Déclaration à la presse de M. Jean-Noël Barrot, ministre délégué, chargé de l'Europe, sur l'Union européenne face au conflit en Ukraine, à Bruxelles le 19 mars 2024.

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Circonstance : Arrivée au Conseil Affaires générales

Texte intégral

Les chefs d'Etat et de gouvernement vont se réunir jeudi et vendredi au Conseil européen au moment où l'Ukraine continue de résister courageusement à l'invasion russe. Comme chacun le sait, le combat des Ukrainiens, c'est aussi le nôtre.

Tout d'abord, parce qu'en défendant l'intégrité de leur territoire national, les Ukrainiens luttent pour la sécurité et la liberté de l'Union européenne puisque si l'Ukraine venait à tomber, ce que nous ferons tout pour éviter, la ligne de front se déplacerait inévitablement vers l'ouest. D'autre part, parce que la volonté d'agression de Vladimir Poutine se fait ressentir dans le quotidien de nos concitoyens : la vente à des prix cassés des céréales russes fragilise le revenu de nos agriculteurs ; les cyberattaques d'origine russe ont déjà paralysé plusieurs hôpitaux en France ainsi qu'ailleurs ; et les manoeuvres de désinformation et les campagnes de fausses nouvelles perturbent en France et en Europe le débat public. Il nous faut donc continuer à soutenir l'Ukraine dans sa résistance contre la Russie aussi longtemps et aussi intensément que nécessaire.

De ce point de vue-là, les semaines passées ont permis de concrétiser certaines initiatives extrêmement bienvenues. Je pense évidemment à l'accord trouvé sur la Facilité européenne de paix, un instrument d'incitation au soutien militaire à l'Ukraine. Je pense à la communication récente de la Commission européenne sur son programme et sa stratégie pour la politique européenne de défense. Je pense évidemment à l'initiative prise par le Président de la République, le 26 février dernier, qui a rassemblé 27 chefs d'Etat et de gouvernement autour de l'idée de continuer à faire plus, à faire mieux et à faire différemment pour soutenir l'Ukraine.

Dans ce contexte, la France soutient l'idée essentielle de voir émerger une base européenne de défense, puissante et robuste, parce que la crédibilité de notre soutien à l'Ukraine dépend de la crédibilité de notre base industrielle de défense. Pour y parvenir, il nous faudra trouver les instruments financiers adéquats. Cette question sera au centre des discussions des chefs d'Etat et de gouvernement jeudi et vendredi. Il faut aller plus loin sur la capacité d'investissement de la Banque européenne d'investissement dont le mandat aujourd'hui ne permet pas de soutenir l'industrie de défense directement. Il faut réfléchir et avancer sur la proposition faite par la Première ministre estonienne d'un nouvel emprunt commun venant soutenir le développement de l'industrie de défense au service de la résistance ukrainienne. Il faut aussi avancer sur la mobilisation des profits d'aubaine des avoirs russes gelés issus des sanctions.

Je voudrais finir par rappeler que nous condamnons les supposées élections qui se sont tenues dans les territoires occupés en rappelant que nous ne les reconnaissons pas et que nous ne les reconnaîtrons jamais.

Puis, un mot en conclusion pour rappeler que les mesures annoncées par la Commission européenne en matière d'agriculture devront être rapidement suivies d'effets pour restaurer la confiance avec les agriculteurs dans l'Union européenne. De nouvelles initiatives seront évoquées, abordées, prises jeudi et vendredi qui doivent s'articuler autour de quatre piliers : la simplification, bien sûr ; la protection du revenu de nos agriculteurs ; la concurrence équitable ; et la réciprocité dans les échanges avec la défense des mesures miroirs.


Q - J'ai une question sur la Bosnie. Est-ce que la France va soutenir le début des négociations avec la Bosnie ? Où voyez-vous peut-être des problèmes ?

R - Nous considérons que les efforts qui ont été réalisés depuis le mois de décembre dernier ont été limités, trop limités, qu'il faut continuer à encourager les dirigeants bosniens à faire des efforts pour atteindre les objectifs qui ont été fixés. À court terme, il faut envoyer un signal positif tout en maintenant de fortes incitations à avancer pour aboutir le moment venu à une ouverture effective des négociations d'adhésion.

Q - Est-ce que la France va dire oui ou non ?

R - Je vous ai répondu.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 mars 2024