Texte intégral
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Bonjour Nicole BELLOUBET.
NICOLE BELLOUBET
Bonjour.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Merci d'être avec nous dans « Les 4V ». On va commencer par ces faits de violences qui se multiplient ces dernières semaines dans l'actualité. Beaucoup de faits divers dont on parle effectivement et qui touchent souvent, de près ou de loin, le milieu scolaire. Le Premier ministre annonce vouloir remettre l'autorité au coeur de sa politique. J'ai envie de vous dire, à part faire des annonces des grands principes, effectivement, que peut faire l'exécutif, notamment pour sécuriser à la fois le milieu scolaire et les abords des écoles qui sont souvent concernés par ces faits de violence ?
NICOLE BELLOUBET
Alors. D'abord, laissez-moi vous dire que c'est un drame à chaque fois que nous sommes face à une difficulté, voire des fois... parfois, à un décès d'un élève. Donc c'est notre famille qui est touchée. Je voudrais dire cela en premier lieu. Ensuite, ce ne sont pas que des mots, ce qu'a dit le premier, et ce que nous faisons. Nous avons vraiment la volonté de constituer un bouclier autour de l'école. Et ce n'est pas une volonté, ça se traduit réellement sur la sécurisation des établissements. Nous avons, il y a quelques jours, eu une réunion avec les préfets, les procureurs généraux, les recteurs pour faire remonter les établissements où il y a des difficultés majeures.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Il y en aura un peu plus d'une centaine.
NICOLE BELLOUBET
Il y en aura, oui, un peu plus. Nous allons... C'est-à-dire que ce sont des établissements dans lesquels il n'y a pas encore les dispositifs suffisants. Vous voyez, les boutons anti-alarme... anti-intrusion ; des éléments comme cela. Donc, nous allons travailler là-dessus, donc sécurisation physique des lieux. Nous avons également travaillé sur les espaces numériques de travail, vous le savez, puisqu'il y a également de la cybermalveillance. Et donc là, nous avons également pris des dispositions extrêmement concrètes. Nous travaillons également à l'accompagnement de nos professeurs et de la communauté éducative. Ce sont des formations, c'est un soutien psychologique lorsqu'il y a des difficultés. C'est vraiment toute une série de... C'est un soutien pédagogique lorsque nos enseignants sont soumis à des difficultés dans la classe. Et puis, également nous avons des dispositifs juridiques très puissants avec l'Etat qui maintenant va se porter parties civiles de manière systématique.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Donc le pas de vagues, on ferme les yeux ? Non, ça, c'est terminé. L'Etat prend ses responsabilités chaque fois ?
NICOLE BELLOUBET
Ah non, ça, c'est terminé. Nous prenons nos responsabilités. C'est vraiment terminé. Et nous sommes vraiment en marche pour répondre à cette absence de pas de vagues. Parce c'est bien beau de dire « pas de vagues », mais il faut derrière suivre les situations difficiles et c'est ce que nous faisons, aussi bien pour le harcèlement que pour d'autres difficultés.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Gabriel ATTAL a évoqué spécifiquement le cas des élèves perturbateurs. Déjà, c'est quoi pour vous un élève perturbateur ? Est-ce qu'il faudrait qu'il y ait une récurrence, par exemple, pour qu'il y ait une appréciation dans son dossier Parcoursup, comme l'a évoqué le Premier ministre ?
NICOLE BELLOUBET
Alors, la réponse est à plusieurs niveaux. Un élève perturbateur, il peut être perturbateur parce qu'il est en difficulté physique ou parce qu'il y a un handicap. Dans ce cas-là, nous avons des réponses adaptées. Soit, nous mettons en place un assistant d'éducation au handicap, soit nous avons des dispositifs spécifiques de prise en charge. Il peut être perturbateur parce qu'il est en difficulté dans sa famille. Dans ce cas-là, effectivement, il y a des signalements qui peuvent être faits, mais également l'école répond par la prise en charge spécifique de ces élèves. Et entre autres situations ; le Premier ministre a évoqué la question des internats.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Il a fait un déplacement ce matin à Nice, effectivement, pour parler de ces internats éducatifs.
NICOLE BELLOUBET
Il y a deux types d'internat. Enfin, il y a un seul type d'internat, mais je dirais, il y a deux dispositifs. Ce matin, il va à Nice avec Éric Dupond-MORETTI parce que ce sont en fait des internats qui permettent de prendre en charge des jeunes pendant les vacances scolaires, avec un encadrement militaire pour partie, et qui vraiment, sont des élèves qui ont été repérés comme étant très hautement perturbateurs. Ce que nous faisons à l'Education nationale, c'est la possibilité donnée aux parents de prendre en charge leurs élèves, de les éloigner soit d'un milieu familial qui est distant parce que c'est de l'extrême ruralité…
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Ou un milieu social difficile.
NICOLE BELLOUBET
Voilà. Et nous pouvons... Nous offrons la possibilité de les prendre en charge en internat avec, vraiment là, un encadrement éducatif. Et là, nous offrons même la possibilité qu'il y ait zéro reste à charge pour les élèves boursiers.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Mais soyons précis, là, c'est quelque chose sur la base du volontariat.
NICOLE BELLOUBET
Oui, bien sûr.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Ce sont les parents qui font la démarche de mettre leurs enfants…
NICOLE BELLOUBET
C'est-à-dire que c'est un dialogue, comme toujours, entre la communauté éducative et les parents. Parce qu'au fond, le rôle de l'école, c'est bien d'assurer ce dialogue entre la communauté éducative et les parents.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Mais quand on voit qu'il y a un problème justement avec un élève perturbateur, comme dit le Premier ministre ; est-ce que là, on ne pourrait pas dire « non, on ne vous laisse pas le choix, vous allez dans ces internats éducatifs ou sinon il y a des sanctions plus lourdes » ? ce n'est pas l'idée ?
NICOLE BELLOUBET
C'est une marge supplémentaire. Nous allons voir... Vous savez que le Premier ministre a souhaité engager une concertation pendant huit semaines. Nous allons voir ce que nous pouvons mettre en place. Mais là, pour le moment, nous offrons cette possibilité éducative.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Nicole BELLOUBET, les syndicats d'enseignants sont toujours très remontés contre la création de ce que l'on appelle « les groupes de niveaux au collège. » Le Premier ministre a confirmé qu'il y aurait bien trois groupes de niveau en sixième, cinquième pour les Français, et les Maths à la rentrée. Vous confirmez ? Ce sera en place dès la rentrée prochaine ?
NICOLE BELLOUBET
Notre volonté... Je le redis ici, ma volonté est de faire réussir tous les élèves. C'est le seul objet de l'école, c'est d'améliorer leurs performances scolaires pour leur donner plus de chance dans la vie. Je suis à la tête de ce ministère que pour cela. Dans ce cadre-là, nous avons pensé que, en sixième et en cinquième, nous pouvions apporter plus de soutien à l'ensemble des élèves ; soit aux élèves qui sont le plus en difficulté, sur l'apprentissage de telle ou telle compétence, par exemple en mathématiques, sur la numération ou sur la géométrie. Donc nous mettons en place des groupes de besoins qui vont prendre en charge ces élèves. Et c'est ce que nous voulons faire.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Mais pourquoi il y a une telle hostilité de certains enseignants qui disent qu'on met à l'écart les moins bons.
NICOLE BELLOUBET
Non, ce n'est pas du tout cela, vraiment. Moi, je le dis clairement, je refuse le tri social. Je refuse qu'un élève soit assigné définitivement dans telle ou telle situation. Donc nous prenons les élèves qui ont des difficultés dans tel endroit, mais peut-être qui sont très bons dans tel autre domaine. Donc ils ne sont pas dans des groupes homogènes en permanence. Ils pourront changer de groupe et cela, c'est une autonomie que nous laissons aux établissements scolaires.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Les syndicats veulent faire annuler cette mesure devant le Conseil d'Etat. Il y a un risque que vous craignez ?
NICOLE BELLOUBET
Alors, je ne vais pas ennuyer nos téléspectateurs avec des considérations juridiques. Certains syndicats considèrent que cela, dont ces dispositifs, aurait dû être pris par décret ; nous l'avons pris par arrêté. Evidemment, nous verrons ce que dit le Conseil d'Etat. Mais je le dis, ce qui importe, c'est le soutien que nous pouvons apporter aux élèves.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Un mot d'Emmanuel MACRON, qui a annoncé effectivement, début du moins, que le concours des professeurs des écoles se fera désormais à bac+3, non plus à bac+5. C'est une réforme envisagée comme un remède à la crise, effectivement, des vocations au sein de l'Education nationale. Est-ce qu'on ne risque pas de brader encore un peu plus le diplôme d'enseignant, alors qu'en ce moment il y a déjà presque... ?
NICOLE BELLOUBET
Non, au contraire, au contraire, au contraire. Vraiment, c'est le contraire qui est fait. Notre idée, c'est vraiment de donner un trajet... une trajectoire d'excellence aux jeunes qui veulent devenir professeurs. Pour cela, on leur dit deux choses : vous avez une formation spécifique, adaptée, claire ; vous passez votre concours au niveau de la licence et ensuite, vous poursuivez pendant deux ans jusqu'au niveau du master car aucun enseignant n'enseignera sans master. Mais pendant ces deux années, entre la licence et le master, vous serez rémunéré et vous serez en stage ou en responsabilité devant les élèves.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Pendant deux ans, il y a une formation continue rémunérée ?
NICOLE BELLOUBET
Exactement, qui sera directement devant les élèves. Donc, c'est formidable, évidemment.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Donc c'est plus de pratiques et moins de théories.
NICOLE BELLOUBET
Plus de pratique et, me semble-t-il, plus d'efficacité et toujours de l'excellence.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
A un mois, effectivement, des élections européennes, Nicole BELLOUBET ; nous sommes à sept semaines maintenant du scrutin, un peu moins parce que dans cette semaine nous commenterons les résultats dans « Télématin ». Jordan BARDELLA qui conduit la liste RN semble désormais intouchable. Valérie HAYER, menacée désormais, votre candidate, par la liste de Raphaël GLUCKSMANN, dans les sondages. Comment on pourrait convaincre justement les Français de soutenir votre candidat de la majorité pour ces européennes ? Qu'est-ce que vous leur direz ?
NICOLE BELLOUBET
Moi, il me semble que ce que nous devons dire, c'est ce qu'est l'Europe pour nous, Français. L'Europe, il me semble que c'est une ambition, un besoin, une nécessité. C'est une ambition parce qu'il faut tout de même se rappeler que l'Europe, quand elle a été créée, c'était pour la paix. Et nous sommes, encore plus maintenant d'ailleurs, dans cette exigence-là, dans cette ambition avec la situation en Ukraine. L'Europe, c'est une ambition, c'est un besoin. Regardez de manière très concrète, pour chaque Français, ce que l'Europe apporte. Pour moi, dans le domaine de l'éducation nationale, ce sont les stages Erasmus. Combien d'enfants aujourd'hui ? Ce sont des centaines de milliers d'enfants qui partent en stage Erasmus. C'est vraiment un besoin pour chacun d'entre nous. Et c'est une nécessité, nous le voyons bien. Nous avons vu ce qui s'est passé après le Covid. C'est évidemment un appui en termes de vaccins, de médicaments, en termes financiers, pour que l'économie ne tombe pas.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Et Emmanuel MACRON s'exprimera jeudi à la Sorbonne, pour parler d'Europe.
NICOLE BELLOUBET
Absolument.
JEAN-BAPTISTE MARTEAU
Merci beaucoup, Nicole BELLOUBET, ministre de l'Education nationale, d'être venue dans « les 4V » ce matin.
NICOLE BELLOUBET
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 2 mai 2024