Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames les ambassadrices, Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités,
La Russie agresse depuis deux ans son voisin et inflige depuis deux ans les pires souffrances à sa population.
Cette guerre d'agression ne concerne pas seulement l'Ukraine ; elle emporte des graves conséquences pour toutes nos populations.
Cela fait en effet deux ans, aussi, que la Russie aggrave la crise alimentaire, qu'elle fait consciemment le choix de nourrir son effort de guerre plutôt que d'aider les populations qui en ont besoin ; le choix de prendre pour cible et de pilonner chaque jour le système agricole ukrainien, celui d'essayer de bloquer le transport des céréales en mer Noire. Le choix fait par la Russie, c'est donc le choix de ralentir et d'appauvrir l'aide humanitaire. C'est le choix d'affamer.
Personne n'est dupe : ce n'est pas l'envoi, ponctuel, l'été dernier, de quelques cargaisons qui compensera l'immense dommage et fera office d'une véritable lutte contre la faim en Afrique, et sur d'autres continents.
Laisser la Russie gagner, c'est la laisser détruire l'agriculture ukrainienne et voler les terres aux Ukrainiens, c'est faire gagner la faim. La Russie n'aide pas les pays du Sud et encore moins ses populations. Bien au contraire. Et nous devons, ici dans cette instance, le dire clairement.
L'insécurité alimentaire s'est aussi jointe à l'insécurité énergétique : la Russie a pendant deux ans menacé les approvisionnements énergétiques, et bien sûr sans jamais le moindre égard pour le changement climatique.
La guerre d'agression russe contre l'Ukraine est donc bien une affaire de tous.
Elle nous concerne tous, aussi, parce qu'elle est illégale et injustifiée. Au sein de cette assemblée, nous sommes une écrasante majorité à vouloir la paix et la sécurité internationales. Cette majorité compte presque pour trois quarts de notre Assemblée. Et cette majorité n'est pas silencieuse. En deux ans, six fois l'Assemblée générale a demandé le respect de la souveraineté, de l'indépendance, de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, celui de la Charte des Nations unies. En octobre 2022, notre assemblée avait d'ailleurs logiquement condamné l'occupation illégale de régions entières de l'Ukraine par la Russie. En agressant son voisin, la Russie sape les principes et les règles qui fondent l'ordre international. Cet ordre international dont nous sommes tous ici les garants. Personne ne veut d'un monde dans lequel ces principes et ces règles ne sont que de l'encre sur un papier, dans lequel il est possible d'envahir son voisin en toute impunité.
Monsieur le Président,
Deux ans après, il est temps de revenir à la raison. Il est temps que cette agression russe cesse. Nous le demandons. Cette assemblée l'a plusieurs fois demandé, comme je viens de le dire. La Cour internationale de justice l'a ordonné dès mars 2022. Je le redemanderai cet après-midi, aussi, au nom de la France, au Conseil de sécurité.
Être aux côtés de l'Ukraine, c'est être dans le camp du droit, dans le camp de la paix et dans le camp de la sécurité. C'est être juste et humain. Comme le Président de la République a eu l'occasion de le redire aux côtés du président Zelensky, lors de sa récente visite à Paris, la France se tient et se tiendra aux côtés de l'Ukraine et de son peuple.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 février 2024