Texte intégral
Madame la Présidente,
Monsieur le Secrétaire général,
Cela fait deux ans que la Russie mène une guerre d'agression à grande échelle contre l'Ukraine et contre le peuple ukrainien. Une guerre d'agression injuste, injustifiable et illégale. Au total, cela fait dix ans que la Russie cherche à envahir son voisin et veut lui prendre une partie de son territoire.
Ni les mauvais prétextes déployés par la Russie, ni la propagande et la désinformation massive sur les réseaux sociaux ne résistent à ce constat clair et sans appel : la Russie continue d'agresser son voisin ; des troupes russes sont présentes sur le territoire de l'Ukraine, un Etat souverain.
La Russie a fait seule le choix de la guerre, qu'elle a décidé de mener depuis deux ans et dont elle porte seule la responsabilité.
La Russie pourrait choisir d'y mettre un terme, en retirant ses troupes du territoire ukrainien, mais elle ne le fait pas.
Au contraire, elle continue de mener une guerre dont les conséquences font souffrir beaucoup de populations : nos populations, celles des pays les plus vulnérables, celles qui souffrent le plus de la crise alimentaire, de la crise énergétique également.
Cette guerre, je le disais, est illégale et en tous points contraire à la Charte des Nations unies, aux règles et aux principes qui fondent l'ordre international que nous avons bâti au sortir de la Deuxième Guerre mondiale. Un ordre dont notre Conseil doit rester le garant comme du respect de la souveraineté, de l'indépendance, et de l'intégrité territoriale des Etats. Nous ne pouvons pas, ne devons pas y renoncer. Nous devons faire primer et respecter le droit.
Je vous remercie d'ailleurs, Monsieur le Secrétaire général, de rappeler très clairement ces principes dans votre intervention.
La Russie viole les principes de la Charte, mais aussi les résolutions adoptées par notre Conseil. Elle utilise aussi, pour mener ses frappes, des drones acquis en Iran et des missiles fournis par la Corée du Nord. Elle occupe illégalement la centrale nucléaire de Zaporijjia et n'hésite pas à miner ses abords. Cela accroît de manière irresponsable le risque d'incident et d'accident nucléaire. Elle entrave la liberté de circulation en Mer Noire. Elle utilise l'énergie et l'alimentation comme des armes de guerre et de coercition. Elle emploie la désinformation. Et là, Monsieur le Représentant de la Fédération de Russie, je ne peux pas vous laisser dire que les ministres ne se sont pas réunis sur Gaza : j'ai moi-même présidé au niveau ministériel une réunion mensuelle sur ce point-là, en présence de nombreux ministres de l'Union européenne.
La guerre de la Russie est illégale, aussi, parce que ses troupes violent massivement le droit international humanitaire et les droits de l'Homme.
Illégale, la guerre russe est aussi inhumaine. Je veux redire ici notre condamnation la plus ferme des massacres de civils, des viols et des tortures utilisés comme armes de guerre, des déportations d'enfants ukrainiens : ces crimes ne doivent pas rester impunis. C'est d'ailleurs tout le sens des deux mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale l'an dernier. Tout cela, la Russie veut le faire, aussi, oublier. Elle veut nous persuader de ses victoires inéluctables, et elle veut que nous renoncions à défendre notre sécurité et nos valeurs. Elle échouera sur ce terrain, et sur d'autres.
D'abord, la Russie est en échec sur le point de vue militaire. Après deux ans de pertes immenses, au prix de pertes humaines par centaines de milliers, au prix d'une répression interne sans merci contre les voix qui disent l'absurdité de cette guerre, au prix d'une économie en déclin malgré des statistiques faussées, elle stagne sur le terrain militaire et recule en mer Noire. Elle échouera aussi à nous décourager. Dès lundi, la France réunira autour du Président de la République les pays déterminés à accroître le soutien à l'Ukraine et à répondre à la menace que la Russie fait peser sur leur sécurité.
Solidarité : nous sommes donc pleinement mobilisés pour l'Ukraine. L'Ukraine exerce sa légitime défense. Elle défend son existence même et sa liberté face à l'envahisseur. Et pourtant l'Ukraine, seule, cherche la paix et propose des initiatives en ce sens avec le plan du Président Zelensky. La France et l'Europe continueront, unies, à soutenir, là aussi, ce plan de soutien et de paix que propose le Président Zelensky.
Monsieur le Secrétaire général, Madame la Présidente,
Notre Conseil doit être uni autour d'un objectif : que notre Charte s'impose partout, à tous. Dans cette guerre, c'est la victoire de notre Charte qu'il faut rechercher, par la mise en échec de la Russie.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2024