Texte intégral
Q - Bonjour Jean-Noël Barrot.
R - Bonjour Adrien Gindre.
(...)
Q - Parlons de Vladimir Poutine. Il se trouve que ça fait plusieurs semaines également que votre majorité et votre Gouvernement nous font comprendre qu'il y a - je ne sais pas quel sera le terme - une entreprise de déstabilisation conduite par la Russie, par Vladimir Poutine, contre nos intérêts, et y compris contre notre pays. D'abord, est-ce que vous pouvez nous dire s'il est établi que cette opération existe, qu'elle est fomentée par le Kremlin et qu'elle nous vise directement ?
R - Absolument. Et ça a commencé à s'accélérer depuis deux ans, depuis le début de la guerre en Ukraine. Nous le savons parce que le Président de la République a créé, en 2021, un service qui s'appelle VIGINUM, dont la mission est de détecter ces manoeuvres qui visent à déstabiliser l'opinion publique en France et à affaiblir le soutien public à l'Ukraine. Quelques exemples : la polémique des punaises de lit, qui a été artificiellement amplifiée sur les réseaux sociaux par des comptes dont il a été établi, qu'ils sont d'inspiration ou d'origine russe, avec même un lien faux créé entre l'arrivée de réfugiés ukrainiens et la diffusion des punaises de lit.
Q - Vous nous dites que la psychose "punaises de lit", c'est le Kremlin qui l'a orchestrée ?
R - Très largement amplifiée par des comptes liés au Kremlin. Deuxième exemple : l'instrumentalisation en France du conflit à Gaza avec l'affaire des étoiles de David à Paris et sur les réseaux sociaux. Là aussi, une volonté de crisper, de tendre notre débat public. Plus récemment encore : une fausse vidéo sur France 24 présentant une fausse nouvelle, consistant à dire que le Président de la République va décaler, reporter, annuler son voyage à Kiev pour des raisons de sécurité. Là aussi, la volonté, c'est de fragiliser l'Ukraine. Et puis, je citerai un dernier exemple, parce qu'il est très préoccupant pour nous alors que nous entrons en campagne électorale : c'est ce qui s'est passé en Slovaquie, il y a quelques mois, où un faux enregistrement audio d'un candidat à l'élection nationale a été diffusé massivement la veille de l'élection ...
Q - Déjà pour une campagne électorale.
R - ... dans laquelle on entend ce candidat, de manière artificielle, dire qu'il va manipuler le scrutin. Et ce candidat, en l'occurrence, il a perdu l'élection.
Q - Est-ce que, Jean-Noël Barrot, vous avez aussi connaissance de cyberattaques contre notre système électrique, contre notre système de transport ? Il y a les JO dans quelques mois ; il y aussi cette crainte-là.
R - Bien sûr. Il y a des tentatives constantes d'infiltrer un certain nombre de nos organisations. Mais nous avons une agence, l'ANSSI, qui protège ces sites critiques, et qui fait un travail remarquable, et qui est reconnue dans le monde entier.
Q - Au niveau individuel, les gens qui nous regardent ce matin : est-ce qu'il y a une manière de se prémunir, une manière d'éviter, pour ne pas tomber dans le panneau, d'une certaine manière ?
R - Evidemment. S'agissant des cyberattaques, comme on dit, il faut évidemment veiller à avoir des mots de passe qui soient renforcés et ne pas laisser toutes ses données sur Internet. Et s'agissant des fausses informations, eh bien il faut toujours être attentif à la source d'où vient l'information, pour éviter d'être contaminé soi-même et de contaminer les autres.
Q - Merci beaucoup, Jean-Noël Barrot. Les conseils et la mise en garde donc du Gouvernement face à ces opérations de déstabilisation russe.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 mars 2024