Texte intégral
Monsieur le député Aymeric Caron,
241 jours. 241 jours, et vous ne parvenez toujours pas à saluer la mémoire de nos 43 compatriotes français sauvagement assassinés le 7 octobre.
241 jours, et vous ne parvenez pas à adresser le moindre mot de soutien à nos deux compatriotes retenus dans des tunnels à Gaza : Ohad Yahalomi, 49 ans, père de famille ; Ofer Kalderon, 53 ans, père de famille. Monsieur le Député, la moindre des choses, lorsque l'on est républicain et lorsque l'on a des compatriotes retenus en otage à l'étranger, c'est de savoir tout simplement prononcer leurs noms dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Monsieur le Député, le Président de la République l'a dit, le Premier ministre l'a dit, le ministre de l'Europe et des affaires étrangères aussi, nous soutenons la proposition de paix proposée par le président américain, et toute la diplomatie française est mobilisée pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés : un cessez-le-feu durable, la libération des otages, l'acheminement de l'aide humanitaire.
Mais Monsieur le Député, ne laissons pas croire qu'Israël est la seule partie dans ce conflit. Le Hamas porte une responsabilité très lourde. Alors rejoignez les efforts de la diplomatie française, et condamnez sans appel le comportement du Hamas depuis le 7 octobre.
Monsieur le député [Benjamin Saint-Huile],
Je vous prie d'excuser l'absence de Stéphane Séjourné, ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
Je vous remercie pour l'équilibre de votre question, qui rejoint à bien des égards la politique du gouvernement français. La position de la France, vous la connaissez, c'est celle d'une solution à deux Etats, et cette position est claire, elle est constante. C'est tout l'objet de notre action diplomatique, qui a pour but que deux Etats - israélien et palestinien - puissent vivre côte à côte, en paix et en sécurité. C'est d'ailleurs ce principe que nous avons soutenu par deux fois aux Nations unies.
Faire cela aujourd'hui ne revient pas à imaginer que les actes terroristes et barbares du 7 octobre puissent être récompensés - si je puis dire - par la création d'un Etat palestinien. C'est au contraire affirmer qu'un Etat palestinien soit en mesure de donner des garanties de sécurité suffisantes à son voisin. C'est le seul moyen d'y parvenir.
S'agissant de la reconnaissance bilatérale de l'Etat de Palestine, la position de la France est tout aussi claire. Le Président de la République l'a rappelée : ce n'est pas un tabou ; cette décision doit être utile. Le Premier ministre le disait, la semaine dernière : des reconnaissances sont intervenues ces dernières semaines sans qu'elles n'apportent de solution au conflit. Cette reconnaissance de la France, qui aura une portée considérable, elle doit permettre une avancée décisive sur le plan politique. Elle doit intervenir au bon moment, pour qu'il y ait un avant et un après. Il ne s'agit pas simplement d'une question symbolique ou d'un enjeu de positionnement politique. Le faire pour ces raisons ne serait pas un service à rendre aux Palestiniens, qui réclament des avancées concrètes.
C'est ce à quoi nous travaillons aux Nations unies, mais aussi avec nos partenaires arabes, qui étaient réunis à Paris, vendredi dernier. Loin des outrances, la France continue à porter la voix de la paix, Monsieur le Député.
Monsieur le député [Olivier Faure],
Merci d'avoir su qualifier le Hamas pour ce qu'il est : non pas un mouvement de résistance mais une organisation terroriste. De même qu'il convient toujours de qualifier l'attentat du 7 octobre pour ce qu'il est, c'est-à-dire le pire massacre antisémite de l'Histoire du XXIe siècle.
C'est dans ce contexte que, depuis l'attentat du 7 octobre, la France, par l'intermédiaire du Président de la République mais aussi du ministre de l'Europe et des affaires étrangères Stéphane Séjourné, défend une position très claire d'appel à une trêve humanitaire conduisant à un cessez-le-feu durable, à la libération inconditionnelle des otages, à l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire et au cheminement vers une solution à deux Etats. Et dans ce contexte, la France n'a pas hésité, lorsque la situation l'a exigé, à prendre à l'encontre des colons extrémistes et violents des sanctions au niveau national et d'amener ses partenaires européens à le faire au niveau européen.
La reconnaissance de l'Etat de Palestine est l'un des instruments dont dispose la France pour faire aboutir cette solution durable, seule susceptible d'installer la paix, qui est celle d'une solution à deux Etats. Ces derniers jours, nous avons une ouverture importante : le plan de paix proposé par le président Biden, que nous allons soutenir dans toutes les instances dans lesquelles nous dialoguons - avec nos partenaires européens, avec la communauté internationale dans le cadre de l'ONU, ou encore avec nos partenaires des pays arabes, comme nous l'avons fait, vendredi dernier. Cette reconnaissance n'est pas un tabou ; elle doit être mise au service de la paix
Madame la députée [Sabrina Sebaihi],
Vous savez, comme nous, je pense que tous les membres de cette assemblée sont profondément choqués, profondément attristés, par le sort des civils et des enfants dans la bande de Gaza. Nous ne faisons pas de différence entre les vies humaines de part et d'autre de la frontière, et nous sommes tout entier attachés à ce que cette situation puisse cesser.
Mais voyez, Madame la Députée, si vous êtes attachée à faire cesser cette situation, la meilleure des choses à faire, ce n'est pas de violer les usages de cette assemblée, de venir brandir un drapeau ou de s'accoutrer d'une manière qui détourne ce qui fait l'honneur de cette assemblée. C'est plutôt de tenir, comme la France le fait depuis le début, depuis le 7 octobre dernier, un discours clair, qui vient à la fois dénoncer les comportements du Hamas pour ce qu'ils sont, et mettre une pression maximale sur le gouvernement israélien.
Je l'ai dit tout à l'heure, nous avons, au niveau national et au niveau européen, prononcé des sanctions à l'encontre des colons extrémistes et violents. Nous avons été l'un des premiers pays à défendre l'indépendance du procureur de la Cour pénale internationale lorsqu'il a émis des réquisitions, à la fois à l'encontre du Hamas et de Benyamin Netanyahou, sans que cela n'entraîne d'équivalence entre les deux. Bien sûr que Stéphane Séjourné reçoit les représentants de la diplomatie israélienne, sinon il serait coupable de ne pas le faire, si la France veut jouer tout son rôle dans la région. Et enfin, comme nous l'avons dit, nous avons comme objectif, le moment venu, d'aboutir à la reconnaissance de l'Etat de Palestine, puisque notre objectif, c'est la paix durable dans la région, et que la paix durable, elle passe par une solution à deux Etats.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 juin 2024