Interview de M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, à Sud Radio le 15 février 2024, sur la grève à la SNCF, les voitures électriques, le non cumul des mandats, le plan Ecophyto, les restrictions d'eau, la pêche dans le Golfe de Gascogne et la politique du logement.

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Média : Sud Radio

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bonjour à toutes et à tous, les Français veulent savoir, parlons vrai ce matin avec Christophe BECHU, ministre de la Transition écologique, de la Cohésion des territoires, Christophe BECHU bonjour.

CHRISTOPHE BECHU
Bonjour Jean-Jacques BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Grève à la SNCF, comment qualifiez-vous, alors grève, à partir de ce matin, pendant quatre jours, alors en pleine vacances scolaires, comment qualifiez-vous cette grève des contrôleurs SNCF en pleine vacances scolaires, est-ce de la provocation ?

CHRISTOPHE BECHU
D'abord, merci de rappeler que ce n'est pas toute l'entreprise qui se met en grève, ce sont les contrôleurs appartenant aux syndicats SUD-Rail et CGT. Je considère qu'empêcher des centaines de milliers de Français de partir en vacances, de se retrouver, de pouvoir vivre ces moments qui sont importants, qui sont des temps de respiration, non pas pour la défense de mesures sociales, mais de mesures catégorielles, une prime mensuelle plus élevée, ce n'est pas un service à rendre à la SNCF, ce n'est pas un service à rendre à leurs collègues, et ce n'est ni digne, ni responsable.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce n'est ni digne, ni responsable.

CHRISTOPHE BECHU
Oui, je veux insister sur ce point. Vous savez, je pense qu'il y a énormément de cheminots qui ont beaucoup de mal à comprendre que des organisations syndicales de cette maison décident de ce mode d'action à ce moment-là. Le sujet ce n'est pas le droit de grève, c'est son éventuel abus, le sujet ce n'est pas d'avoir le droit de contester, de demander, de revendiquer, c'est la façon et le moment où vous le faites. Aujourd'hui, dans notre pays, nous savons qu'on a besoin d'augmenter l'offre ferroviaire, le nombre de train, d'améliorer la ponctualité des trains, de remettre de l'argent sur le réseau, faire passer ce type de message, sincèrement, c'est marquer un but contre l'équipe du ferroviaire, contre l'équipe de la décarbonation, contre la SNCF.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Travailler est un devoir, disait le Premier ministre hier, encadrer le droit de grève dans les transports publics pendant les vacances scolaires est-ce envisageable ?

CHRISTOPHE BECHU
Je ne veux pas entrer là-dedans pour deux raisons à ce stade. Un, il y a un dialogue…

JEAN-JACQUES BOURDIN
A ce stade ?

CHRISTOPHE BECHU
Oui, chaque mot compte, et je sais que vous y êtes attentif.

JEAN-JACQUES BOURDIN
A ce stade, oui, je suis attentif, oui.

CHRISTOPHE BECHU
Je disais, un, il y a un dialogue, il y a un mouvement dont je veux croire qu'il va être extrêmement rapide et que la raison va rapidement revenir dans un contexte où le président de la SNCF n'est pas resté inactif, il a fait des propositions, il y a eu des primes qui ont été proposées, beaucoup de choses qui ont bougé, donc on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de dialogue, il y a eu au cours de ces derniers mois beaucoup d'avancées deux, ceux qui font le plus la publicité de la nécessité de réfléchir à une évolution du droit c'est ceux qui, non pas usent, du droit de grève, mais qui en abusent, et je le redis, c'est une chose de défendre des mesures sociales, c'en est une autre de donner le sentiment que pour des mesures catégorielles vous pouvez bloquer des départs en vacances dans un moment comme celui-là, on a eu ce débat le 24 décembre…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce qu'il faut aménager le droit de grève alors ? Je dis aménager, j'emploie ce mot, il y a par exemple une proposition de loi au Sénat qui dit que le gouvernement pourrait avoir à sa disposition 60 jours d'interdiction de droit de grève, dans l'année, et utiliser ces 60 jours au moment des vacances, par exemple, pour éviter la situation que nous sommes en train de vivre.

CHRISTOPHE BECHU
Ça ne m'a évidemment pas échappé que le groupe centriste du Sénat avait déposé…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Groupe centriste du Sénat, oui.

CHRISTOPHE BECHU
Avait déposé cette proposition, et ça émane du groupe de centristes, des gens qui sont plutôt modérés, qui témoignent par ce dépôt de proposition de loi d'une forme d'exaspération…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle vous convient, vous pourriez la soutenir ?

CHRISTOPHE BECHU
Vous savez, elle a été déposée hier en fin d'après-midi, et pour être très honnête, j'en ai vu le titre, pas le contenu, et je n'ai pas l'habitude, uniquement sur la base d'un titre, ni de m'engager à titre personnel d'aller plus loin.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Faut-il restreindre le droit de grève, je dis restreindre, maintenant j'emploie un autre mot, en période de vacances ?

CHRISTOPHE BECHU
A chaque fois

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou pendant les Jeux olympiques ? il y a aussi un député Renaissance, que vous connaissez, qui s'appelle Karl OLIVE, qui dit " il faut interdire les grèves dans les transports pendant les Jeux olympiques ", c'est ce qu'il propose

CHRISTOPHE BECHU
Ecoutez, à chaque fois qu'on a une grève, on a maintenant le marronnier potentiel de se poser la question de savoir si on doit légiférer, ce que je dis, de manière très simple et très calme ce matin, c'est que si certaines organisations syndicales pensent que c'est en multipliant les grèves pour des motifs dont l'opinion pense, à raison, que ce sont davantage des sujets catégoriels que des sujets d'intérêt général, ou grand public, nous ne pourrons pas faire l'économie de ces questions, mais, à la minute où nous nous parlons…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Pas l'économie de ces questions, ça veut dire réfléchir à un aménagement du droit de grève.

CHRISTOPHE BECHU
Monsieur BOURDIN, ça veut dire ce que ça veut dire. Je dis ce matin…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce que je viens de dire.

CHRISTOPHE BECHU
Je dis ce matin, de façon très calme, très posée, le sujet ce n'est pas le droit de grève, c'est le fait de savoir jusqu'où on n'en abuse pas.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et quand on l'exerce.

CHRISTOPHE BECHU
Et ça a, évidemment, un impact sur le moment. Je dis aussi qu'il ne faut pas aller faire de la " SNCF-Bashing " sur ce sujet, on est sur une petite minorité qui utilise le moment dans lequel nous sommes pour essayer de faire avancer des revendications catégorielles, je ne souhaite pas, franchement, qu'on jette l'opprobre sur la totalité d'une entreprise, qui est en ce moment dans des travaux, dans des régénérations, d'avancer, et au quotidien ma responsabilité elle est davantage de regarder comment on met fin à des anomalies de retards sur une ligne comme Paris-Clermont, comment on est capable de réinvestir dans des petites lignes, comment on investit sur des RER métropolitains. Le gouvernement s'est engagé en 2023 à mettre 100 milliards d'euros – ce n'est pas le gouvernement, ce sont les Français, les contribuables, vous, moi, tout le monde – à dire il faut un nouveau pacte ferroviaire dans ce pays, que certaines organisations syndicales prennent la responsabilité, pour des motifs catégoriels, d'abîmer l'image de l'entreprise, ce n'est pas responsable, et ce n'est pas digne.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pour garantir la liberté de circulation il faut falloir peut-être, un jour ou l'autre, aménager le droit de grève, pardon, vous le pensez ?

CHRISTOPHE BECHU
J'ai parfaitement entendu votre opinion et je serais ravi que vous me réinvitiez dans quelques mois pour évoquer le sujet.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, mais vous le pensez ?

CHRISTOPHE BECHU
J'ai été très clair sur le sujet Monsieur BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, bon ! Christophe BECHU, oui, vous vous êtes un peu échappé là. Christophe BECHU, je vais parler d'autre chose, je vais parler des voitures électriques en France, et je vais penser aux classes moyennes. Les voitures électriques, regardons les faits, d'abord regardons la réalité, depuis janvier les ventes de voitures électriques sont en train de baisser, vous avez vu les chiffres, vous confirmez ces chiffres ?

CHRISTOPHE BECHU
Je n'ai pas tout à fait la même lecture.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon d'accord !

CHRISTOPHE BECHU
Mais je vais vous répondre de façon très précise dès que j'aurai compris la question.

JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord, d'accord, dès que vous avez la question. Interdiction d'immatriculation de véhicules neufs thermiques en 2035, faut-il accorder un délai supplémentaire ?

CHRISTOPHE BECHU
Alors, un, non.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, il n'y aura pas de délai supplémentaire, on ne va pas, je ne sais pas, on dit 2035 aujourd'hui, on pourrait dire 2040, non ?

CHRISTOPHE BECHU
Non, je vais vous dire pourquoi. Je pense que l'Europe a bien fait de prendre cette décision, il est bon ton de taper sur l'Europe, sur des décisions. Quelle était la situation il y a encore deux ou trois ans ? un marché de l'électrique qui, aux Etats-Unis et en Chine, s'appuyait sur des constructeurs, et des constructeurs européens qui, pour la plupart continuaient à faire du thermique. Le signal envoyé par l'Union européenne de dire il faut investir sur l'électrique porte ses fruits. Le chiffre de vente des immatriculations de voitures électriques, il a progressé, en 2023, tous les mois, on a commencé en janvier dernier à 12…

JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2023, oui.

CHRISTOPHE BECHU
On a terminé à 20, nous repartons, en janvier, à 16, mais le mois de janvier, traditionnellement, est un mois où la part des ventes de véhicules thermiques est plus élevée, donc oui on a moins vendu de voitures électriques en janvier qu'en décembre, mais quand je compare janvier 24 à janvier 23 j'ai 25 % d'immatriculations électriques en plus…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Eh bien voilà une bonne nouvelle !

CHRISTOPHE BECHU
Et dans le même temps, Jean-Jacques BOURDIN, nous avons eu au cours de ces six premières semaines de l'année le succès incroyable du leasing…

JEAN-JACQUES BOURDIN
J'allais y venir.

CHRISTOPHE BECHU
Je m'en doute.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, ce leasing, tiens, puisque vous me parlez de leasing, voiture électrique à 100 euros par mois, c'est fini depuis mardi, ce leasing, on est bien d'accord, plus de 50 000 commandes validées, vous confirmez tous ces chiffres ?

CHRISTOPHE BECHU
Parfaitement.

JEAN-JACQUES BOURDIN 
Première vague, donc, est-ce qu'il y aura une autre vague de leasing en 2024 ?

CHRISTOPHE BECHU 
La question se posera en toute fin d'année, ce qui est sûr c'est qu'il y aura d'autres vagues de leasing…

JEAN-JACQUES BOURDIN 
Donc en 2024 la question se posera en fin d'année, ça veut dire que dès janvier 2025, nouvelle vague de leasing ?

CHRISTOPHE BECHU 
Alors, le candidat Emmanuel MACRON a promis, dans le cadre de sa campagne électorale, qu'il y aurait au moins 100 000 leasing de véhicules électriques, cette promesse sera intégralement tenue.

JEAN-JACQUES BOURDIN 
Donc il y aura une autre vague.

CHRISTOPHE BECHU 
On imaginait que la première vague ferait 25 000, on a fait une première vague à 50 000, compte tenu de son succès, on sait qu'à la fin de l'année il y a de nouveaux modèles, notamment produits par RENAULT, comme la R5, qui vont sortir, on sait que d'autres constructeurs, précisément compte tenu du succès, font en sorte de travailler à des modèles, notre objectif, je vous le rappelle, c'est de soutenir l'industrie automobile française et européenne, puisque seuls les véhicules qui sont produits en France et en Europe sont éligibles dans le cadre de ce bonus. On souhaite donc, avec les constructeurs, qu'une deuxième vague puisse se préparer, ça va être aussi l'occasion de faire le bilan exact de cette première vague, qu'est-ce qu'on a bien réussi, qu'est-ce qu'on peut améliorer, qu'est-ce qu'on peut bouger ou moraliser…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc deuxième vague, début 2025.

CHRISTOPHE BECHU 
Toute fin d'année 2024, ou début 2025, il y aura une deuxième vague.

JEAN-JACQUES BOURDIN 
Il y aura une deuxième vague fin 2024, début 2025. 4000 euros, le bonus écologique de base abaissé à 4000 euros.

CHRISTOPHE BECHU 
Il est passé de 5000 à 4000, et il est resté, pour les 50% les plus modestes, à 7000 euros.

JEAN-JACQUES BOURDIN 
Je pense aux classes moyennes, quelles sont les aides pour les classes moyennes ?

CHRISTOPHE BECHU 
Elles sont précisément celles-là, elles sont de 4000 euros, auxquels vous ajoutez, si vous faites en plus un changement de véhicule, une prime à la conversion qui varie en fonction des revenus, et qui varie entre 5000 et 1500 euros en fonction de votre situation.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle… la prime à la conversion.

CHRISTOPHE BECHU 
Elle a été elle aussi rabotée de 1000 euros, dans un contexte où on a aujourd'hui…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Elle a été rabotée, oui, c'est pour ça que je vous dis, on rabote ces aides.

CHRISTOPHE BECHU 
On les rabote dans un contexte, Jean-Jacques BOURDIN, où le prix moyen des voitures électriques est aussi en train d'être raboté ou baissé. Au moment où l'Allemagne a totalement supprimé ses aides aux voitures électriques, il y avait des aides qui étaient de 3000 et 4500 euros, elles ont été supprimées au 1?? janvier en prenant prétexte aussi de la baisse des prix et du fait que le soutien de l'Etat n'était plus aussi nécessaire. Nous, on est sur une politique d'accompagnement, dans laquelle, pour assurer l'augmentation de l'électrification du parc, on assume de baisser au fur et à mesure les aides, mais en maintenant des aides identiques pour la moitié des Français les moins aisés.

JEAN-JACQUES BOURDIN 
La fast fashion, ça m'intéresse beaucoup parce que, je le vois partout, sur les réseaux sociaux, il y a des placards publicitaires partout, les vêtements à bas prix et de qualité médiocre, bien souvent importés d'Asie, vous voulez freiner cette frénésie de consommation de vêtements à bas coût, comment ?

CHRISTOPHE BECHU 
97 % des vêtements en France, que nous achetons, on les importe, c'est vertigineux de mesurer ce que l'industrie textile aujourd'hui représente quand on regarde en arrière, et le sujet ce n'est pas seulement ce qu'on importe, c'est le type de vêtements qu'on importe. Aujourd'hui l'industrie du textile c'est devenu le troisième motif de consommation d'eau dans le monde, dans un contexte où on a une multiplication des sécheresses, donc il y a un enjeu écologique, 4 milliards de tonnes de CO2 émis par cette industrie textile, avec des vêtements qui viennent de loin, donc avec des bateaux pour les acheminer, des avions, il y un problème d'impact environnemental compte tenu de la manière dont on les fait. Et un chiffre que je vais vous donner, en l'espace de dix ans, nous Français, on a augmenté de 30% le nombre de vêtements qu'on achète, et pourtant on ne se change pas plus souvent dans la journée, avec en particulier des marques qui n'existaient pas il y a quelques années et qui se mettent à proposer 10 000, 12 000, 15 000 nouvelles références par mois, avec de la vente dématérialisée, et un impact qui est réellement problématique. Il y a une prise de conscience autour de tout ça, il y a maintenant des députés de droite qui ont déposé une proposition. Vous savez, il y a six mois, même pas, je me souviens avoir été attaqué parce que j'avais défendu le fait qu'on ait un spot de l'ADEME incitant à se poser la question de la consommation responsable, je me réjouis aujourd'hui de voir des députés de tous bords qui déposent des propositions, le parti Horizons, en particulier, a déposé une proposition de loi qui sera examinée au mois de mars et qui dit il faut qu'on arrive à moraliser cette ultra fast fashion pour faire passer le message qu'on ne peut pas…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Comment ?

CHRISTOPHE BECHU 
Alors, il y a plein d'idées, il y a des questions qui tournent autour de l'affichage environnemental, il y a des questions qui tournent autour de bonus-malus en faisant en sorte que, en quelque sorte, on demande à celui qui produit un vêtement à bas coût de mettre sur la table une partie de ce que ça va nous coûter ensuite de le retraiter. Chaque mois, chaque mois, il y a 15 millions de vêtements européens qui sont jetés sur les plages du Ghana, avec les conséquences que ça a en matière de faune et de flore, parce que…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous allez agir ?

CHRISTOPHE BECHU
Ah mais je vous le confirme, on va agir parce qu'on ne peut pas continuer à regarder un scandale à la fois écologique….

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ça veut dire quoi agir, ça veut dire interdire certaines publicités, ça veut dire, comme vous le dites, des bonus-malus, comment allez-vous agir, qu'allez-vous décider ?

CHRISTOPHE BECHU 
Moi je me méfie, au moment où on explique qu'il faut simplifier de ce qui consisterait à prendre plein de nouvelles normes, si on est honnête, et en même temps…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, alors pour simplifier, pour bien agir ?

CHRISTOPHE BECHU 
Et donc, en mars, il y aura des textes et des propositions de loi qui vont arriver à l'Assemblée. Dans ces textes, il y a quoi ? Il y a cette idée, par exemple, poussée par Madame VIOLLAND, qui consiste à dire il faut qu'on interdise, ou qu'on oblige, en termes de publicité, à préciser l'impact environnemental. Il y a des gens qui pensent qu'il faut qu'on augmente le prix avec un dispositif spécifique, il y a des règles qu'on pourrait poser…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Qu'avez-vous décidé ?

CHRISTOPHE BECHU 
On va avoir ce débat avec le Parlement, moi je suis profondément attaché à ce que la représentation nationale, quand elle décide non pas de vociférer, comme c'est parfois le cas pendant les questions de gouvernement…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous allez sévir.

CHRISTOPHE BECHU
Mais qu'elle est décidée à se saisir de son rôle de législateur, on puisse, avec elle, avancer, on ne pourra pas ne pas légiférer sur le sujet.

JEAN-JACQUES BOURDIN 
Christophe BECHU, vous parliez d'Horizons, Horizons qui veut revenir sur le cumul des mandats, vous aussi vous êtes favorable au cumul des mandats, à rétablir le cumul des mandats ?

CHRISTOPHE BECHU 
Je pense qu'on est passé d'un extrême à l'autre. On est passé d'une situation dans laquelle, globalement, on pouvait cumuler la présidence d'une région avec la présidence d'un groupe au Parlement, à une situation aujourd'hui où vous n'avez pas le droit d'être adjoint au maire d'un village de 200 habitants et député. Est-ce que l'Assemblée nationale, depuis qu'il n'y a plus de maires, depuis qu'il n'y a plus d'élus, la façon dont elle a travaillé a radicalement changé ? le fond de ma pensée c'est qu'on doit aujourd'hui permettre à nouveau à des femmes et des hommes qui exercent des mandats exécutifs de pouvoir exercer des responsabilités parlementaires. Je le dis en vous mettant très à l'aise je considère qu'il ne faut pas élargir ça à des maires de grandes villes, à des présidents de départements, à des présidents de région…

JEAN-JACQUES BOURDIN 
Oui, oui, à des maires de petites communes, bien sûr qui pourraient être député en même temps.

CHRISTOPHE BECHU 
Exactement, et qu'on retrouve une forme d'équilibre, c'est en tout cas, et ma position à titre personnel, et celle du parti auquel j'appartiens, et d'Edouard PHILIPPE.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et celle du gouvernement ?

CHRISTOPHE BECHU
Non, ce n'est pas la position du gouvernement, c'est celle d'Horizons, et c'est la mienne

JEAN-JACQUES BOURDIN
Et c'est la vôtre. L'agriculture, le plan Ecophyto est en pause, nous sommes le 15 février, dans neuf jours ouvre le Salon de l'agriculture, un nouvel indicateur de mesure de l'usage des pesticides sera-t-il mis en place avant le salon ?

CHRISTOPHE BECHU
Nous y travaillons, nous terminons…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ou non, est-ce qu'un nouvel indicateur sera mis en place ? C'est dans neuf jours le salon.

CHRISTOPHE BECHU
Les propositions seront faites avant le début du salon aux organisations syndicales, je vous le confirme, dans…Ecophyto.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous allez mettre un place un nouvel indicateur ?

CHRISTOPHE BECHU
Je vais être très clair avec vous Jean-Jacques BOURDIN. Lundi…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce qu'aujourd'hui il y en a un.

CHRISTOPHE BECHU
Oui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y en a un, indicateur.

CHRISTOPHE BECHU
Le Nodu.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Le Nodu, français, mais il y a aussi un indicateur européen possible.

CHRISTOPHE BECHU
Tout à fait, le HRI1.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui.

CHRISTOPHE BECHU
Donc, si je vous fais les choses de manière plus simple, lundi après-midi, avec le ministre de l'Agriculture, dans une instance qui réunit toutes les parties prenantes, on a dit on laisse la semaine à tout le monde pour nous faire remonter des propositions, on est jeudi, la semaine se termine demain, ma prudence est liée au fait que demain, en fin de journée, nous allons relever les copies des organismes, des structures, et donc la semaine prochaine…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais il y aura un nouvel indicateur ?

CHRISTOPHE BECHU
Bien sûr, on ne fait pas une consultation pour ensuite décider de ne pas décider, il y aura une décision prise, le débat il est légitime, est-ce qu'on peut continuer uniquement…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je ne vais pas vous demander quel indicateur, mais il y aura un nouvel indicateur ?

CHRISTOPHE BECHU
La réponse est oui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il y aura un nouvel indicateur, ça c'est très intéressant parce que les agriculteurs attendent beaucoup, et les écologistes aussi, d'ailleurs ils ne sont pas en phase sur la question.

CHRISTOPHE BECHU
Ça ne m'avait pas totalement échappé.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, oui, oui. Alors, pas d'interdiction de pesticides sans solution alternative, là vous approuvez j'imagine ?

CHRISTOPHE BECHU
Vous savez, dans ce débat, je lis et j'entends plein de choses. Le premier ministre n'a pas annoncé qu'on allait réautoriser des molécules, il n'a pas modifié les règles de distances d'épandage par rapport aux riverains, il dit on met sur pause et on se laisse du temps pour discuter des sujets qui sont au coeur de ce plan Ecophyto. Il y a une ligne rouge, c'est la santé publique, il y a des choses dont on peut débattre, c'est ce qui est à l'intérieur. En clair, est-ce que c'est normal qu'on interdise en France des molécules et qu'on les autorise dans les pays qui sont autour de nous et qu'on laisse entrer dans les rayons de nos supermarchés, des produits qui sont faits avec des molécules qu'on interdit à nos propres agriculteurs ? ou ce n'est pas bon pour la santé et on les interdit pour tout le monde, on ça ne pose pas de difficultés et il faut qu'on révise nos règles, donc, pas de surtransposition. Deux, on a mis sur la table 250 millions d'euros pour trouver des alternatives aux pesticides.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est insuffisant pour la recherche…

CHRISTOPHE BECHU
Mais on n'arrive pas à les dépenser à la minute où on se parle. On a une difficulté sur le fait…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce que je lis partout c'est insuffisant.

CHRISTOPHE BECHU
D'organiser le travail.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il faudrait des milliards.

CHRISTOPHE BECHU
Mais qu'on commence déjà par utiliser cet argent et par trouver des solutions. Et il y a par filière un travail à organiser. Ensuite, les indicateurs, le débat globalement entre les écologistes et les agriculteurs, on peut le résumer ainsi. Les agriculteurs disent nous avons considérablement baissé l'usage des pesticides les plus à risque. Les écologistes disent le nombre global de pesticides n'a pas assez baissé et les deux ont raison. 97 % des pesticides les plus à risques dans ce pays ont été éradiqués au cours de ces cinq dernières années. Et ça, il n'y a pas suffisamment de gens qui saluent à la fois ce que les agriculteurs, mais pour le coup, ce que le gouvernement, les pouvoirs publics ont fait dans le domaine. Et en même temps, nous avons à diminuer la dose globale de pesticides qui a des conséquences, y compris sur la biodiversité.

JEAN-JACQUES BOURDIN
50 000 à 70 000 tonnes de pesticides par an en France utilisée.

CHRISTOPHE BECHU
Voilà.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Christophe BECHU, l'objectif de baisser de moitié l'utilisation des pesticides d'ici 2030 est maintenu, j'imagine.

CHRISTOPHE BECHU
Le Premier ministre l'a dit.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il est maintenu.

CHRISTOPHE BECHU
Oui.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. L'eau ? L'eau, un exemple le département des Pyrénées-Orientales qui est en sécheresse extrême. Et j'ai entendu les agriculteurs, j'ai entendu les maraîchers, ils veulent par exemple des pipelines pour amener l'eau. Ils ont besoin d'eau. Qu'allez-vous faire ? Est-ce que vous allez prendre des mesures d'urgence pour ce département et d'autres qui seraient dans la même situation ?

CHRISTOPHE BECHU
D'abord, je veux dire qu'heureusement, il n'y a pas d'autres départements dans cette situation. Vous avez raison de dire à quel point elle est catastrophique. Nous avons un état de sécheresse qui fait que 90 % de retard sur l'humidité des sols en cette période. Ça fait 20 mois consécutifs que le département est en crise où il ne pleut quasiment pas. J'aurai l'occasion d'aller là-bas au mois de mars. On a autorisé sept projets de réutilisation d'eaux usées. On est en train de regarder sur des sujets de retenue, d'accompagnement. Il y a ces projets beaucoup plus importants et qui consistent parfois à relancer des choses qui ont été localement bloquées. Il y avait il y a une dizaine d'années, des perspectives de pipeline arrivant de plus haut qui n'ont pas trouvé d'accord de la part des élus locaux à l'époque. Et aujourd'hui, on se propose de relancer certains projets qui n'avaient pas pu aboutir il y a une dizaine d'années.

JEAN-JACQUES BOURDIN
D'accord des projets de pipeline.

CHRISTOPHE BECHU
Ce que je dis de façon très claire, c'est que sur ce sujet, sur la nature des restrictions, sur la façon d'accompagner l'année en cours, je retournerai dans les Pyrénées Orientales dans quelques jours. On a là-bas un préfet qui vient de présenter un plan eau avec des mesures d'accompagnement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, j'ai vu.

CHRISTOPHE BECHU
Il faut bien mesurer et des habitants et des collectivités qui jouent le jeu. L'été dernier, il y a eu une baisse de la consommation d'eau par les gens, avec des mesures de sobriété qui a permis de diminuer de 30 % la consommation sur un territoire, par exemple, comme le grand Perpignan.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors, sur les pêcheurs, la pêche va-t-elle bientôt reprendre dans le golfe de Gascogne ?

CHRISTOPHE BECHU
Bien sûr. L'interdiction se termine le 20 février. J'aurai l'occasion de me rendre en tout début de semaine avec Hervé BERVILLE, mon secrétaire d'État à la Biodiversité et à la Mer pour aller à leur rencontre. Le Conseil d'État, à la fin du mois de décembre, a considéré que les bateaux de plus de huit mètres ne devaient pas sortir pour qu'on arrête d'avoir autant de dauphins qui soient capturés parce qu'il y avait un risque pour la survie de l'espèce. On s'est mobilisé. 85% du chiffre d'affaires sera indemnisé. On a mis en place un dispositif…

JEAN-JACQUES BOURDIN
90 millions d'euros. Ça nous a coûté 90 millions d'euros, disent les pêcheurs.

CHRISTOPHE BECHU
C'est ce qu'effectivement….

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils seront indemnisés à quelle hauteur ? 85% de 90 millions ?

CHRISTOPHE BECHU
Ah non ! 85% de leur chiffre d'affaires. En considérant qu'il y a évidemment une part de dépenses qu'ils n'ont pas eu, c'est-à-dire la totalité de leur préjudice, on accompagne les marieurs.

JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire quelle indemnisation 80% de leur chiffre d'affaires. Ça représente quoi ?

CHRISTOPHE BECHU
Je pourrai vous le dire dans quinze jours puisque la plateforme …

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ils demandent entre 70 et 90 millions.

CHRISTOPHE BECHU
On le saura mercredi. C'est mercredi que la plateforme des demandes d'aide ouvre. On s'est assuré auprès de la Commission européenne que nous pourrions avoir des réponses rapides et qu'on pourrait mettre en paiement dès le début du mois de mars. Les sommes dont on parle.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Un mot de bâtiment, pour les artisans du bâtiment. Est-ce que le label RGE reconnu garant de l'environnement, deviendra gratuit ?

CHRISTOPHE BECHU
Dans 34 minutes, j'ai rendez-vous avec la CAPEB et avec la FFB pour précisément discuter avec eux de ce sujet et de d'autres. Comment on simplifie la rénovation…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Les artisans demandent, ça leur coûte 500 €.

CHRISTOPHE BECHU
Il n'y a pas que la question du coût. Certains pointent aussi la lourdeur en disant pour une grande entreprise, c'est pas cher et c'est pas compliqué, pour une petite, c'est pas seulement que ça coûte de l'argent, c'est aussi que c'est des papiers en plus, c'est de l'administration et nous on doit trouver le bon niveau entre, ce qui permet d'éviter qu'on se retrouve avec des gens qui abuseraient du système et d'autres qui à l'inverse à raison, disent mais on m'a jamais reproché la qualité de mon boulot et maintenant on vient me demander un certificat administratif…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Il deviendra gratuit ?

CHRISTOPHE BECHU
Vous saurez ça en fin de matinée.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Non mais il deviendra gratuit.

CHRISTOPHE BECHU
Je vois la CAPEB et je réserve aux artisans et le dialogue que nous allons avoir la primeur des annonces malgré l'amitié que je vous porte, Jean-Jacques BOURDIN.

JEAN-JACQUES BOURDIN
La CAPEB n'écoute pas là. Bon, allez, je vais terminer sur la loi SRU. C'est très critiqué. 25%, dans les 25% de logements sociaux, il y aura des logements intermédiaires. Quel pourcentage à peu près, vous allez fixer des limites ?

CHRISTOPHE BECHU
La loi SRU, qu'on se comprenne bien, elle est parfois très critiquée, mais elle a une vertu, c'est d'assurer la mixité sociale. Il y a plein de situations dans ce pays et vous savez très bien tous les jours en parlant vrai les détresses dans lesquelles les gens peuvent se retrouver, les parcours de vie qui fait qu'on peut se retrouver avec des besoins, les situations de maman solo, de familles précaires. Bref, si nous n'avons pas un parc social dans ce pays, c'est un peu de notre contrat, de notre mixité et de notre cohésion que nous menaçons. Mais. Les besoins sont multiples. Ils sont sur du très social et ils sont parfois sur du logement abordable. Quand le Premier ministre explique qu'il faut qu'on regarde comment le logement intermédiaire, qui est une forme de logement abordable, doit participer à une offre de mixité, il pointe la question technique, mais qui n'est pas du parcours résidentiel.

JEAN-JACQUES BOURDIN
On a compris.

CHRISTOPHE BECHU
Notre sujet aujourd'hui, c'est quelle est la bonne part de très social.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous avez fixé une part de logement intermédiaire ?

CHRISTOPHE BECHU
On va discuter avec l'ensemble des acteurs. Moi, je suis très attaché à ce qu'il y ait une part de logement social qui soit conséquente. Dans ma ville…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc on pourrait 25%, 20% de logements sociaux et 5% de logements intermédiaires par exemple.

CHRISTOPHE BECHU
Il y a plein de manières d'imaginer ce type de calcul en flux en stock. Je ne vais pas entrer dans le détail.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui mais enfin déjà que c'est compliqué.

CHRISTOPHE BECHU
Le message que je vous faire passer…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous n'allez pas complexifier quand même.

CHRISTOPHE BECHU
Ce n'est vraiment pas l'objet.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Je sais c'est pour ça.

CHRISTOPHE BECHU
Quelques jours. Vais avoir simplifié sur les étiquettes, quelques minutes avant de recevoir les artisans pour regarder comment on simplifie. L'enjeu c'est de simplifier, mais c'est de ne pas remettre en cause l'objectif. Et l'objectif, c'est la mixité. Est ce qu'on considère que dans ce pays, on vit de mieux en mieux les uns avec les autres ? Il m'arrive d'avoir des jours où j'en doute et donc dans ce contexte, je ne veux pas fragiliser des dispositifs qui sont des filets de solidarité. Je veux les rendre plus compréhensibles et plus acceptables.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, avec une part de logements intermédiaires.

CHRISTOPHE BECHU
Y compris pour qu'on puisse avec les maires…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans obligations, dans l'obligation.

CHRISTOPHE BECHU
Et en faisant en sorte de redonner aux maires un pouvoir sur l'attribution des logements sociaux. Ça fait partie de la même annonce, parce qu'on sait aussi que si on permet à des maires de pouvoir mieux accompagner des familles qui sont à l'étroit, ça pourra parfois les inciter à signer les permis de construire parce qu'ils verront bien la façon dont ça répondra…

JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce sont donc les maires qui décideront.

CHRISTOPHE BECHU
Exactement.

JEAN-JACQUES BOURDIN
Merci Christophe BECHU d'être venu nous voir ce matin.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 février 2024