Texte intégral
SALHIA BRAKHLIA
Bonjour Roland LESCURE.
ROLAND LESCURE
Bonjour.
JEROME CHAPUIS
Bonjour.
ROLAND LESCURE
Bonjour à tous les deux.
SALHIA BRAKHLIA
15 milliards de promesses d'investissements, 15 milliards, c'est le chiffre annoncé par l'Elysée pour cette septième édition du sommet Choose France qui commence aujourd'hui, c'est la bonne nouvelle que vous attendiez en ces temps moroses ?
ROLAND LESCURE
C'est une bonne nouvelle qui en suit six autres, parce que c'est le septième sommet Choose France et tous les ans c'est plus d'investisseurs, on en a 56 cette année, contre à peu près la moitié l'année dernière…
SALHIA BRAKHLIA
28.
ROLAND LESCURE
Exactement, la moitié en fait, et plus d'euros, on est passé de 13 à 15, et plus d'emplois à la clé. On annonce des choses à Versailles, ça fait un peu les ors de la République, les grandes annonces, les patrons débarquent, mais la réalité c'est que les annonces sont faites à Versailles et les parpaings ils poussent partout en France, dans la Somme, dans l'Ardèche, dans la Côte-d'Or, dans les Hauts-de-France, donc on a vraiment aujourd'hui des usines qui poussent, sur des investissements qui ont été annoncés il y a quelques années, qui sont en train de livrer, et on continue à livrer, donc oui, c'est une très bonne nouvelle, face au défaitisme parfois un peu généralisé, ne gâchons pas notre plaisir.
SALHIA BRAKHLIA
On va essayer de comprendre justement comment sont décidés ces investissements, mais d'accord il y a l'exemple de Microsoft.
JEROME CHAPUIS
Oui, Microsoft qui a lui seul promet 4 milliards en France, son patron confirme ce matin dans « Le Figaro » la construction d'un data center dans la région de Mulhouse. Est-ce que vous avez des précisions, ça peut représenter combien d'emplois d'abord, et puis où est-ce que ce sera précisément ?
ROLAND LESCURE
Alors ce sont, à terme, des centaines d'emplois, et il y a deux enjeux derrière l'intelligence artificielle, qui est le gros sujet sur lequel Microsoft investit en France, il y a, un, la recherche, les ingénieurs, et ça ce sera plutôt dans la région parisienne, et deux, les data centers. Et vous savez pourquoi Microsoft choisit la France ? parce qu'on a l'électricité décarbonée et pas chère, les data centers ça consomme beaucoup d'énergie et ils choisissent la France, ça fait souvent partie des atouts qui sont mis en avant d'ailleurs, parce qu'on a de l'électricité décarbonée pas chère et on va continuer à investir là-dedans parce que ça fait des avantages comparatifs de la France extrêmement appréciés.
JEROME CHAPUIS
Je vais vous demander une précision parce que c'est important pour les personnes concernées, le journal « l'Alsace » parle de la commune de Petit-Landau, il y a 800 habitants, comme implantation, est-ce que vous confirmez ?
ROLAND LESCURE
Non, je ne vais pas conformer aujourd'hui, confirmer pardon, l'installation exacte, on verra dans la journée toutes ces précisions qui seront données, mais ce qui est clair c'est qu'aujourd'hui on installe des usines, on installe des centres de data, on installe des emplois dans des territoires éloignés, pour certains d'entre eux d'ailleurs, qui ont vu la désindustrialisation, je dirais se délivrer pendant 20…
JEROME CHAPUIS
Quarantaine d'années.
ROLAND LESCURE
25, 30 ans aujourd'hui, enfin vraiment je souhaiterais qu'on ne gâche pas notre plaisir, on a des emplois qui vont être créés dans tous les territoires de France avec de l'espoir à la clé…
SALHIA BRAKHLIA
Oui, alors justement, c'est quand même la question qu'on se pose chaque année avec Choose France, beaucoup d'annonces, beaucoup, beaucoup d'annonces, là on parle de 15 milliards d'investissements, on parle de 56 projets, 122, c'est le nombre de projets d'investissement qui ont été annoncés depuis la création du sommet Choose France, et selon " l'Usine Nouvelle ", sur ces 122, 27 seulement sont des nouvelles usines, 27 nouveaux projets sur six ans, est-ce que ça vaut vraiment la mobilisation du président de la République, de tous les ministres, un grand dîner à Versailles, est-ce que ça vaut tout ça ?
ROLAND LESCURE
Mais bien sûr ! En fait, une entreprise qui choisit la France, et qui choisit à nouveau d'investir en France, c'est encore une meilleure nouvelle. Je vais vous donner un exemple très concret, on parle de milliards, moi je vais vous parler de millions. VORWERK, qui est une entreprise allemande qui fabrique le Thermomix, tout le monde connaît le Thermomix, vous savez qu'il y a 1,4 million Thermomix qui sortent de France et qui sont exportés dans le monde entier, tous les Thermomix du monde sont fabriqués en France, à Châteaudun, dans l'Eure-et-Loir. Il y a deux ans, Thermomix, qui est présent depuis 1961 en France, dit " moi je vais investir 70 millions à Châteaudun pour une nouvelle usine ", deux ans plus tard ils disent " je double la mise ", ça fait 120 emplois, donc évidemment que c'est important, quand on choisit la France, d'investir à nouveau. Les chiffres exacts. L'année dernière, 200 usines, ou extensions d'usines, net supplémentaires en plus, il y a des ouvertures d'usines en 2023, des nouvelles, c'est à peu près 50, 55, et il y a des usines qui sont étendues, c'est à peu près 150, et les deux on prend, parce que les deux c'est de l'emploi, les deux c'est de l'activité, les deux c'est de la prospérité, et en plus la plupart de ces investissements sont liés à la décarbonation, donc ce qu'on appelle l'industrie verte, qui permet en plus de dépolluer.
SALHIA BRAKHLIA
Et à côté combien ferment aussi ?
ROLAND LESCURE
On a aujourd'hui, donc sur les 200 net dont je parlais tout à l'heure, en 2023, on a 350 ouvertures, de lignes ou d'usines, et à peu près 150 fermetures, donc le solde net c'est 201, pour être précis, en plus.
JEROME CHAPUIS
Là vous parlez à chaque fois du nombre de sites, mais en nombre d'emplois à la fin, vous parliez des 20 ans de désindustrialisation…
ROLAND LESCURE
Sept ans, 130 000 emplois industriels créés, on en a détruit 2 millions, ça donne une idée à la fois de la bonne nouvelle, 130 000 emplois industriels en France…
JEROME CHAPUIS
Et de ce qui reste à faire.
ROLAND LESCURE
Et de ce qui reste à faire, il y a un travail énorme. A Dunkerque on a détruit 10 000 emplois, depuis quinze ans, 10 000, on va en créer 20 000, 20 000 dans les dix ans qui viennent, donc on inverse la tendance, mais le travail est immense, c'est pour ça qu'aujourd'hui, je dirais on est content 24 heures et demain on se remet au boulot parce qu'il faut accélérer ce travail qui est le travail d'une vie, qui est le travail d'un ministre qui, je peux vous le dire, ne chôme pas sur ce sujet.
JEROME CHAPUIS
Parce qu'à ce train-là il faudrait des décennies pour revenir au niveau du début des années 80.
ROLAND LESCURE
Non, au rythme d'ouvertures d'usines, sur lequel on est, d'ici une dizaine d'années on aura inversé les quinze ans qui viennent de s'écouler, donc c'est déjà bien, mais ça veut dire effectivement qu'il faut accélérer, accélérer, accélérer.
SALHIA BRAKHLIA
Comment ça fonctionne au niveau de Choose France, est-ce que par exemple au niveau du gouvernement vous établissez une liste d'entreprises, de patrons que vous voulez inviter pour les inciter fortement à investir en France, ou alors ce sont les patrons qui disent " hello, on aimerait bien y participer " ?
ROLAND LESCURE
Je dirais que ça a pas mal évolué. Il y a sept ans Choose France c'était le lundi avant Davos et on se disait " allez, ils vont venir passer un week-end à Paris ", je caricature à peine, " du coup ils seront à Paris… "
SALHIA BRAKHLIA
" Ils passent par Versailles. "
ROLAND LESCURE
" On va les faire passer par Versailles, et mardi ils seront à Davos ", donc c'est vrai qu'au début il fallait un peu qu'on attire le chaland, maintenant les gens se bousculent pour venir à Choose France. C'est aujourd'hui, il ne se passait rien hier, il se passera rien demain, et les patrons on en a 180 qui viennent de l'étranger, on en avait des dizaines de plus qui souhaitaient venir, on a refusé du monde à Versailles, c'était…
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que vous choisissez les patrons en fonction des pays, est-ce que, par exemple, il y a d'autres justement, d'autres pays que vous voulez gagner et…
JEROME CHAPUIS
La Chine et les Etats-Unis par exemple ?
ROLAND LESCURE
Alors, on a des Américains, on a PFIZER qui, j'allais dire est un habitué, tous les ans ils annoncent des investissements, je pense que c'est 500 millions aujourd'hui…
JEROME CHAPUIS
Mais les Chinois, par exemple, quand ils construisent des usines de voitures électriques, ils vont plutôt en Hongrie.
ROLAND LESCURE
On a des Chinois, on a une entreprise de batteries qui va s'installer dans les Hauts-de-France pour construire des cathodes, qui sont des éléments très importants des batteries, on a des investisseurs du Moyen-Orient, qui sont peu présents en France et qui commencent à s'y intéresser. Donc, comment on choisit ? D'abord ceux qui ont des projets, on les reçoit, on travaille avec eux, on voit si le projet a du sens, si on peut trouver un terrain qui leur va, etc., et évidemment s'ils annoncent, je dirais un investissement, le ticket est gratuit, ils peuvent venir, et puis il y en a d'autres qui viennent parce qu'ils s'intéressent, ils n'ont pas nécessairement un projet définitif, et on les fait venir, je dirais pour terminer le deal comme on dit, donc on est…
SALHIA BRAKHLIA
il faut dire comment ça se passe, juste rapidement, ces patrons, ces grands patrons qui arrivent à Versailles, ils auront l'occasion de vous rencontrer, vous ministre, ainsi que d'autres ministres, ils auront l'occasion aussi de parler directement au Président de la République, vous, à l'inverse, vous leur dites " venez vous installer en France, justement on va vous faire des petits cadeaux, c'est-à-dire des petits cadeaux de fiscalité, on ne va pas augmenter les impôts des entreprises. "
ROLAND LESCURE
Alors, ce qui est vrai c'est que la politique de l'offre, comme on l'appelle, qu'on mène depuis sept ans, elle fait partie des qualités, elle fait partie de ce qui attire aujourd'hui les investisseurs en France, mais il y a d'autres éléments tout aussi importants. Je parlais tout à l'heure de l'électricité décarbonée, très important, la rapidité d'exécution, on a simplifié les procédures d'installation, on ne sacrifie pas l'environnement évidemment, mais on simplifie, on accélère, ça, ça fait partie aussi des qualités…
SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais vous les séduisez avec la fiscalité.
ROLAND LESCURE
Ecoutez, on a encore la fiscalité la plus lourde du monde, donc je ne pense pas que ça suffise. C'est vrai qu'on a baissé les impôts pour les entreprises, on a baissé l'impôt sur les sociétés, mais on reste aujourd'hui le pays, un des deux pays, qui taxe le plus au monde, non, la fiscalité ça joue, le foncier, les terrains, l'électricité décarbonée, la capacité à générer du talent, on a aujourd'hui des ingénieurs, des techniciens qui sont connus pour la qualité de leur travail, c'est vraiment l'ensemble de l'oeuvre. Et je voudrais rajouter un truc, c'est l'alignement entre l'Etat et les régions. On dit souvent, je dis souvent l'industrie n'a pas de couleur de maillot, l'extrême droite déteste l'industrie parce qu'ils se sont nourris de la désindustrialisation, l'extrême gauche n'aime pas l'entreprise, mais pour tout le reste, moi je travaille avec Xavier BERTRAND, je travaille avec Carole DELGA, je travaille avec Alain ROUSSET…
SALHIA BRAKHLIA
Le Parti socialiste ou les LR.
ROLAND LESCURE
Oui, et Franck LEROY qui est de la majorité présidentielle dans le Grand-Est, tous les présidents de région aujourd'hui sont alignés sur cette politique et je pense que, si vous leur demandez, ils reconnaîtront que là-dessus on a fait le boulot.
JEROME CHAPUIS
Roland LESCURE, on vous retrouve juste après le Fil info.
(…)
JEROME CHAPUIS
Toujours avec le ministre délégué en charge de l'Industrie et de l'Energie, Roland LESCURE. Il y a ceux qui ont les moyens de s'installer, de se développer en France, on en parlait avant le Fil info, et puis d'autres qui risquent de fermer, c'est le cas de l'usine METEX à Amiens, placée en redressement judiciaire. 300 salariés qui produisent des acides aminés, de la lysine pour les animaux d'élevage ? qui risquent de se retrouver au chômage. Dans leur secteur, ils font face à la concurrence chinoise qui casse les prix. Comment fait-on ?
ROLAND LESCURE
Bon, d'abord, on est en train de travailler fort pour trouver un repreneur. Le défi aujourd'hui de METEX, il est triple. Un, ils ont un enjeu d'achat. Il faut qu'ils achètent des matières premières, notamment du sucre, et on les aide à négocier des contrats qui soient, je dirais, meilleurs que ceux qu'ils avaient. Deux, ils ont un enjeu de capital. Il faut trouver un repreneur, et on travaille dessus également. Et trois, c'est vrai qu'il y a un enjeu de concurrence aujourd'hui. Il y a, il faut le reconnaître, des engrais qui arrivent, enfin des produits similaires, en tout cas, qui servent à faire de l'engrais, de la nourriture pour animaux, qui arrivent bradés d'Asie et notamment de Chine. Et ça, il faut qu'on travaille au niveau européen pour s'assurer que cette concurrence, elle soit juste. Moi je crois à la concurrence internationale, parce que si on ne reste pas…
JEROME CHAPUIS
Vous y croyez encore ? Parce que…
ROLAND LESCURE
Mais, si on ne reste pas ouverts…
JEROME CHAPUIS
Avec la Chine…
ROLAND LESCURE
Non mais vous pensez que Thermomix va venir faire des Thermomix en France, s'ils ne peuvent pas exporter 85 % de la production ? La réponse est évidemment non. Donc il faut rester ouvert, sinon on n'attirera pas les investisseurs qu'on attire aujourd'hui à Versailles, mais il faut le faire de manière juste. Et là, clairement, le président de la République l'a dit dans son discours de la Sorbonne, les règles ont changé. Les règles…
JEROME CHAPUIS
Mais là, est-ce que par exemple, dans le cas de cette entreprise, qui qui demande à Bruxelles de mettre en place des taxes douanières sur les importations, qui dépose plainte, une plainte antidumping auprès de la Commission européenne, est ce que vous êtes aligné avec cette entreprise ?
ROLAND LESCURE
Eh bien, ce que je peux vous dire en tout cas, parce que vous l'avez bien dit, c'est la Commission européenne qui a instruit ces plaintes. C'est que la Commission européenne est en train, elle aussi, de réaliser que les règles ont changé. Il y a une enquête…
JEROME CHAPUIS
Il serait temps, diront certains. Il serait temps.
ROLAND LESCURE
Exactement. Il est temps. Il est temps, le président de la République l'a dit et on pousse dans ce sens-là. Une enquête a été ouverte sur les véhicules électriques, une enquête a été ouverte sur les panneaux solaires. Une enquête…
SALHIA BRAKHLIA
Mais ça va prendre du temps tout ça, en fait, Roland LESCURE, alors, en attendant on fait quoi ?
ROLAND LESCURE
En fait, ça peut aller assez vite…
SALHIA BRAKHLIA
On les laisse inonder le marché européen et français ?
ROLAND LESCURE
Ça peut aller assez vite. On est aujourd'hui, je pense, sur une Commission européenne qui est en train de changer de logiciel et il faut reconnaître que la France en est en grande partie responsable. Pour qu'on se retrouve dans une concurrence certes ouverte, mais juste. Et donc, sur les panneaux solaires, sur les engrais, sur les véhicules électriques, sur les dispositifs médicaux, l'Europe est en train de bouger et je peux vous dire c'est plus grâce à nous que grâce à d'autres qui râlent beaucoup mais qui ne font pas grand-chose. Aujourd'hui, on est dans une phase où on est à la fois capable de développer l'Europe dans la nouvelle industriel, industrie verte, et de le faire, le président de la République l'a dit, en protégeant ces industries, le temps qu'elles se développent. La Chine l'a fait pour les véhicules électriques. On va le faire nous aussi.
SALHIA BRAKHLIA
Vous dites " l'Europe est en train de changer ". Sur les panneaux solaires par exemple, en France, on rame, on rame beaucoup. Le patron de TOTAL, Patrick POUYANNE, a livré une anecdote édifiante, il y a 10 jours devant les sénateurs. Ecoutez.
PATRICK POUYANNE – AUDITION SENAT
Et je trouve qu'on a été, nous, fabricants de panneaux solaires, dans une entreprise qui s'appelle SunPower. Donc on a vécu le cycle d'investir dans des usines de panneaux solaires en Europe et devoir toutes les fermer. Je l'ai vécu et vous savez pourquoi je les ai fermées ? Parce qu'en 2016 ou 2017, l'Europe a décidé d'enlever toutes les barrières qu'il y avait sur les panneaux chinois. Je suis allé à Bruxelles, je suis allé voir le ministre de l'Economie pour lui dire : " si vous levez ces barrières douanières, nous devrons fermer ces usines que nous avions à Toulouse et à Carling. Comme tous mes collègues ". Et à la fin, le choix a été fait. Quel choix a été fait par l'Europe ? On nous a dit : « on laissera les panneaux chinois rentrer, vous fermerez vos usines, parce que le choix que nous faisons, c'est que le coût de l'énergie solaire soit la plus basse possible. Et nous ne savons pas fabriquer en Europe des panneaux aussi peu chers que les panneaux chinois ». Ça, c'est un choix politique. C'est le choix qui a été fait en 2017. J'ai été amené malheureusement à fermer des usines après les avoir installées. Je ne vais pas recommencer.
SALHIA BRAKHLIA
L'Union européenne a préféré donc la défense des consommateurs avec des prix bas, aux dépens d'une vision stratégique sur l'industrie, l'énergie. C'était une erreur ?
ROLAND LESCURE
Eh bien en tout cas, on a changé. La France a changé depuis 10 ans, c'est sûr, et l'Europe est en train de changer. Aujourd'hui…
SALHIA BRAKHLIA
Sauf que, pardon, mais il parle de la période 2016. En 2016, jusqu'en... en août 2016, le ministre de l'Economie il s'appelait Emmanuel MACRON.
ROLAND LESCURE
Oui, mais ce qui est clair, c'est qu'aujourd'hui Emmanuel MACRON, depuis qu'il est président de la République, a mis en place une stratégie qui permet à la fois de décarboner et de développer des panneaux solaires, du photovoltaïque, mais aussi de l'éolien, de l'éolien en mer, de manière à ce qu'on ait une électricité décarbonée, tout en développant une industrie qui va avec. Et je peux vous dire c'est compliqué…
SALHIA BRAKHLIA
Mais on fait quoi, par rapport aux Chinois ?
JEROME CHAPUIS
Parce que quand, quand vous regardez par exemple ce que Joe BIDEN annonce…
ROLAND LESCURE
Non mais attendez, attendez, juste un point…
JEROME CHAPUIS
Parce que c'est très important.
ROLAND LESCURE
Les panneaux photovoltaïques. On a deux gigafactories qui vont ouvrir : HoloSolis à Sarreguemines, et CARBON à Fos.
JEROME CHAPUIS
Mais là on vous parle, ils ne vont pas perdre 8 ans avec tout ça ?
ROLAND LESCURE
Ah, on a perdu du temps, c'est sûr. Et maintenant il faut, je le répète, accélérer pour aller plus loin, plus vite. Mais on a deux Giga factories. C'était à Choose France l'année dernière.
SALHIA BRAKHLIA
Non mais d'accord, mais ça commence maintenant, sauf que les Chinois, ils ont inondé le marché entre temps. On fait quoi avec les importations chinoises ?
ROLAND LESCURE
On protège le marché via des enquêtes menées par la Commission, qui vont permettre de mettre en place des barrières tarifaires, je l'espère en tout cas et très vite, de manière à protéger le marché, non pas ad vitam aeternam, mais le temps qu'on développe notre industrie. On a…
JEROME CHAPUIS
Mais vous savez, c'est important. Selon le Wall Street Journal ce week-end, Joe BIDEN s'apprête à quadrupler, quadrupler les droits de douane, alors, sur les voitures électriques chinoises. Il parle aussi des panneaux photovoltaïques. Est-ce que nous, on pourrait faire la même chose et vite ?
ROLAND LESCURE
Moi, je souhaite que la Commission européenne aille vite dans ses enquêtes et prenne des mesures drastiques, si les enquêtes montrent que la concurrence a été faussée. Et j'allais dire, j'ai bien l'impression que oui. Donc oui, il faut arrêter la naïveté. Il faut être plus efficace. Il faut être…
SALHIA BRAKHLIA
C'est bizarre, pardon Roland LESCURE, de dire, de tenir ce discours ce matin. On vient de prouver, là, via une déclaration de Patrick POUYANNE, qu'on avait perdu 8 ans parce qu'il y avait erreur politique. Là, aujourd'hui, vous nous dites : " on a fait une erreur, mais en plus on va attendre une enquête ". Donc en fait, vous n'avez pas l'impression de perdre du temps en permanence ?
ROLAND LESCURE
Non, ça ne fait pas 8 ans de perdus. Ça fait 7 ans qu'on a changé en profondeur notre politique, et on l'a vu au début de votre émission, qu'on attire des capitaux tous les ans, y compris, je le répète, dans les panneaux solaires, puisque l'année dernière, le plus gros investissement de Choose France, c'était une gigafactory. Ils ne font pas ça pour nous faire plaisir, HoloSolis, quand ils investissent des centaines de millions pour créer une gigafactory de panneaux solaires, c'est qu'ils trouvent que l'environnement d'affaires a effectivement changé en France…
SALHIA BRAKHLIA
Mais là où les Américains agissent plus vite, nous on ... encore.
ROLAND LESCURE
Je reconnais qu'on devrait aller plus vite au niveau européen. On devrait aller plus fort, et ça, on le dit, et je pense que ça fait partie des enjeux de cette campagne européenne, montrer qu'on est capable de changer le logiciel en Europe pour aller plus loin, plus vite et plus fort sur le respect de la concurrence juste. Mais on ne peut pas dire d'un côté, bravo, Les investisseurs internationaux choisissent la France de plus en plus depuis 7 ans. Et dire qu'on dort au gaz et qu'on a 8 ans de retard et que rien ne va bien dans le royaume de France.
JEROME CHAPUIS
Mais tout ça a été dit dans les yeux entre Emmanuel MACRON et Xi JINPING, qui était la semaine dernière ici en France.
ROLAND LESCURE
Ça fait partie des choses qui ont été discutées, évidemment. Moi, je préfère que les Chinois viennent investir en France, créer de l'emploi, plutôt que d'envoyer des panneaux solaires bradés. Et ça fait partie des discussions qui ont eu lieu. Vraiment, enfin, si on pouvait juste l'espace d'une journée, se féliciter…
SALHIA BRAKHLIA
Il veut savourer sa bonne nouvelle ... On a compris.
ROLAND LESCURE
Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, on fait face à un défaitisme généralisé. Moi j'entends Jordan BARDELLA, je ne parle pas de vous, je parle de Jordan BARDELLA, qui systématiquement va des usines mentir aux salariés en leur disant : " on vous a menti, on est en train de vous abandonner ". On investit, on introduit des usines partout, on crée de l'emploi, on décarbone, on fait des choses, grâce au Green Deal, qu'il a refusé de voter. Jordan BARDELLA, il a une guerre de retard. Tous les jours. Il était contre l'Europe, finalement, il est pour. Il était contre l'Euro. Finalement il est pour. Il était contre le marché de l'énergie. Finalement, il est pour. Aujourd'hui, il est contre la voiture électrique. Vous vous rendez compte ? Qu'est-ce qu'on va dire aux 20 000…
JEROME CHAPUIS
Il veut repousser…
SALHIA BRAKHLIA
Il veut, voilà, l'objectif 2035.
ROLAND LESCURE
Oui, mais qu'est-ce qu'on va dire aux 20 000 salariés de Dunkerque qui sont en train de trouver un job ? " Ah ben finalement, on va attendre un peu ", alors que les Chinois, vous l'avez dit, eux, sont prêts. Non, il faut être extrêmement ambitieux sur cette nouvelle technologie, et notamment sur les véhicules électriques, et y aller à fond.
JEROME CHAPUIS
Roland LESCURE, on vous retrouve juste après le Fil info.
(…)
JEROME CHAPUIS
Avec Roland LESCURE, le ministre délégué à l'Industrie et à l'Energie. On parlait déjà des élections européennes juste avant le Fil info, faut-il qu'Emmanuel MACRON s'implique davantage, jusqu'à aller débattre avec Marine LE PEN, par exemple, avant le 9 juin ?
ROLAND LESCURE
Alors, on est en train de passer du débat au débat sur le débat, toutes les semaines on se demande s'il va falloir débattre avec ci, avec ça. Il y a eu deux débats déjà, un débat de Valérie HAYER contre, face à Jordan BARDELLA, dont je trouve qu'elle s'est très bien sortie, un autre avec les six candidats, dont je pense qu'elle a aussi pu montrer qu'elle avait toutes les qualités pour mener la liste, on a un débat, je pense, le 23 mai, entre le premier ministre Gabriel ATTAL et Jordan BARDELLA, c'est déjà pas mal. Moi je pense que, la bonne nouvelle d'abord, c'est que cette campagne européenne elle est en train de prendre, on en parle de plus en plus, on ne parle pas seulement des débats, mais de ce qui est dit, on parle de la politique industrielle européenne, on parle des enjeux de défense, on parle d'immigration, on parle de tous ces sujets-là, qui sont au fond des sujets du quotidien, mais qui sont traités à Bruxelles, ça c'est tant mieux. J'ai cru comprendre que Marine LE PEN était prête à débattre, mais pas tout de suite, à la rentrée…
SALHIA BRAKHLIA
Après le 9 juin, oui.
ROLAND LESCURE
Voilà, on verra.
JEROME CHAPUIS
Mais vous, vous trouvez que ce serait une bonne idée ou pas qu'Emmanuel MACRON débatte avec elle ?
ROLAND LESCURE
En tout cas je trouve que le fait que le président de la République s'implique c'est bienvenu parce que, moi j'ai rejoint Emmanuel MACRON maintenant il y a près de dix ans, huit ans, essentiellement parce qu'il avait le courage de mettre des drapeaux européens derrière lui, là où la plupart des partis de l'époque avaient soit l'Europe haineuse, soit l'Europe honteuse. L'Europe ça fait partie des axes de force d'Emmanuel MACRON et de ces majorités successives, on a porté des sujets, en a fait bouger l'Europe comme on ne l'avait jamais fait auparavant, très bien. Impliquez-vous, impliquons-nous tous et montrons que l'Europe fait partie…
SALHIA BRAKHLIA
Parce que visiblement votre bilan il ne joue pas pour vous, parce que dans les enquêtes d'opinion, jusqu'à aujourd'hui, c'est Jordan BARDELLA qui est annoncé en tête, et de loin…
ROLAND LESCURE
Oui, on verra, on verra.
SALHIA BRAKHLIA
Loin devant Valérie HAYER. Vous faisiez référence au débat ATTAL-BARDELLA, le débat va avoir lieu le 23 mai sur France 2, et Raphaël GLUCKSMANN, la tête de liste PS-Place Publique, trouve regrettable de ne pas y participer, il a raison, c'est rejouer le duel de 2022.
ROLAND LESCURE
Non mais… la réalité c'est que ce duel il a eu lieu en 2017, il a eu lieu en 2019, parce que je vous rappelle qu'on était au coude à coude avec le Front national à l'époque, aux élections européennes, il a eu lieu en 2022, oui, c'est un vrai duel aujourd'hui, entre ceux qui croient à l'Europe et ceux qui n'en veulent pas.
JEROME CHAPUIS
Ça veut dire c'est une fatalité ces duels ?
ROLAND LESCURE
Est-ce que ça veut dire que les autres candidats n'ont pas le droit de cité ? Non, d'ailleurs il y aura sans doute, il y a déjà eu des débats avec les uns et les autres, mais aujourd'hui il y a une vraie fracture entre ceux qui croient à l'Europe, sans naïveté, en la transformant pour améliorer le quotidien des Françaises et des Français, et ceux qui se trompent systématiquement de bataille depuis 25 ans en donnant à l'Europe la responsabilité de tous les maux de la terre et en refusant, en aucun cas, de faire en sorte qu'elle soit meilleure. Franchement, il a perdu toutes les batailles, Jordan BARDELLA, il va en perdre une encore en disant « le véhicule électrique c'est une mauvaise idée », on a besoin de mener ce débat, de mener ce combat, pour montrer que c'est une imposture, que Jordan BARDELLA est un menteur en série et qu'on doit rétablir la vérité sur l'Europe, qui nous aide, qui nous sauve, qui nous fait avancer.
JEROME CHAPUIS
En attendant il est largement en tête des intentions de vote, s'il arrive en tête le 9 octobre prochain c'est la fin du quinquennat d'Emmanuel MACRON ?
ROLAND LESCURE
Le 9 juin.
JEROME CHAPUIS
Le 9 juin, pardon.
ROLAND LESCURE
Ecoutez, on n'en est pas là. D'abord, le quinquennat, il lui restera trois ans et je peux vous dire qu'on les vivra à fond, mais surtout il reste un mois, et donc un mois pour faire campagne, pour montrer effectivement qu'il n'y a aucune fatalité, que les mensonges doivent être dénoncés et que la réalité, qui est une politique européenne positive qui nous amène plus loin, dans l'industrie verte notamment, il a voté contre tout, dans la relance européenne, il a voté contre tout, y compris dans la gestion de l'immigration, qui est un défi moderne, il a voté contre tout, qu'on a des solutions et que lui il surfe sur les problèmes.
SALHIA BRAKHLIA
Sauf que la campagne elle est compliquée Roland LESCURE. Une photo de votre candidat, Valérie HAYER, circule sur les réseaux sociaux, en compagnie de militants néonazis qui ont défilé ce week-end à Paris, elle dénonce un piège qui lui a été tendu, c'est le risque de la campagne ?
ROLAND LESCURE
Mais, excusez-moi, mais j'allais dire c'est anecdotique cette histoire. Moi je passe ma vie à prendre des photos avec des gens et je dois avouer que je ne regarde pas ce qu'ils ont sur leur tee-shirt, je pourrai me faire piéger demain comme elle s'est faite piégée hier. Est-ce que c'est important ? non. Ça montre évidemment des techniques, je dirais un peu éculées de l'extrême droite qui visent à la manipulation, mais c'est un détail.
SALHIA BRAKHLIA
Sauf que certains y voient une indication politique. Je donne l'exemple d'Olivier FAURE, le patron du Parti socialiste, il a tweeté, je vois que vous râlez, mais il a tweeté « Cette photo pourrait être anecdotique… »
ROLAND LESCURE
Non, mais il n'a pas honte ?
SALHIA BRAKHLIA
" si Renaissance ne jouait pas le duel avec le RN après avoir voté la préférence nationale avec un Premier ministre qui mime l'autorité au mépris des libertés publiques et académiques. "
ROLAND LESCURE
Il n'a pas honte ? Franchement, ce n'est pas du niveau d'un parti, soi-disant de gouvernement, présent à l'Assemblée nationale. Il part de cette photo pour créer un procès politique face à une candidate qui a montré depuis cinq ans qu'elle est compétente, qu'elle est influente, qu'elle a fait avancer l'Europe, comme Olivier FAURE ne l'a jamais fait avancer, et comme malheureusement, je pense, il ne la fera jamais avancer, donc un peu de décence et surtout…
SALHIA BRAKHLIA
Il dit qu'en fait, depuis sept ans, vous avez participé à la banalisation de l'extrême droite.
ROLAND LESCURE
Ecoutez, moi je regrette qu'il le dise, c'est le combat de ma vie, moi je me suis lancé en politique pour battre le Front national…Rassemblement national, et je vais continuer à le faire.
JEROME CHAPUIS
Vous regrettez et en même temps vous reconnaissez que, voilà, aujourd'hui le duel il est toujours entre le RN et Renaissance.
ROLAND LESCURE
Mais bien sûr, mais bien sûr, et l'AFD est en hausse en Allemagne, et le Parti des fermiers est en hausse aux Pays-Bas, et l'extrême droite est un parti…
JEROME CHAPUIS
Mais il n'y a pas de duel comme celui qui est installé aujourd'hui en France.
ROLAND LESCURE
Pardon, est au gouvernement en Italie, évidemment c'est un combat énorme sur lequel il faut qu'on, j'allais dire se rassemble entre forces républicaines, plutôt qu'en se divisant, franchement sur des sujets totalement anecdotiques.
JEROME CHAPUIS
Roland LESCURE, merci d'avoir été avec nous…
ROLAND LESCURE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 mai 2024