant par les AESH.
Un mot d'ailleurs sur les infirmiers et les infirmières scolaires : l'infirmerie, on le sait, est un lieu de protection pour les élèves. Il est d'autant plus important qu'une partie de notre jeunesse exprime parfois du mal-être, de l'angoisse. Entrer à l'infirmerie, ce n'est jamais anodin. C'est un des lieux où ils se confient. Nous nous sommes engagés à revaloriser la santé scolaire, pour améliorer les conditions de travail de ceux qui s'y dévouent et pour leur donner une juste reconnaissance. Le Premier ministre aura l'occasion de confirmer les investissements prévus en Projet de loi de finance 2024 pour ces personnels.
Portez aussi la responsabilité du bon accueil de tous les agents dans vos académies et j'insiste notamment sur les contractuels. Ils doivent être recrutés avec l'anticipation nécessaire ; disposer d'un véritable programme de formation ; être préparés dans les meilleures conditions à leur prise de fonction.
Ces chantiers structurants, je consacre beaucoup d'énergie et j'aurai l'occasion de présenter au Président de la République et au Premier Ministre mes recommandations tout début février.
Troisième et dernier pilier : bâtir plus que jamais une école de l'épanouissement républicain.
Une école d'abord où le harcèlement et la peur n'ont plus leur place. Sur ce thème, vous avez déjà engagé un effort considérable et on ne lâchera rien ; pas un centimètre du terrain déjà reconquis.
Je vous sais extrêmement mobilisés sur ce sujet et le soutien de 150 ETP supplémentaires en académies est un signal fort de notre volonté. Il faut recruter massivement, et surtout, essayer de diversifier les profils. Mais vous disposez d'autres leviers encore : la mise en place expérimentale des cours d'empathie, qui sont prometteurs.
La montée en puissance de nos ambassadeurs au collège et au lycée ; une enquête auprès de plus de 7,7 millions d'élèves, du CE2 à la Terminale, dans 38 000 de nos établissements, pour nous permettre de disposer d'une photographie fine, claire, précise de ce qui se passe dans les écoles et les établissements, et dont je présenterai les résultats début février.
Sur ce sujet si central du harcèlement, aucune, aucune situation ne doit rester sans réponse. Et comme c'est un enjeu de culture, il nous faudra agir en profondeur et dans la durée en emportant toute la communauté éducative, y compris les parents d'élèves, qui bénéficieront d'une plateforme – dont le développement doit être assuré - pour aider les parents à repérer, à exprimer leur ressenti et pour aider à repérer les situations à risques.
La tenue unique doit aussi contribuer à apaiser le climat scolaire, à sa façon, et je suivrai personnellement les résultats de l'expérimentation qui se lance.
Une école de l'épanouissement républicain, c'est aussi une école où se transmettent effectivement les valeurs de la République.
La laïcité en est le coeur battant. Les décisions récentes sur l'abaya ont porté leurs fruits et nous continuerons, avec la même détermination, à lutter contre toutes les autres formes d'atteintes à la laïcité qui nous impose la plus grande vigilance. Comme je l'ai assuré à la Présidente du Conseil des Sages de la laïcité et des valeurs de la République, je ne laisserai jamais porter atteinte à la laïcité lundi matin, je ne laisserai aucune atteinte à la laïcité, valeur cardinale de notre République. Le Secrétaire Général reviendra cet après-midi sur l'organisation que nous mettons en place pour que ce soit garanti à tous les étages de notre école.
Pour faire respecter les principes de la République, nous allons refondre ensemble l'EMC. Aujourd'hui l'EMC est trop souvent, si vous me permettez l'expression, un apprentissage « périphérique » dans la scolarité d'un collégien, alors même qu'il devrait jouer un rôle fondamental dans la construction de sa conscience politique et citoyenne. Pas d'horaire sanctuarisé au collège. Dilué dans l'enseignement d'histoire-géographie. Trop théorique. Trop loin de la question de la citoyenneté et de la cohésion nationale. Alors même que nous sommes appelés à un réarmement civique, j'ai à coeur, personnellement, de donner toute sa noblesse à cette matière, de l'ancrer dans notre histoire, mais aussi de la rendre vivante, en prise avec les défis contemporains, y compris ceux liés aux médias, à l'information, à l'omniprésence des réseaux sociaux. A Reims, mardi matin, avec Vincent Staneck, nous avons assisté à un cours remarquable sur une utilisation plus raisonnée des écrans. Et soudainement ce n'étaient plus ces écrans, mais les conseils de s'en éloigner de la part des professeurs qui captivaient l'attention des enfants.
Toujours dans cette quête républicaine, l'horizon est pour nous la généralisation du SNU. Vous avez déjà réussi la première phase. Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Tenons-nous prêts.
S'agissant de la Marseillaise, je sais qu'aujourd'hui, dans tous les établissements, son apprentissage est prévu par le Code de l'éducation et nous le prescrivons déjà en fin de cycle 2. Mais ce que je vous demande, c'est que cet apprentissage soit effectif partout, pour tous nos élèves.
Enfin, le président de la République nous l'a également demandé : dès juin 2024, il nous faudra organiser une remise des diplômes du brevet partout où ça n'est pas déjà fait.
Une école ancrée dans son histoire et ses valeurs républicaines, ce n'est pas une école tournée vers le passé. Nous partageons tous l'ambition d'une école ouverte.
Ouverte sur le monde, sur la société, l'avenir. Former des citoyens, c'est aussi préparer chaque jeune à sa vie d'adulte. C'est apprendre à devenir soi-même par l'orientation.
C'est lui offrir une affectation qui répond, qui correspond à cette orientation. Trop d'élèves, trop de familles encore sont en difficulté tous les ans entre le mois de juillet et le mois de septembre parce que leur enfant n'a pas reçu d'affectation conforme à la décision d'orientation prise par le conseil de classe. Un travail de fond a donc été conduit pour y remédier. Une phase de dialogue social s'ouvre, et très rapidement des instructions vous seront communiquées à ce sujet pour la rentrée prochaine.
Ces enjeux d'orientation sont particulièrement importants pour nos élèves de la voie professionnelle. Et à ce titre, vous avez également un rôle essentiel dans la mise en oeuvre de la transformation de la voie professionnelle pour un tiers de nos lycéens : mise en place des allocations de stage ; lutte contre le décrochage ; création d'un bureau des entreprises dans tous les lycées professionnels ; mise en place d'évolutions pédagogiques cohérentes à cet effet ; sur tous ces fronts, nous sommes attendus.
Par ailleurs, pour permettre à chaque jeune de s'orienter et de trouver le métier qui lui convient, vous avez déjà déployé la découverte des métiers de la 5ème à la 3ème. Dans ce paysage, le stage de 3ème est déjà bien installé. Ce sont maintenant les stages de seconde, pour 550 000 élèves, qui viendront les compléter. Je m'assurerai personnellement que la mobilisation des entreprises, des associations, des administrations sera totale pour accueillir nos élèves, et en particulier outre-mer, où les recherches peuvent s'avérer difficiles. Je vous demande la plus grande vigilance sur la capacité à faire de la DINUM, lors de l'ouverture prévue en mars de la plateforme « mon stage de seconde » sur le site 1jeune1solution. Cette plateforme est essentielle pour faire marcher le dispositif.
Une école de l'épanouissement, c'est aussi une école pour tous.
C'est pourquoi nous lancerons rapidement l'acte II de l'école inclusive dans toutes ses dimensions et, sans attendre, pour les élèves en situation de handicap, je vous demande d'agir pour qu'ils bénéficient effectivement d'un meilleur accompagnement dès la rentrée. En cette année 2024, nous aurons en France les premiers Jeux paralympiques de notre histoire ; c'est un changement global de regard et d'action sur le handicap auquel nous sommes tous ensemble appelés, et que nous devons opérer.
Un mot sur l'éducation à la sexualité et la vie affective. Bien qu'inscrite au Code de l'éducation, les 3 séances par an d'éducation à la sexualité, du CP à la terminale, ne sont pas assurées partout de façon égale. L'accompagnement de nos élèves au respect de soi et d'autrui et aux valeurs d'égalité et de tolérance est pourtant capital dans leur développement. Le Conseil Supérieur des programmes a été saisi afin de mieux définir le contenu de cet enseignement et les compétences visées. Il me rendra prochainement ses conclusions. Et m'assurerai d'une mise en oeuvre effective et scrupuleuse de ces obligations, pour une égalité entre les filles et les garçons, et pour leur bien-être.
Une école de l'épanouissement républicain, c'est enfin une école qui fait toute sa place au sport et à la culture
En ces temps de perte de repères parfois anxiogène, nous avons plus que jamais la responsabilité d'aider chaque élève à trouver des centres d'intérêt, à trouver ce qui peut le passionner, ce qui peut donner du sens à son quotidien et du sel de la vie ; ce lui permettra de faire grandir une aptitude, un don, un talent. J'ai la conviction que l'école est ce lieu où le sport et la culture doivent vivre, dans toutes les dimensions, au coeur des enseignements, en périscolaire mais aussi de manière extrascolaire.
Sur le plan culturel, nous avons un plan ambitieux de refonte de l'EAC, qui embarque notamment le théâtre et l'histoire de l'art. S'agissant de cette refonte, le Président de la République nous a donné des orientations.
A court terme, en prévision de la rentrée 2024, nous devons donc d'abord : recenser les clubs de théâtres ; élargir le nombre d'élèves qui y sont accueillis ; et là où il n'y en a pas, les développer. Et je lancerai avec la ministre de la culture une grande mobilisation de tous les professionnels du théâtre pour venir en appui de nos établissements et instaurer ce contact régulier avec les élèves. En vue de la rentrée 2025, nous lancerons dans les prochaines semaines une mission sur l'EAC pour déterminer son contenu et son ordonnancement afin de favoriser les pratiques culturelles de nos élèves.
Et bien sûr devons voir aussi, et peut-être plus que jamais, en cette année de Jeux olympiques et Paralympiques, le rôle du sport ; l'utiliser comme un levier, comme un levier essentiel dans l'éducation de notre jeunesse, pour lui donner des valeurs comme le goût de l'effort, le dépassement de soi, la résistance à l'adversité.
Il nous faut le favoriser dans le temps scolaire. C'est l'objectif notamment, en complément de l'EPS, de la généralisation effective des 30 minutes d'activité physique quotidienne au primaire, dont vous parlera le DGESCO en début après-midi.
Juste un mot là-dessus, la « Tournée de l'équipe de France des 30'APQ » qui mobilise plus de 170 de nos plus grands athlètes tricolores sera organisée de février à avril, avec votre soutien, en établissant dans chaque académie un programme d'interventions dans les écoles mobilisant un ou plusieurs de ces sportifs. Je lancerai personnellement cette tournée lors d'un prochain déplacement, pour lequel nous veillerons à mobiliser certains de nos sportifs les plus emblématiques.
L'autre défi, en périscolaire cette fois, est d'amplifier le déploiement des deux heures de sport en plus par semaine pour tous les collégiens. Fabienne Bourdet, la directrice des sports, vous en parlera cet après-midi.
On le sait, nos marges de progrès sont réelles. A la fin décembre, seuls 29% des collèges volontaires ont déployé le dispositif. Seuls 2000 de nos collégiens ont pu bénéficier de ces activités ; pourtant ces passerelles entre les établissements scolaires et les clubs sportifs, notre pays les attend depuis plus de trente ans.
Alors avançons : identifions les collèges où des difficultés de déploiement perdurent ; veillons à ce que la saisie des données soit effectives ; veillons à accompagner au mieux les collèges qui ne parviennent pas, souvent faute de partenaire sportif, à mettre en oeuvre les 2HSC. Pour ces établissements, un dialogue ciblé sera engagé mi-janvier avec les DASEN, en lien avec les DRAJES et SDJES. Il permettra également de susciter l'installation de la gouvernance départementale, si celle-ci n'est pas encore présente.
Sur ces programmes et ces questions, qui illustrent parfaitement les synergies qu'offre notre nouveau périmètre ministériel, et la cohérence de l'architecture dans nos services déconcentrés, nous développerons aussi, dans la même volonté, la place des sport études, mais pas que, la place aussi des CHAM ; des CHAS pour les haut potentiel sportifs et artistiques.
Mesdames et messieurs, 2024 sera aussi l'année de « Nos Jeux » Olympiques et Paralympiques. Sur ce point que j'ai déjà développé avec vous, ici, notamment en Sorbonne. Le DGESCO et la Directrice des Sports y reviendront cet après-midi, et je serai donc très brève.
Je veux vous dire que nous serons prêts sur l'organisation, sur la préparation des athlètes tricolores, sur l'embarquement de tous les territoires pour en faire une fête populaire, avec l'action de nos DRAJES qui déclinent des plans d'animation territoriale, en résonance avec la Grande Cause Nationale, dédiée pour la première fois, en 46 années de Grandes Causes, à la promotion de l'activité physique et sportive dans notre pays. Nous serons aussi au rendez-vous sur l'héritage. Et dans notre champ à nous, sur notre périmètre Éducation nationale et Jeunesse, nous tiendrons les promesses d'une nouvelle organisation.
Les rectorats franciliens devront mener à bien le travail d'adaptation des conditions de la rentrée de septembre 2024 aux contraintes liées à l'organisation des Jeux Paralympiques, travail déjà bien engagé, et je vous en remercie.
Faisons en sorte que nos rendez-vous à venir soient aussi inspirants qu'ils promettent de l'être pour notre jeunesse, autour de la compétition, de la pratique sportive et des valeurs de l'olympisme.
Du 2 au 6 avril prochain, vous mobiliserez toutes les écoles, tous les établissements, pour atteindre l'objectif de dépasser les 2 millions d'élèves mobilisés dans le cadre de la Semaine Olympique et Paralympique.
Nous assurerons également la réussite du programme de la billetterie populaire « Ma Classe aux Jeux », qui permettra à 260 000 jeunes dans notre pays, dont 200 000 élèves du CM1 à la terminale, de vivre le bonheur et la magie de la compétition. Pour ceux d'entre vous qui êtes éloignés de l'Île-de-France, les défis de transport et de logement, je le sais, sont nombreux, mais avec la DGESCO et tous nos partenaires, nous les traiterons.
Enfin, vous déploierez largement le concept des « mini-clubs 2024 », ces petites fan-zones qui sont destinées à faire vibrer notre jeunesse au diapason des exploits des athlètes des Jeux.
Ces Jeux sont pour nous une opportunité unique de développer la place du sport, pas seulement dans l'imaginaire, mais dans la vie de chaque enfant. Un livret présentant l'histoire des Jeux, que nous avons préfacé avec le Président de la République et le Premier ministre, sera ainsi distribué à chaque enfant avec une pièce commémorative de deux euros, spécialement frappée pour l'occasion, et qui permettra à chaque élève de garder une trace d'un fait universel et marquant de son parcours scolaire et de notre histoire nationale.
Mesdames et messieurs, je sais que cette feuille de route est exigeante.
Mais nous avons tout pour la réussir. A commencer par votre expertise, vos compétences, votre expérience, votre détermination à faire réussir l'école, toutes les écoles de la République.
Dans la période récente, vous avez accompli déjà énormément, et notamment beaucoup de choses difficiles, et même des choses que d'aucuns croyaient impossibles.
Alors je voudrais vous laisser sur ces mots de Georges Clemenceau, le Tigre, qui résument simplement le programme que j'ai voulu partager avec vous aujourd'hui : « Il faut d'abord savoir ce que l'on veut, il faut avoir le courage de le dire, il faut ensuite avoir l'énergie de le faire ».
Alors, le sens, ensemble, nous le portons.
La clarté, nous la donnons.
L'énergie, nous l'avons.
Alors maintenant, Mesdames et Messieurs, nous allons ensemble réussir et avancer pour la réussite de chacun des élèves de notre pays.
Source https://www.education.gouv.fr, le 5 février 2024