Texte intégral
Monsieur le Ministre, je vous remercie sincèrement pour votre accueil chaleureux et je remercie de même le Président Sissi qui m'a fait l'honneur d'une audience ce matin. C'est donc au Caire que j'ai choisi de débuter cette tournée régionale. Je la poursuivrai demain en Jordanie, en Israël, dans les Territoires palestiniens et au Liban, pour qu'un cessez-le-feu immédiat ait lieu, ce qui est indissociable, nous en avons parlé, d'une solution politique.
Alors, une première étape en Egypte, parce que vous êtes un grand pays, Monsieur le Ministre, parce que vous êtes un partenaire majeur dans la région et majeur pour la France, dans la région, parce que l'Egypte est directement concernée par les conséquences du conflit au Proche-Orient, parce que l'Egypte est un acteur central pour trouver une solution. Parce que, au fond, en discutant avec vous, nous sommes d'accord.
Je veux donc ici affirmer devant vous trois choses :
D'abord, l'Egypte peut compter sur le plein soutien de la France pour sa stabilité et sa sécurité. Nous l'avons évoqué ensemble, ainsi qu'avec le président Sissi, les conséquences de la guerre à Gaza se font ressentir à votre frontière. Vous êtes préoccupés par les déplacements forcés de populations sur votre territoire. Nous comprenons parfaitement ses inquiétudes et sur ce point, la position de la France est constante : Nous condamnons et nous refuserons toute action menée en ce sens. Nous sommes, comme vous, préoccupés également par les frappes à Rafah.
D'autres crises pèsent sur vous, à vos frontières. Nous en avons bien conscience : les tensions en mer Rouge, nous l'avons également évoqué ensemble, la situation au Soudan, l'instabilité en Libye, sans compter les conséquences de l'agression russe en Ukraine. Je tiens à rappeler enfin que nous continuons à être engagés à vos côtés pour la stabilité économique de l'Egypte, à titre bilatéral bien sûr, au sein de l'Union européenne et des institutions financières internationales, aussi. Sur le soutien apporté par la France, notamment dans la question du FMI, est une question importante pour vous et nous le savons, nous continuerons à vous accompagner dans la mise en oeuvre des réformes et à vous soutenir dans cet exercice.
Je voudrais ensuite vous dire que nous sommes prêts à poursuivre et à renforcer la coordination humanitaire en faveur des populations civiles à Gaza. Les efforts de l'Egypte, et particulièrement ceux du Croissant-Rouge égyptien, sont remarquables. Je salue tout particulièrement la mise en place d'une plateforme logistique à El-Arich. La France y contribue. Cela montre combien nos efforts conjoints sont fructueux et concrets.
Vous avez été aussi pleinement engagés à nos côtés pour faciliter l'acheminement aérien et maritime de l'aide française. Plus de 1000 tonnes de fret ont été acheminées. Nous avons également coopéré en matière médicale puisque le porte-hélicoptères Dixmude a fait partie du dispositif d'accueil des blessés gazaouis. Pour tout cela, je veux vraiment vous en remercier. La situation des populations à Gaza étant tragique, les besoins sont chaque jour plus pressants et nous avons évoqué d'autres coopérations dans ce sens.
Les Israéliens comme les Palestiniens doivent pouvoir vivre côte à côte en paix et en sécurité au sein de frontières sûres et reconnues, fondées notamment sur les lignes de 1967. La bande de Gaza devra être rattachée au futur Etat palestinien. Cette question a également été au centre de notre discussion. Nous répondrons à l'urgence humanitaire. Nous oeuvrons en faveur d'un cessez le feu, mais nous devons également préparer le retour de l'Autorité palestinienne à Gaza avec une gouvernance renouvelée. Sa légitimité dépendra aussi du respect effectif des prérogatives, notamment par les Israéliens. Elle dépendra enfin de sa capacité à obtenir des résultats tangibles pour la sécurité et le quotidien des Palestiniens et pour la reconnaissance de leurs droits politiques.
Nous voulons travailler avec l'Egypte à la pleine réalisation d'un Etat palestinien viable et souverain. Monsieur le Ministre, les défis sont immenses, mais notre coopération est forte, j'en ai aucun doute. Comptez donc sur mon engagement pour approfondir notre partenariat dans tous ces domaines et je serai heureux de pouvoir à mon tour vous accueillir à Paris dans les prochaines semaines et dans les prochains mois.
Merci de cet accueil chaleureux.
Q - J'aurais voulu revenir sur cette question. L'Egypte, depuis longtemps, pousse pour la reconnaissance de l'Etat de Palestine et de nombreux pays dans la région aussi. Vous avez parlé de l'instauration d'un Etat de Palestine. Qu'en est-il de ce projet ? Je crois que les Britanniques, récemment, ont laissé entendre que c'était une possibilité de reconnaître cet état. Est-ce que la France envisage ça dans un avenir plus ou moins proche ?
R - En tout cas, la finalisation d'un processus politique doit aboutir à cela, et c'est la logique. Alors, toute la question est de savoir quand, à quel moment, et aussi dans quelles conditions va se dérouler la suite de l'intervention israélienne. Et donc on sera attentif dans cette période, on en a discuté, à ce que, en tout cas, cette question vienne en solution et en finalisation d'un processus politique. Et donc c'est pour cela que je tiens énormément à ce que le sujet sécuritaire aujourd'hui, la libération des otages, les conditions que nous avons mises à un cessez-le-feu durable soient également mis en regard, à la situation et à la solution politique. Et donc le processus de paix et le processus politique doivent s'imbriquer dans ces deux volets. Je crois que mon homologue égyptien est d'accord avec moi. On essayera de pousser ces deux blocs. Et puis cela nous permettra d'évoquer notamment la question en Israël lors de mon déplacement et la suite de la tournée.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2024