Entretien avec M. Franck Riester, ministre délégué, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité, de la francophonie et des Français de l'étranger, avec "L'Opinion" le 2 mai 2024, sur les investissements étrangers en France.

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  • Franck Riester - Ministre délégué, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité, de la francophonie et des Français de l'étranger

Média : L'Opinion

Texte intégral


Q - La France reste le pays le plus attractif d'Europe mais le nombre de projets a baissé de 5 % en 2023. Est-ce un signal d'alerte ?

R - C'est d'abord une grande satisfaction de voir que la France a attiré le plus de projets d'investissements en 2023 pour la cinquième année consécutive, devant la Grande-Bretagne et l'Allemagne, mais a aussi la meilleure image auprès des investisseurs internationaux. Je souligne le fort poids des investissements industriels, de 44 %. La France enregistre trois fois plus de projets industriels que la Grande-Bretagne, à peu près six fois plus que l'Allemagne et neuf fois plus que l'Italie en 2023. Ce n'est pas le fruit du hasard, mais d'une politique ambitieuse en termes d'attractivité et de compétitivité menée depuis sept ans par le président de la République. Par ailleurs, cette baisse que vous évoquez est observée globalement au niveau mondial et européen.

Q - Oui, toute l'Europe souffre de la concurrence exacerbée avec les Etats-Unis et la Chine...

R - Nous devons continuer de travailler en maintenant notre stratégie d'amélioration de la compétitivité. Nous devons poursuivre la maîtrise de notre fiscalité. Comme l'a demandé le Premier ministre, nous avançons dans la simplification administrative et l'amélioration du financement des entreprises - c'est ce que permettent le projet de loi simplification et la proposition de loi du député Alexandre Holroyd. Il nous faut continuer d'investir dans l'innovation et la recherche, en confortant le crédit d'impôt recherche (CIR), France 2030, ou le crédit d'impôt sur les technologies vertes. On veut aussi aller plus loin au niveau européen sur ces sujets comme l'a dit le président de la République dans son deuxième discours de la Sorbonne.

Q - Il n'y a donc pas de plan de hausses d'impôts caché pour après les européennes comme le soupçonnent les oppositions ?

R - Bien sûr que non. Pour aller plus loin, donner de la visibilité aux entreprises, il faut que nous gardions la même politique et que nous accélérions dans la simplification administrative, comme c'est le cas avec le plan de simplification annoncé par Bruno Le Maire. On ne se repose pas sur nos lauriers.

Q - Excluez-vous de raboter le CIR dans le budget 2025 ?

R - Le CIR est plébiscité par les investisseurs, nous devons le conforter car c'est un élément fort de notre attractivité. Nous sommes numéro un des projets sur la R&D, encore en 2023, notamment sur les projets portant sur l'intelligence artificielle. Nous voulons donc continuer à avoir un crédit d'impôt recherche reconnu dans le monde comme un de nos atouts principaux.

Q - Les investissements étrangers en France créent moins d'emplois par projet qu'ailleurs...

R - Nos chiffres continuent de s'améliorer puisqu'ils ont permis de créer 40 000 emplois en 2023, davantage qu'en 2022. Nous avons en réalité plus de petits et moyens projets mais pas moins de gros projets d'investissements de plus de 250 salariés qu'en Grande-Bretagne et en Allemagne. Nous avons su fidéliser des investisseurs étrangers qui continuent de développer des sites sur lesquels ils étaient déjà installés.

Q - Le rapport de EY pointe la baisse alarmante de projets d'investissements étrangers dans deux secteurs industriels : la chimie et l'agroalimentaire. C'est inquiétant ?

R - On observe cela à l'échelle de toute l'Europe, mais la France reste numéro un sur ces deux secteurs devant l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Nous devons travailler filière par filière pour répondre aux besoins spécifiques de certaines. C'est ce qu'on fait, par exemple sur les médicaments. Par ailleurs, l'agroalimentaire est un des secteurs stratégiques fortement soutenus dans le cadre de France 2030.


source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 mai 2024