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JEANELLE BERNART
Dernière ligne droite pour la campagne des européennes dans la majorité, le ministre délégué chargé des Comptes publics, le Bordelais Thomas CAZENAVE, met la main à la pâte en tractant auprès des électeurs ici en Gironde, et il est notre invité, ce matin, Marie ROUARCH.
MARIE ROUARCH
Bonjour Thomas CAZENAVE.
THOMAS CAZENAVE
Bonjour.
MARIE ROUARCH
Il me reste une semaine pour convaincre, disait hier Valérie HAYER, la tête de liste Renaissance pour les européennes. Est-ce que ça suffit cinq jours quand on est crédité de 16% des intentions de vote contre 32 à 34 % pour le Rassemblement national ?
THOMAS CAZENAVE
Oui, jusqu'au dernier jour, vous savez, une grande partie des électeurs se décideront dans les dernières heures. Et nous sommes sur le terrain pour rappeler qu'il nous faut plus d'Europe. Parce que, ici, la viticulture sans l'Europe n'existerait plus. Parce qu'on exporte notre vin, parce que nos commerçants, nos artisans, nos entreprises ont bénéficié de la protection de l'Europe pendant les crises que nous avons traversées, la salle des fêtes du Grand Parc n'existerait pas sans l'Europe. Je défends et nous défendons pied à pied l'idée que nous avons besoin d'Europe, et qu'aujourd'hui, le 9 juin, c'est un scrutin crucial qui se joue avec le risque de voir l'Europe se détricoter par toutes celles et ceux qui n'en veulent pas et qui sont aujourd'hui crédités de sondages très flatteurs.
MARIE ROUARCH
Tous ceux que vous ne citez pas, le Rassemblement national donc. Mais donc les sondages, il ne faut pas leur donner trop de crédit, selon vous ?
THOMAS CAZENAVE
Les sondages, moi, je ne leur donne pas beaucoup de crédit. Pourquoi ? Parce que, d'abord, il y a beaucoup d'incertitudes, d'hésitations des Françaises et des Français. Et une campagne, elle se fait dans les derniers jours, et jusqu'à la dernière heure, nous serons sur le terrain. J'organise une réunion publique vendredi à Caudéran, une nouvelle réunion après la réunion de la semaine dernière où Elisabeth BORNE, Christophe BECHU, nos parlementaires européens sont venus défendre notre projet européen et rappeler aux Girondins, aux Bordelaises et aux Bordelais que le 9 juin, c'est l'avenir de l'Europe qui se joue, que nous devons la défendre. Nous lui devons beaucoup, nous lui devons beaucoup, et seuls, nous ne pourrons rien. Et moi, je me bats contre le Rassemblement national, contre les forces extrêmes et toutes celles et ceux qui veulent détricoter l'Europe.
MARIE ROUARCH
Donc, vous participez à cette campagne. On a vu Gabriel ATTAL aux côtés de Valérie HAYER également hier, notamment le chef de l'Etat qui prendra la parole jeudi soir, ça fait d'ailleurs polémique, mais on a l'impression que toutes les têtes de pont de Renaissance s'y mettent dans cette campagne. C'est quand même que vous craignez un peu ce résultat de dimanche ?
THOMAS CAZENAVE
Eh bien, moi, ça fait plusieurs semaines, plusieurs mois que je défends cette vision de l'Europe. J'y suis très attaché, à la fois comme citoyen, mais aussi comme Girondin, comme Bordelais. Nous devons ici beaucoup à l'Europe. C'est la ligne à grande vitesse, c'est notre agriculture, c'est notre industrie de défense sur notre territoire qui est fondamentale. Il faut défendre cette vision. Je ne laisserai pas l'Europe être détricotée par les forces extrêmes, par les populistes qui veulent tout simplement se replier sur nous-mêmes, et se replier sur nous-mêmes, c'est la catastrophe au bout du chemin et c'est la raison pour laquelle on est tous mobilisés jusqu'au dernier jour, jusqu'à la dernière heure.
MARIE ROUARCH
Alors, vous voulez parler d'Europe, on l'a bien compris, mais bien souvent, c'est la scène politique française qui prend le dessus. Vous le regrettez ?
THOMAS CAZENAVE
Mais bien sûr, je le regrette. Le nombre de partis politiques qui en ont fait un référendum, il faut le dire, pour ou contre le président de la République. Mais c'est un gros piège qu'ils ont tendu. La question, ce n'est pas le président de la République, ce n'est pas le gouvernement, ce n'est pas mon avenir. La question, c'est l'avenir de l'Europe. Est-ce qu'on va avoir un groupe qui, au Parlement européen, avec l'ensemble des extrêmes, du Rassemblement national chez nous, qui seront en situation de bloquer l'Europe, alors même que nous devons nous défendre face aux nouvelles menaces, la Russie. Alors que sur le plan économique, nous pouvons disparaître face à la concurrence entre la Chine et les Etats-Unis. On a besoin de se réveiller, on a besoin de s'affirmer. On n'a pas besoin de bloquer l'Europe. On a besoin de faire plus ensemble au risque honnêtement que nous disparaissions. Donc c'est un scrutin fondamental, et j'appelle toutes celles et ceux qui sont attachés à l'Europe, qui n'ont pas nécessairement envie ou prévu d'aller se déplacer aux urnes le 9 juin, d'aller voter pour la liste de Valérie HAYER, qui défend une vision positive avec plus d'investissement européen, plus de défense européenne. La défense de nos valeurs communes. C'est un scrutin fondamental le 9 juin.
JEANELLE BERNART
Thomas CAZENAVE, ministre délégué chargé des Comptes publics, est notre invité ce matin sur France Bleu.
MARIE ROUARCH
Alors, évidemment, on ne peut pas présager ce qui va sortir des urnes dimanche soir. Mais que peut, que doit faire Emmanuel MACRON en cas de défaite dimanche ?
THOMAS CAZENAVE
Mais, vous voyez, même votre question prouve bien que celles et ceux qui sont engagés dans cette campagne, pour l'immense majorité d'entre eux, ils se fichent de l'Europe. Ils en font…
MARIE ROUARCH
Mais ça veut dire que si la majorité prend une claque, on va dire ça comme ça, il n'y a pas de conséquences à l'échelle nationale de ce scrutin ?
THOMAS CAZENAVE
Mais vous voyez le piège dans lequel les uns les autres tombent en disant : ah, mais regardez, ils en tireront des conséquences nationales. Allez sanctionner le Président de la République ! Le sujet, ce n'est pas…
MARIE ROUARCH
C'est une forme de désaveu quand même.
THOMAS CAZENAVE
Oui, mais le sujet, ce n'est pas le gouvernement, ce n'est pas le président de la République. Et quels sont les députés que nous envoyons à Bruxelles, à Strasbourg, pour défendre notre Europe, celles et ceux que nous avons envoyés en 2019, ils ont créé l'Europe sociale. Un SMIC partout en Europe. Ils ont financé le plan de relance qui a sauvé notre économie très concrètement ici, taxe carbone aux frontières pour réussir le changement climatique. Ils ont un bilan. Ils ont des résultats. Et notre sujet, c'est l'Europe, ce n'est pas la question de la situation politique nationale. C'est un gros piège dans lequel effectivement une partie des forces politiques, LFI, une partie également du RN, d'autres candidats comme GLUCKSMANN ou BELLAMY, essaient de nous enfermer. Le sujet c'est l'Europe.
MARIE ROUARCH
Donc pas de conséquences ?
THOMAS CAZENAVE
Mais moi, je considère que le sujet, c'est la conséquence qui peut se passer, si on a un Rassemblement national très haut au Parlement européen, c'est le blocage de l'Europe, et c'est même probablement plus grave encore que les conséquences que nous pourrions tirer au niveau national du scrutin du 9 juin.
MARIE ROUARCH
On va passer de l'Europe à un sujet plus bordelais, Thomas CAZENAVE, un sujet sensible en ce moment, c'est celui de la sécurité, avec par exemple ce jeune Réolais de 25 ans qui a été tué Cours de la Marne dans la nuit de vendredi à samedi dernier. Un autre aux Aubiers, il y a quelques semaines, l'attaque au Miroir d'eau en avril. Pierre HURMIC doit-il prendre des décisions drastiques en matière de sécurité selon vous ?
THOMAS CAZENAVE
Moi, vous savez, ça fait presque quatre ans que l'on porte la question de la sécurité à Bordeaux, de manière, on a toujours souhaité, non-polémique avec les terribles faits divers que vous avez rappelés. Je prends toujours garde à ne pas instrumentaliser l'actualité. Mais la réalité, c'est que depuis quatre ans, et même au-delà, notre ville a changé. La question de la sécurité est beaucoup plus prégnante qu'avant. Ça fait quatre ans que nous demandons à Pierre HURMIC de changer de braquet sur ce sujet-là. Voyez, au conseil municipal, cet après-midi, nous allons adopter le compte administratif. Et qu'est-ce qu'il dit le compte administratif ? Que les effectifs de policiers municipaux à Bordeaux entre 2022 et 2023, ils n'ont pas évolué. Je considère qu'il faut changer d'échelle. J'étais avec le maire de Toulouse la semaine dernière, Jean-Luc MOUDENC, plus de 350 policiers municipaux, plus de vidéosurveillance. Il faut adapter notre réponse. Ça fait des années qu'on le demande à Pierre HURMIC. Il faut changer d'échelle, plus de vidéo…
MARIE ROUARCH
Et il faut armer cette police municipale ?
THOMAS CAZENAVE
Je considère que le contexte a changé. Je regarde le choix des autres grandes villes. J'entends ce que veulent les policiers municipaux. Je crois qu'il faut aussi mettre la question de l'ensemble des moyens et de l'armement de la police municipale. Ce n'est pas une question taboue pour moi. Mais avant ça, nombre de policiers municipaux dans les rues, ça n'a pas évolué, contrairement à ce que dit Pierre HURMIC. Et c'est dans le compte administratif que nous allons adopter nombre de vidéos, de caméras de vidéosurveillance, il faut changer d'échelle. Notre ville a changé et il y a trop, trop de problèmes de sécurité dans notre ville. Une réaction forte est attendue de Pierre HURMIC. Ça fait quatre ans qu'on lui demande. On va continuer à le redire cet après-midi, en conseil municipal.
MARIE ROUARCH
Merci beaucoup, Thomas CAZENAVE d'avoir été avec nous ce matin.
THOMAS CAZENAVE
Merci à vous.
MARIE ROUARCH
Ministre délégué chargé des Comptes publics. Bonne journée à vous.
THOMAS CAZENAVE
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 5 juin 2024