Texte intégral
NICOLAS DEMORAND
Et avec Léa SALAME, nous recevons ce matin, la secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté et de la Ville, dans " Le grand entretien " du 7/10. Questions et réactions, amis auditeurs, au 01 45 24 70 00 et sur l'application de France inter. Sabrina AGRESTI-ROUBACHE, bonjour.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Bonjour.
LEA SALAME
Bonjour.
NICOLAS DEMORAND
Soyez la bienvenue. C'est la première fois qu'on vous reçoit à ce micro, dans le 7/10. Vous venez de Marseille. Vous êtes députée des Bouches-du-Rhône et vous êtes rattachée au ministre de l'Intérieur et au ministre de la Transition écologique. On va parler de la politique de la Ville, de la sécurité. Mais commençons d'abord par ce week-end mouvementé au salon de l'agriculture. La visite d'Emmanuel MACRON a été perturbé, samedi, par la colère d'une partie des agriculteurs. Le Président a dû renoncer au grand débat qu'il voulait organiser. Il voulait inaugurer le salon avec plusieurs heures de retard même s'il y a passé l'essentiel de la journée.
LEA SALAME
13 heures.
NICOLAS DEMORAND
Voilà. L'opposition a parlé d'un fiasco. Qu'est-ce vous répondez sur les évènements de ce samedi ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, je réponds plusieurs choses. Un, il y a quelque chose qui me frappe, qui me choque - c'est la ministre marseillaise qui vous répond – que dans la classe politique, personne n'ait condamné la violence. Moi, je suis stupéfaite, c'est le Président de la République. Alors qu'on ne soit pas d'accord, qu'on puisse venir discuter… Il l'a dit, " je viens faire un grand débat ". Il n'a pas dit " je viens me défiler. " Il aurait très bien pu dire, oui, effectivement… Vous savez, les renseignements, il les avait. Il savait dans quel contexte il arrivait. Un, pas de condamnation des violences ; des violences contre les policiers, mais des violences contre le Président de la République. C'est le Président de la République ; on ne peut pas se comporter n'importe comment. Et la violence…
LEA SALAME
Mais même, ça va plus loin, par exemple… Pardon, je vous coupe…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je vous en supplie.
LEA SALAME
Arnaud ROUSSEAU, le patron de la FNSEA, a déclaré : " nous ne voulons pas de cette violence, mais nous la comprenons. "
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non mais, comprendre…
LEA SALAME
Qu'est-ce que vous pensez venant du premier syndicat agricole ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
On peut la comprendre mais on ne peut pas la justifier. Entendre, ce n'est pas justifier. Ce n'est pas acceptable que la classe politique dans son ensemble... Vous savez, tous les hommes politiques ont déjà fait une campagne dans leur vie. Ils sont exposés… On est tous exposés. Même moi, ministre à mon petit niveau, je suis exposée. Ne pas condamner la violence, c'est-à-dire des gens qui viennent pour en découdre et pour s'en prendre physiquement au Président de la République ; mais c'est quoi ça ? C'est qu'en réalité, on banalise la violence. C'est-à-dire que là où on veut expliquer aux jeunes des quartiers prioritaires parce qu'on en parlera tout à l'heure, que la violence, on la condamne ; eux ne la condamnent en leur grade et qualité, mais c'est un scandale. Moi, je suis scandalisée. Et heureusement, je le redis, les policiers étaient là. La police et les gendarmes ont réussi à sécuriser. Mais après, on note aussi que le Président de la République, il n'est pas resté deux heures, il est bien resté 13 heures. Il a fait son débat avec des gens qui avaient de discuter, de parler. Et la preuve, il en fait bouger sur des positions sur lesquelles, au départ, personne ne bougeait.
LEA SALAME
On va en venir sur les prix planchers, mais puisqu'il a bougé. Ça a été le gros bouger du week-end, comme on dit. Vous parlez de la violence et on entend ce que vous dites. C'est parfaitement audible. Mais le Rassemblement national ou d'autres dans l'opposition disent : " au fond, cette situation de chaos et de fiasco, c'est lui qui est responsable… "
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non.
LEA SALAME
" … et il ne prend pas ses responsabilités avec la vraie fausse invitation… "
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Mais quelles responsabilités pour les RN ?
LEA SALAME
Mais attendez, vous parlerez des RN. Mais sur ce qui est passé sur le grand débat, il invite ou n'invite pas. Finalement, on n'a toujours pas compris à cette heure, Les Soulèvements de la Terre, ce qui fait bloquer la FNSEA etc.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Il a dit.
LEA SALAME
Lui, il a dit : " je ne les ai pas invités. J'ai engueulé les conseillers "
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est comme si vous me disiez à moi " je vais inviter l'imam IQUIOUSSEN pour discuter de lutte contre la radicalisation ". Non, mais on est chez les fous.
LEA SALAME
Enfin, Les Soulèvements de la Terre disent qu'ils ont reçus un contact de l'Elysée.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
En tout cas, le Président de la République l'a dit… Et honnêtement, vous êtes des journalistes très sérieux, très normaux, on va dire, dans votre manière de fonctionner. Qui peut penser que le… je retire le dernier mot. Mais qui peut penser que le Président de la République peut inviter Les Soulèvements de la Terre pour discuter ? Alors qu'on a demandé en conseil des ministres leur dissolution quand même ?
LEA SALAME
Donc il n'y a pas une part de responsabilité du Gouvernement ou du Président de la République dans ce qui s'est passé ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non. La responsabilité…
LEA SALAME
Pour vous, c'est 100% le Rassemblement national qui a manipulé des syndicats ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Le Rassemblement national…. On va parler de la coordination rurale. Il me semble bien, et c'est même les médias qui l'ont repris. Je ne sais pas, je n'y étais pas. Il y avait bien des gens qui étaient du RN. Le Rassemblement national parce qu'ils nous disaient " en responsabilité ". Mais ils font quoi en responsabilité ? En 2019, ils votent pour la PAC. En 2021, il vote contre. En 2024, ils vont en revoter… Enfin, ils proposent quoi à part dire… venir faire des selfies et dire " c'est super, le salon de l'agriculture, non ? " Qu'est-ce qu'on propose concrètement ? Moi, après, je veux bien qu'on ne soit pas d'accord avec la politique qu'on mène. C'est même le principe de la politique, de s'opposer. Moi, je n'ai pas de problème avec l'opposition. Et je vais vous dire, la bagarre en politique, elle est normale, mais pas la violence et pas instrumentalisation du RN.
NICOLAS DEMORAND
En tout cas, Emmanuel MACRON a accusé le RN d'être responsable de ce chahut au Salon de l'agriculture.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Et il a raison.
NICOLAS DEMORAND
Il a qualifié la position du RN sur l'agriculture de " projet de décroissance et de bêtise ". Sébastien CHENU, le vice-président du parti, lui a répondu hier dans " Questions politiques " sur Inter " Bientôt, la crise agricole, c'est la faute du RN. La guerre en Ukraine, c'est la faute du RN. La crise dans l'école, c'est la faute du RN. Emmanuel MACRON n'assume aucune de ses responsabilités. Ça devient même un marqueur de sa politique. C'est révélateur d'un Président de la République perdu, qui n'assume rien, qui a utilisé sur le dos des agriculteurs, ce Salon, pour essayer de lancer une campagne européenne formelle. On l'a vu. " Vous répondez quoi à ça ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Je réponds que regardez ce qu'a fait le Président de la République sur les métiers en tension ; le fameux article qui avait mis le RN sans dessus dessous, si on peut dire les choses de cette manière.
LEA SALAME
Là, vous parlez de la loi immigration.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
La loi immigration. Il a dit " Moi, j'étais déjà non seulement très favorable à la régularisation d'étrangers dans les métiers en tension parce qu'on en a besoin. " Et il a répondu à une demande des agriculteurs. Il fait des choses très pragmatiques. Moi, je veux bien…. Après, vous savez, on peut philosopher. Mais moi, perso, je ne suis pas philosophe, je ne suis pas une intellectuelle. Puisqu'on fait de la politique, je suis ministre, j'ai été élue dans une circo contre le RN. J'ai battu le RN de moins de 700 voix. Et vous savez…
LEA SALAME
Enfin, la loi immigration - pardon de vous le rappeler - mais vous l'avez votée avec le Rassemblement national. Avec la voix du Rassemblement national.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, on ne l'a pas voté avec les votes, non. Non, Léa SALAME, non.
LEA SALAME
Ah bon ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui. On a voté le texte.
LEA SALAME
Ils étaient là à voter le texte.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non, vous ne pouvez pas… Non, on ne peut pas dire ça. La loi immigration en tout cas, quand ça sort de la commission mixte paritaire, ils font plusieurs choses. Il y a plusieurs choses qui sautent et plusieurs choses qui restent. Quand le Président, encore une fois, je reviens sur la loi immigration parce qu'elle est importante. C'était une demande des agriculteurs. Moi, je viens d'un milieu bizarrement très paysan parce que ma mère est née à Salon de Provence, au milieu des champs d'artichauts. Donc je sais exactement de quoi on parle quand on parle de la souffrance paysanne. Je dis quoi ? Je dis " il a entendu ". Quand vous parlez des prix planchers, c'est qu'il a entendu. Le Président n'est pas fermé. Mais après, entre le dialogue, l'énervement et la violence, je fais quand même une distinction. Et qu'est-ce que propose le RN, en attendant ? Il ne vote pas les lois parce que j'attends de voir ce qu'ils font là-haut au Parlement européen. Et j'attends de voir ce qu'il propose. Parce que dire " oui, les gens ont raison, ils sont énervés. Oh là là, vraiment Emmanuel MACRON, ne fait vraiment pas de la bonne politique. " Vous pensez que les gens attendent ça de nous ? Vous pensez que c'est au niveau ?
LEA SALAME
Alors, sur les prix planchers, ça a été effectivement le bouger d'Emmanuel MACRON…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Oui, le grand bouger.
LEA SALAME
… qui s'est dit favorable à des prix planchers dans chaque filière agricole alors même que ces prix planchers étaient rejetés il y a un mois par le ministre de l'Agriculture, son ministre de l'Agriculture, Marc FESNEAU, qui estimait, je cite, que " c'était une mesure démagogique qui entraînerait une concurrence déloyale sur le marché européen. " Et quand les Insoumis avaient proposé… avaient déposé une proposition de loi à l'Assemblée nationale sur les prix planchers, elle a été rejetée par votre majorité. Et à l'époque, il y a trois semaines, la ministre Olivia GREGOIRE avait dénoncé des mesures, je la cite " Rappelons Cuba ou l'Union soviétique. " On n'est plus à Cuba finalement ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non. Alors, moi, je reprends la phrase du Premier ministre qui était finalement assez imagé. " L'Agriculture, ce n'est ni l'URSS, ni le Far-West. " La réalité, c'est que d'une semaine à l'autre, on voit bien que les choses bougent. On voit bien que les agriculteurs, les paysans, nos paysans ont des choses à dire au Président de la République. Et de dire " j'accepte le gros bouger " Vous avez raison de l'appeler comme ça. Moi aussi, hier soir, en me préparant, je l'ai appelé comme ça. Il a raison de revenir sur une mesure, même si les ministres avaient dit exactement le contraire. Mais finalement, c'est le Président de tout le monde, c'est le Président de de tous les Français. Et de dire " J'ai entendu… " Attention, là, il y a un sujet parce qu'il fait pareil avec moi, il fait pareil avec tout le monde.
LEA SALAME
Donc, les ministres ont tort de dire " C'est une mesure démago qui va bousculer le marché " ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Le contexte n'était pas le même.
LEA SALAME
Si, c'est le même. Franchement, il n'y a rien qui a changé en trois semaines.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non mais vous voyez bien la grande ne pas se calmer. Vous voyez bien que c'est même l'une des choses sur lesquelles tout le monde, tout le monde paysan, le monde agricole, s'est crispé. Donc ça veut dire qu'il faut ouvrir le débat. Et je vais vous dire la vérité, elle n'est pas d'un côté ou de l'autre ; elle est forcément au milieu. Elle est forcément dans l'équilibre ; dans l'équilibre mais il faut que le… Enfin, il faut absolument que le monde agricole et le monde paysan comprenne que le Président les a entendus. Et c'est ça qu'il a voulu dire. Ce n'est pas pour contredire tel ou tel ministre, c'est pour dire " J'ai écouté les gens, je les ai entendus. "
NICOLAS DEMORAND
Alors, dans votre portefeuille, il y a la lutte contre la délinquance. Vendredi dernier, vous donniez le coup d'envoi d'un beauvau sur la prévention de la délinquance. Les chiffres du ministère de l'Intérieur sur la délinquance en 2023 ne sont pas bons : plus 5% pour les homicides ; plus 13 pour les tentatives, plus 10 pour les viols ou tentative de viol, 63% d'augmentation en cinq ans de plaintes déposées pour coups et blessures. Le criminologue, Alain BAUER, disait hier au JDD " le nombre de tentatives d'homicides en France est le plus élevé jamais enregistré. " Comment expliquez-vous ça, alors que Gérald DARMANIN ne cesse de répéter que les budgets augmentent ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est vrai.
NICOLAS DEMORAND
Pourquoi les résultats ne sont pas là ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Alors, plusieurs choses. Dans mon portefeuille, c'est juste, si vous me le permettez, comme ça au moins, on est bien au clair. Sur le volet citoyenneté, je suis uniquement rattachée à Gérald DARMANIN. Sur le volet Ville, je suis rattachée à Gérald DARMANIN, donc au ministre de l'Intérieur et Christophe BECHU à la transition écologique. J'ai dans mon portefeuille, la prévention de la délinquance, pas la lutte contre la prévention de la délinquance. Et c'est important, la lutte contre la radicalisation, l'accueil des réfugiés, les naturalisations, la laïcité. J'ai tous les sujets les plus inflammables qu'ils soient. Pourquoi ça augmente ? Alors, ça augmente parce que je pense que… je constate, comme vous, que la société devient plus violente. Vous savez, quand j'avais dit " les réseaux sociaux, pendant les émeutes ont transformé notre jeunesse et on n'a pas vu venir ça. " Parce qu'on était complètement à côté de la plaque. On a oublié un truc, la prévention. Moi, j'appartiens à une génération où je suis née dans le quartier le plus pauvre d'Europe, la Belle de Mai en Marseille. J'ai 47 ans. Ça a existé la prévention. On faisait des choses, c'est-à-dire qu'on s'occupait des jeunes. C'est le bas du spectre, la prévention. Et quand je dis de manière un peu provocatrice, je le reconnais, que pas de consommateurs, pas de dealers, qu'est-ce que je dis ? En fait, il faut travailler sur les conduites addictives. On ne s'occupe pas…
LEA SALAME
Le problème, c'est les consommateurs ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
S'il n'y a pas de client dans un réseau de stups, je peux vous garantir qu'il n'y a pas de raison de stups. Vous venez avec moi à Marseille, que vous expliquiez autre chose aux mamans, au collectif notamment, dont je suis très proche, avec qui je travaille, qui ont perdu leur enfant dans des assassinats…
LEA SALAME
Puisque vous parlez de Marseille, pardon mais les chiffres sont terribles. Les chiffres de Marseille l'an dernier…
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE V
ous parlez des assassinats.
LEA SALAME
Je parle des assassinats. Mais oui, mais parce que c'est souvent sur le fond de trafic de drogue. C'est ça qui se passe.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE T
out à fait.
LEA SALAME
A Marseille, on a l'an dernier 49 morts à Marseille, 120 blessés dans des fusillades liées au narcotrafic. C'est 50% de plus que l'année avant.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Combien de points de deal supprimés ? Il y a une stratégie qui a été adoptée par la préfète de police, Frédérique CAMILLERI, qui maintenant part dans l'Essonne et on la récupère. On est bien heureux aussi dans l'Essonne ; et le ministre de l'Intérieur et moi-même. La stratégie du pilonnage, c'était quoi ? C'était de dire, il faut supprimer les pointes de deal, c'est-à-dire cela, mais c'est assumé. Supprimer les points de deal, c'est quoi ? C'est réduire les parts de marché. Vous réduisez les parts de marché. Forcément, les parts de marché se disputent de manière plus meurtrière et violente. Ça, c'est la première chose.
LEA SALAME
Donc il faut accepter les morts ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Non. Je n'accepte pas les morts. Puisque je vous dis, je dis que je travaille avec le collectif…
LEA SALAME
Vous dites que c'est des victimes collatérales de notre politique ?
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
C'est une conséquence inéluctable de la lutte contre le trafic de drogue. L'autre chose, moi, j'avais beaucoup réfléchi et travaillé sur le désarmement financier massif des trafiquants de drogue. Vous pensez que cela ne veut rien dire, ça ? Ça veut dire quelque chose. Mais ça ne peut se faire qu'à l'échelle internationale. Marseille ne peut pas toute seule et la France ne peut pas toute seule lutter contre le trafic de drogue. Et encore une fois, juste, si vous me permettez, par rapport…
LEA SALAME
Oui, bien sûr, c'est capital.
SABRINA AGRESTI-ROUBACHE
Aux mamans dans justement, ce collectif, avec Aïcha et Karima, elles ont perdu pour l'une un frère, l'autre un enfant qui est mon ami d'enfance dans un assassinat et on ne dit plus " règlement de comptes ". Pourquoi on ne dit plus règlement de compte ? Parce que c'est des assassinats, on tue des gens. Il y a des enfants qui meurent, qui tombent. Mais de l'autre côté, qu'est-ce... on travaille sur quoi sur la prévention avec ces femmes ? Avec ces mères, elles ne nous disent pas : "Vous ne faites pas assez, vous avez tort de pilonner". Au contraire, c'est elles qui... La phrase, "Pas de consommateur, pas de dealer", ça vient de là, ça ne vient pas de moi, ce n'est pas moi qui l'ai inventé. Et l'autre chose, quand je dis "Il faut mettre les mamans à l'abri", les mamans nourrisses... Parce que vous voyez, sur la lutte contre le trafic de drogue, dans la prévention, je veux qu'on crée un statut particulier sur le modèle des repentis. C'est-à-dire qu'il y a une maman, dans un quartier, qui est une famille monoparentale, - Je rappelle juste les chiffres. - 30% de familles monoparentales dans les quartiers prioritaires. On les oblige, dans la très grande majorité des cas, à garder la drogue chez elles. Et elles ne parlent pas. Pourquoi elles ne parlent pas ? Parce qu'elles ont peur. Donc elles ont peur, il faut les protéger. Et comment les enquêteurs réussissent à remonter les filières et les réseaux de trafic de drogue ? Quand les gens parlent. Et pour leur permettre de parler, il faut les protéger. Donc je travaille un statut particulier pour les mères nourrices dans les quartiers.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 février 2024