Interview de M. Marc Fesneau, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire, à France 2 le 12 avril 2024, sur la sécurité sanitaire des repas servis aux spectateurs, aux athlètes, aux journalistes pendant les Jeux olympiques, les prix planchers en matière agricole, les économies budgétaires et les élections européennes.

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Média : France 2

Texte intégral

GUILLAUME DARET
Bienvenu dans les " 4V ", Marc FESNEAU.

MARC FESNEAU
Bonjour.

GUILLAUME DARET
Dans quelques minutes, vous serez en Seine-Saint-Denis avec les services de sécurité sanitaire. Parce que les Jeux olympiques, ça va être aussi des millions de repas servis aux spectateurs, aux athlètes, aux journalistes qui sont présent aussi sur les sites. Quels dispositifs vous allez déployer en matière de sécurité sanitaire pour éviter qu'il y ait des problèmes d'intoxication et autres ?

MARC FESNEAU
Alors, il y a deux types de lieux qui sont à surveiller, si je peux dire, les sites eux-mêmes qui vont accueillir les Jeux olympiques. C'est 12 millions de repas qui vont être servis pendant la période des Jeux olympiques, les sportifs, leur accompagnants, les bénévoles, les forces de sécurité d'ailleurs, qui surveilleront tout ça, évidemment, les journalistes et puis les spectateurs. Donc on a besoin de renforcer les contrôles dans ces moments-là, parce qu'on a beaucoup de monde qui est présent, d'ailleurs avec une diversité de l'alimentation, parce qu'il y a beaucoup de repas qui sont servis, chacun étant avec son propre régime alimentaire. Et donc on renforce les services. C'est 31 personnes qui seront en plus dans les services…

GUILLAUME DARET
Spécifiquement…

MARC FESNEAU
...en plus de ce que nous avons, c'est-à-dire 5 800 agents quand même, qui tous les jours assurent la sécurité sanitaire et alimentaire.

GUILLAUME DARET
31 personnes consacrées aux contrôles pendant la période des Jeux olympiques.

MARC FESNEAU
En plus de ce que nous avons pendant la période des Jeux olympiques, pour faire en sorte que les choses se passent en bon ordre et dans les meilleures configurations possibles. La sécurité sanitaire, alimentaire, est un élément très important. Je rappelle quand même que c'est près de 6 000 agents, 1 milliard d'euros chaque année qui sont consacrés à la sécurité sanitaire, et donc dans le moment olympique, qui va être aussi un moment de mise en valeur des produits français, de la gastronomie française, de nos savoir-faire agricoles et agroalimentaires. Évidemment, il y a une vigilance particulière.

GUILLAUME DARET
Combien de contrôles vous comptez faire pendant cette période des Jeux olympiques ?

MARC FESNEAU
Alors, ce que je peux vous dire, c'est ce qu'on a déjà fait, parce qu'on commence déjà à contrôler, parce qu'il y a les sites, je disais, et puis il y a aux abords, parce qu'il y a tous les restaurants et tous ceux qui vont, touristes ou autres, qui viendront au-delà des Jeux olympiques eux-mêmes, visiter la France. On a déjà fait 1 500 contrôles en amont, là, sur les sites olympiques ou pré olympiques autour des Jeux olympiques. On ne peut pas vous dire aujourd'hui. Ce que je sais, et ce que je peux vous dire, c'est que cette année, on va doubler le nombre de contrôles au global. Alors, ce n'est pas lié qu'aux Jeux olympiques, c'est l'objectif de cette réforme de la police de la sécurité sanitaire, c'est-à-dire c'est 50 000 contrôles de plus qui seront effectués cette année en 2024, c'était l'objectif de la fusion, c'était de faire en sorte qu'on puisse avoir plus de contrôles dans les établissements de commerces, dans les établissements de la grande distribution ou du commerce en général, évidemment chez les restaurateurs, pour assurer à nos concitoyens la sécurité.

GUILLAUME DARET
Est-ce que vous avez déjà des résultats sur ces 1 500 premiers contrôles ?

MARC FESNEAU
Non, pour l'instant…

GUILLAUME DARET
J'imagine que vous serez extrêmement stricts. Le moindre problème, vous fermez le restaurant ?

MARC FESNEAU
Non, enfin ce n'est pas le même... Parfois, il y a quelques anomalies et c'est une occasion, c'est ce qu'on va faire d'ailleurs ce matin, de montrer ce qu'est la pédagogie des agents. Parfois, ce n'est pas des choses qui sont très graves d'un point de vue, c'est simplement une petite vigilance. Et puis après, quand il y a des sujets, ça arrive régulièrement, quand il y a des sujets où la sécurité sanitaire est en cause, évidemment, il y a des mesures plus coercitives.

GUILLAUME DARET
Alors, il y a ces jours, on le voyait aussi, une demande de plus en plus forte, toujours de la part des agriculteurs. Le chef de l'Etat avait promis, à l'issue du Conseil des ministres d'il y a quelques semaines, et bien sûr en amont, lors du Salon de l'agriculture, de les recevoir à nouveau. Ça n'a toujours pas eu lieu. Ça ne l'intéresse plus les agriculteurs, Emmanuel MACRON ?

MARC FESNEAU
Non, alors pas du tout. D'abord, le président de la République a l'habitude de tenir ses engagements, comme vous le savez. Et il aime bien d'ailleurs revenir souvent sur les engagements qu'il a pris pour faire un point d'étape. Donc il recevra…

GUILLAUME DARET
Pourquoi il ne les a pas reçus ?

MARC FESNEAU
Vous savez qu'il y a des agendas qui sont parfois des agendas compliqués pour un président de la République, des agendas internationaux, dans les jours prochains ou dans les semaines, mais c'est très rapidement maintenant, il recevra des agriculteurs. L'idée aussi, c'était que nous continuions, chacun étant dans sa tâche, que nous continuions au niveau gouvernemental, à déployer le plan tel qu'il a été prévu de sortie de crise, à montrer aux agriculteurs ce que nous voulons faire. On a présenté le projet de loi, donc on continue à travailler pour le monde agricole. Et l'idée, c'est que le président de la République puisse les recevoir pour leur donner sa vision, au-delà des mesures conjoncturelles ou plus structurelles.

GUILLAUME DARET
Dans les promesses faites par le chef de l'Etat et les engagements, écoutez, il y avait celui-ci normalement, notamment.

EMMANUEL MACRON
Moi je prends un engagement ici, il y aura un prix minimum, un prix plancher, en dessous duquel le transformateur ne peut pas l'acheter et donc en dessous duquel, après, derrière, le distributeur ne peut pas vendre. L'indicateur, il sera filière par filière et il constituera ce prix.

GUILLAUME DARET
Alors aujourd'hui, notamment, la Coordination rurale, la Confédération paysanne, appellent le chef de l'Etat à tenir ses engagements. Marc FESNEAU, est-ce qu'il y aura oui ou non la création de prix plancher ?

MARC FESNEAU
Mais, la volonté du gouvernement et celle du président de la République est intacte. Simplement, pour avoir des indicateurs de production, il faut les construire, il faut les fabriquer, il faut se mettre d'accord. Deuxième élément, il y a une mission qui a été faite, qui a été lancée avec deux parlementaires, madame BABAULT et monsieur IZARD, pour faire en sorte qu'on nous dise quelles sont les améliorations qu'on peut faire dans EGALIM. Donc il y a les améliorations de la loi EGALIM, parce qu'il y a un certain nombre de grands distributeurs qui dévoient la loi avec des centrales d'achat européennes. Deuxième élément, c'est de construire filière par filière plus que ça ne l'est encore, des prix et des indicateurs qui permettront de faire en sorte qu'on ait une marche en avant du prix.

GUILLAUME DARET
" Prix plancher ", vous ne reprendriez pas ce terme.

MARC FESNEAU
Si. Mais le prix plancher ne me gêne pas. Simplement, qu'est-ce que c'est Le prix plancher ? C'est le prix à partir duquel on construit le prix final. Parce que le prix plancher, ça donne le sentiment que c'est chez l'agriculteur le prix plancher, c'est chez le transformateur, c'est chez le consommateur. C'est le prix à partir duquel ? et c'est la volonté du gouvernement depuis des années, puisque c'est ce qui s'est construit dans EGALIM. Rappelons aussi qu'une partie des productions françaises ne sont pas dans EGALIM. Les fruits et légumes ne sont pas dans EGALIM, le vin n'est pas dans la loi EGALIM. Les grandes cultures ne sont pas dans EGALIM. Donc il faut regarder aussi quels sont ceux qui ont intérêt, et ce n'est pas... c'était le choix des filières, d'ailleurs, donc il faut qu'on regarde quels sont les indices et les coûts de production et à partir de là, que l'on construise le prix par la marche en avant.

GUILLAUME DARET
Le gouvernement cherche à nouveau 10 milliards d'économies supplémentaires à faire dès cette année. Est-ce que ça veut dire qu'il n'y aura plus un centime d'aides supplémentaires pour les agriculteurs, même s'il y en avait besoin ?

MARC FESNEAU
Non. Alors pardon, d'abord, il faut quand même que l'on reparte de là où on est. Les mesures qui ont été annoncées pendant la crise, ces 500 millions d'euros supplémentaires. Le budget du ministère de l'Agriculture cette année, c'est 1 milliard d'euros supplémentaire.

GUILLAUME DARET
Est-ce que vous allez devoir faire des efforts vous aussi ?

MARC FESNEAU
Mais, chacun fait sa part d'effort. Mais on était à... On a gagné 25% de notre budget cette année, sur la planification écologique en particulier. Donc je me vois mal dire que nous ne faisons pas d'efforts sur l'agriculture. Vous voyez ce que je veux dire ?

GUILLAUME DARET
Vous faites des efforts, mais désormais, pour faire des économies, est ce que vous allez vous aussi devoir faire des économies ?

MARC FESNEAU
Non mais on fera une part des, on fera comme tout le monde une part d'économies, mais en net, le budget de l'agriculture n'aura jamais été aussi élevé cette année que de tout temps d'ailleurs.

GUILLAUME DARET
On a eu cette image il y a quelques instants, Bruno LE MAIRE, Emmanuel MACRON, en matière de finances publiques, vous choisissez lequel, vous êtes plutôt de quel côté vous ?

MARC FESNEAU
Je ne crois pas qu'il y ait un hiatus que celui que vous essayez de décrire. La volonté, c'est d'abord de tenir un équilibre budgétaire. Chacun dit avec ces mots, mais le président de la République l'a rappelé, un, il faut... d'abord il n'y a pas un caractère anxiogène à développer sur le territoire et auprès des gens. Il y a besoin de faire des économies parce que nous sommes dans un moment où la croissance est plus faible, où les rentrées financières sont plus faibles. Et donc le président de la République a eu raison de rappeler qu'il fallait le faire, sans manoeuvrer avec l'anxiété générale et en faisant ça avec sérieux, parce que les gens nous regardent et qu'on a besoin de montrer que nous sommes sérieux d'un point de vue budgétaire et que, en même temps, nous sommes en rendez-vous des promesses, parce que j'entends beaucoup d'oppositions qui nous disent : il faut faire des économies, et je ne vois que des dépenses qui sont proposées. Et nous avons fait des efforts sur la police, sur la gendarmerie, sur la justice, sur la santé, et personne ne veut remettre ça en cause. Donc il faut qu'on trouve cet équilibre.

GUILLAUME DARET
On voit que ça devient, les finances publiques, aussi un sujet de la campagne des Européennes. La liste de la majorité est nettement devancée par le RN dans les sondages. Il faut rester prudent, bien sûr, ce ne sont que des sondages. Pourquoi cette campagne ne semble pas fonctionner pour l'instant ?

MARC FESNEAU
Alors, je suis payé pour savoir, si vous me permettez cette expression, que la campagne européenne se dénoue ou se noue plutôt dans les derniers jours. Donc laissons faire la campagne. Je n'ai pas le sentiment que nos concitoyens soient tout à fait encore dans la campagne. Je vois d'ailleurs une stratégie d'évitement du candidat du Rassemblement national, puisqu'il est assez peu présent. Autant capitaliser au fond que sur la colère. Cette campagne, elle a du mal à intéresser nos concitoyens. Or il faut qu'on montre à quel point les solutions aux problèmes que nous rencontrons, ils sont au niveau européen. C'est plutôt de plus d'Europe dont on a besoin, que de moins d'Europe, d'être plus ensemble que moins ensemble, face aux grands défis géostratégiques du monde, sur la question de la défense, sur la question de la sécurité alimentaire, sur la question énergétique, si on est tout seul dans notre coin, alors je garantis qu'on aura de graves problèmes. Donc c'est comme ça qu'il faut essayer de mener cette campagne.

GUILLAUME DARET
Deux questions courtes, deux réponses pour terminer.

MARC FESNEAU
On va essayer.

GUILLAUME DARET
Regardez ces deux photos. Michel-Edouard LECLERC. Michel SARDOU. Est-ce que vous diriez vous aussi : " Michel SARDOU a su – je cite – comme le dit l'entourage du chef de l'Etat, diagnostiquer le mal-être masculin dans ces textes ", et que c'est pour ça qu'il faut le décorer ?

MARC FESNEAU
C'est quand même un chanteur très populaire, que j'aime bien, moi personnellement. Il était de son temps, d'une certaine façon, quand il expliquait, exprimait ça. Moi, je trouve qu'il a une façon d'exprimer les choses. Alors, aujourd'hui, il dirait les mêmes choses, ce serait très choquant sans doute. Mais toute saison, c'est plaisir, si je peux dire, ou toute époque c'est plaisir, et donc moi je trouve qu'il a plutôt décrit des choses qui étaient intéressantes, avec les mots qui sont ceux de SARDOU, qui sont parfois des mots un peu…

GUILLAUME DARET
Michel-Edouard LECLERC, lui, veut s'engager en politique, peut-être, il dit : " J'y pense tout le temps ". En un mot, on sait que vous avez eu des, parfois des tensions avec lui.

MARC FESNEAU
Mais je trouve que c'est toujours intéressant de se confronter au suffrage universel et je conseille à tout le monde d'aller voir ce que c'est qu'un électeur. Ça permettra à Michel-Edouard LECLERC de se frotter aux électeurs et de voir ce qu'est la réalité. Electeurs, dont les agriculteurs, dont les transformateurs. Que chacun fasse ce qu'il a à faire. Ça ne me gêne pas. Il y a toujours une tentation…

GUILLAUME DARET
De la politique.

MARC FESNEAU
De la politique…

GUILLAUME DARET
On verra s'il franchit le pas.

MARC FESNEAU
Comme quoi, ça continue à attirer.

GUILLAUME DARET
Merci beaucoup Marc FESNEAU.

LUCIE CHAUMETTE
Merci. Merci à tous les deux. On retient les contrôles sanitaires qui vont être renforcés à l'approche des JO. Marc FESNEAU, qui précisait à l'instant 1 500 contrôles sanitaires déjà effectués.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 avril 2024