Interview de M. Stéphane Séjourné, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à LCI et Reuters le 1er mai 2024, sur les possibilités d'une trêve dans le conflit à Gaza.

Prononcé le 1er mai 2024

Intervenant(s) : 
  • Stéphane Séjourné - Ministre délégué, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité, de la francophonie et des Français de l'étranger

Média : LCI

Texte intégral

Q - Qu'est-ce que vous a dit votre homologue sur les possibilités d'une trêve ?

R - D'abord, je suis venu ici pour coordonner nos efforts sur la trêve, porter les messages qui sont donnés par la France, mais également par nos partenaires arabes dans la région, pour qu'Israël puisse reculer cette offensive éventuellement à Rafah, qui n'est pas, à notre sens, une bonne opération aujourd'hui, vu le contexte humanitaire et le contexte dans la bande de Gaza. Puis donner un message fort de coordination à Israël pour que si cette trêve a lieu, elle puisse également être effective, notamment sur la bande de Gaza, mais également sur le Sud-Liban, puisque nous avons un intérêt particulier sur le Sud-Liban.

Donc deux messages particuliers : non à l'offensive à Rafah, un message très clair de la part des Egyptiens et des Français ; coordination sur cette trêve et sur la libération des otages qui reste notre priorité ici. J'ai rappelé que trois Français sont encore détenus dans la bande de Gaza. Et puis un message également sur l'humanitaire qui reste notre priorité également dans la bande de Gaza.

Q - Sur la trêve, est-ce qu'il était optimiste, votre homologue ?

R - On a quelques informations, je ne pourrai pas tout vous dire aujourd'hui évidemment. On coordonne nos actions diplomatiques maintenant depuis deux jours. C'est un moment important puisque nous avons à la fois échangé des informations que nous avons, des rendez-vous diplomatiques que nous devons faire dans les prochaines heures pour, justement, optimiser les chances de réussite. Puis notre volonté, dans ce cadre-là, de faire et d'obtenir cette trêve sur l'ensemble du territoire de la bande de Gaza, y compris sur le Sud-Liban. Je pense que c'était ça le message le plus pertinent. La coordination que nous effectuons avec les Egyptiens a aujourd'hui un impact sur Israël, sur les deux parties prenantes et sur les négociations d'otages. La négociation est entre Israël et le Hamas et nous sommes des vecteurs pour qu'elle puisse réussir.

Q - Une dernière question, si vous évoquez des otages, il y en a trois Français de ces otages, est-ce que vous avez des garanties ou des avancées qu'ils pourront faire partie, si accord il y a évidemment, de la trentaine ou la quarantaine d'otages qui pourraient être libérés dans le cadre de cet accord ?

R - J'ai évidemment passé le message. J'ai repassé le message hier au gouvernement israélien. Ça reste notre priorité. Trois de nos compatriotes sont encore otages à Gaza et on souhaite les voir figurer sur cette liste, si cette trêve avait lieu. On suit ça avec attention, mais la pression diplomatique est très forte. Je vais encore réitérer auprès des autorités égyptiennes qui sont aussi en discussion, en négociations.

Q - Vous sentez qu'il y a des signaux qui montrent qu'il pourrait y avoir une trêve assez rapidement ?

R - Je ne peux rien vous dire à ce stade, puisque nous ne sommes pas partie à la négociation, mais nous la souhaitons, l'ensemble des parties la souhaite. Maintenant, il faut que la discussion se fasse et surtout, qu'il n'y ait pas d'interaction entre les différents acteurs. C'est une question de vie ou de mort pour un certain nombre de personnes sur place. Si on peut sauver des vies et être utile aujourd'hui, c'est le message qu'on donne avec les autorités égyptiennes, on doit le faire, évidemment en garantissant les garanties de sécurité à la fois pour Israël et l'ensemble des parties prenantes. Le travail est continu. Je ne peux pas vous donner de réponse évidente, mais la France est aux côtés de la paix et des efforts de paix. C'est aussi l'objet de ma présence ici.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 mai 2024