Texte intégral
Q - Avec nous, le chef de la diplomatie française, ce soir. Bonsoir Stéphane Séjourné. Merci d'être avec nous.
R - Bonsoir.
Q - D'abord, étiez-vous au courant de l'imminence de cette attaque iranienne ?
R - D'abord, c'est la première fois que l'Iran s'en prend directement à Israël. On avait l'habitude, dans la région, de voir le Hamas oeuvrer, qui était responsable des attaques du 7 octobre, les Houthis au Yémen qui perturbent notamment le naval et la circulation navale en mer Rouge...
Q - Mais jamais une attaque directe.
R - ..., en Syrie, en Irak. Jamais une attaque directe. Il s'agit effectivement d'une attaque sans précédent et d'envergure avec plus de 300 drones, des missiles balistiques. Et pour ce qui concerne la France, nous condamnons avec la plus grande fermeté. Pour ce qui concerne les Français, cela fait depuis quelques heures, 48 heures, que nous nous préparions à cette attaque, avec des consignes précises aux voyageurs et aux ressortissants français de ne pas aller dans la région. Nous avons également fait revenir les familles de nos diplomates à Téhéran, grâce notamment à nos services de renseignement et aux postes et aux ambassades sur place.
Q - Ça veut dire qu'on était au courant quelque temps auparavant, comme les services de renseignement américains ?
R - C'est-à-dire qu'on se préparait à une éventuelle attaque.
Q - Comment vous qualifiez cette attaque ? Vous la qualifiez d'inédite ; les Iraniens parlent d'une riposte à la frappe du consulat à Damas. Que dit Paris ?
R - Il ne faut pas inverser les responsabilités. Aujourd'hui, c'est les Iraniens qui ont attaqué Israël, notamment. Et puis il faut voir aussi les choses, je vous le disais. Cela fait maintenant depuis 1979 que l'Iran a mis au coeur de sa diplomatie la haine contre Israël, et donc ce n'est pas nouveau. On a l'Iran qui est hostile dans cette région et nous nous préparons également, dans toutes ces circonstances, à pouvoir oeuvrer notamment à la sécurité de la région.
Q - À la sécurité de la région. Hier, comment vous qualifiez l'intervention des militaires français ? Ils ont défendu Israël ou ils ont défendu nos bases militaires ?
R - Non, nous avons pris nos responsabilités parce que nous sommes un acteur de la sécurité régionale. Il faut que vos téléspectateurs le comprennent.
Q - Le "non", il s'adresse à l'idée que nous n'avons pas défendu Israël ?
R - Nous avons pris nos responsabilités parce que nous sommes acteurs de la sécurité régionale. Nous avons des bases en Jordanie et aux Emirats arabes unis notamment, et l'attaque iranienne ne mettait pas en cause Israël, mais également portait atteinte à la sécurité de nos forces et violait l'espace aérien de nos partenaires arabes, qui sont les Jordaniens et l'ensemble des pays arabes avec qui nous avons des accords. Et donc dans ce cadre-là, oui, nous avons agi en conséquence et nous avons participé à des actions d'interception notamment.
Q - Mais pas de défense directe de l'Etat d'Israël. Ce n'est pas le positionnement français ce soir.
R - Avec aujourd'hui des actions d'interception. J'en resterai là.
Q - Le G7 condamne l'attaque iranienne, mais que dites-vous ce soir à Benyamin Netanyahou ? Vous lui dites stop, pas d'escalade ? Est-ce que vous avez d'abord ce pouvoir ? Est-ce que la France a un rôle à jouer dans cette situation ?
R - D'abord, le rôle de la France aujourd'hui, c'est la sécurité de nos compatriotes sur place. Je veux le redire ici, que nos postes, nos ambassades, nos consulats sont entièrement mobilisés pour la sécurité des Français dans la région. C'est important de le dire, et en tant que ministre des affaires étrangères, c'est peut-être mon rôle premier. Puis la priorité principale est peut-être politique. D'abord, passer des messages très fermes à l'Iran. Demain, j'ai demandé aux services du ministère des affaires étrangères de convoquer l'ambassadeur d'Iran pour passer ce message de fermeté. Le G7 regarde éventuellement à des sanctions, organise éventuellement un message particulier donné à l'Iran. Et puis il faut éviter que dans cette région, les conflits qui sont déjà en cours ne s'aggravent. C'est notre objectif au Liban. Nous avons un cas particulier avec des messages particuliers que nous avions passés, des propositions que nous avons faites, qui ont été très bien accueillie. Et c'est le cas évidemment à Gaza, où nos priorités restent la libération des otages, le cessez-le-feu et l'ouverture de points humanitaires, dans le cadre de l'action que nous menons, notamment avec les Jordaniens.
Q - Le président Zelensky appelle à une réponse mondiale contre un axe qu'il définit comme celui de l'Iran et de la Russie, "Axe du Mal" à ses yeux. Vous lui répondez quoi ? Participer à ce genre de réunion, cela vous intéresse ?
R - Il faut de la désescalade et notamment appeler à ce que la région se pacifie dans cette période. Donc tous les messages qui seront passés par la diplomatie française et à la retenue également. Et donc nous menons un message à la retenue et à la désescalade dans cette région.
Q - Et si escalade il y avait, l'Iran attaquait à l'avenir à nouveau Israël, est-ce que la France serait aux côtés d'Israël ? Je pense que cette question est importante pour l'Etat d'Israël et les Israéliens.
R - Nous travaillons aujourd'hui sur le volet diplomatique, et c'est mon rôle, à ce que ces attaques ne se reproduisent pas. Et nous travaillons à la désescalade. Mais n'inversons pas les responsabilités. Hier, c'est bien l'Iran qui a attaqué Israël et pas l'inverse.
Q - Merci Monsieur le Ministre. Voilà pour cette page spéciale consacrée à ces attaques iraniennes en direction d'Israël et sur les interrogations sur les conséquences dans la région.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 avril 2024