Extraits d'un entretien de M. Franck Riester, ministre délégué, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité, de la francophonie et des Français de l'étranger, avec Europe 1 le 20 mars 2024, sur la francophonie.

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Intervenant(s) : 
  • Franck Riester - Ministre délégué, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité, de la francophonie et des Français de l'étranger

Média : Europe 1

Texte intégral

Q - Bonjour Franck Riester, ministre du commerce extérieur, de l'attractivité de la francophonie et des Français de l'étranger. Et justement, on célèbre aujourd'hui la Journée internationale de la francophonie : 300 millions de personnes, plus de 300 millions de personnes, parlent français dans le monde. C'est aujourd'hui la cinquième langue la plus parlée sur la planète. Avec la croissance démographique en Afrique, 8% de la population mondiale pourrait parler français en 2050, c'est colossal. Et pourtant, est ce que la langue de Molière est vraiment utilisée comme un outil d'influence, aujourd'hui ?

R - Oui, mais je pense qu'on pourrait faire plus et davantage.

Q - Comment on fait plus ?

R - Les Français, d'abord, doivent se l'approprier, la francophonie. Certains ont tout à fait conscience - mais d'autres peut-être pas assez - de cette appartenance à un espace francophone, avec des dizaines, des centaines de millions de personnes qui parlent la même langue, avec qui ils ont un lien tout particulier, un lien fort, celui de la langue, et qui doit leur permettre de trouver des opportunités d'innovation, des opportunités de création, des opportunités de "business" aussi. Et donc, le jour de cette Journée internationale de la francophonie, à l'aune du Sommet de la Francophonie qui aura lieu début octobre à Paris à Villers-Cotterêts, qui est pour nous évidemment un moment fort, nous devons faire en sorte que la francophonie soit plus au coeur de nos vies, et que nous saisissions davantage les opportunités de la francophonie. Alors, bien sûr, au niveau des chefs d'Etat, il y aura un sommet important, je dirais institutionnel ; mais il faut que tous les acteurs de la société civile, tous les Français, tous les francophones, quels qu'ils soient et où qu'ils soient, se mobilisent. Nous, nous avons une responsabilité de faire en sorte que davantage de personnes parlent le français, donc de continuer à soutenir l'effort de l'AEFE, avec ses 580 établissements et ses 400.000 élèves, partout dans le monde, les Alliances françaises, tous ces enseignants qui apprennent à des millions de personnes dans le monde apprenant le français, qui leur apprennent le français ; et on va continuer à les soutenir, à les remercier de ce qu'ils font.

Q - Parler français partout dans le monde, on entend le projet. On sait que, effectivement, le nombre de francophones augmente.

(...)

Q - J'ai des petites devinettes pour vous : si je vous dis les mots charo, soumsoum ou miskine, vous comprenez ?

R - Là, pour le coup, non.

Q - C'est de l'argot. Charo, c'est charognard. Soumsoum, c'est faire quelque chose furtivement. Miskine, ça veut dire "le pauvre". Pour vous, ces mots d'argot, c'est un enrichissement de la langue ?

R - Cela fait partie de nos vies. Vous savez, la langue française, elle évolue, elle est vivante, elle est aussi plurielle d'une certaine façon. C'est d'ailleurs pour ça que nous avons, dans les actions que nous conduisons en matière de francophonie, mis en place un dictionnaire de la francophonie, le "Dictionnaire des francophones", parce que partout dans le monde, il y a des mots qui sont spécifiques à la langue française dans les pays. Et donc l'argot est une partie de ce qu'est le français, d'une certaine façon, même si ce n'est pas forcément académique.

Q - Il faut l'encourager ?

R - Il ne s'agit pas de l'encourager, mais il faut le respecter. Cela fait partie de nos vies.

Q - En tout cas, l'argot est très utilisé par l'artiste francophone la plus écoutée dans le monde actuellement, Aya Nakamura. On en a beaucoup parlé dernièrement parce que certains voient d'un très mauvais oeil son éventuelle participation à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris. Quel est votre avis en tant que ministre déléguée à la francophonie ?

R - Ecoutez, si ça devait se confirmer, ça serait une formidable nouvelle que cette grande star française, qui rayonne dans le monde entier, puisse interpréter une chanson du patrimoine français d'Edith Piaf, ce serait exceptionnel. Cela permettrait de montrer la France dans sa diversité, et d'être aussi un moyen de toucher des francophones, et peut-être d'autres personnes, au-delà de la francophonie, qui regarderont ces Jeux olympiques et Jeux paralympiques. Je suis vraiment triste, voire parfois en colère, de voir la façon dont certains instrumentalisent cette idée, avec des arrière-pensées parfois très nauséabondes, et qui ont, par leurs dires, créé des haines, suscité des haines contre cette chanteuse qui, encore une fois, est une grande artiste, une grande star.

(...)

Q - Merci beaucoup, Franck Riester, ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité, de la francophonie et des Français de l'étranger.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 avril 2024