Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
C'est une immense fierté d'être à vos côtés aujourd'hui pour l'inauguration officielle de ce lieu entièrement consacré au savoir.
Je voudrais donc commencer par féliciter celles et ceux qui ont rêvé cet endroit, l'ont imaginé, et enfin réalisé : bravo à toutes et à tous pour l'énergie et le talent que vous avez déployés pour mener à bien cet ambitieux projet.
Je trouve particulièrement significatif que mon ministère et l'Institut des Civilisations puissent partager un espace commun sur la montagne Sainte Geneviève, et donc un morceau d'histoire.
En effet, le bâtiment où nous nous trouvons a été dévolu au Collège de France en 1977 pour accueillir le Laboratoire d'anthropologie sociale et la chaire de Claude Lévi-Strauss. C'est un symbole fort qu'une partie du Collège de France, qui est guidé depuis la Renaissance par la liberté, l'interdisciplinarité et la poursuite de l'excellence dans le développement des connaissances, puisse s'entrelacer aussi fortement avec le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Comme l'a souligné à l'instant Jacques MOUSSAFIR, la restructuration et la modernisation complètes des espaces ont transformé ce lieu en un creuset d'exception pour la recherche en sciences humaines et sociales et pour les études sur les civilisations.
De la Grèce antique aux études chinoises, en passant par la connaissance des mondes méditerranéens, africains ou indiens, il serait réducteur d'essayer de rendre compte de la profondeur et de la richesse des travaux qui sont menés ici. Une chose est sûre : dans le monde qui est le nôtre, traversé d'incertitudes, de doutes et de crises, la connaissance des civilisations est plus que jamais essentielle et structurante pour éclairer notre vie sociale, politique, culturelle et économique.
Je voudrais donc vous remercier car les chercheurs accueillis au Collège de France sont, depuis des siècles, un élément essentiel de la structuration intellectuelle, éthique et philosophique de notre pays. L'inauguration d'un lieu comme celui-ci nous honore, autant qu'elle nous oblige.
Parce que nous sommes dans un lieu de recherche et de savoirs, je souhaiterais revenir un instant sur le projet scientifique de l'Institut des Civilisations.
Le premier choix est celui d'une très forte interdisciplinarité qui fait dialoguer les 4 pôles de l'Institut. L'interdisciplinarité, la transversalité et plus largement, le décloisonnement de la recherche, me semblent aujourd'hui être absolument essentiels. Je suis donc particulièrement sensible au fait que l'une de vos priorités soit le développement d'interactions riches, et soutenues, entre ces différents pôles.
Le Collège de France a également fait le choix de l'enrichissement des importantes collections de ses bibliothèques. Celles-ci abritent un patrimoine rare et précieux, parfois unique, garant de l'attractivité internationale de l'Institut et des salles de lecture. La grande accessibilité de vos collections est par ailleurs exemplaire et l'Institut des Civilisations pourra, je l'espère, inspirer d'autres équipements qui souhaiteraient, eux aussi, mettre à disposition des chercheurs la documentation qui leur est indispensable.
Par ailleurs, il est crucial que l'Institut des Civilisations valorise les données de la recherche. Le rayonnement des collections passe par la bonne structuration des données issues de la recherche, ou par la numérisation des archives. Cela implique également le développement d'une stratégie éditoriale propre, capable de faire rayonner davantage l'ensemble des publications scientifiques de l'Institut.
Parce que l'ouverture à l'autre définit structurellement l'Institut des Civilisations, il doit continuer, et dans toutes ses actions, à être grand ouvert à l'international. Je vous encourage à favoriser l'accueil de chercheurs étrangers, en mettant en place un programme d'invitations de jeunes chercheurs internationaux, mais aussi en les conviant à des colloques et des journées d'études.
Enfin, la recherche doit se tourner vers la société et prendre pleinement sa part au moment de former des citoyens éclairés. Je suis donc très heureuse de voir que le grand public n'est pas absent de cette politique de rayonnement, puisque vous allez lancer sur ce même site une programmation pluriannuelle d'expositions mettant en valeur les recherches et les fonds de l'établissement. Ce double souci de l'excellence et de l'information du public, est exemplaire, et me semble être à l'image de la belle et ambitieuse mission qui est celle du Collège de France.
A une époque où les crises politiques, climatiques, sanitaires ou sociales, bouleversent l'équilibre de notre monde et déplacent les exigences de vérité ; les sciences restent le meilleur moyen de se prémunir contre l'obscurantisme, et la défaite de la pensée.
Le Président de la République l'a d'ailleurs rappelé en décembre dernier : « se battre pour la science, la recherche aujourd'hui, c'est se battre pour des éléments fondamentaux de notre société et de la capacité à bâtir de la vie possible et, au fond, un humanisme éclairé, c'est-à-dire des avancées scientifiques, technologiques, mais aussi des avancées philosophiques, une manière de la concevoir dans la société ».
C'est la raison pour laquelle, mon ministère lancera dans les prochaines semaines un Appel à Manifestation d'Intérêt afin de soutenir des programmes de recherche en sciences humaines et sociales. Je suis convaincue que l'anthropologie sociale, l'histoire, l'ethnologie ou les études aréales - pour ne citer que quelques exemples-, ont un rôle déterminant à jouer dans la compréhension passée, présente, mais aussi future, de nos sociétés.
Un lieu comme le Collège de France, consacré à repousser sans cesse les limites de la connaissance, sera donc toujours présent pour que les sciences, quelles qu'elles soient, dépassent les frontières et bousculent les a priori.
J'adresse donc tous mes voeux de succès à ce nouvel écrin qui accueille l'Institut des civilisations.
Je vous remercie.
Source https://www.college-de-france.fr, le 20 février 2024