Texte intégral
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Bonjour Prisca THEVENOT, merci d'être avec nous.
PRISCA THEVENOT
Bonjour.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Vous êtes porte-parole du Gouvernement. Un mot au sujet de l'Ukraine, évidemment, pour commencer notre échange. Le président s'y rend mi-mars pour soutenir concrètement, Volodymyr ZELENSKY. Vous avez vu les déclarations de Joe BIDEN cette nuit ? Le président américain qui estime que Vladimir POUTINE est un "immonde salopard". Est-ce que c'est un mot qui a cours d'un point de vue diplomatique ?
PRISCA THEVENOT
Je crois que vous avez la réponse dans votre question. L'enjeu que nous avons aujourd'hui, en tant que Français, c'est effectivement, vous l'avez rappelé, de continuer à soutenir l'Ukraine, le peuple ukrainien, et de faire en sorte effectivement que la Russie ne gagne pas cette guerre d'agression. C'est la raison pour laquelle maintenant, depuis plus de deux ans, nous soutenons fortement l'Ukraine, et que cela a été l'occasion de le rappeler lors de la visite du président ZELENSKY en France, vendredi dernier. Lors de cet échange, il y a d'ailleurs eu un traité signé bilatéral entre nos deux pays.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Il y a une résolution transpartisane qui est portée par, notamment Benjamin HADDAD, qui est de votre camp politique, mais aussi Julien BAYOU, qui est écologiste, pour que les avoirs gelés par l'Union européenne qui se trouvent en Suisse, les avoirs russes, 300 milliards, soient utilisés pour l'Ukraine. Est-ce que vous allez aider ces parlementaires, est-ce que le Gouvernement va pousser dans ce sens ?
PRISCA THEVENOT
Tout ce qui doit, tout ce qui peut être fait pour mettre en échec la Russie, doit pouvoir être fait. Maintenant, sur cette résolution, on va pouvoir bien la suivre de façon extrêmement forte, de façon certaine et avérée. Mais on va voir comment le débat se passe. Mais de façon sincère, nous devons pouvoir continuer à soutenir le peuple ukrainien, effectivement.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Alors, il y a une actualité brûlante pour vous, c'est la crise des agriculteurs. Le ministre, le Premier ministre hier, a fait une série d'annonces, entouré de deux de ses ministres, et nous sommes désormais à 48 heures du coup d'envoi du Salon de l'agriculture, qui est un rendez-vous important à Paris, et qui est traditionnellement inauguré par le président de la République. L'année dernière, monsieur MACRON y a passé 13 heures. Est-ce que vous pensez sincèrement que cette année il va pouvoir traîner aussi longtemps sur place ?
PRISCA THEVENOT
Il ne s'agit pas de "traîner" au Salon de l'agriculture, mais bien d'y être pour échanger, pour rencontrer aussi bien les agriculteurs eux-mêmes, les éleveurs, mais aussi à de nombreux Françaises et Françaises qui attendent ce moment-là pour aller découvrir un secteur, un domaine, et bien évidemment la beauté de ces secteurs, qui sont importants pour…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Enfin là, les agriculteurs, ils vont, attendre le président de la République de pied ferme.
PRISCA THEVENOT
Mais, bien évidemment, mais encore une fois, ne laissons pas croire que, au cours des semaines qui viennent de se passer, au cours du mois qui vient de se passer, il n'y a pas eu de dialogue, de travail et des annonces présentées à l'ensemble…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Mais qui le laisse croire ? Vous dites "ne laissons pas croire", qui le laisse croire ?
PRISCA THEVENOT
Vous, quand…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Non, moi non, les agriculteurs, ils sont dans la rue à nouveau.
PRISCA THEVENOT
Je me permets simplement de le dire. Quand on dit "ils l'attendent de pied ferme", oui, ils attendent de pied ferme. Mais ce n'est pas parce qu'il y a eu du silence avant. Et ils l'attendent de pied ferme sûrement, mais aussi pour continuer à dialoguer, continuer à échanger. Ce que le président de la République a toujours fait. Le président de la République lui-même, le Premier ministre, mais également les ministres concernés. Je tiens à le dire depuis maintenant quelques semaines, un peu plus d'un mois, effectivement, le monde agricole s'est levé pour faire exprimer une voix, une voix singulière, mais une voix forte, celle que les Françaises et les Français soutiennent massivement.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Oui, 91 %.
PRISCA THEVENOT
Oui. Cette voix, c'est de dire que nous devons continuer à travailler pour défendre l'exception agricole française. Pardon, mais nous n'avons pas attendu 2024 pour le faire. Nous avons…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Non, mais ne vous excusez pas, madame THEVENOT, la question que je vous pose c'est : si ce dialogue marchait bien, pourquoi est-ce que chez LACTALIS, des agriculteurs sont allés se mettre nu, pourquoi est-ce que dans le Sud-ouest, ce matin, ils sont devant des coopératives qui rachètent le vin trop peu cher ? Pourquoi est-ce qu'ils sont avec leurs tracteurs partout en France, encore aujourd'hui ?
PRISCA THEVENOT
Mais je vais vous répondre. Mais simplement, pas vous répondre à vous, mais aussi pour celles et ceux qui nous regardent. Et je pense que c'est important d'avoir de la clarté dans le propos. Ils le font aussi parce qu'ils nous montrent qu'il faut continuer à travailler. Sur les 62 engagements qui ont été pris entre le monde agricole, le Premier ministre, l'ensemble du Gouvernement et le président, il y en a déjà 80 % qui sont satisfaits ou en court d'être finalisés. Donc, cela veut dire que nous devons continuer à travailler sur le reste, un certain nombre de normes, un certain nombre de lois nationales que nous devons travailler, notamment la loi EGALIM qui va encore être renforcée, la loi sur l'agriculture qui va arriver, sur la capacité de transmission, sur la capacité de formation, mais nous devons aussi le regarder au niveau européen. Donc, encore une fois, il ne s'agit pas simplement de laisser supposer, et je ne le dis pas pour vous et pour moi, mais aussi pour celles et ceux qui nous regardent, que rien n'a été fait au cours des semaines qui viennent de se passer. Mais nous devons continuer en responsabilité à maintenir cette capacité d'échange et de dialogue pour mettre en place des actions.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Pourquoi y a-t-il fallu arriver à ce point de friction et de colère, pour qu'une loi que votre majorité avait fait adopter, la loi EGALIM, soit appliquée concrètement ? Ce qu'ont dit l'ensemble des agriculteurs, les agriculteurs ont dit : ils l'ont fait voter. Elle n'a pas été appliquée.
PRISCA THEVENOT
Alors, je ne serai pas aussi noir et blanc que ça. Je le dis de façon très claire. Déjà, rappelons quelque chose, c'est que cette loi EGALIM, en 2018, pardon, elle a été votée sans que cela fasse un 20 heures, alors qu'elle était extrêmement importante et demandée par le monde agricole. Pourquoi ? Parce que jusqu'à présent, c'était, il y avait une autre loi qui donnait les pleins pouvoirs à la grande distribution. Donc cette loi, elle est importante, elle est voulue et elle n'est pas absolument à enlever. Sur l'ensemble des contrôles qui ont été faits, plus de 1 400 ont été fait sur des points de vente. Il y en a effectivement 150 qui montrent qu'il y a un biais sur la mise en place…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
C'est 10 %, c'est colossal.
PRISCA THEVENOT
Non mais je sais, je ne suis pas en train de minimiser. Je suis simplement en train de dire que ce n'est pas partout que la loi n'est pas appliquée. Il y a des cas où elle n'est pas appliquée, et quand ce n'est pas appliqué, c'est ce qu'a rappelé Bruno LE MAIRE précisément hier, mais encore une fois, il y a plus d'un plus d'un mois : nous devons sanctionner.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Le plan anti-pénurie médicament. Alors, il était présenté par madame VAUTRIN, la ministre concernée, hier. Là aussi, il faut réarmer, c'est le mot qui a été utilisé, donc j'ai l'impression que c'est le mot du Gouvernement en ce moment, dans le sillage du président de la République. Est-ce que c'est un plan qui est de nature à être efficace rapidement ? Soyons très concrets. Est-ce que vraiment ça va marcher rapidement ? Est-ce que vraiment les Français vont aller à la pharmacie, dire : "bonjour, il me faut l'amoxicilline. Tenez, voici une boite" ?
PRISCA THEVENOT
Eh bien, vraiment, je vais vous répondre. C'est que ce sujet, nous ne le découvrons pas aujourd'hui. Et nous ne le découvrons tellement pas aujourd'hui que nous avons commencé à travailler dessus, notamment au lendemain de la crise Covid, qui a été un fabuleux révélateur, pardonnez-moi du terme, mais aussi de sujets sur lesquels nous devions nous réarmer. Et l'enjeu de la souveraineté sanitaire de médicaments, était important. C'est la raison pour laquelle le président de la République a tout de suite pris des mesures, avec cette volonté de nous réindustrialiser autour de 25 médicaments stratégiques, des médicaments du quotidien. Donc, nous avons remis en place les lignes de production en France, et notamment hier, parce que c'est bien de venir vous expliquer ça sur un plateau, mais c'est bien de le constater sur le terrain, parce que c'est comme ça qu'on va pouvoir expliquer aux Français que oui, ils vont pouvoir maintenant avoir une garantie sur la capacité de pouvoir avoir leurs médicaments.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Mais, à quelle vitesse ?
PRISCA THEVENOT
Hier, hier, justement, hier soir, hier soir, la ministre de la Santé, Catherine VAUTRIN, était avec le ministre de l'Industrie, Roland LESCURE, en Mayenne, pour constater effectivement ces usines qui ont pu rouvrir, ces lignes de production de médicaments qui ont rouvert en France pour pouvoir livrer en continu nos compatriotes. Et il s'agissait précisément d'Amoxicilline.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Je voudrais revenir avec vous sur un point précis. Une membre de votre Gouvernement, madame LEBEC, qui a suggéré qu'il faudrait peut-être encadrer le droit de grève. Elle faisait allusion à la situation compliquée pour les voyageurs en période de vacances, soumis aux grèves de la SNCF. 150 000 voyageurs ont été impactés le week-end dernier, peut-être y en aura-t-il à nouveau ce week-end. C'est un droit fondamental en France et c'est…
PRISCA THEVENOT
Constitutionnel.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
... un sujet extrêmement sensible. Est-ce que c'est une bonne idée de vouloir encadrer le droit de grève ?
PRISCA THEVENOT
Merci de rappeler ma collègue Marie LEBEC, qui est ministre en charge des Relations avec le Parlement, et c'est tout à fait normal, à la place qui est la sienne, et sa mission, de rappeler qu'effectivement il y a une proposition de loi qui est présentée par un sénateur, Hervé MARSEILLE, sénateur centriste, sur une volonté effectivement d'avoir des jours de grève, enfin, des jours sur lesquels la grève ne serait a priori pas permise. Nous devons laisser le travail parlementaire se faire, et ce n'est pas à moi, membre du Gouvernement, de dicter ce qu'un parlementaire, ou pas, peut écrire. Maintenant…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Mais vous l'avez rappelé vous-même, c'est dans la loi fondamentale, c'est dans la Constitution.
PRISCA THEVENOT
Maintenant, ce que j'aimerais... Oui mais pardon, je suis ancienne parlementaire aussi, je pense que nous devons laisser le travail parlementaire se faire, et ça, c'est un droit aussi absolu. Maintenant, ce qu'on doit aussi rappeler, c'est regardé l'état du droit aujourd'hui. Depuis 2007, si je ne m'abuse, il y a la mise en place du service minimum. Regardons s'il est mis en place partout, si on ne peut pas continuer à le renforcer. Je sais qu'il est mis en place par exemple dans le système scolaire. Est-ce que c'est le cas dans toutes les branches pour le sujet des transports ? C'est aussi cela qu'il faut regarder. Et plus généralement, on peut s'interroger aussi sur la nature du dialogue social aujourd'hui en France. Vous me parlez du droit de grève et on parle beaucoup du droit de grève en ce moment, à raison, parce qu'effectivement il y a des mouvements sociaux au sein de la SNCF qui ont effectivement mobilisé un certain nombre de Français à quai…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Il faut y toucher alors.
PRISCA THEVENOT
Je ne dis pas qu'il faut y toucher, je dis qu'il faut laisser le travail parlementaire se faire. C'est extrêmement important de laisser le travail parlementaire.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Alors justement, puisqu'il est question de travail parlementaire, aidez-moi à y voir plus clair, s'il vous plait. Vous êtes la voix du Gouvernement. Est-ce que le RN, le Rassemblement national, il est dans l'arc républicain ou il est en dehors de l'arc républicain ? On a du mal à y comprendre, parce qu'Emmanuel MACRON dit les deux et son Premier ministre estime qu'ils sont dans l'Assemblée, donc dans l'arc républicain.
PRISCA THEVENOT
Excusez-moi, vous avez tout... eh bien je pense que vous avez répondu à la question. Est-ce que…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Eh bien non, parce qu'Emmanuel MACRON a dit qu'il n'y était pas, à l'Humanité, en déplacement à Bordeaux, il l'avait estimé qu'ils y étaient.
PRISCA THEVENOT
Est-ce que tout nous oppose au Rassemblement national ? Au sein de la majorité présidentielle, au sein du Gouvernement, le président lui-même, oui, tout nous oppose au Rassemblement national.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Ils y sont ou pas ?
PRISCA THEVENOT
Maintenant, est ce que le président de la République, le Premier ministre et nous, nous tous, sommes garants du fonctionnement et de la protection de nos institutions ? Oui. Et je suis désolée de le dire, je n'ai pas décidé, le Premier ministre n'a pas décidé, le président de la République n'a pas décidé qu'il y ait 88 députés à l'Assemblée nationale.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Mais vous ne répondez pas à ma question.
PRISCA THEVENOT
Mais je vous réponds de façon très précise.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Non.
PRISCA THEVENOT
Vous ne pouvez pas dire…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Est-ce qu'ils sont ou pas dans l'arc républicain ?
PRISCA THEVENOT
Mais ils sont dans... Regardez votre question. Est ce qu'ils sont dans l'arc républicain de l'Assemblée nationale ? Ils sont…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Non, pas de l'Assemblée nationale. Sont-ils ou non dans l'arc républicain ?
PRISCA THEVENOT
Vous l'avez dit précisément dans votre question. Donc, je le redis, on pourra... Mais vous savez, on pourra discuter en long, en large, en travers, dessus, je pense que nous sommes très clairs. Nous n'avons rien en commun avec le Rassemblement national. Maintenant, un parlementaire du Rassemblement national a autant de droits qu'un parlementaire de la France insoumise, ou qu'un parlementaire…
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Ils y sont, sans y être.
PRISCA THEVENOT
Ils y sont complètement. Ils sont à l'Assemblée nationale.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Ils sont complètement dans l'arc républicain.
PRISCA THEVENOT
Mais vous connaissez l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Vous allez faire quoi ? Tirer un rideau et faire semblant de ne pas les voir ?
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Non, je ne fais rien, moi, je vous interroge sur les déclarations du président de la République et du Premier ministre.
PRISCA THEVENOT
Eh bien plus que des déclarations, je vous rappelle, vous pouvez interroger, la position est très claire : rien, rien ne nous rapproche du Rassemblement national. Maintenant, nous devons respecter le fait qu'il siège à l'Assemblée nationale.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Toute dernière question, madame THEVENOT, allez-vous acheter de Paris Match, pour y découvrir votre collègue Gérald DARMANIN, en Une avec son fils ? D'aucuns estiment que, comme Nicolas SARKOZY à son époque, il avait posé avec ses enfants dans son poste de ministre de l'Intérieur. Vous feriez ça, vous ?
PRISCA THEVENOT
Dans Paris Match ?
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Vous poseriez avec vos enfants une couverture de Paris Match ?
PRISCA THEVENOT
Alors ça, c'est un autre sujet. Mais c'est vrai que moi je ne cache pas mes enfants. Ça peut être une discussion, mais c'est un sujet familial. Ensuite, Gérald DARMANIN a le droit de poser dans Paris Match. Maintenant, il faut ouvrir Paris Match, peut-être pour regarder l'article et le reportage sur lui.
JEAN-BAPTISTE BOURSIER
Merci beaucoup, Prisca THEVENOT, d'avoir été avec nous ce matin sur LCI.
PRISCA THEVENOT
De rien.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 février 2024